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Mais le Canada s’est toujours bien gardé de reconnaître la capacité du Québec d’agir en
son nom. Au mieux, le gouvernement fédéral pratique une certaine tolérance, en autant
que cela ne touche pas à ses enjeux stratégiques. À ce sujet, la déclaration du vice-
président des États-Unis, Joe Biden, alors qu’il était président de la commission des affaires
étrangères au Sénat américain, est révélatrice : « en temps de paix, la politique étrangère
du Canada consiste à combattre le Québec ».
Ainsi, encore en 2013, dans les enceintes stratégiques telles que les Nations Unies à New
York, la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international à Washington, ou encore à
la table de négociations entre le Canada et l’Union européenne, à l’Organisation mondiale
du commerce à Genève ou à l’UNESCO à Paris, le Québec doit se contenter d’être un
observateur, au mieux un observateur actif, des travaux dont les conclusions auront des
impacts significatifs sur la vie des Québécois. Car c’est toujours le Canada qui a le dernier
mot et qui est le seul gouvernement qui nous représente auprès des pays souverains et des
organisations multilatérales.
La capacité du Québec d’agir en toute liberté sur la scène internationale est donc
constamment étouffée.
Ceci apparaît encore plus nettement aujourd’hui, alors que les Québécois se reconnaissent
de moins en moins dans la politique étrangère canadienne. Cette évolution récente sous le
gouvernement conservateur va directement à l’encontre des valeurs et des intérêts de la
nation québécoise.
En effet, depuis quelques années, la politique étrangère canadienne a subi un
fléchissement marqué. Reposant autrefois sur le multilatéralisme, l’équilibre et la
coopération, la politique canadienne est devenue belliciste, militante et marquée par un
unilatéralisme de plus en plus flagrant.
Le retrait du gouvernement fédéral du Protocole de Kyoto, le changement d’orientation
de la coopération internationale canadienne, notamment la réduction draconienne des
engagements dans les pays de l’Afrique francophone, ou encore l’imposition de visas
auprès de ressortissants de pays partenaires, tels que le Mexique, sont des exemples
frappants qui illustrent les différences marquées des politiques et des intérêts poursuivis par
le Canada et par le Québec.
L’action internationale de la première ministre
Depuis 2007, d’abord à titre de chef de l’opposition et aujourd’hui comme première
ministre du Québec, Pauline Marois s’est résolument engagée à intensifier les échanges et
le rayonnement du Québec dans le monde, et à expliquer la démarche souverainiste
auprès de ses interlocuteurs internationaux. Les exemples sont nombreux.
En 2008, Mme Marois s’est rendue en Norvège afin de se familiariser avec les meilleures
pratiques qui existent en matière d’exploitation des ressources pétrolières.
Dès les premières semaines suivant le terrible séisme qui a frappé Haïti en 2010, Pauline
Marois s’est rendue à Port-au-Prince afin de constater sur place les conséquences de cette
catastrophe, de soutenir le travail des ONG québécoises, de s’entretenir avec le président
Préval et, enfin, pour entrer directement en contact avec les réfugiés dans les camps de
fortune.