INFOS DE SOUDAGE SOUDAGE SANS CHALEUR SOUDAGE PAR IMPULSION MAGNETIQUE L’Institut Belge de la Soudure (IBS) mène actuellement une recherche sur une jeune technique de soudage, le soudage électromagnétique à haute vitesse, également connu sous la dénomination de soudage par impulsion magnétique. Cette technique utilise des forces électromagnétiques pour déformer ou souder des pièces. Etant donné que cette technique ne fait pas usage de chaleur mais de forces de compression pour réaliser un assemblage, elle présente d'importants avantages par rapport aux techniques de soudage conventionnelles. Aucune zone affectée thermiquement ne se crée et le matériau ne perd pas ses propriétés. De plus, ce procédé permet de réaliser des assemblages entre des métaux et alliages ayant un point de fusion très différent comme par ex. le cuivre à l’aluminium ou l’aluminium à l’acier. Figure 1: Principe du soudage par impulsion magnétique Par Ir. Koen Faes, EWE - IBS (Traduction: M.C. Ritzen - IBS) PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT Le soudage par impulsion magnétique appartient au groupe des procédés de soudage par pression qui permettent de réaliser un assemblage entre deux surfaces en les pressant l'une contre l'autre. Le soudage par impulsion magnétique est un procédé par pression où la déformation se fait très rapidement comme pour le procédé de soudage par explosion. La découverte que deux pièces métalliques peuvent être assemblées en donnant une très grande vitesse à l'une à l'aide d'explosifs, date des années '40. Ce procédé a été étudié en URSS. Le principe de fonctionnement du soudage par impulsion magnétique est semblable à celui du soudage par explosion mais la force explosive est générée, d’une façon plus sûre, par une bobine d’induction. Le procédé de soudage par impulsion magnétique est un procédé de soudage 'solid state', ce qui signifie que les métaux ne sont pas mis en fusion durant le cycle de soudage. Le principe de base pour le soudage de pièces tubulaires est schématisé à la figure 1. Une bobine est placée au-dessus des pièces à souder mais sans être en contact avec celles-ci. Les deux pièces à assembler doivent se recouvrir partiellement. Durant le cycle de soudage, une très grande quantité d'énergie électrique est libérée en un laps de temps très court. Certains systèmes peuvent décharger 2 millions d'ampères en seulement 100 microsecondes. Le flux élevé d'énergie traverse la bobine et cette décharge de flux induit des courants de Foucault dans la pièce externe. Le courant dans la bobine et les courants de Foucault créent des champs magnétiques qui s’opposent. La répulsion entre les deux champs magnétiques développe une force qui donne une très grande accélération à la pièce externe en direction de la pièce interne. La vitesse d'impact de la pièce externe peut atteindre plus de 300 m/s. Les pressions développées lors de l’impact peuvent aller jusque 100.000 MPa. D'éventuelles impuretés de surface sont enlevées suite à la collision des deux matériaux, ce qui crée un contact métallique atomique pur. Une telle force pousse les atomes des matériaux les uns contre les autres de telle sorte que leurs forces de répulsion naturelle sont vaincues, qu'on arrive à un état d'équilibre stable et qu'on obtient un assemblage métallique. Dans la plupart des cas, la soudure est plus résistante que le matériau le plus faible. Cette technique de soudage fonctionne le mieux avec des matériaux à conductibilité élevée. Des matériaux moins conducteurs exigent une énergie plus élevée. La macrographie de la coupe de la soudure présente de nombreuses similitudes avec celle d'une soudure par explosion. Figure 2: Bobine de la machine de soudage Figure 3: Soudure par impulsion magnétique MMT0125F33_OK.odt INFOS DE SOUDAGE APPAREILLAGE Une installation typique pour le soudage par impulsion magnétique est constituée des éléments suivants: • une cabine à haute tension où sont créées les impulsions électriques, • les capacités où est chargée l’énergie électrique, • la bobine destinée au soudage, • un transformateur permettant d’adapter la fréquence et l’amplitude de la décharge de courant électrique. Les bobines sont soit plates, soit cylindriques. Les bobines plates sont utilisées pour la déformation et le soudage de matériaux plats. Les bobines cylindriques servent au soudage de pièces tubulaires et peuvent être utilisées en combinaison avec ce qu’on appelle un ‘field shaper’. Un ‘field shaper’ est une pièce massive en cuivre qu’on place dans la bobine d’induction afin de conduire et de concentrer le champ magnétique tout près de la pièce à souder. Une bobine sans ‘field shaper’ est utilisée pour le soudage d’un diamètre bien déterminé. Grâce au ‘field shaper’, on peut souder différents diamètres avec une seule bobine en changeant cette pièce auxiliaire. L’IBS a un dispositif d’essai qui permet d’étudier l’applicabilité du procédé. L’énergie maximale de la machine de soudage est de 50 kJ pour une tension de 25 kV. Le flux de décharge peut atteindre 500.000 A. La figure 2 montre la bobine en combinaison avec le ‘field shaper’. PARAMETRES DU PROCEDE Comme dans le cas du soudage par explosion, une onde de choc est créée dans la surface de contact entre les surfaces à souder. L’onde de choc assure l’éjection des impuretés (oxydes, couches superficielles) de telle sorte que se crée un contact pur entre les surfaces. Une pression très élevée rapproche fortement les atomes des surfaces de telle sorte qu’une liaison atomique se crée. Il existe différentes théories à propos du mécanisme précis de liaison mais généralement, il est admis que les matériaux se trouvent brièvement dans un état visqueux-plastique. La formation d’une liaison est déterminée par la vitesse radiale de la pièce externe, l’angle d’impact sur la partie interne et la vitesse à laquelle l’onde de choc se propage. Ces paramètres doivent se situer dans des limites précises afin d’obtenir des conditions de soudage optimales. La qualité de la soudure est fortement influencée par les réglages de la machine. L’énergie électrique chargée dans les capacités détermine le courant dans Figure 4: Coupe macrographique d’une soudure par impulsion magnétique (détail de la figure 3Error: Reference source not found) la bobine d’induction et sa fréquence durant la décharge. Le flux dans la bobine détermine à son tour la force magnétique. La conductibilité électrique de la pièce externe joue également un rôle important et influence la force magnétique. De plus, les paramètres géométriques suivants jouent un rôle important: largeur de la fente d’air entre la pièce externe et la pièce interne, position des pièces dans la bobine ou le ‘field shaper’, distance de recouvrement et angle relatif entre les surfaces à assembler. AVANTAGES DU SOUDAGE PAR IMPULSION MAGNETIQUE • Dans le cas d'une exécution correcte, la soudure est plus résistante que le métal de base le plus faible: lors d'un essai, la rupture se fait toujours en dehors de la zone de la soudure. • Des gaz de protection ou des métaux d'apport ne sont pas nécessaires. • Aucune préparation des pièces, préalable au soudage, n’est exigée. Le dégraissage est conseillé. Pour des systèmes à forte énergie, la préparation de la pièce est moins critique que pour des systèmes à faible énergie. • En comparaison avec les procédés de soudage conventionnels, le procédé de soudage par impulsion magnétique est un procédé de soudage 'froid'. Sous l’action seule des courants de Foucault et de la déformation plastique, la pièce va s’échauffer; la température reste cependant limitée à 50 °C. Il n'y a donc pas de zone affectée thermiquement et le matériau ne perd pas ses propriétés. Ceci signifie également qu'après soudage, les pièces peuvent être immédiatement débloquées et mises en œuvre. • Vitesse de production élevée, parfois 10 pièces à la minute. • C’est un procédé de soudage écologique étant donné qu'on ne produit pas de chaleur, gaz ou fumées. RECHERCHES Actuellement, ce procédé de soudage est étudié par l’IBS, en collaboration avec OCAS (département de la recherche d’ArcelorMittal en Flandre) et l’université de Gent, département Mécanique des Matériaux et Constructions. La recherche est réalisée avec l’appui de la Région flamande (IWT). L’objectif est d’étudier l’applicabilité industrielle de ce procédé pour des matériaux et produits représentatifs proposés par une commission d’utilisateurs. De cette façon, en plus de l’aspect Figure 5: Coupe métallographique de la soudure présentée à la figure 4 économique, les entreprises participantes peuvent faire un choix réfléchi sur l’introduction ou non de cette technique dans leur production. L’IBS s’occupe de la partie expérimentale. La machine de soudage a été récemment installée et une série d’essais de soudage préliminaires a déjà été réalisée. Le procédé de soudage a été modélisé par OCAS. Les modèles par éléments finis donnent une idée du fonctionnement du procédé et permettent d’estimer le comportement du matériau et la forme finale. La détermination des réglages appropriés des paramètres peut être accélérée. Les données à introduire pour la modélisation ont été fournies par l’IBS et l’UGent. La figure 3 montre une coupe axiale d’une soudure d’un tube en aluminium avec une pièce interne en aluminium (tous les deux EN AW-6063). Le tube a un diamètre de 25 mm et une épaisseur de paroi de 1,5 mm. Afin d’assurer un alignement correct des deux pièces, la pièce interne a été pourvue d’un bourrelet. Les paramètres de soudage ont d’abord été optimalisés. Les paramètres pris en considération étaient l’énergie chargée dans les capacités, la largeur de la fente et la position des pièces dans la bobine. L’examen métallographique a montré qu’on avait une liaison sur une longueur de 5 mm environ. Pour chaque soudure, on a constaté deux zones où il n’y avait aucune liaison (zone initiale et zone finale dans la figure 4). Ce qui est caractéristique pour la soudure, c’est la forme onduleuse de l’interface de la soudure. La figure 5 en montre un détail. On constate une couche de transition constituée de phases intermédiaires. Les assemblages sont actuellement étudiés à l’aide du SEM et de l’EDX. AVENIR Le soudage par impulsion magnétique est une méthode relativement jeune – ayant cependant déjà quelques applications industrielles - basée sur l’utilisation de forces électromagnétiques pour souder des pièces. Quelques soudures expérimentales ont été menées à bien. La recherche ultérieure va se diriger vers l’assemblage de matériaux difficilement soudables et vers des assemblages hétérogènes. Cette méthode de soudage ne fait pas usage de chaleur de telle sorte que des matériaux à point de fusion très différent peuvent être assemblés avec cette technique de soudage. Le procédé possède un potentiel réel pour la réalisation rapide et économique de ces assemblages.