AMBASSADE DE FRANCE EN AUSTRALIE
La dégradation des termes de l’échange met fin au boom
minier.
La concentration de ses clients rendait l’Australie vulnérable à des chocs extérieurs. En effet, la Chine achète
par exemple environ 80% du minerai de fer australien et ce sont les aciéries chinoises qui tiraient à la hausse
les cours du fer et du charbon. La croissance de l’économie chinoise s’est toutefois stabilisée en deçà de 8%
après 2012, avec notamment une baisse progressive de la demande de construction et de production d’acier.
Ce ralentissement de la demande est intervenu alors même que la production mondiale de fer et de charbon
a très fortement augmenté, suite à la construction de plusieurs mines géantes, notamment en Australie. Le
prix spot du minerai de fer au port de Shanghai et du charbon métallurgique a ainsi perdu 70% de sa valeur
entre 2011 et 2015.
Selon les modèles du gouvernement dans le Budget pour l’exercice 2015-2016, une baisse de 1% du cours
du minerai de fer correspondrait à une baisse d’autour de 0,15% des termes de l’échange. Chaque baisse de
1% des termes de l’échange correspondrait à son tour à une baisse du PIB nominal d’environ 0,25%. Le
Trésor australien prévoit une baisse de -8,5% des termes de l’échange en 2015, ce qui a conduit à réviser le
taux de croissance nominal à 3,25% (au lieu de 4,75% prévu en 2014). Ce taux reste inférieur à la croissance
potentielle.
Cependant, l’effet net d’une baisse des termes de l’échange sur le PIB n’est pas mécaniquement positif ou
négatif. Certes, les profits des entreprises minières vont baisser et vont réduire leurs effectifs. Mais la forte
baisse du taux de change (chute de plus de -33% contre l’USD et -20% en taux de change effectif depuis mi-
2011 a rendu les produits australiens non-miniers plus compétitifs. Par ailleurs, les salaires réels continuent à
stagner (2,6% en 2014, soit le plus faible depuis 1990) ce qui a modéré la destruction d’emplois. L’effet net
sur le PIB dépendra aussi de la demande et du cours des autres exportations de l’Australie, ainsi que de la
croissance de l’économie chinoise.
S’agissant de l’effet sur la balance commerciale, celle-ci a déjà atteint un déficit record de -4,16Md AUD en
avril 2015. Mais la baisse du dollar devrait permettra la poursuite de l’ajustement des prix réels des
exportations australiennes, favorisant les exportations. En revanche, la baisse du taux de change commence
a exercé une pression inflationniste sur les biens échangeables. Ceux-ci ont augmenté de 1,1% (prenant en
compte les ajustements saisonniers) au T2 2015, période pendant laquelle le dollar australien a chuté de 10%.
S’agissant du marché du travail, le taux de chômage a augmenté sensiblement depuis le boom (4% en début
2008 contre 6,3% en juin 2015). L’effet dans le secteur minier a été très prononcé : en effet, 55.000 emplois
(20% du total) dans ce secteur ont été perdus depuis 2012. Autre indicateur, le taux de chômage dans l’Etat
minier d’Australie Occidentale (principal bénéficiaire du boom) a augmenté de 2,3% en octobre 2008 à 6,4%
en juin 2015. A ceci s’ajoute la destruction de presque 100.000 emplois dans le secteur manufacturier depuis
2009.
Les possibles relais de croissance du commerce extérieur :
dépréciation du dollar et diversification
La baisse du taux de change du dollar australien devrait favoriser la compétitivité prix des exportations et à
terme leur croissance. Cette dépréciation permet d’ores et déjà de limiter l’impact sur les comptes des sociétés
australiennes et sur les ressources fiscales des baisses des cours des matières premières en dollars
américains. Elle devrait aussi prémunir partiellement l’Australie de l’effet de la forte baisse récente des
monnaies des pays émergents asiatiques.
Au-delà du fer et du charbon, l’Australie est en mesure de fournir des produits pour lesquels la demande
asiatique est forte : les autres métaux comme le cuivre, le gaz, et les produits agricoles. Le gaz naturel liquéfié
(GNL) poursuit son expansion et le pays deviendra d’ici 2020 le premier exportateur de GNL au monde, devant