16 17 Atelier 6 Climat et citoyenneté, vers un mouvement mondial pour la justice climatique Dans un second temps, il est nécessaire de relever que la biodiversité fait partie du système climat. Et plus des points de basculement sont atteints an matière climatique, plus on complexifie cette adaptation. En effet la biomasse participe à la précipitation du carbone. Et la biomasse n’est rien sans la biodiversité, puisque la capacité à stocker du carbone se fait par l’écosystème dans sa globalité et sa diversité. Il faut comprendre par-là que le climat dépend de la biomasse, qui elle s’adapte à ses changements dans la mesure de ses capacités naturelles. Mais la technologie naturelle qui permet cet échange est un équilibre fragile et peine à suivre le rythme imposé par les activités humaines. Il faut donc changer notre perception de la biodiversité. C’est une dynamique du vivant très importante pour sa propre perpétuation. En conservant les espèces, on conserve le bricolage du vivant et de son évolution. Une conservation à tout prix n’est pas souhaitable pour autant, car elle biaiserait aussi la sélection naturelle. Ce qui est important de conserver c’est la capacité d’adaptation de l’écosystème, dont beaucoup de mécanismes nous sont encore inconnus. Ne rendons pas la tâche encore plus difficile au vivant. Ne rajoutons pas de contraintes Ne fragmentons pas des milieux, ne les surexploitons pas. La biodiversité est l’éternelle bénévole de l’homme, dont il dépend beaucoup. Pensons à la société que nous aurons demain si la biodiversité change trop : la mer pourrait devenir peuplée exclusivement de méduses. Alain Chabrolle L’association Orée a pour but de développer une réflexion commune sur les meilleures pratiques environnementales et mettre en œuvre des outils pratiques pour une gestion intégrée de l’environnement à l’échelle des territoires. Elle a érigé comme un de ses trois axes prioritaires de réflexion “Biodiversité et économie”. Elle organise des travaux prospectifs, de recherche et plus particulièrement relatifs à la filière du bâtiment. Derrière ces réflexions, une première série d’enjeux climatiques liés aux perturbations de la dynamique du climat. Une deuxième série d’enjeux est relative à la biodiversité, et l’érosion du tissu vivant planétaire. Un des chercheurs lié à Orée appelle à créer une « biodiversité » des activités économiques et sociales, qui prendrait donc en compte la biodiversité naturelle en prenant exemple sur elle. Lutter contre le changement climatique impose de repenser sa dépendance aux ressources fossiles, par conséquence des opportunités de nouvelles activités apparaissent. L’association Orée tâche donc de promouvoir la compatibilité entre la défense de la biodiversité et une économie prospère en guise de transition. Cette promotion passe par la mise en place d’outils d’aide à la décision, comme la labellisation par exemple. Cet atelier a été organisé par la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, la Fondation After-FACT, la Fondation Un Monde par Tous, la Fondation Monde Solidaire, CCFD – Terre Solidaire. Txtex Etcheverry, co-fondateur d’Alternatiba Varinia Vinay-Forga, déléguée générale du Collectif Transition Citoyenne Kerim Didier Salifou, coordinateur national du Mouvement Alliance Paysanne du Togo (MAPTO) Modérateur Nicolas Krausz, Responsable de programme à la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme. On peut dresser une typologie des manières dont les fondations travaillent sur le sujet du climat. Il existe en effet : • Les « climate funders » (aux États-Unis principalement) qui financent des expertises et vont conseiller les États ou le secteur privé sur leur participation aux négociations internationales. • Des fondations réussissant à lier le climat à leur secteur de prédilection : agriculture, logement, énergies, etc. Exemple : fondation Carasso. • Des fondations s’intéressant aux changements climatiques par le prisme de la nécessité d’un changement systémique, d’où un engagement citoyen. Dans cette dernière catégorie, le mot d’ordre serait « changer le système pas le climat ». Et ceci par la création d’un mouvement citoyen pour la justice climatique, qui est en train d’émerger et de s’organiser en vue de la COP21 de Paris. L’implication des citoyens dans la lutte contre le changement climatique est décisive à plusieurs niveaux: • mobiliser les populations pour faire pression sur les gouvernements et les organisations internationales en vue d’obtenir un accord universel et juridiquement contraignant à Paris. • montrer que des solutions concrètes pour le climat sont déjà disponibles, à portée du quotidien de tous et esquissent une alternative systémique • défendre une approche de solidarité internationale qui place la justice et la question du modèle de développement au cœur de l’enjeu climatique Txetx Etcheverry Dans cette catégorie, Txetx Etcheverry, à travers son association Bizi! et les Alternatibas qu’elle organise est un modèle. Le dernier événement en date a été une traversée de la France à vélo. À chaque étape, des rencontres avec les citoyens, la presse, les élus locaux, des conférences, des événements ont été organisés presque spontanément, de façon décentralisée, preuve qu’un projet de réappropriation des problématiques climatiques est mobilisateur. Parti de ce constat, Txtetx Etcheverry nie toute crise du militantisme. Il suffit de proposer des perspectives mobilisatrices et de les inscrire dans la durée. À travers l’apothéose de cet événement à Paris, sur une place de la République bondée, la solution à cette inscription dans la durée est venue d’elle-même. En effet ce meeting a réuni des acteurs locaux et internationaux, dont des interlocuteurs rencontrés sur la route. Il préfigure ainsi ce qui est envisagé pour l’avenir : poser les bases d’un mouvement pour le climat à travers la rencontre d’acteurs présents à différentes échelles. Ces événements ont permis l’apparition d’une nouvelle génération de militants. Et plusieurs actions permettent de continuer à atteindre le tout à chacun, comme par exemple la rédaction d’un livret « alternativez-vous ». Il faut avant tout lier local et global pour donner sens à l’ensemble et encourager le renouveau d’une mobilisation citoyenne plus transversale. Alternatiba repose sur l’idée qu’il faut un socle massif, une mobilisation citoyenne large pour obtenir des avancées sur les problématiques climatiques, sans pour autant nier le rôle important des négociations étatiques. Aussi il faut que l’action citoyenne entoure la COP 21, sans que l’un ne puisse éclipser ou l’autre, mais bien plutôt dans le sens d’une émulation mutuelle. 18 19 Séance plénière de synthèse Alternatiba souhaite entraîner une dialectique entre l’alternative locale et l’alternative sectorielle pour obtenir une alternative globale. Il y a un chemin entre le local et le global qui peut « faire système » et casser le cercle vicieux du désintérêt des citoyens, donc des politiques, etc. Il ne faut enfin pas perdre de vue que la COP 21 peut être un échec, et se prémunir contre une gueule de bois du mouvement environnemental. La COP 21 est l’occasion, pour la société civile, de profiter d’un agenda politique et médiatique centré sur les changements climatiques. Varinia Vinay-Forga Kerim Didier Salifou Atelier 1 Atelier 3 Atelier 5 Les organisations sensibles aux problématiques de changement climatique doivent encourager à agir ensemble : donner une impulsion sans forcer la main. La possibilité que la COP 21 échoue doit obliger la société civile à réinventer plus profondément encore le vivre-ensemble pour obtenir des progrès dans la lutte contre le changement climatique. Les initiatives citoyennes doivent, dans ce sens, donner envie aux citoyens d’aller vers des engagements concrets. Le Togo, alors qu’il était sous protectorat français, a importé de la métropole coloniale l’agriculture intensive à la française. Ce modèle de développement agricole, à l’image des tracteurs importés pour l’appliquer, n’a jamais été adapté au Togo. Et les tracteurs n’ont pas fait long feu sous le climat tropical de l’Afrique sub-saharienne. Climat et investissement Climat, alimentation et agriculture Climat et biodiversité Réunis autour d’un lieu, d’une problématique, d’un festival, les personnes morales tendant aux mêmes objectifs environnementaux doivent inciter à une émulation. Pour cette raison le Collectif Transition Citoyenne organise des journées consacrées à ces dynamiques pour interpeller le citoyens sur plusieurs aspects concrets : consommer autrement (équitable, bio, local), investir et épargner autrement et maîtriser sa consommation d’énergie. L’organisation de tels événements permet de donner une visibilité, une tribune et un réseau aux acteurs de ce militantisme d’un genre nouveau. Outre l’édition du livret « alternativez-vous », le Collectif Transition Citoyenne promeut un pacte pour la transition : 15 mesures simples possiblement applicable par des politiques locales, et une pétition en ligne. Il faut donner une caisse de résonnance à toutes les initiatives déjà à l’œuvre, et au service de la convergence de ces initiatives citoyennes au niveau national et local. Outre l’endettement des paysans pour du matériel rapidement obsolète, ce modèle n’a apporté que des malheurs, et principalement une pollution importante des terres arables. Ceci a eu pour conséquence immédiate une dégradation de la biodiversité et une baisse conséquente du rendement agricole. Depuis 2003, le Mouvement Alliance Paysanne Togo (MAPTO) s’est donc évertué à promouvoir des techniques agricoles alternatives, de traitement naturel des terres et de fertilisation par une rotation des cultures par exemple. Accompagné d’un volet pédagogique qui s’est traduit par la mise en place de parcelles d’apprentissage de ces techniques, le MAPTO a donc permis l’installation et la transmission de techniques différentes et valorisables. Encore confronté à un problème foncier de concentration de la propriété, les paysans togolais ont donc déjà pu faire un premier pas vers une agriculture pérenne, grâce à un mouvement qui s’étend rapidement, et prévoit d’ailleurs un accord de coopération avec des structures allemandes présentes sur le territoire. Cependant, si rien n’est fait à la COP 21, d’ici 2050, de 40 à 80% des terres agricoles d’Afrique seront devenues impropres à la culture. Il faut donc promouvoir de telles initiatives, qui d’une part donnent une importance particulière à la dimension territoriale de leur action, et d’autre part considèrent l’agriculteur aussi comme un citoyen, profitant des retombées globales de l’activité économique de son pays, au-delà de sa seule activité sectorielle. Enjeu : intégrer dans son portefeuille des entreprises qui font la promotion des énergies renouvelables ou des technologies qui vont dans ce sens. Enjeu : prendre conscience de l’urgence des problèmes afférents à l’alimentation et l’agriculture Recommandations aux fondations : Recommandations aux fondations : • Faire l’état des lieux de ses actifs • Donner une attention particulière à l’agriculture en tant que principale cause mondiale d’émission de CO2 • Faire appel aux outils efficaces pour permettre le réinvestissement hors des énergies fossiles • Pousser les partenaires financiers à analyser les investissements sous le prisme de leur impact environnemental • Faire attention au cercle vicieux entre alimentation et réchauffement climatique • Favoriser l’agriculture familiale et l’agro-écologie Enjeu : reconnaître l’indissociabilité de la biodiversité et du climat Recommandations aux fondations : • Favoriser l’émergence de nouveaux modèles économiques tenant compte de la biodiversité • Se lier aux associations locales et encourager leurs actions • Décloisonner et faire appel aux scientifiques • Donner un coût économique aux atteintes à la biodiversité • Mettre en cohérence sa mission et son investissement • Conserver le patrimoine génétique des espèces pour sa diversité Atelier 2 • Préférer l’échelle territoriale Femmes et environnement Atelier 4 Enjeu : inclure la question du genre face aux défis climatiques Climat, énergie et habitat Recommandations aux fondations : Enjeu : lier les problématiques du climat, de l’énergie et de l’habitat • Désinvestir des sociétés climaticides • Financer des projets en la matière, notamment des projets pilotes Recommandations aux fondations : • Investir dans les initiatives, notamment territoriales • Produire des données permettant d’appuyer la cause des femmes • Mettre en lumière les initiatives allant dans ce sens • Mettre en réseau ces initiatives • Diffuser les bonnes pratiques • Sensibiliser à la nécessité de prendre en compte le genre de façon transversale • Favoriser la collecte, création et diffusion d’informations • Diagnostiquer au mieux les problèmes posés en tenant compte des acteurs, notamment des usagers • Aider à l’empowerment des porteurs de projet, notamment par le partage d’expertise • Identifier des outils et créer des bases de données sur le sujet Atelier 6 Climat et citoyenneté Enjeu : inscrire dans la durée l’action citoyenne, indépendamment des résultats de la COP 21. Recommandations aux fondations :