76
LOI N° 2002-1138 DU 9 SEPTEMBRE 2002 D’ORIENTATION ET DE PROGRAMMATION
POUR LA JUSTICE
La population pénale se caractérisant par une prévalence accrue des troubles mentaux et la proportion
des personnes détenues atteintes augmentant, la loi n° 2002-1138 du 9 septembre 2002 d’orientation et de
programmation pour la justice, en son article 48, a apporté d’importantes modifi cations au Code de la santé
publique dans le but d’améliorer les conditions d’accès aux soins pour les personnes détenues atteintes de
troubles mentaux.
Ces dispositions excluent la possibilité d’hospitalisation à temps complet au sein d’un établissement pénitentiaire.
Les hospitalisations doivent désormais être réalisées en milieu hospitalier et principalement effectuées dans
des unités hospitalières spécifi quement aménagées pour recevoir des personnes détenues (UHSA).
Ces unités sont créées dans l’objectif de recevoir les personnes détenues hospitalisées avec ou sans leur
consentement, pour une durée indéterminée notamment lorsqu’elles ne relèvent pas d’une prise en charge
dans une unité pour malades diffi ciles. Le décret n° 2010-507 du 18 mai 2010 pris pour l’application de ces
dispositions de la loi d’orientation et de programmation pour la justice défi nit les modalités de garde, d’escorte
et de transport au sein des UHSA.
En l’absence d’UHSA ouverte dans le ressort territorial, l’hospitalisation des personnes détenues atteintes de
troubles mentaux continue d’être assurée par un établissement de santé habilité.
La loi opère également, pour les personnes détenues, la fusion des régimes d’hospitalisation sous contrainte
(hospitalisation d’offi ce et hospitalisation à la demande d’un tiers) en un régime unique fondé sur la nécessité
des soins.
Par cette loi, le législateur a notamment voulu renforcer l’action éducative auprès des mineurs détenus, d’une
part en inscrivant l’intervention continue des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) au
sein des quartiers mineurs, et d’autre part en créant des nouveaux établissements pénitentiaires entièrement
voués à l’accueil de ces publics (EPM).
LOI N° 2009-1436 DU 24 NOVEMBRE 2009 PÉNITENTIAIRE
Plusieurs facteurs justifi aient l’adoption de la loi n° 2009-1436 du 24 novembre 2009 pénitentiaire : le
contexte international (la résolution du 17 décembre 1998 du Parlement européen invitant les États à
élaborer une loi fondamentale sur les établissements pénitentiaires, les “
règles minima
” des Nations unies,
les règles pénitentiaires européennes), le contexte juridique interne (les normes régissant la détention
étaient majoritairement réglementaires) et le contexte médiatique et politique.
Cette loi, texte d’envergure relatif au service public pénitentiaire, comporte plusieurs grandes orientations :
- les missions du service public pénitentiaire assurées par l’administration pénitentiaire avec le concours des
autres services de l’État, des collectivités territoriales et des associations, sont clarifi ées ;
- la prévention de la récidive est renforcée avec le développement des mesures en milieu ouvert et des
aménagements des peines ;
- la condition juridique de la personne détenue est reconnue et le bénéfi ce de ses droits, notamment civiques,
sociaux, religieux, familiaux et professionnels est rappelé et limité aux seules contraintes inhérentes
à la détention ;
- les principes généraux relatifs aux régimes de détention sont élevés au niveau législatif (répartition des
personnes condamnées, régime disciplinaire, isolement, règlements intérieurs, encellulement individuel,
etc.) ;
- les personnels pénitentiaires bénéfi cient d’une meilleure reconnaissance par une valorisation de leurs
fonctions, un renforcement de leur autorité et de leur protection ainsi que par la création d’un code de
déontologie et d’une prestation de serment.
Ce texte conforte la spécifi cité de la prise en charge des mineurs détenus en garantissant le respect des droits
fondamentaux reconnus à l’enfant et en consacrant l’obligation d’activité à caractère éducatif pour les mineurs
qui ne sont pas soumis à l’obligation scolaire. Par voie de décret, la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)
assure la mise en œuvre des activités socio-éducatives.
Concernant la santé, la loi pénitentiaire garantit aux personnes détenues un accès à la prévention et à
l’éducation sanitaires, une qualité et une continuité des soins dans des conditions équivalentes à celles dont
bénéfi cie l’ensemble de la population.
Elle réaffi rme le droit des personnes détenues au secret médical, au secret de la consultation, et octroie
également le droit à un bilan relatif aux produits stupéfi ants, d’alcool et de tabac, à une visite médicale
précédant la libération, à un aidant si elle souffre d’un handicap et le droit de s’entretenir, hors la présence
du personnel pénitentiaire, avec les personnes de confi ance, les personnes majeures accompagnant les
personnes mineures ou les bénévoles intervenant auprès des malades en fi n de vie.
Par ailleurs, la loi pénitentiaire prévoit de prendre en compte l’état psychologique des personnes détenues
tout au long de leur détention ainsi que des spécifi cités liées aux femmes et aux mineurs.
PRISE EN CHARGE SANITAIRE DES PERSONNES PLACÉES SOUS MAIN DE JUSTICE