INT J TUBERC LUNG DIS 5 (9) : 838-842 © 2001 IUATLD Les tuteurs peuvent-ils superviser le traitement TB aussi bien que les travailleurs de la santé? Une étude sur l'adhésion thérapeutique au cours de la phase intensive A. J. E. Manders,* A. Banerjee,† H. W. van den Borne,* A. D. Harries,† G. J. Kok,‡ F. M. L. Salaniponi † † * Department of Health Education and Promotion, University of Maastricht, Maastricht, Pays-Bas; National ‡ Tuberculosis Control Programme, Community Health Science Unit, Lilongwe, Malawi; Department of Psychology, University of Maastricht, Maastricht, Pays-Bas _______________________________________________________________________RESUME CADRE : En Afrique sub-saharienne, les cas de TB ont augmenté au cours des deux dernières décennies par suite de la pandémie du virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Au Malawi, 20.630 nouveaux patients tuberculeux ont été déclarés au programme National TB en 1996, soit quatre fois plus qu'en 1986. En raison de cette augmentation des cas et du manque de ressources (à la fois humaines et financières), il est devenu plus difficile d'appliquer le traitement directement observé (DOT) dans les salles de TB. METHODES : Dans le District Ntcheu au Malawi, un nouveau régime de traitement antituberculeux a été introduit depuis avril 1996, au sein duquel les patients reçoivent un traitement supervisé, soit par un travailleur de santé, soit par un tuteur (c'est à dire un membre de la famille). On a mesuré l'adhésion aux différentes options thérapeutiques à partir des formulaires de contrôle, des décomptes de comprimés et des tests pour la détection de l'isoniazide dans les urines. L'adhésion a été contrôlée 2 semaines, 4 semaines et 6 semaines après la mise en route du traitement antituberculeux. RESULTATS : Le taux global d'adhésion est de 95%-96%. Les taux d'adhésion les plus élevés concernent les patients hospitalisés. Une adhésion de 94% est obtenue chez les patients où le DOT repose sur les tuteurs (GBDOT) (n=35). Lorsque le DOT est basé sur le centre de santé (n=40), le taux de non-adhésion est supérieur à celui obtenu par le GB-DOT : 11% selon les formulaires de suivi, 14% selon les décomptes de comprimés et 16% selon le test urinaire. DISCUSSION : Ces résultats suggèrent que des soins décentralisés sont une option acceptable pour le traitement antituberculeux et que les tuteurs peuvent superviser le traitement antituberculeux aussi bien que les travailleurs de santé au cours de la phase intensive du traitement antituberculeux. MOTS CLE : adhérence ; tuberculose ; DOT(S) ; tuteurs ; Malawi L'ORGANISATION MONDIALE de la Santé (OMS) estime que dans le monde 8,8 milliards de personnes sont infectées par Mycobacterium tuberculosis et que 1,87 millions de sujets décèdent chaque année de tuberculose (TB).1 Les cas de TB ont augmenté au cours des deux dernières décennies par suite de la pandémie du virus de l'immunodéficience humaine (VIH).2,3 L'OMS préconise le traitement directement observé et de courte durée (DOTS) comme stratégie de lutte contre la TB. Lorsqu'elle est appliquée correctement, les taux de guérison de 85% peuvent être obtenus.4 Au Malawi, le Ministère de la Santé a mis en œuvre en 1983 le traitement directement observé (DOT) dans un cadre hospitalier par les travailleurs de la santé pour les patients TB avec de bons résultats. Toutefois, en 1996, 20.630 nouveaux patients TB ont été déclarés au Programme National de la Tuberculose (PNT) (source PNT du Malawi) un quadruplement depuis 1986 et une conséquence de l'épidémie de VIH. Par suite de cette augmentation du nombre de cas et du manque de ressources à la fois humaines et financières, il devenait difficile d'assurer le DOT dans les salles de TB. Ceci a conduit à une recherche de stratégies alternatives comme la décentralisation du traitement de la TB.5 Un projet pilote de décentralisation du traitement de la TB vers les centres de santé et vers le niveau de la collectivité a été mis en œuvre dans un district rural du Malawi en avril 1996.6 Auteur pour correspondance : Dr A Banerjee, Schepenstraat 23b, 2922 VR Krimpen a.d. Yssel, The Netherlands. email: [email protected] [Traduction de l'article "Can guardians supervise TB treatment as well as health workers? A study on adherence during the intensive phase" Int J Tuberc Lung Dis 2001; 5 (9): 838-842.] 2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Les interruptions ou l'arrêt du traitement par les patients constituent l'obstacle le plus sérieux pour la maîtrise de la TB.4 Une revue de 34 études concernant l'adhésion au traitement antituberculeux a montré que de 20 à 50% des patients TB n'achèvent pas leur traitement au cours d'une période de 24 mois.7 L'interruption du traitement entraîne des rechutes et la transmission de la maladie vers d'autres individus et elle constitue aussi la cause la plus importante à la base du développement de souches de Mycobacterium tuberculosis résistantes aux médicaments.8-10 Comme autres conséquences de la non-adhésion, on inclut des dépenses additionnelles pour le traitement ainsi que les décès.7 En cas de chimiothérapie inadéquate ou irrégulière, la mortalité est augmentée de plus de quatre fois et le taux de positivité des frottis augmente deux fois par comparaison avec les patients qui prennent une chimiothérapie adéquate.11 Dès lors, l'adhésion thérapeutique devrait être assurée lorsque l'on met en œuvre de nouvelles stratégies. Nous rapportons nos observations dans une étude opérationnelle qui a été entreprise pour évaluer l'adhésion thérapeutique au sein de la collectivité dans les centres de santé et à l'hôpital au cours de la phase intensive, peu après la mise en route du projet pilote dans le district Ntcheu au Malawi. METHODES Le 1er avril 1996, dans le district de Ntcheu, un traitement ambulatoire unique de la TB a été mis en œuvre pour toutes les catégories de nouveaux cas de TB à l'exception des méningites TB. Le régime unifié consistait en un mois de traitement quotidien directement observé à base de rifampicine, isoniazide, pyrazinamide et éthambutol, suivi par un mois de traitement trihebdomadaire directement supervisé avec les quatre médicaments (phase intensive), suivi ultérieurement par 6 mois de phase de continuation avec auto-administration d'isoniazide et d'éthambutol (1RHZE/1R3H3Z3E3 /6HE). Au début, les patients étaient admis à l'hôpital pour une période de 15 jours pour une éducation sanitaire intensive au sujet de la nécessité de prendre tous leurs médicaments et bénéficiaient d'un traitement directement observé. On leur a permis ensuite de retourner chez eux à partir du 15ème jour s'ils étaient en état de le faire et s'ils étaient aptes à poursuivre leur phase intensive soit dans un centre de santé soit sous supervision basée sur un tuteur. Les patients qui poursuivaient la phase initiale de leur traitement au centre de santé emportaient leur carte de traitement et leurs médicaments pour le reste de la période de la phase initiale vers le centre de santé et les remettaient à l'assistant médical qui supervisait le traitement à partir de ce moment. Les patients qui poursuivaient leur traitement à domicile sous supervision d'un tuteur quittaient l'hôpital avec leur carte de traitement et leurs médicaments pour le reste de la phase initiale et recevaient des formulaires de suivi du DOT que le tuteur devait utiliser lors de la supervision du traitement. Au cours de la période d'admission en salle, on enseignait au tuteur comment utiliser ces formulaires. Les patients et leurs tuteurs devaient se présenter au centre de santé et y remettre la carte de traitement, les médicaments et les formulaires de suivi. Après enregistrement, on leur donnait un formulaire de suivi et les médicaments pour 2 semaines, après quoi, ils devaient se représenter pour recevoir les médicaments et un formulaire de suivi pour une nouvelle période de 2 semaines. Pour ceux qui restaient à l'hôpital, le traitement était administré par le staff infirmier. Au cours des 2 premiers mois de l'étude, les patients atteints de TP à bacilloscopie positive ont été autorisés à prendre la phase initiale du DOT soit chez un assistant médical au centre de santé, soit chez un tuteur. Toutefois, après des consultations extérieures et avant qu'aucun résultat de cette étude ne soit disponible, l'on a pensé que le DOT pouvait être administré dans les centres de santé mais non par les tuteurs : on avait l'impression que les tuteurs pouvaient être non fiables et que ceci pourrait représenter un risque chez les patients à bacilloscopie positive. Dès lors, on n'a plus proposé de DOT basé sur les tuteurs aux cas de TP à bacilloscopie positive. Ce projet est décrit ailleurs avec plus de détails.6 Recueil des données L'objectif de l'étude était de mesurer l'adhésion des patients au traitement en cas de DOT basé sur les tuteurs (BT), de DOT basé sur le centre de santé (BCS) ou de DOT chez les patients hospitalisés (PH) au cours de la phase intensive du traitement, puisque cette phase était la seule qui avait été modifiée. La phase de continuation restait inchangée comme auparavant et était autoadministrée. On a collecté les données entre juillet et septembre 1996. Le taux d'adhésion a été mesuré à trois moments au cours de la phase intensive. la première mesure eut lieu après 2 semaines de traitement, au moment où les patients étaient encore à l'hôpital, la seconde mesure après 4 semaines de traitement et la dernière à la fin de la phase intensive, soit 8 semaines après le début du Supervision de la phase intensive traitement. Pour les patients sous DOT-BT, le recueil des données après 4 et 8 semaines a été fait au cours de visites domiciliaires. Pour les patients sous DOT-BCS, le chercheur a fait des visites dans le centre de santé pour contrôler les formulaires de traitement TB et compter les comprimés. Pour la participation à l'étude, l'on n'a inclus que des adultes de 18 ans ou davantage, car ils étaient considérés comme aptes à décider par eux-mêmes s'ils adhéreraient au traitement. On a inclus tous les patients qui pourraient être contrôlés après 2, 4 ou 8 semaines ou à plusieurs de ces occasions. A la 8ème semaine, un questionnaire structuré a été complété pour chaque patient. Le questionnaire fournissait des informations au sujet de données socio-démographiques et de problèmes en relation avec le comportement de santé. Mesure de l'adhésion Il a été décidé de considérer un patient comme adhérant au traitement lorsqu'il ou elle avait pris 80% ou davantage des doses prescrites. Selon Sumartojo,12 l'approche optimale en matière de recherche sur l'adhésion est d'utiliser des mesures multiples incluant une combinaison de dosages urinaires, de décomptes de comprimés et d'interviews détaillées des patients.12 La première méthode utilisée pour apprécier les déclarations des patients était de contrôler les formulaires de suivi du DOTS (adhésion si 80% des doses ont été enregistrés à ce moment). Les décomptes de comprimés ont été utilisés comme deuxième méthode pour mesurer l'adhésion. Au cours du séjour hospitalier et pendant des visites-surprise à domicile aux participants de l'étude, les boites de médicaments ont été prélevées, le nombre de comprimés restants étant comptés pour déterminer le nombre de doses prises (adhésion si 80% des doses ont été prises jusqu'à ce moment).13 Le décompte des comprimés a été utilisé et accepté comme méthode objective de détermination de prise effective d'un médicament par le patient. Toutefois, les comparaisons des décomptes de comprimés avec une mesure encore plus objective (les niveaux urinaires ou sanguins du produit ou d'un de ses métabolites) ont démontré que ces décomptes eux aussi ne sont pas totalement fiables quoiqu'ils le soient plus que des mesures comme les déclarations des patients.13-17 Dès lors, il a été décidé d'utiliser un test urinaire, le test Rapid Tile, pour déterminer la présence d'isoniazide (INH, administré dans une tablette en combinaison avec la rifampicine) comme troisième méthode de détermination de l'adhésion (adhésion en cas de positivité du test). On a demandé au patient de mettre un peu d'urine dans un flacon pour 3 prélèvement afin de l'examiner au laboratoire de l'hôpital. Le test devait être fait dans les 12 heures après la collection de l'échantillon. S'il est positif, il indique que l'INH a été ingéré au cours des 24 heures précédentes. s'il est négatif, il signifie que l'INH n'a pas été ingéré au cours des 12 heures précédentes. 15 Un mois après la mise en route de l'étude, on a remarqué que les agents TB ne mettaient pas toujours le nombre exact de comprimés dans les paquets. Si ceci n'était pas corrigé, un patient aurait pu être classé erronément comme non-adhérent. Dès lors, les comprimés TB ont fait l'objet d'un nouveau décompte par le chercheur au début du traitement. Analyse statistique Les données ont été analysées en utilisant le Statistical Package for Social Sciences, SPSS/PC+.18 Les tables de fréquence, les tabulations croisées et les tests 2 (groupes sans relation) ont été utilisés pour décrire les données et pour montrer toutes les différences significatives dans les résultats entre les trois groupes de traitement différent. Les résultats en matière d'adhésion au fil du temps ont également été comparés. Le test Q de Cochran a été utilisé pour montrer les différences significatives pour ces variables nominales. RESULTATS La collection des données a fourni au total 199 enregistrements (Tableau 1). La distribution des participants suivant les différents types de tuberculose était la suivante : 36% de bacilloscopies positives, 33% de bacilloscopies négatives et 31% de tuberculoses extrapulmonaires. Les deux tiers des tuteurs étaient de sexe féminin et 85% des tuteurs étaient un parent proche ou un membre de la famille. Tableau 1 Nombre de patients évalués après 2, 4 et 8 semaines de traitement Semaine 2 87 PH 87 Total Semaine 4 30 PH 18 BCS 13 BT 61 Semaine 8 7 PH 22 BCS 22 BT 51 Nombre de dossiers 124 PH 40 BCS 35 BT 199 dossiers Les patients pouvaient rentrer chez eux à tout moment après 15 jours de séjour et pouvaient aussi passer d'un groupe DOT à un autre au cours de la phase intensive PH = patients hospitalisés ; BCS = DOT basé sur un centre de santé ; BT = DOT basé sur un tuteur 4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Tableau 2 Adhésion et non-adhésion selon le moment de l'évaluation Moment de l'évaluation Valeurs manquant es n 2 semaines (n = 87) Formulaires 1 Décompte de — comprimés Tests urinaires 10* 4 semaines (n = 61) Formulaires 2 Décompte de 4 comprimés Tests urinaires 7* 8 semaines (n = 51) Formulaires 3 Décompte de 1 comprimés Tests urinaires 8* Adhésion n (%) Nonadhésion n (%) 85 (99) 87 (100) 1 (1) - (0) 76 (99) 1 (1) 56 (95) 54 (95) 3 (5) 3 (5) 54 (100) - (0) 44 (92) 45 (90) 4 (8) 5 (10) 36 (84) 7 (16) * en raison de l'expiration de validité de la poudre de potassium nécessaire pour le test urinaire Décompte des comprimés pré-empaquettés Le nombre de comprimés a été contrôlé chez 58 patients au début du traitement et 20 corrections ont dû être effectuées (34%). Pour les 66% restants, les comprimés avaient été comptés correctement par les travailleurs de la santé. Résultats en matière d'adhésion selon le moment de la mesure L'adhésion globale, définie comme le fait d'avoir pris au moins 80% des doses, et basée sur le contrôle des formulaire et les décomptes de comprimés est de 96%; un comportement nonadhérent a été observé chez 4%. pour le test urinaire, les valeurs de 25 enregistrements manquaient car la période de validité de la poudre de potassium nécessaire à la mesure était expirée. une non-adhésion au traitement a été observée dans huit des 166 enregistrements restants (5%). Le Tableau 2 expose l'ensemble des résultats d'adhésion et de non-adhésion selon le moment de la mesure. Les résultats du test Q de Cochran ont montré qu'il n'y avait pas de différence significative entre les semaines si l'on examine les résultats d'adhésion selon les formulaires (P = 0,14) et les résultats d'adhésion selon le décompte de comprimés (P = 0,17) et que l'adhésion ne diminuait pas de façon significative avec le temps. Toutefois, lorsqu'on examine les données sans test statistique, une tendance vers une augmentation de la non-adhésion avec le temps est suggérée. Le test Q de Cochran n'a pas pu être exécuté sur les résultats des tests urinaires puisque trois seulement des 65 patients ont été classés comme nonadhérents. Résultats des taux d'adhésion dans différentes options de traitement Les résultats des taux d'adhésion dans les différentes options de traitement selon les Formulaires de Suivi du DOT, les décomptes de comprimés et les tests urinaires ont montré que pour les patients traités à l'hôpital, l'adhésion variait de 95 à 100%. L'adhésion au traitement était de 94% chez les patients sous DOT-BT. L'adhésion variait de 84% à 89% pour les patients sous DOT-BCS (Tableau 3). L'utilisation du test 2 pour les différences entre les résultats d'adhésion pour les trois options différentes de traitement selon les Formulaires de Suivi du DOT montrent que les différences ne sont pas assez importantes pour être statistiquement significatives (P = 0,098). On a observé des différences significatives entre les résultats des décomptes de comprimés selon les trois options différentes de traitement, puisque l'adhésion était de 94 % chez les patients sous Tableau 3 Adhésion et non adhésion selon l'option thérapeutique Option thérapeutique Patients à 2 semaines de traitement à l'hôpital (n = 87) Formulaires Décomptes de comprimés Tests urinaires DOT basé sur un tuteur à 4 et 8 semaines (n = 35) Formulaires Décomptes de comprimés Tests urinaires Valeurs manquant es n Adhésion n (%) Nonadhésion n (%) 1 — 85 (99) 87 (100) 1 (1) 0 (0) 10 76 (99) 1 (1) 2 1 31 (94) 32 (94) 2 (6) 2 (6) 6 27 (94) 2 (6) 34 (89) 31 (86) 4 (11) 5 (14) 26 (84) 5 (16) 1 — 35 (97) 36 (97) 1 (3) 1 (3) — 37 (100) 0 (0) DOT basé sur un centre de santé à 4 et 8 semaines (n = 40) Formulaires 2 Décomptes de 4 comprimés Tests urinaires 9 Patients à l'hôpital à 4 et 8 semaines (n = 37) Formulaires Décomptes de comprimés Tests urinaires Supervision de la phase intensive DOT-BT, de 86% pour les patients sous DOT-BCS et de 97% pour les patients sous DOT-PH (P = 0,005). Des différences significatives ont également été trouvées pour les taux d'adhésion mesurés par les tests urinaires entre les patients sous DOT-BT (94%), DOT-BCS (84%) et DOTPH (100%) (P = 0,004). DISCUSSION En comparant les taux d'adhésion dans les trois options de traitement, il semblait que les patients qui avaient séjourné en salle avaient une adhésion de 95% selon les formulaires et les décomptes de comprimés et de 100% en se basant sur les tests urinaires. Objectivement, le traitement en hospitalisation semble le meilleur et l'on devrait le recommander pour tous les patients TB. Toutefois, il comporte d'importants aspects négatifs. Du point de vue des patients, ils doivent rester à l'hôpital pendant deux mois. Un désavantage du point de vue des soins de santé est que l'admission de tout patient TB exige plus de ressources. Au Malawi, l'hôpital doit fournir la nourriture aux patients hospitalisés et un plus grand nombre de personnels de santé doivent être disponibles. Si d'autres stratégies entraînent des résultats similaires, on pourrait réutiliser ces ressources à d'autres activités de soins de santé. L'étude montre que l'adhésion globale quelle que soit la méthode d'évaluation est supérieure à 95%. Des deux, le DOT-BT montre une meilleur adhésion que le DOT-BCS. Une mauvaise adhésion selon les formulaires, les décomptes de comprimés et les tests urinaires n'a été observée que chez deux seulement des 35 patients placés sous DOT-BT. Chez les patients soumis à un DOT-BCS (n = 40), le taux de non-adhésion était supérieur à celui des patients sous DOT-BT avec un taux de non-adhésion de 11% selon les formulaires, de 14% selon les décomptes de comprimés et de 16% selon les tests urinaires. Ces résultats suggèrent que des soins décentralisés constituent une option praticable pour le traitement antituberculeux. La recherche a démontré qu'un programme basé sur le traitement ambulatoire des patients à leur unité de santé la plus proche tout en vivant chez eux est un schéma doté d'un bon rapport coût-efficacité surtout à cause de la réduction de coût pour les patients euxmêmes.19 Si l'on se fie aux résultats du questionnaire (données non présentées) les patients sous DOTBT étaient satisfaits. Le soutien social est considéré comme un déterminant important des modifications à long terme du comportement,20 et le soutien par un tuteur va augmenter l'adhésion au 5 traitement.21,22 Comme le tuteur a des relations avec le patient, il (ou elle) aura une motivation intrinsèque à prendre soin de celui-ci. Pour le patient, il est plus aisé de rester à domicile et de n'avoir pas à se déplacer vers un centre de santé chaque jour pendant sa maladie. Du point de vue des travailleurs de la santé, ceci se traduit par une diminution du travail au centre de santé ou à l'hôpital. De plus, si la supervision restait confinée aux seuls services de santé (centre de santé et hôpital), le problème du surpeuplement des salles ne trouverait pas de solution suffisante puisque beaucoup de patients qui ont choisi un DOT-BT vivent trop loin du centre de santé ou de l'hôpital pour s'y rendre par eux-mêmes tous les jours. Les déclarations des patients ne se sont pas manifestées comme une méthode subjective très valable pour mesurer l'adhésion thérapeutique. Il existe une grande différence entre le nombre de patients qui admettaient être parfois non-adhérents (trois patients ) (résultats du questionnaire non présentés) et le nombre de patients qui étaient nonadhérents selon les formulaires, les décomptes de comprimés et les tests urinaires (16 patients), ce qui indique une sous-déclaration. Les analyses des variables sociodémographiques des tuteurs ont montré que près de deux fois plus de femmes que d'hommes assurent la supervision du traitement TB. Ceci pourrait être dû au fait que plus de femmes étaient chômeuses ou au fait que sur le plan culturel, on s'attend à ce que les femmes s'occupent de tâches d'administration de soins. Il est nécessaire de recourir à de nouvelles recherches sur les aspects motivationnels ou d'autres aspects comportementaux de la supervision du traitement TB par des tuteurs afin d'identifier des déterminants qui pourraient être utilisés pour identifier un bon tuteur. Au total, on peut conclure que dans le district de Ntcheu, les tuteurs peuvent superviser le traitement de la TB tout aussi bien que les travailleurs de santé pendant la phase intensive du traitement de la TB. Remerciements Cette étude a été soutenue par le Programme Mondial TB de l'OMS au travers du Centre Opérationnel de Recherche TB du Collège de Médecine de Blantyre, Malawi. Références 1 2 Dye C, Scheele S, Dolin P, Pathania V, Raviglione M C. Consensus statement. 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