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PRÉSENTATION DE L’ÉTUDE
CONTEXTE
Gérer la biodiversité et les écosystèmes ressemble parfois à un travail de médecin. En
effet, lorsqu’un médecin examine un patient, il lui est impossible d’ausculter tous les
organes, de mesurer toutes les fonctions (et leur disfonctionnement). Par la discussion
avec le patient, il peut émettre des hypothèses sur les causes (Drivers, Pressions) de
la maladie. Par l’examen clinique il pose alors un diagnostic. Il se base sur des para-
mètres, des indicateurs, dont la science a montré qu’ils indiquaient un état (State) de
santé du patient, jugé normal ou anormal par rapport à une norme, un référentiel. Ces
paramètres donnent des renseignements en tant que tel mais aussi par leur combi-
naison qui permet d’affiner le diagnostic (« fièvre + toux » n’est pas « fièvre + mal de
ventre »). Ces paramètres traduisent l’Impact des Pressions sur l’état du patient. Ils
signalent ainsi un besoin éventuel d’intervenir et/ou de surveiller l’évolution des choses.
Ces mêmes paramètres-indicateurs vont aussi lui permettre d’évaluer les changements
induits par le traitement mis en place (Response1).
S’il est déjà complexe d’étudier le corps humain, il est encore humainement et techni-
quement impossible d’appréhender et suivre la biodiversité dans son ensemble. Toutes
les espèces n’ont pas été identifiées, et seulement quelques milliers d’entre elles sont
relativement bien suivies, sans compter les écosystèmes, leurs fonctions et les « ser-
vices » qu’ils rendent à l’humanité. Au-delà d’un diagnostic d’état ou de réponse, on
cherche donc à avoir une idée de la situation en se reposant sur quelques indicateurs
pertinents qui renseigneront aussi sur les pressions, les impacts, les causes…
Un indicateur est donc avant toute chose un outil de communication. Sa forme, géné-
ralement simple et facilement interprétable, permet aux acteurs (scientifiques, gestion-
naires, politiques et citoyens) de dialoguer et d’échanger autour d’un sujet en « parlant
le même langage ». C’est également un outil qui résume des informations complexes
qui doit permettre d’appréhender des réalités très complexes difficilement abordables
en l’état. Il se veut donc être un porte-parole de la réalité, non la réalité elle-même. C’est
pourquoi il doit être accompagné d’informations qualitatives et de commentaires afin de
garder à l’esprit ses limites d’usage et d’application. C’est ce que développe actuelle-
ment l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB).
L’Observatoire National de la Biodiversité « a pour vocation de produire et diffuser des
indicateurs permettant de suivre l’état et les évolutions de la biodiversité et de ses
liens avec la société. Il est notamment responsable du suivi des effets sur la biodiver-
sité de la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB). Il constitue un outil facilitant le
travail de tous les acteurs concernés par la question des indicateurs de biodiversité,
entre science et société » (http://www.naturefrance.fr/actions/onb/analyse-qualitative-
des-indicateurs). L’ONB, certaines institutions, les ONG, des équipes de recherche,
etc. produisent des indicateurs et en promeuvent leur utilisation. Or, jusqu’en 2012, il
n’existait pas de structure permettant de les regrouper, de les valoriser et de les mettre
à disposition de tous les utilisateurs potentiels. L’ONB a mis en ligne le 22 mai 2012
une série d’indicateurs présentés sous diverses rubriques qui sont autant de champs
d’une base de données. Cette base de données i-BD² (Indicateurs de BioDiversité en
Base de Données) permet d’alimenter les pages Internet de l’Observatoire National
de la Biodiversité spécialement dédiées aux indicateurs (http://indicateurs-biodiversite.
naturefrance.fr/indicateurs/tous). Une approche novatrice de l’ONB consiste à appli-
quer le modèle DPSIR non pas aux indicateurs eux-même mais plutôt aux questions
sous lesquelles s’insèrent des bouquets d’indicateurs. En effet ces derniers sont sou-
vent difficiles à qualifier selon les critères DPSIR, alors que les questions sont clai-
rement en lien avec un aspect bien précis de la chaine « Drivers, Pressures, State,
Impact, Response ».
La base de données est « évolutive, prend en compte les fonctions d’acquisition, d’ana-
lyse et de diffusion libre des indicateurs de la biodiversité existants. Elle est publique,
libre et gratuite et doit également aider au choix d’indicateurs et au développement de
nouveaux indicateurs » (voir site NatureFrance mentionné plus haut).
1 DPSIR (Drivers, Pressures, State, Impact,
Response) est un cadre conceptuel fréquemment
cité pour caractériser les indicateurs