
étaient manifestement dans le volume irradié (le sarco-
me de la paroi abdominale et les carcinomes de la thy-
roïde, de la trachée et du pancréas), 3 cas étaient en
bordure de champ (2 cancers bronchiques et l'hépato-
carcinome) et 5 cas étaient hors des volumes irradiés (le
mélanome malin, un cancer bronchique et les cancers
de la vessie, du larynx et de la prostate). En ce qui
concerne les hémopathies, les 4 cas sont survenus chez
des patients initialement traités par irradiation sous et
sus diaphragmatique.
DISCUSSION
Les seconds cancers germinaux développés sur le testi-
cule restant n'ont pas été inclus dans cette étude car il
est établi qu'ils ne sont pas induits par la radiothérapie
mais simplement la conséquence de facteurs probable-
ment néonataux ou génétiques qui prédisposent ces
patients à développer ce type de tumeur [1, 13, 21, 26].
Ces tumeurs germinales étant exclues, nos résultats
montrent que l'incidence cumulée globale des
deuxièmes cancers est de 10,7%, ce qui représente un
risque relatif de 2,81 par rapport à la population géné-
rale. La revue de la littérature montre des divergences
importantes dans l'estimation de ce risque qui varie
selon les études entre 1,27 et 7,53 [2, 6, 9, 11, 12, 14,
15, 17, 19, 25]. Ceci s'explique par l'importante hétéro-
généité qui existe entre les différentes séries. En effet,
à côté des différences dans les paramètres de radiothé-
rapie (patients traités par orthovoltage, sur des
volumes-cibles différents, avec des doses totales et des
doses par fraction variables), certaines séries incluent
des patients traités par radio-chimiothérapie [17, 19,
25] ou des patients traités pour des tumeurs germinales
non séminomateuses pures [2, 9, 12, 17, 25]. Certaines
séries incluent des patients traités pour des séminomes
de stade III-IV [2, 9, 17, 19, 25], d'autres acceptent
dans les deuxièmes cancers les tumeurs germinales du
testicule controlatéral [12, 17, 25] et les cancers cutanés
baso ou spinocellulaires [17]. Enfin, certaines séries
excluent les patients du groupe à risque lorsqu'ils
rechutent [2], alors que d'autres, dont la notre, prennent
en compte les traitements de rattrapage [12, 25]. En
dépit de ces différences, le risque relatif de deuxième
cancer après irradiation est constamment augmenté
dans la littérature, même si le seuil de signification sta-
tistique de 5% n'est pas atteint dans certaines séries.
Cette augmentation du risque de deuxième cancer
pourrait simplement refléter une susceptibilité géné-
tique et non être la conséquence directe de la radiothé-
rapie. Plusieurs arguments sont en défaveur de cette
hypothèse. Tout d'abord, deux études récentes concer-
nant les pères et les frères des patients traités pour can-
cer testiculaire ont établi que le risque familial de sur-
venue d'un cancer testiculaire est effectivement aug-
menté mais que le risque de survenue d'un autre cancer
était plutôt plus faible que dans la population générale
[13, 26]. De plus, les patients soumis à une simple
observation après orchidectomie pour une tumeur ger-
minale de stade 1, ainsi que ceux traités par chirurgie
exclusive en raison d'adénopathies métastatiques rétro-
péritonéales, ne présentent pas d'augmentation du
risque de survenue d'un cancer non testiculaire [2, 3,
24]. Bien que ces études nécessitent un recul plus
important avant de pouvoir tirer des conclusions défi-
nitives, elles constituent des arguments forts en faveur
de la responsabilité directe de la radiothérapie dans la
survenue de ces deuxièmes cancers non germinaux.
En ce qui concerne le type de deuxième cancer surve-
nant après radiothérapie, certains auteurs retrouvent
une augmentation significative du risque de leucémie
aiguë [11, 14, 15, 17, 19], d'autres étant d'avis contrai-
re [6, 9, 12]. En ce qui concerne les seconds cancers
solides, une augmentation de l'incidence des sarcomes
a été rapportée [16, 17] ainsi que des carcinomes uro-
théliaux urinaires [9, 14], des carcinomes bronchiques
[9, 19], de l'estomac [9, 17, 19, 25], du pancréas [19],
du côlon [9, 19, 25], des mélanomes malins [9] et des
lymphomes non Hodgkiniens [12]. Il faut également
souligner que l'augmentation de la fréquence des
contrôles de santé chez les patients préalablement trai-
692
J.M. Bachaud et coll., Progrès en Urologie (1999), 9, 689-695
Tableau 4. Nombre observé et nombre attendu de seconds cancers non germinaux en fonction du délai après le diagnostic de sémi -
nome.
Délai Nombre de NombreNombreSIRaI Cb95% p
(années patients observé attendu du SIR
complètes)
0-4 131 31,48 2,03 0,41-5,92 0,186
5-9 104 31,20 2,49 0,50-7,30 0,121
10-14 61 31,10 2,73 0,55-7,97 0,099
15-29 37 51,20 4,16 1,34-9,72 0,008
Total 131 14 4,98 2,81 1,54-4,72 < 0,001
a: Standardized Incidence Ratio, b: intervalle de confiance.