M2 Master Pratiques de l’interdisciplinarité (EHESS-ENS) Diplôme ENS Validation possible dans d’autres masters et dans des programmes ERASMUS Histoire de l’anthropologie Cours 2014-2015 Florence Weber (avec Jean-Robert Dantou, photographe) Mardi de 14h à 16h en salle 10 du 7 octobre 2014 au 10 février 2015 Après une séance présentant les enjeux d’une histoire des disciplines (I), ce séminaire propose une lecture de l’histoire de l’anthropologie orientée par l’actualité du XXIe siècle : mondialisation culturelle, revendications indigénistes, retour réflexif sur la culture occidentale (II). Les séances proposées visent à faire comprendre d’abord que le projet intellectuel d’une anthropologie sociale préexiste à l’hégémonie européenne, d’Hérodote à Ibn Khaldûn (III). La découverte de l’Amérique change la donne, en entraînant l’anthropologie vers la critique de la société européenne, avec Montaigne, et en ouvrant l’espace des ethnographies possibles : l’ethnographie par familiarisation, avec Jean de Léry ; l’ethnographie par distanciation, avec Felipe Guaman Poma et Garcilaso de la Vega ; l’ethnographie collective, à travers l’œuvre polyphonique de Bernardo de Sahagun (IV). On s’interrogera ensuite sur les évolutions divergentes, aux XVIIe et XVIIIe siècles, de la linguistique, de l’histoire naturelle et de l’anthropologie, qui conduiront au divorce entre les instructions données par Cuvier et par Gérando pour l’expédition Baudin en 1800 (V). L’obsession européenne pour les crânes, tout au long du XIXe siècle, ouvre une ère nouvelle, qui se décline à la fois en Europe et chez les Sauvages, avec ce que le paléontologue S. J. Gould a nommé « la mal-mesure de l’homme », dont on examinera les traces iconographiques (VI). On suivra la dérive de l’anthropologie de l’Europe, du romantisme national des révolutions de 1848 jusqu’au national-socialisme (VII). On reviendra sur l’œuvre de Darwin et sur ses prolongements anthropologiques, avec la naissance de la préhistoire et l’abandon de l’hypothèse du Sauvage comme « chaînon manquant » entre le singe et l’homme (VIII). Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que l’anthropologie sociale et culturelle s’autonomise, avec l’école évolutionniste anglaise qui recouvre les peurs de l’ethnographe (IX), et les œuvres parallèles de Durkheim et Mauss en France, de Franz Boas aux Etats-Unis, qu’on examinera au prisme de l’art et de la photographie (X). La guerre de 1940 puis la guerre d’Algérie et la guerre du Vietnam transforment durablement l’anthropologie sociale, en instaurant un clivage entre une anthropologie réduite au passé intemporel des sociétés étudiées et une sociologie de la relation coloniale (XI). Les enjeux contemporains de la relation ethnographique seront enfin passés au crible de la photographie (XII). Calendrier 7 octobre : Invitation au séminaire « Chantiers critiques », intervention de Johan Heilbron 14 octobre : Pourquoi une histoire de l’anthropologie aujourd’hui ? 4 novembre : Avant l’hégémonie européenne 18 novembre : La découverte de l’Amérique et la variété des ethnographies 25 novembre : Linguistique, histoire naturelle et anthropologie, XVIIe-XVIIIe siècles 9 décembre (avec JRD) : La mal-mesure de l’homme. Des crânes, des races et des cerveaux 16 décembre : Une anthropologie de l’Europe est-elle possible ? 13 janvier : Biologie et préhistoire 20 janvier : L’anthropologie sociale, évolutionnisme et ethnographie 27 janvier (avec JRD) : L’art, la photographie et l’anthropologie sociale (1890-1940) 3 février : L’anthropologie sociale devant la barbarie occidentale (1940-1968) 10 février 2015 (avec JRD) : La relation ethnographique et la photographie