Même la pierre crie » – Luc 24.1-12 27 mars 2016 Erika Stalcup Le

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« Même la pierre crie » – Luc 24.1-12
27 mars 2016
Erika Stalcup
Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité. Ceci est une journée pour fêter la
joie après la tristesse, l'espoir après le désespoir, la vie après la mort. En ce jour, nous
célébrons l'audace de la possibilité. Dans notre lecture de l'Évangile, nous voyons beaucoup
d'histoires convergentes sur le tombeau vide, de nombreux fils tissés dans cette tapisserie sur
la résurrection. Il y a l'expérience des femmes qui ont trouvé le tombeau vide et qui ont
partagé la bonne nouvelle avec les disciples. Il y’a les dix disciples qui ne les croient pas. Il
y’a Pierre, qui a osé les croire. Il y a bien sûr Jésus, dont l'absence du tombeau symbolise sa
présence éternelle avec nous. Et il y’a la pierre elle-même, un témoin improbable de cet
événement extraordinaire. Toutes ces voix se réunissent pour proclamer que le Christ est
ressuscité ! Il est vraiment ressuscité.
Le premier témoin, la pierre. Tout au long de son histoire biblique, la pierre a eu
tendance à être manipulée et transformée selon les besoins des uns et des autres, à la fois pour
le meilleur et pour le pire. Dans l'ancien testament, on a gravé sue elle la loi de Dieu. Dans
le nouveau testament, le diable a tenté Jésus en lui demandant de transformer la pierre en pain
pour soulager sa faim. Ailleurs, la pierre a été utilisée comme une arme de violence, jetée
sur les pécheurs supposés. Enfin, lors de son entrée triomphale et bruyante à Jérusalem, Jésus
a rappelé aux Pharisiens que, même si ses disciples se taisaient, les pierres crieraient. Mais
maintenant, en ce troisième jour après la crucifixion, la pierre parle. Cette pierre immobile…
dont on n’attend rien, si ce n’est d'accomplir sa destinée en restant immobile. Mais
finalement, la pierre se révolte. Elle semble défier la gravité dans son déplacement. A la
mort de Jésus, le soleil s’est caché, la terre a tremblé, le rideau du temple s’est déchiré de
douleur. Et maintenant, après la résurrection, la pierre crie. Pendant que les voix humaines
se taisent, la pierre crie, témoignant d’une bonne nouvelle: « Jésus n’est pas là ! Il vit ! » La
nouvelle vie est non seulement symbolisée par les fleurs délicates du printemps et des
animaux nouveau-nés. Elle se manifeste aussi à travers ce signe avant-coureur de la vérité, la
pierre humble, maladroite, lourde, improbable qui crie joyeusement, « Christ est ressuscité !
Il est vraiment ressuscité ».
Le premier groupe à recevoir le témoignage de la pierre a été celui des femmes qui
ont accompagné Jésus à la croix. Seulement trois femmes sont nommés—Marie de Magdala,
Jeanne et Marie, la mère de Jacques, mais il y’avait aussi d'autres femmes présentes. Peutêtre qu'elles sont venues en groupe afin d'essayer de rouler la pierre ensemble. Elles avaient
déjà vu la tombe parce qu'elles avaient suivi Joseph d'Arimathée quand il y déposa le corps
de Jésus. Elles savaient à quoi s’attendre, et étaient donc prêtes avec leurs mélanges d'épices
et d’onguents spéciaux. Mais elles n’ont eu aucun besoin de ces choses. À leur arrivée à la
tombe, la pierre les accueillit, déjà roulée. Elles osèrent aller à l'intérieur de la tombe, en
recherchant de haut en bas quelques signes du corps. « Il était juste là—nous l'avons vu de
nos propres yeux ! » dirent-elles les unes aux autres. « Est-ce que le corps avait été volé ?
Qui ferait une telle chose ? Les voleurs n’auraient donc aucun respect ? Mais pourquoi ontils enlevé les vêtements ? » Elles étaient perplexes et se demandaient ce qui aurait pu arriver.
Soudain, deux anges apparurent, demandant: « Pourquoi cherchez- vous le vivant parmi les
morts ? Il est ressuscité, comme il vous a dit qu'il le ferait. » Ensuite, les femmes se
rappelèrent les paroles de Jésus, et elles réalisèrent la signification de l'absence du corps.
Tout à coup, leur tristesse et leur confusion furent transformées en joie et en étonnement, car
elles comprenaient que Jésus était à nouveau parmi les vivants. Remplies d'enthousiasme,
elles coururent vers les autres disciples en criant, « Christ est ressuscité ! Il est vraiment
ressuscité. »
Le groupe suivant d'auditeurs a été moins réceptif. Les femmes avaient raconté leur
histoire aux onze disciples et aux autres. Mais, contrairement aux femmes, ces auditeurs ne
se souvenaient pas des paroles de Jésus. Ils ne croyaient pas les femmes, peut-être pensaientils qu'elles étaient tout simplement hystériques ou qu'elles avaient bu pour soulager leur
douleur. En conséquence, l'Evangile leur semblait comme des rêveries. Ces disciples avaient
abandonné l’espoir. Ils avaient fermé la porte à la possibilité d'une nouvelle vie. Ce fut le cas
pour la plupart des disciples, sauf Pierre. Après avoir renié Jésus quelques jours auparavant,
il saisit cette occasion pour démontrer sa foi. Immédiatement, il courut à la tombe et la
trouva exactement comme les femmes l'avaient dit—la pierre déplacée, le corps absent,
seulement les linges sur le sol. Face à la réalité du tombeau vide, Pierre répond différemment
que les femmes ou les autres disciples. Il ne se montre pas incrédule, ni ne partage la
nouvelle avec les autres. Il va tout simplement à la maison. Était-il rempli de joie de
rencontrer son maître à nouveau, ou plutôt couvert de honte en pensant à son triple
reniement? Peut-être un peu des deux. Sur le chemin du retour, il pouvait encore entendre
les échos des voix des femmes qui criaient: « Le Christ est ressuscité! Il est vraiment
ressuscité ».
Luc, le maître conteur, veut nous faire comprendre que la vie nouvelle de la
résurrection est très réelle. Il fait tout ce qu'il peut pour connecter la résurrection avec la
naissance de Jésus. Dans les deux histoires, les femmes sont les premières à vraiment faire
confiance à la bonne nouvelle des messagers de Dieu. Alors que les hommes sont
généralement sceptiques, les femmes réfléchissent et examinent soigneusement la
signification de l'œuvre de Dieu dans le monde. Quand elles sont perplexes, elles cherchent à
comprendre, à se souvenir, chérissant les mots qui leur avaient été donnés. A travers la
naissance et la résurrection, Dieu se rapproche de l'humanité. La crèche et le tombeau vide
symbolisent la volonté de Dieu de nous accompagner de la naissance à la mort, à la vie audelà de la mort.
Christ vient à nous sur la terre. Il n'a pas attendu notre arrivée dans le ciel, mais il
nous rencontre là où nous sommes, dans notre fragilité, dans notre désespoir. Il vient à nous,
encore et encore, touchant notre vie quotidienne à travers les gens, les lieux et les situations
que nous rencontrons. Il nous offre encore et encore des occasions de communier avec lui, de
manger et boire avec lui, de converser et d'apprendre de lui, de compter sur lui quand notre
propre force et notre optimisme font défaut. Il répond à nos espoirs ici et maintenant—
lorsque nous pleurons nos proches, lorsque nous aspirons à retrouver nos familles, lorsque
nous sommes submergés par les responsabilités de la vie quotidienne, lorsque nous luttons
avec la santé physique et psychologique, lorsque nous nous sentons piégés dans des habitudes
malsaines, lorsque nous nous sentons impuissants face à la guerre et à la violence. Le Christ
nous dit: « Oui, je connais cette douleur. Je connais cette pression. Je les ai vécues, et je vais
t’aider à persévérer aussi. Je ne te demande rien, sinon que tu me fasses confiance, et que tu
n’abandonnes pas ».
L'autre jour, j’ai lu dans un roman : « Il n’est jamais tout à fait sûr de penser que nous
en avons fini avec la vie. Lorsque nous imaginons que nous avons fini notre histoire, le destin
a tendance à tourner la page et à nous montrer encore un autre chapitre ». Dans ma propre
vie, il y a eu plusieurs moments où je trouvais impossible d'imaginer un prochain chapitre...
des moments de désespoir où je ne pouvais envisager que la tristesse, la solitude, la
monotonie sans fin ... des moments où, comme les disciples, j'ai abandonné l’espoir. Dans
ces moment- là, nous pourrions avoir tendance à substituer la véritable espérance par la
résignation. Nous pourrions même essayer de déguiser notre désespoir en réalisme, en disant
« Je suppose que les choses seront toujours comme ça », ou « Je suppose que nous devons
simplement apprendre à attendre les attaques terroristes », ou « Il n'y a aucune chance que
cette tombe soit vide ». Parfois nous essayons de nous protéger de la déception en imaginant
que la vraie paix et l'amour sont des impossibilités. Mais comme l'écrivait Charles Wesley
dans son journal, « La foi rit aux impossibilités ». Il y a toujours un autre chapitre. La
résurrection nous montre que rien n’est impossible avec Dieu, que la vie se trouve parfois
dans les endroits les plus inattendus—comme le tombeau vide—et que la bonne nouvelle
vient des voix les plus improbables, comme celles des femmes et de la pierre. La résurrection
nous enseigne que la mort et le désespoir n’ont pas le dernier mot. La résurrection ne nous
libère pas de la peur de l'enfer, mais de l'enfer de la peur. Car là, où il y’a de la vie, il y’ a de
l’espoir, et là où il y’a de l'espoir, il y’a de la vie. Pourquoi cherchez -vous le vivant parmi
les morts ? Christ est parmi les vivants. Notre espoir vit et respire parmi nous. Tel est notre
espoir pour nos familles, nos communautés, notre église et notre monde: le Christ est
ressuscité ! Il est vraiment ressuscité. Amen.
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