HYPERLAXE
CIE TE KOOP
Sophie Leso – Nicolas Arnould – Axel Stainier
Création 2016
NOTE D'INTENTION
« Après avoir longtemps travaillé pour diverses compagnies, l’envie était là, chez nous, de
créer un spectacle qui nous ressemble, qui nous rassemble. Nourris de nombreuses
collaborations artistiques, nous voulions construire quelque chose de personnel, nos
univers et potentialités propres soient mises en dialogue, se répondent, se complètent, se
provoquent...
Sophie travaillait alors sur le projet de création «Complicités - aujourd'hui, je suis content
d'être ensemble !», une collaboration entre des circassiens et des artistes handicapés
mentaux. C'est à ce moment-là qu'elle rencontre Axel Stainier, comédien-danseur, porteur
de trisomie 21.
Plus tard, par hasard, Axel et Sophie prennent le même train de Liège à Bruxelles. Axel fait
alors part à Sophie de son souhait de retravailler avec elle, de faire quelque chose
ensemble, «un spectacle» dit-il. C’est donc ainsi, assez naturellement, que s'est constituée
l'équipe et qu'est né le projet HYPERLAXE.
Nous souhaitons aujourd'hui créer une forme qui soit honnête et belle* en proposant à
Axel une place qui soit juste et vivante.
La prise de risque, le dépassement de soi, la liberté créatrice, le détournement de la
technique au service de la poésie, sont autant de valeurs qui viennent nourrir le terreau de
base de notre désir de création : à savoir l’aventure humaine, la rencontre, le partage.
Avec HYPERLAXE, nous désirons ouvrir un espace d'expérimentation de la liberté où
les contours du quotidien et ceux de la poésie se confondent, les petits riens
dévient et où le rire s'invite là où on ne l'attend pas. »
Sophie et Nicolas
* « La beauté, dit Pippo Delbono, a toujours à voir avec la vérité. »
POURQUOI « HYPERLAXE » ?
L’hyperlaxité est l’élasticité excessive de certains tissus comme les muscles ou les tissus
conjonctifs de la peau ou des articulations. L’hyperlaxité peut avoir des causesditaires
ou accidentelles. L’hyperlaxité ligamentaire s’observe aussi fréquemment dans le syndrome
de Down (ou trisomie 21) où elle s’associe à une hypotonie musculaire.
Certains individus atteints d’hyperlaxité ont une souplesse anormalement développée et
peuvent réaliser des contorsions impossibles pour des "sujets normaux".
Wikipédia, extraits
Cette définition de l’hyperlaxité révèle aussi bien l'outil principal de notre processus créatif:
« ...l'élasticité excessive... » que notre enjeu dramaturgique: « ...réaliser des contorsions
impossibles... ».
Élargissant ces concepts aux domaines de la pensée, des normes et des
conventions, HYPERLAXE nous provoque et nous amène à chercher en nous-mêmes
une hyperlaxité de pensée, qui résonnerait peut-être comme une forme de liberté
individuelle.
SYNOPSIS
Sur scène, Axel et Nicolas jouent : ils jouent à jouer.
Avec des morceaux de bois, avec leurs chaises, avec la souplesse, la pesanteur et
l’équilibre. Ils se retrouvent sur un terrain nouveau, mais pas inconnu.
Des haut-parleurs, leurs voix, revenues d'un ailleurs réel, parlent pour eux, parlent d'eux.
Côte à côte tels Laurel et Hardy, ils s'imitent et s’entre-portent.
À force de tourner en rond, ils inventent une marche à suivre.
ÉCRITURE
Il n'est pas question de chercher à créer des images extraordinaires, fantastiques ou
géniales ! Il s'agit seulement d'être d'une grande exigence envers des gestes aussi simples
que sauter ou tourner sur soi. La poésie naît de la justesse et de la précision.
Pippo Delbono, Le Corps de l'acteur
Notre recherche s'articule autour d'un travail physique très spontané et l'écriture du
spectacle se déploie directement en lien avec l'expérience du plateau, qui est le lieu de
toutes les expérimentations.
À partir de situations extrêmement simples, nous usons et abusons du principe
d'hyperlaxité afin de faire naître des images, des glissements de sens et de les
mettre en scène, dans ce qui pourrait s'apparenter à un carnaval minimaliste pour deux
interprètes.
Nous découvrons comment des corps dans l'exercice de leur potentiel peuvent, en se
confrontant, évoquer les petites histoires de l'humanité, les soubresauts du quotidien. Il
s'agit alors de saisir au vol l'essence de ces instants et de les restituer le plus
honnêtement possible, à la lumière de la relation entre les deux protagonistes.
Ainsi, HYPERLAXE s'écrit avec l'encre sensible qui relie Nicolas et Axel, ce fil invisible qui
s'étire, se (dis)tend, se (dis)tord, sans jamais se rompre.
INTERPRÉTATION ET MISE EN SCÈNE
Dans ce monde de fureur et de bruits permanents, je crois qu'il est devenu subversif
de travailler sur la lenteur et le silence.
Claude Régy
Dans HYPERLAXE, Axel et Nicolas n'incarnent pas des personnages. Ils se mettent
eux-mêmes en jeu, s'appellent par leur nom et portent des vêtements qui pourraient être
les leurs. Nous travaillons à trouver un rapport de présence à soi et à l'autre qui résonne
de façon honnête et juste, sans tomber dans la gravité ou l'austérité d'une mise à nu qui
pourrait être dérangeante. Le travail physique amène chacun à trouver une certaine ironie
dans sa relation avec son corps, sa poésie et son histoire. Et si nous voyons surgir des
personnages, c'est avant tout Nicolas et Axel qui « jouent à être » que nous voyons, dans
un double mouvement de dévoilement et de mascarade.
La scène, boîte noire dans son essence, est envisagée comme une fenêtre sur le réel. La
mise en scène, comme une mise en abîme du quotidien.
Une attention particulière est donnée au temps et à l'espace, car ils sont des outils
formidables de transformation du mouvement, du geste, de la présence immobile ou
agacée. Le travail de mise en scène cherche à articuler silences et envolées afin de
créer un espace poétique, lieu de tous les possibles en terme d'imaginaire.
Nicolas et Axel nourrissent cet espace de liberté de leurs propres manies, de leur regard
tantôt étonné tantôt distrait, de leur écoute sensible. Néanmoins, l'écriture du spectacle est
précise, rigoureuse, la mise en scène s'articule comme une partition, comme une
succession d'instantanés, une suite - au sens musical du terme - d'actions et de situations
dont le temps et l'espace sont définis.
La réalisation entendue comme action de rendre réelle de cette partition demande un
état paradoxal fait de rigueur et de liberté qui en appelle à la fois au travail de l'acteur,
du danseur et du musicien.
UNIVERS SONORE
L’univers sonore est créé par Nicolas Arnould et se décline en deux aspects principaux :
la voix off d'une part, la musique d'autre part.
La voix-off
Nicolas réalise régulièrement des petites interviews d'Axel, branche l'enregistreur lors des
répétitions ou pendant les pauses-repas. Il en ressort des instants pris sur le vif, comme
autant de petits dialogues du quotidien.
La nature de ces voix est imprégnée de la dimension du présent, elle nous ramène (à) une
vibration chargée de vie pure, chargée d'humilité et de spontanéité. C'est un matériau
précieux dont nous nous servons dans la mise en scène, faisant se confronter deux
temporalités de natures différentes, créant ainsi un décalage poétique propice à
l'émergence de l'humour.
Ces bribes de réel interviennent de façon ponctuelle : elles peuvent faire résonner une
action a posteriori, être le point de départ d'une séquence, ou encore exister pour elles-
mêmes, se soustrayant à la facilité illustrative d'une réalité univoque.
La musique
Différents morceaux musicaux viennent nourrir le spectacle : compositions originales et
chansons (plus ou moins) connues.
La perception des instants mis en jeu sur le plateau résonne directement avec l'espace
sonore dans lequel ils s'inscrivent, et en cela nous mettons le silence sur le même pied
que la musique ou la voix-off.
En effet, le silence est l'espace privilégié de la révélation du souffle, de la respiration. Il est
le lieu sensible les corps peuvent se rencontrer, parler leur langue immédiate et
spontanée. Oser ce silence fait partie de ce désir de prise de risque évoqué
précédemment.
Quant à l'utilisation de chansons connues, elle permet - à des instants choisis - d'ancrer le
spectacle dans le concret d'un contexte sonore référencé, nous rapprochant du public dans
un univers où l'abstraction pourrait, tout à l'honneur de son étymologie, tenir à distance.
SCÉNOGRAPHIE
Au départ, nous avions projeté un univers scénographique empreint de surréalisme,
d'improbable. Nous désirions développer et élargir la notion de glissement de sens au point
de la rendre concrète, plastique. L’idée de base, consciemment nve, était que la
scénographie elle-même porte la marque d’une possible hyperlaxité, induisant un univers
magique et poétique.
Après différentes tentatives, il nous est apparu que le propos induisait – au contraire – une
scénographie épurée, un espace brut, nu.
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