De la preuve The proof Traité de Logique théorique Theoretical Logical Treaty Jean de Climont associates Ltd Montréal, Paris, Staufenberg, 2007 2 De la preuve. The proof. Le principe de l’unicité causale spécifique n’a de valeur que dans le cadre d’objets absolus. Dès l’instant où la valeur de ces objets est relative, on peut toujours leur attribuer plusieurs causes résultant de la multiplicité de leurs déterminations. Il est impossible d’attribuer une cause précise à chaque détermination. La complexité des objets rend inextricable l’attribution des causes. The principle of causal specific uniqueness has value only in the context of absolute objects. When the value of these objects is relative, one may always give them multiple Le principe de l’unicité causale spécifique ne peut s’appliquer de manière certaine que dans le domaine des concepts. Les mathématiques, par exemple. C’est la raison immédiate qui permet d’affirmer qu’une hypothèse de la géométrie est démontrable de manière absolue. La validité de l’hypothèse ne résulte pas seulement de l’absence de résultats contraires. Les objets de l’hypothèse doivent être absolus. Si les objets de l’hypothèse n’ont qu’une valeur relative, ni la preuve de la validité ni la preuve de l’erreur ne peuvent être apportées. Il n’y a de preuve possible que si les objets de l’hypothèse sont spécifiques. The principle of the specific causal uniqueness may be applied with certainty only in the field of concepts. Mathematics, for example. This is the immediate reason to state that an assumption of geometry can be demonstrated in absolute terms. The validity of the hypothesis is not only the result of the absence of contrary results. The objects of the hypothesis shall be absolute. If the objects of the hypothesis are only relative, neither the proof of the validity nor the proof of the error can be made. There is possible evidence only when the objects of the hypothesis are specific. Les diverses hypothèses des géométries The various assumptions of non-Euclidean causes resulting from the multiplicity of their determinations. It is impossible to assign a specific cause for each determination. The complexity of the objects makes intractable of the allocation causes. 2 3 non euclidiennes, posées en axiomes en lieu et place du postulat d’Euclide, n’ont, en aucune manière, valeur spécifique. Les objets de ces hypothèses ne sont nullement absolus : la définition de la droite, point de départ de ces constructions, n’est pas absolue. geometry, axioms laid instead of the postulate of Euclid, have in no way a specific value. The objects of these assumptions are not absolute: the definition of the straight line, starting point for these constructions, is not absolute. La droite est définie comme étant la plus courte distance entre deux points. Cette définition attribue à la droite une valeur The straight line is defined as the shortest distance between two points. This definition gives the straight line experimental value. The straight line is known through a measure. The measure is a relationship. Thus this straight line is only a relative concept. This definition ruins any possibility of any specificity and therefore any absolute value of the basic axioms of non-Euclidean geometry. expérimentale. La connaissance de la droite passe par une mesure. La mesure est une relation. La droite serait ainsi une notion relative. Cette définition ruine toute possibilité de spécificité et donc toute valeur absolue aux axiomes de base des géométries non euclidiennes. Qui plus est, la mesure utilise la définition même de l’objet mesuré. La mesure est le comptage d’occurrences de l’étalon dans l’objet de la mesure. Or, l’étalon est ici la plus courte distance entre deux points fixés. L’étalon ne présente aucune des caractéristiques de l’absolu. Il est purement expérimental. La mesure même l’est aussi, bien évidemment. Le drame est que la définition de l’objet contient l’objet. La définition de la droite contient la définition de la droite. On aurait pu, dès l’abord, s’étonner que cette définition ne comporte, en aucune manière, l’absolu des déterminations infinie et continue. Moreover, the measure uses the very same definition as the object to be measured. The measure is the counting of occurrences of the standard in the object of the measure. However, the standard is the shortest distance between two fixed points. The standard has no characteristics of the absolute. It is purely experimental. The same measure is also, of course, devoid of any absolute value. The tragedy is that the definition of the object contains the object. The definition of the straight line contains the definition of the straight line. One might have first been surprised that this definition does not in any way involve the determinations of infinite and continuous. 3 4 La droite est un être de l’entendement, infini, continu et droit. On voudrait définir le « droit ». On ne peut en aucune manière définir les concepts. Les droites des géométries non euclidiennes sont des droites au sens de cette définition, mais ce ne sont pas des droites au sens de l’entendement. Poincaré a pensé prouver le caractère absolu de la validité des géométries non euclidiennes. Son exposé est un recours à la géométrie euclidienne The straight line is a being of understanding, infinite, continuous and straight. One would define the "straight". One can in no way define concepts. The straight lines of nonEuclidean geometry are straight lines within the meaning of this definition, but they are not straight lines in the sense of understanding. Poincaré thought he has proven the absolute validity of non-Euclidean geometry. His presentation is the use of Euclidean geometry extended to four étendue à quatre dimensions. Peut-être, mais il se réfère à une géométrie euclidienne qui définirait la droite comme le plus court chemin entre deux points. Ses affirmations ne peuvent avoir de valeur que relative. Au pire, elles relèvent de la pétition de principe. dimensions. Perhaps, but it refers to a Euclidean geometry, which would define the straight line as the shortest distance between two points. His statements have only a relative value. At worst, they are only petitions of principle. Descartes pensait que l’esprit n’a accès ni à l’infini, ni à l’absolu. Il a imaginé l’indéfini. C’était un retour à Aristote. Descartes thought the mind has access neither to the infinite nor to the absolute. He imagined the undefined. It was a return to Aristotle. Aristote mettait l’absolu dans les choses. Ce serait leur essence. Les perceptions porteraient sur l’existence et sur l’essence. Mais, les perceptions n’ont pas de double transcendantal qui saisirait l’essence. La nature relative de la perception exclut le passage de l’essence à l’esprit dans une forme absolue, infinie ou continue aussi bien. L’essence devient relative. C’est le fondement même de son système du Monde. La droite serait l’essence de ce qui nous paraît droit. Mais cette droite réaliste Aristotle put the absolute in things. It would be their essence. Perceptions relate to the existence and to the essence. But perceptions have not transcendental double that would capture the essence. The relative nature of perception excludes the transition from the essence to the spirit in a form absolute, infinite or continuous as well. The essence becomes relative. This is the very foundation of his system of the world. The straight line would be the essence of what we think is straight. But this realistically straight line can 4 5 ne peut en aucune manière comporter des déterminations absolues telles que l’infini, le continu ou le « droit ». Les systèmes réalistes ne laissent aux idées qu’une valeur relative. Ces idées dégradées, indéfinies, dans le langage de Descartes, ne peuvent en aucune manière se prévaloir de la spécificité. in no way involve absolute determinations such as the infinite, the continuous or the "straight". Realistic systems leave to the ideas only a relative value. These ideas degraded, undefined, in the language of Descartes, can not in any way rely on the specificity. La pensée est jugement. L’esprit juge la perception selon les idées qu’Epicure appela les critères de la pensée. Que signifie juger si l’idée n’est que l’image de la chose ? Les réalistes laissent la pensée juger la perception par la perception. Si le critère dépend de la chose jugée, ou, aussi bien, si le critère dépend du juge, quelle est la valeur du jugement ? The thought is judgement. The spirit judges the perception according to the ideas that Epicure called the criteria of thought. What means judging if the idea is only the image of the thing? The realists leave the spirit judging the perception by perception. If the criterion depends on the object to be judged, or if the criterion depends on the judge, what is the value of the judgement? Le critère de Platon, c’est l’idée. Les idées composent le monde transcendantal et viennent illuminer l’esprit. L’esprit juge les perceptions du monde expérimental par les idées du monde transcendantal. Ce sont les concepts de Kant. The criterion of Plato, is the idea. The ideas form the transcendental world and illuminate the spirit. The spirit judge perceptions of the experimental world by the ideas of the transcendental world. These are the concepts of Kant. Le concept ne peut se définir. Kant n’a pas cessé de l’affirmer dans son triptyque du système de la pensée, ses Critiques de la raison pure, de la raison pratique et de la faculté de juger : la recherche du vrai, la recherche du bien, la recherche du beau. Le « droit » n’a pas de définition. The concept can not be defined. Kant has asserted continuously in his triptych of the system of thought, his Critiques of Pure Reason, of Practical Reason and of Power of Judgement: the search of truth, the search of the good, the search of the beautiful. The "straight" has no definition. Jean Wahl, dans la fameuse séance de la Société Française de Philosophie du 26 Jean Wahl, in the famous meeting of the Société Française de Philosophie, on the 26th 5 6 novembre 1966, répondait au général Metz : « l’absolu, contrairement à ce que vous dites ici, ne peut pas s’exprimer au moyen du relatif ». of November 1966, answered to General Metz: "absolute, contrary to what you say here, can not be expressed using the relative". Or, l’absolu est la détermination essentielle de la spécificité requise, dès Aristote, pour l’application de l’unicité causale. However, the absolute is the key determination of the specificity required, from Aristotle, for the use of the causal uniqueness. Les mêmes remarques s’appliquent au syllogisme. Si les prémisses n’ont point une détermination absolue, alors le syllogisme choit. En toute rigueur, il peut choir, si l’on s’applique à respecter les règles du syllogisme, énoncées par Aristote. Les remarques de Wittgenstein et celles d’Anscombe sont parfaitement justifiées. Mais elles ont seulement valeur relative. Elles s’appuient sur des cas d’échec du syllogisme. Ce n’est pas le syllogisme qui est en cause, c’est la nature spécifique des objets, et donc, comme je l’affirme ici, leur valeur absolue. The same remarks apply to the syllogism. If the premises have not an absolute determination, then the syllogism fails. Rigorously, it may fail, if one applies the rules of syllogism, described by Aristotle. Wittgenstein's remarks and those of Anscombe are perfectly justified. But they have only relative value. They are based on cases of failure of the syllogism. This is not the syllogism that is questioned. This is the nature of objects, and therefore, as I say here, their absolute value. On en déduit que les thèses logiques de l’école américaine de philosophie, la philosophie analytique, ont la même valeur que les remarques de Wittgenstein et d’Anscombe. Il est vraiment impossible de démontrer la validité d’une théorie, quel que soit le nombre des vérifications expérimentales. La raison est davantage dans le défaut de spécificité des objets que dans la possibilité, toujours ouverte, de découverte de faits contraires. La logique This indicates that the logical theories of the American school of philosophy, the analytic philosophy, have the same value as the remarks of Wittgenstein and Anscombe. It is really impossible to demonstrate the validity of a theory, whatever the number of experiments. The reason is more the lack of specificity of the objects than the possibility, always open, to discover facts contrary. The logic can not rely on the experience always imbued with a relative value. 6 7 ne peut s’appuyer sur l’expérience toujours empreinte d’une valeur relative. Mais il faut franchir encore un pas. Assez désespérant, sans doute. Il est impossible de montrer qu’une théorie est fausse. La spécificité requise pour l’unicité causale, n’existe que pour les êtres absolus, comme dans les mathématiques. Un seul constat contradictoire permet de ruiner une hypothèse de géométrie pour autant que ses But we must go a step further. Enough heartache, no doubt. It is impossible to show that a theory is false. The specificity required for the causal uniqueness, exists only for the absolute beings, as in mathematics. One contradictory finding allows ruining a hypothesis of geometry provided that its objects are absolute. objets soient bien absolus. Les objets de la science, de la physique, ne sont jamais spécifiques. Ils ne peuvent en rien être absolus. Ils sont par essence, si j’ose dire, de nature relative, car objets de la mesure, nature même de la science. Les théories ne sont pas sujettes à preuve. Un seul fait expérimental contraire ne permet donc nullement de réduire une théorie, contrairement à l’affirmation du professeur Allais, et malgré toute l’admiration que j’éprouve à l’égard de son audacieuse démarche. The objects of science, of physics, are never specific. They can not be absolute. They are in essence, if I dare say, relative by nature as objects of measurement, nature of science. The theories are not subject to proof. One experimental contrary fact does not therefore reduce a theory, contrary to the assertion of Professor Allais, and despite all the admiration that I have with respect to its bold approach. D’un point de vue pratique, on peut toujours, on le sait bien, surseoir au jugement par invocation du défaut de moyens, ou, aussi bien, rejeter le jugement par défaut de compétence, c’est-à-dire, ici, invocation de causes indépendantes de l’objet de la théorie. From a practical viewpoint, one can always, as we well know, adjourn the judgement by invoking the lack of means, or reject the judgement for lack of competence, i.e. invocation of causes beyond the subject of the theory. De manière plus rigoureuse, nier une théorie est, du point de vue de la logique, More rigorously, to deny a theory is, in terms of logic, to set a theory. A single experiment 7 8 poser une théorie. Une seule expérience ne peut, en aucune manière, prouver cette nouvelle théorie, si sommaire soit-elle. On ne peut donc rejeter une théorie sur la base d’une seule expérience contraire. can not in any way prove this theory, as short as it could be. We can not therefore reject a theory on the basis of a single contrary experience. 8