Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche de Tunisie DGACTA Formulation du Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie Document de travail : fiche filière petits ruminants EL LAYOUN (CEBBALET OULED ASKAR, SIDI BOUZID) Décembre 2015 1 Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie Ce texte constitue un des documents de travail produit dans le cadre de la faisabilité du programme de gestion des ressources naturelles dans les territoires ruraux vulnérables de Tunisie. Il retrace brièvement les éléments issus d’un diagnostic amorcé sur le terrain lors de la faisabilité, puis consolidé à travers l’exploitation de la bibliographie disponible. Il s’agira dans le cadre de la mise en œuvre du futur programme GRN-territoires vulnérables, en particulier à travers son résultat 4, de procéder avec les groupes d’intérêts locaux concernés à une véritable faisabilité de projets structurants et viables de valorisation des ressources naturelles au profit des populations du territoire. Cette faisabilité conjointe devra déboucher sur la mise en œuvre et la concrétisation des projets pertinents de développement économique des ressources naturelles des territoires et de leurs filières. 1. IMPORTANCE DU POTENTIEL DE PRODUCTION DANS LA ZONE CONSIDEREE La zone d’El Ayoun compte 525 éleveurs de petits ruminants dont la majorité (81%) des éleveurs naisseurs d’ovins et 15% des éleveurs naisseurs de caprins. Les engraisseurs ne représentent que 4 % des éleveurs. En termes d’effectif, le secteur compte plus de 5600 têtes dont 85% de race ovine. Ce cheptel prélève l’essentiel de son alimentation des parcours naturels et de la forêt faisant partie du domaine de l’Etat. La superficie totale des forêts, des parcours naturels forestiers et des parcours collectifs de la zone est estimée à 8500 ha. Le potentiel en UF varie de 150 UF/ha en années de faible pluviométrie à 250 UF/ha en années pluvieuses. Les disponibilités fourragères globales en année moyenne peuvent atteindre 1,7 M UF. Les besoins des animaux en UF ont été estimés à 2,8 Million d’UF sur la base d’une consommation moyenne annuelle de 500 UF/Tête/an. Les ressources alimentaires locales ne couvrent que 60 % des besoins du cheptel. Le déficit fourrager est comblé par l’orge, le son de blé, les aliments concentrés, la paille et le foin amenés des régions du Nord. La production annuelle de viande rouge est estimée sur la base d’un agneau de 25 kg poids carcasse par brebis à environ 140 tonnes de viande rouge. 2. LA DEMANDE DU MARCHE LOCAL, NATIONAL ET INTERNATIONAL La production des viandes rouges en Tunisie est estimée à 123 000 tonnes en 2014. La part de la viande ovine est de 48 mille tonnes alors que la production de viande caprine est estimée à 10 million de tonnes. Les importations de viande rouge sont dépendantes des conditions climatiques et ne représentent qu’une proportion infime (environ 8%) de la production nationale. Les viandes ovines importées ne représentent que 26% des importations de viandes rouges. L’importation d’ovin sur pied est très récente et est 2 Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie destinée à régulariser les prix pendant les périodes de l’Aïd. Le Tunisien consomme en moyenne 9,5Kg/an de viande ovine et caprine. L’autosuffisance de la Tunisie en viande de petits ruminants est précaire et tout effort d’accroitre la productivité et de développement de la filière permettrait de garantir au moins l’autosuffisance et pourquoi pas l’exportation des produits de qualité avec des labels bio ou IP. Les marchés Libyen et Algérien constitueront des destinations potentielles. 3. L’ORGANISATION ACTUELLE DE LA FILIERE Le système d’élevage est du type extensif, où le pâturage des forêts et des parcours naturels assure 60% des besoins en UF des animaux. L’élevage d’ovin/caprin est une activité assez généralisée au sein de troupeaux familiaux de 10 à 30 brebis (avec des extrêmes de 5 à 50 têtes). Pratiquement le tiers des éleveurs appuie l’alimentation par la distribution du cactus qui est comptabilisé plus haut dans les apports des parcours. Les stratégies de lutte contre la sécheresse peuvent être différentes d'un éleveur à l'autre. La plus importante actuellement est l’apport fourrager. Une deuxième stratégie, utilisée par la moitié des éleveurs, est la diminution du nombre de têtes, allant de la vente rapide des jeunes agneaux et chevreaux jusqu'à la vente des reproductrices et la réduction globale de la taille du troupeau. Cette stratégie répond mieux à l’absence de production fourragère locale et à la sensibilité du parcours à la sécheresse. 4. LA CHAINE DE VALEUR EXISTANTE La marge brute dégagée par brebis est de l’ordre de 65 DT. Toutefois l’engraissement de l’agneau issu de cet élevage permet de générer environ 104 DT. Il serait plus intéressant pour l’éleveur–naisseur de garder les agneaux trois à quatre mois additionnel pour profiter de l’accroissement de valeur. Le manque de moyens financiers est l’une des causes de la vente précoce des agneaux. L’organisation de la profession et l’adhésion à des SMSA pourraient permettre d’apporter les solutions au problème de financement des ateliers d’engraissement dans la zone de production. 3 Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie Fiches technico-économiques moyennes d’une brebis et d’un agneau Recettes et charges proportionnelles 1. Recettes (Valeur de la production) - Viande (agneau 5 à 6 / 9 à 10 mois) - Brebis de réforme - Laine - Fumier 2. Charges proportionnelles 2.1 Alimentation - Son - Orge grain - Foin - Pâturage et déchet des cultures 2.2 Autres charges - Renouvellement cheptel/Achat maigres - Vaccination - Eau 2.3 Main-d'œuvre - Main d'œuvre (Berger) 3. Marge brute / brebis / agneau Brebis Agneau Prix Unité unitaire Quantité Valeur Quantité Valeur en D en D en D Dinar 351,2 510 Kg 12//11 25 300 45 495 Tête 200 0,2 40 0 0 Kg 2 2 4 0 0 Tonne 60 0,12 7,2 0,25 15 285,5 406,05 155,5 68,55 Tonne 250 0,09 22,5 0,016 4 Tonne 450 0,1 45 0,019 8,55 Balles 8 11 88 7 56 UF 0 260 0 0 0 70 307,5 Tête 300//12 0,2 60 25 300 Tête 5 1 5 1 5 Tête 5 1 5 1 2,5 60 30 Tête 60//30 1 60 1 30 Dinar 65,7 103,95 4 Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie 5. PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DES EXPERIENCES D’AMELIORATION DE LA FILIERE La durabilité de ce système d’élevage est soumise à des menaces importantes, notamment celles qui découlent de la dégradation des ressources du fait de la restriction des espaces de parcours, de la réduction de la mobilité du cheptel et de sa dépendance de plus en plus forte des ressources extérieures. Dans le contexte d’un renchérissement des aliments de bétail, la durabilité de ce système est de nouveau remise en cause. Le risque est, de fait, plus grand si la fréquence de la succession des années sèches augmente. Cette situation de pression sur les ressources risque de s’aggraver suite à l’absence d’organisation des producteurs qui peut prendre en charge la régulation de l’accès aux ressources, notamment les ressources collectives ou celles du domaine de l’Etat. Enfin sur le plan économique, l’envolée des cours des matières premières sur le marché international et la stagnation du prix de la viande au niveau de la production peuvent aussi contribuer à la remise en cause de la durabilité de ces systèmes. Malgré les efforts déployés par l’OEP et le CRDA en matière d’encadrement et de sensibilisation, la conduite des effectifs en surnombre reste traditionnelle. Ainsi l’introduction des béliers et des boucs à haut indexe génétique n’était pas facile en raison de la réceptivité partielle des éleveurs qui ont eu toujours l’habitude de choisir les béliers à partir de leurs propres produits. Les maladies parasitaires qui devraient être à la charge de l’éleveur ne sont traitées qu’en cas d’attaques sévères. La création de réserves fourragères sur pied à base de cactus s’est avérée très bénéfique en années de disette. Toutefois, le pacage direct au lieu de la coupe des raquettes risque de faire diminuer cette ressource et l’apport fourrager des bandes herbacées des interlignes. 6. DISCUSSION SUR LES PERSPECTIVES ET LA STRATEGIE A DEVELOPPER PAR LE PROJET SUR LA FILIERE L’apport du programme pour soutenir cette activité vise un double objectif à savoir améliorer la productivité de l’élevage et alléger la pression sur les ressources naturelles. Il s’agit de mettre en œuvre les actions suivantes: i) Approfondir l’analyse de la filière et élaboration d’un plan d’action ii) Mettre en œuvre, un programme de formation et sensibiliser les éleveurs à l’organisation professionnelle. Appui au maillon production. iii) Mettre en place un service d’accompagnement des éleveurs, en conseil technique et de gestion, iv) Améliorer le taux de productivité de l’élevage et v) Promouvoir la valorisation des produits et sous-produits disponibles localement en aliments de bétail. 5 Programme de Gestion des Ressources Naturelles dans les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie Accompagnement d’actions pilotes de valorisation des produits et sous-produits de l’élevage des petits ruminants. i) Mise en place d’ateliers d’engraissement d’agneaux, ii) Mise en place d’un centre de collecte, de traitement et de valorisation artisanale de laine et de cuir. Organisation de la commercialisation locale et nationale. i) Aider à la réalisation d’opérations de commercialisation groupée, ii) Favoriser l’émergence de GDA et SMSA. Amélioration des conditions de mise en marché et des étapes locales de l’aval des filières. i) Contribuer à une meilleure appropriation des marchés à bestiaux par les éleveurs en les aménageant, ii) Contribuer à la mise à niveau de l’abattoir de Sidi Bouzid, L’appui à la promotion des PME : i) Formations spécialisées pour les porteurs de petits projets et l’appui à l’émergence de quelque PME (Ateliers d’engraissement, boucheries, UAB, unité de valorisation des sous-produits agricoles comme aliment de bétail, etc.) Pour le financement des PME, le code des investissements en vigueur prévoit une subvention de l’Etat de 25% aux activités génératrices de revenu ainsi que 10% d’autofinancement. Comme la mobilisation de l’autofinancement constitue souvent une contrainte majeure pour les jeunes le PGRN-TVRT prendra en charge ces 10% d’autofinancement et le total des subventions atteindra ainsi 35% de l’investissement nécessaire pour monter une PME. Outre le financement le PGRN-TVRT appuiera les jeunes dans la préparation des études technico-économiques, financera les formations techniques et de gestion nécessaires, et introduira les dossiers bancables auprès des structures de financement, en particulier auprès des associations de crédit, la BTS et la BFPME). Des conventions entre ces structures et le PGRN-TVRT seront établies pour donner une priorité aux dossiers présentés et validés par le projet. Pour les ménages les plus vulnérables, parmi les usagers de la forêt, le programme apportera un appui direct pour encourager l’engraissement d’agneaux / chevreaux (unités d’une vingtaine de tête et aliments de démarrage). Une formation préalable et un appui technique devront être apportés pour garantir la réussite de ces activités. 6