Source : Maurice Grévisse, Précis de grammaire française, 30e édition, Louvain-la-Neuve,
Duculot, 1995, 319p.
a) Règles générales
Cas
Règle
Exemple
Un seul sujet
Le verbe s’accorde en nombre
et en personne avec son sujet
exprimé ou sous-entendu.
Les meilleures actions
s’altèrent et s’affaiblissent
par la manière dont on les
fait. (La Bruyère)
Plusieurs sujets
Le verbe qui a plusieurs sujets
se met au pluriel.
Si les sujets ne sont pas de la même
personne, le verbe s’accorde avec la
personne qui a la priorité : la 1ère
personne l’emporte sur les deux
autres, et la 2e sur la 3e.1
Le langage n’était pas mon
bien. Et le raisonnement
abstrait, la construction
illusoire et délectable de
l’imaginaire me trahis-
saient continuellement,
sans que je m’en doute.
(J.M.G. Le Clézio)
Mes parents et moi atten-
dons votre retour. J’ai gagé
que cette dame et vous
étiez du même âge. (Mon-
tesquieu)
b) Règles particulières :
1e Cas d’un seul sujet
1 Le plus souvent, quand les sujets sont de différentes personnes, on les résume par le pronom pluriel de
la personne qui a la priorité : Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants. (Hugo)
2
Nom col-
lectif
ou
adverbe de
quantité
Nom collectif ou adverbe de
quantité
Le verbe qui a pour sujet un collec-
tif suivi de son complément
s’accorde avec celui des deux mots
qui frappe le plus l’esprit2 :
-avec le collectif si l’on considère en
bloc (dans leur totalité) les êtres ou
les objets dont il s’agit;
-avec le complément si l’on consi-
dère en détail (dans leur pluralité)
les êtres ou les objets dont il s’agit.3
Une foule de malades ac-
courait. (Maupassant)
La foule des vivants rit et
suit sa folie. (Hugo)
Une foule de gens diront
qu’il n’en est rien. (Acadé-
mie)
Un troupeau de cerfs nous
croisent. (A. Camus)
Adverbe de quantité
Le verbe qui a pour sujet un adver-
be de quantité s’accorde avec le
complément de cet adverbe; si ce
complément n’est pas exprimé, il
est censé être au pluriel.4
Combien de gens
s’imaginent qu’ils ont de
l’expérience par cela seul
qu’ils ont vieilli. (Littré)
Beaucoup surveillent les
miroirs pour retrouver les
grimaces qu’ils faisaient il y
a vingt ans. (L. Scutenaire)
Il sujet des verbes
impersonnels
Le verbe impersonnel (ou em-
ployé impersonnellement) ayant
pour sujet apparent5 le pronom
il et accompagné d’un sujet réel
s’accorde toujours avec le sujet
apparent il.
Il pleut des obus en cet en-
droit. (Académie)
Il court des bruits alar-
mants.
Pronom ce sujet
Le verbe être ayant pour sujet le
Ce sont de braves enfants.
2 «Un peu de liberté quoi…» (ndlr)
3 Remarque 1. Après la plupart, le verbe s’accorde toujours avec le complément; si ce complément est
sous-entendu, il est censé être au pluriel : La plupart des gens ne font réflexion sur rien (Académie). La
plupart sont persuadés que le bonheur est dans la richesse; ils se trompent. (Idem)
Remarque 2. Après le peu suivi de son complément, le verbe s’accorde avec le peu quand ce mot domi-
ne dans la pensée (il marque souvent alors l’insuffisance) : Le peu de qualités dont il a fait preuve l’a fait
éconduire. (Académie)
Si le peu n’attire pas particulièrement l’attention, c’est le complément de peu qui commande l’accord (on
peut alors supprimer peu sans ruiner le sens; le peu marque simplement la petite quantité : Le peu de
services qu’il a rendus ont paru mériter une récompense. (Académie)
4 Remarque 1. Après plus d’un, le verbe se met presque toujours au singulier, à moins qu’on n’exprime la
réciprocité ou que plus d’un ne soit répété : Plus d’une Pénélope honora son pays (Boileau). Plus d’un ami
se réconcilient après s’être querellés. Plus d’un savant, plus d’un artiste sont morts dans la misère.
Remarque 2. Après moins de deux, le verbe se met au pluriel : Moins de deux ans sont passés.
5 Le sujet apparent est un simple signe grammatical annonçant la personne du verbe, mais ne représen-
tant ni un être, ni une chose faisant l’action. Il ne répond pas à la question qui est-ce qui? ou qu’est-ce
qui? dont la réponse indique le sujet réel.
3
pronom ce se met ordinaire-
ment au pluriel quand l’attribut
est un nom pluriel ou un pro-
nom de la 3e personne du plu-
riel.
Le singulier s’emploie aussi,
mais il est plus courant dans la
langue familière que dans la
langue littéraire.6
(Académie)
Ceux qui vivent, sont ceux
qui luttent. (Hugo)
Ce n’était pas des confi-
dences qu’elle murmurait.
(M. Barrès)
C’est elles qui m’ont porté
secours. (Colette)
C’est eux qui l’auront voulu.
(J. Lemaître)
Pronom relatif qui
sujet
Le verbe ayant pour sujet le
pronom relatif qui se met au
même nombre et à la même
personne que l’antécédent de
ce pronom. 7
C’est moi qui irai.
Toi qui m’écoutes, suis mes
conseils.
6 Remarque 1. Lorsque l’attribut est un nom pluriel ou un pronom de la 3e personne du pluriel, le
verbe être ayant pour sujet le pronom ce se met au singulier :
a) Dans si ce n’est signifiant « excepté» : Si ce n’est eux, quels hommes eussent osé l’entreprendre?
(Littré)
b) Dans certaines tournures interrogatives où le pluriel serait désagréable à l’oreille : sera-ce? Fut-
ce?, etc. : fut-ce mes sœurs qui le firent? (Littré)
c) Dans l’indication des heures, d’une somme d’argent, etc., quand l’attribut de forme plurielle
évoque l’idée d’un singulier, d’un tout, d’une quantité globale : c’est quatre heures qui sonnent
(on indique l’heure, non les heures). C’est deux cents dollars que vous devez (indique une som-
me).
Remarque 2. Si le mot pluriel qui suit le verbe être ayant pour sujet ce n’est pas attribut, le verbe reste
au singulier : C’est des aveugles que je veux parler.
Remarque 3. Lorsque l’attribut est formé de plusieurs noms dont le premier au moins est au singulier,
le verbe être ayant pour sujet ce se met au singulier, ou, moins souvent au pluriel : C’est la gloire et les
plaisirs qu’il a en vue. (Littré) Ce ne sont pas l’enfer et le ciel qui les sauveront. (Chateaubriand)
Mais on met obligatoirement au pluriel quand l’attribut multiple développe un pluriel ou un collectif qui
précède : Il y a cinq parties du monde : ce sont l’Europe, l’Asie, etc.
Remarque 4. Dans les expressions ce doit être, ce peut être, suivies d’un nom pluriel ou d’un pronom de
la 3e personne du pluriel, devoir et pouvoir se mettent au singulier ou au pluriel : Ce doit être mes tantes
et mon oncle. (Littré) Ce pourrait être deux amis. (Sainte-Beuve) Ce devaient être deux orientaux. (M.
Proust) Ce devaient être des vers. (É. Henriot)
7 Remarque 1. Puisque c’est l’antécédent qui commande l’accord, toutes les règles et remarques relatives
à l’accord du verbe doivent s’appliquer si l’antécédent était le véritable sujet : Le loup, le renard et la be-
lette qui sont chantés par ce poète québécois. Toi et moi qui savons. Une meute de loups qui suivait les
voyageurs. Le peu de meubles qui se trouvent dans les habitations espagnoles sont d’un goût affreux. (Th.
Gauthier)
Remarque 2. Lorsque le relatif est précédé d’un attribut se rapportant à un pronom personnel, cet attri-
but commande l’accord :
a) S’il est précédé de l’article défini : Vous êtes l’élève qui écrit le mieux.
b) S’il porte l’idée démonstrative : Vous êtes cet élève qui écrit le mieux. Vous êtes celui qui écrit le
mieux.
4
2e Cas de plusieurs sujets
Accord avec le
sujet le plus rap-
proché
Le verbe qui a plusieurs sujets
s’accorde avec le plus rappro-
ché :
1e lorsque ces sujets sont à peu près
synonymes.
2e lorsque ces sujets forment une
gradation.
3e lorsque ces sujets sont résumés
par un mot comme tout, rien, cha-
cun, nul, etc.8
La douceur, la bonté de
cette femme plaît à tous
ceux qui la connaissent.
Une parole, un geste, un
regard en dit plus parfois
qu’un long discours.
Un aboiement, un souffle,
une ombre fait trembler le
lièvre.
Ses paroles, sa voix, son
sourire, tout vint à lui dé-
plaire. (Flaubert)
Infinitifs sujets
Le verbe qui a pour sujets plu-
sieurs infinitifs se met au pluriel.
Cependant, si les infinitifs expri-
ment une idée unique, le verbe se
met au singulier.
Promettre et tenir sont
deux. (Académie)
Recommencer et se corri-
ger est la base de tout pro-
grès, nous a dit
l’entraîneur.
c) Si la proposition principale est négative ou interrogative : Vous n’êtes pas un élève qui ment.
Êtes-vous un élève qui ment?
Remarque 3. Lorsque l’attribut est un nom de nombre ou un mot indéfini indiquant une pluralité, c’est
toujours le pronom personnel qui règle l’accord : Vous êtes deux qui briguez cet emploi (ou beaucoup ou
plusieurs ou quelques-uns).
-Il y a incertitude sur l’accord lorsque, dans une phrase affirmative :
a) L’attribut est précédé de l’article indéfini : Je suis un étranger qui viens chercher un asile dans
l’Égypte. (Voltaire) Je suis un homme qui ne sait que planter des choux. (A. France)
b) L’attribut est le seul, le premier, le dernier, l’unique : Vous êtes le seul qui connaisse ou qui
connaissiez ce sujet. (Littré)
Remarque 4. Après un(e) des, un(e) de, le relatif qui se rapporte tantôt au nom pluriel, tantôt à un(e),
selon que l’action ou l’état concerne, quant au sujet, plusieurs êtres ou objets ou bien un seul : Observons
une des étoiles qui brillent au firmament [ce sont les étoiles qui brillent]. À un des examinateurs qui
l’interrogeait sur une question annexe, ce candidat a donné une réponse étonnante [un seul examinateur
l’interrogeait].
-Après un de ceux qui, une de celles qui, le verbe se met au pluriel : Un de ceux qui liaient Jésus-Christ au
poteau. (Hugo)
-Quand un(e) desqui contient un attribut, c’est presque toujours le nom pluriel qui commande l’accord :
La poésie française au XVIe siècle est un des champs qui ont été le plus fouillés. (Sainte-Beuve)
8 Parfois les mots tout, rien, etc., au lieu de résumer les sujets, les annoncent : Mais rien, ni le rasoir dou-
teux, le blaireau jaune, l’odeur, les propos du barbier, ne put me faire reculer. (A. Gide)
5
Sujets joints par
ainsi que, comme,
avec, etc.
Lorsque deux sujets sont joints
par une conjonction de compa-
raison : ainsi que, comme, de
même que, non moins que, non
plus que, etc., c’est le premier
sujet qui règle l’accord si la
conjonction garde toute sa va-
leur comparative.
Mais le verbe s’accorde avec les
deux sujets si la conjonction
prend la valeur de et.
Lorsque deux sujets sont joints
par moins que, plus que, non, et
non, plutôt que, etc., le verbe
s’accorde généralement avec le
premier seulement.
Son visage, aussi bien que
son cœur, avait rajeuni de
dix ans. (Musset)
Leur beauté autant que leur
fortune éblouit. (M. Le-
blanc)
L’alouette, comme
l’hirondelle, au besoin,
nourrira ses soeurs. (Mi-
chelet)
Le français ainsi que
l’italien dérivent du latin.
(Littré)
Une condition où le corps
non plus que l’âme ne
trouvent ce qu’ils désirent.
(H. de Montherlant)
La santé comme la fortune
retirent leurs faveurs à
ceux qui en abusent.) Saint-
Évremond)
La misère, plutôt que
l’amour, apparaissent dans
toute son attitude. (Mus-
set)
Sujets joints par
ou ou par ni
Lorsque plusieurs sujets de la 3e
personne sont joints par ou ou
bien par ni, le verbe se met au
pluriel si l’on peut rapporter si-
multanément l’action ou l’état à
chacun de sujets.
Mais si l’on ne peut pas rappor-
ter l’action ou l’état simultané-
ment à chacun des sujets, le
verbe s’accorde avec le dernier
Le pire ou le plus sot de nos
patients nous instruisent
encore. (M. Yourcenar)
Ni l’or ni la grandeur ne
nous rendent heureux. (La
Fontaine)
Ni l’un ni l’autre n’ont su ce
qu’ils faisaient. (Vigny)
La douceur ou la violence
en viendra à bout. (Acadé-
mie)
Ni Grégoire ni Corentin ne
sera délégué de la classe.
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !