Le groupe suivant d'auditeurs a été moins réceptif. Les femmes avaient raconté leur
histoire aux onze disciples et aux autres. Mais, contrairement aux femmes, ces auditeurs ne
se souvenaient pas des paroles de Jésus. Ils ne croyaient pas les femmes, peut-être pensaient-
ils qu'elles étaient tout simplement hystériques ou qu'elles avaient bu pour soulager leur
douleur. En conséquence, l'Evangile leur semblait comme des rêveries. Ces disciples avaient
abandonné l’espoir. Ils avaient fermé la porte à la possibilité d'une nouvelle vie. Ce fut le cas
pour la plupart des disciples, sauf Pierre. Après avoir renié Jésus quelques jours auparavant,
il saisit cette occasion pour démontrer sa foi. Immédiatement, il courut à la tombe et la
trouva exactement comme les femmes l'avaient dit—la pierre déplacée, le corps absent,
seulement les linges sur le sol. Face à la réalité du tombeau vide, Pierre répond différemment
que les femmes ou les autres disciples. Il ne se montre pas incrédule, ni ne partage la
nouvelle avec les autres. Il va tout simplement à la maison. Était-il rempli de joie de
rencontrer son maître à nouveau, ou plutôt couvert de honte en pensant à son triple
reniement? Peut-être un peu des deux. Sur le chemin du retour, il pouvait encore entendre
les échos des voix des femmes qui criaient: « Le Christ est ressuscité! Il est vraiment
ressuscité ».
Luc, le maître conteur, veut nous faire comprendre que la vie nouvelle de la
résurrection est très réelle. Il fait tout ce qu'il peut pour connecter la résurrection avec la
naissance de Jésus. Dans les deux histoires, les femmes sont les premières à vraiment faire
confiance à la bonne nouvelle des messagers de Dieu. Alors que les hommes sont
généralement sceptiques, les femmes réfléchissent et examinent soigneusement la
signification de l'œuvre de Dieu dans le monde. Quand elles sont perplexes, elles cherchent à
comprendre, à se souvenir, chérissant les mots qui leur avaient été donnés. A travers la
naissance et la résurrection, Dieu se rapproche de l'humanité. La crèche et le tombeau vide
symbolisent la volonté de Dieu de nous accompagner de la naissance à la mort, à la vie au-
delà de la mort.
Christ vient à nous sur la terre. Il n'a pas attendu notre arrivée dans le ciel, mais il
nous rencontre là où nous sommes, dans notre fragilité, dans notre désespoir. Il vient à nous,
encore et encore, touchant notre vie quotidienne à travers les gens, les lieux et les situations
que nous rencontrons. Il nous offre encore et encore des occasions de communier avec lui, de
manger et boire avec lui, de converser et d'apprendre de lui, de compter sur lui quand notre
propre force et notre optimisme font défaut. Il répond à nos espoirs ici et maintenant—
lorsque nous pleurons nos proches, lorsque nous aspirons à retrouver nos familles, lorsque
nous sommes submergés par les responsabilités de la vie quotidienne, lorsque nous luttons
avec la santé physique et psychologique, lorsque nous nous sentons piégés dans des habitudes
malsaines, lorsque nous nous sentons impuissants face à la guerre et à la violence. Le Christ
nous dit: « Oui, je connais cette douleur. Je connais cette pression. Je les ai vécues, et je vais
t’aider à persévérer aussi. Je ne te demande rien, sinon que tu me fasses confiance, et que tu
n’abandonnes pas ».
L'autre jour, j’ai lu dans un roman : « Il n’est jamais tout à fait sûr de penser que nous
en avons fini avec la vie. Lorsque nous imaginons que nous avons fini notre histoire, le destin
a tendance à tourner la page et à nous montrer encore un autre chapitre ». Dans ma propre
vie, il y a eu plusieurs moments où je trouvais impossible d'imaginer un prochain chapitre...
des moments de désespoir où je ne pouvais envisager que la tristesse, la solitude, la
monotonie sans fin ... des moments où, comme les disciples, j'ai abandonné l’espoir. Dans
ces moment- là, nous pourrions avoir tendance à substituer la véritable espérance par la
résignation. Nous pourrions même essayer de déguiser notre désespoir en réalisme, en disant
« Je suppose que les choses seront toujours comme ça », ou « Je suppose que nous devons
simplement apprendre à attendre les attaques terroristes », ou « Il n'y a aucune chance que
cette tombe soit vide ». Parfois nous essayons de nous protéger de la déception en imaginant