que la qualité mentale de la « compréhension » ne peut pas être cernée par un système de calcul et doit découler d’un
fait non-calculable. En outre, l'approche neuronale de calcul de la volition, là où le calcul algorithmique détermine
complètement tous les processus de la pensée, semble exclure toute possibilité d’une action indépendante de causalité
ou de libre arbitre. Quelque chose fait défaut. Quel facteur non calculable peut se produire dans le cerveau ?
Comportements cognitifs des organismes unicellulaires : les protozoaires, comme les physarum, peuvent s'échapper des
labyrinthes et résoudre les problèmes ;
les paramécies peuvent nager, trouver de la nourriture et des partenaires,
apprendre, se souvenir et avoir des relations sexuelles, le tout sans connexions synaptiques
[25,26]. Comment font les
organismes unicellulaires pour faire preuve d’un comportement intelligent ?
2.2 Moments conscients et calcul
La conscience a souvent été considérée comme une succession de moments discrets. William James [27] étudie « le
présent trompeur, la courte durée à laquelle nous sommes immédiatement et sans cesse sensibles » (même si James a été
vague à propos de la durée, et a également décrit un « Courant de conscience » continu). La théorie de Stroud sur le
« moment perceptuel » [28] décrit la conscience comme une série d’événements discrets, à l’instar des images séquentielles
d’un film (les films modernes et les vidéos
présentent 24 à 72 images par seconde, 24 à 72 Hertz, « Hz »). La conscience
est également regardée comme une série d’événements discrets dans le bouddhisme; des méditants qualifiés décrivent un
« vacillement » distinct au cours de leur expérience de conscience pure et indifférenciée [29]. Les textes bouddhistes
dépeignent la conscience comme un « ensemble momentané de phénomènes mentaux », et comme des « moments
distincts, déconnectés et éphémères qui s’évanouissent aussitôt qu’ils sont nés ». Les écrits bouddhistes vont même jusqu’à
quantifier la fréquence des moments conscients. Par exemple, les Sarvastivadins ont compté 6,480,000 « moments » en 24
heures (une moyenne d’un « moment » par 13.3 ms, 75 Hz), et quelques bouddhistes chinois ont rapporté une « pensée »
par 20 ms (50 Hz). La meilleure corrélation mesurable de la conscience dans la science moderne est l’électro-
encéphalographie de synchronie gamma (EEG) – l'activité neuronale membranaire cohérente de 30 à 90 Hz se produisant à
travers des régions du cerveau synchronisées variées. Des périodes plus lentes, par exemple des fréquences thêta de 4 à 7
Hz avec des ondes gamma imbriquées, peuvent correspondre à des saccades et des gestalts visuelles [31,32] (Fig. 11).
Ainsi, nous pouvons affirmer que la conscience se compose d’événements discrets à fréquences variables se produisant
dans toutes les régions du cerveau, par exemple 40 moments conscients par seconde, qui sont synchronisés dans les
neurones du cortex frontal et pariétal. Quelle est la nature de ces moments conscients?
La présomption tortueuse de la science moderne et de la philosophie est que la conscience émerge de calculs
synaptiques complexes dans des réseaux de neurones du cerveau, agissant comme des unités d’information fondamentales.
Dans les ordinateurs numériques, des niveaux de tension électrique distincts représentent des unités d'information (exemple
: « bits ») au sein de portes logiques de silicium. McCulloch et Pitts [33] présentent ces portes comme des neurones
artificiels d’« intégration et décharge », donnant lieu à des « perceptions » [34] et remarquent d’autres types de « réseaux
de neurones artificiels » capables d’apprendre et de comportements auto-organisés. De même, conformément au modèle de
« Hodgkin–
Huxley » [35], les neurones biologiques sont des dispositifs de seuils logiques d’« intégration et décharge », à
l’intérieur desquels plusieurs dendrites ramifiées et le corps cellulaire (le soma) reçoivent et intègrent des entrées
synaptiques comme des potentiels de membranes (Fig. 1). Selon
Hodgkin et Huxley, le potentiel intégré est alors
comparable à un potentiel de seuil au niveau des cônes d'implantation de l'axone ou des segments initiaux des axones (SIA).
Quand le seuil de l’SIA est atteint par le potentiel intégré, (Fig. 2), un potentiel d’action tout-ou-rien de « décharge », ou
spike, est déclenché en tant que sortie et transmis le long de l'axone de la prochaine synapse. Les neurones des réseaux
cognitifs d’Hodgkin–Huxley, connectés par des synapses de résistances variables, [36] peuvent s’auto-organiser et
apprendre, étant donné que leurs sorties de décharges axonales contrôlent l'activité et le comportement en aval.
Comment la conscience émerge-t-elle des calculs neuronaux ? Certains combattent l’idée que la conscience puisse naître
de la complexité des calculs due aux stimulations et autres activités électriques du cerveau [37,38]. Cependant, ni les
activités neuronales spécifiques participant à cette complexité, ni aucun seuil de complexité prédit pour l'émergence de la
conscience, n’ont pu être avancés. Il n'y a, non plus, aucune explication sur comment la complexité en soi pourrait donner
lieu à des moments conscients discrets. D'autres soutiennent la grande échelle, les sorties d'ensembles de décharges
axonales, les « salves », ou les « explosions » produisant de la conscience [18,39]. Mais les décharges axonales cohérentes
sont dans tous les cas précédées et causées par des intégrations dendritiques/somatiques synchronisées. En effet, la
synchronie gamma EEG – le meilleur corrélat de la conscience – est générée, non pas par des décharges axonales, mais par
des potentiels d'intégration dendritique/somatique. Par conséquent, certains suggèrent que la conscience implique
principalement les dendrites neuronales et les corps cellulaires / soma, c’est-à-dire dans les phases d'intégration de
séquences d'« intégration et décharge » [40–42]. L'intégration implique la réduction de l'incertitude, en fusionnant et
consolidant plusieurs possibilités en une seule, comme par exemple sélectionner les perceptions et les actions conscientes.