
Incertitudes sur les sondes intracardiaques de défibrillation ?
MISE AU POINT
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DOSSIER
AMC pratique n°235 février 2015
MISE AU POINT
intrinsèque des sondes et en particulier, à
deux modèles de sonde avec un taux inha-
bituel de dysfonctionnements entraînant
le retrait de ces sondes du marché et la
problématique de la gestion des patients
implantés de ces sondes. Une étude récente
sur le suivi de 5288 patients implantés d’un
DAI entre 2000 et 2012 au centre universi-
taire de Pittsburg montre un taux de dys-
fonctionnement global de 10,7 % à 5 ans,
avec un taux de défaillance qui augmente
dès la deuxième année pour les sondes
Fidelis et Riata [3].
Mécanismes et diagnostic
du dysfonctionnement
des sondes de défibrillation
Les dysfonctionnements de sonde précoces
sont dus à des déplacements de sondes, des
perforations myocardiques ou des seuils de
stimulation élevés. Les dysfonctionnements
tardifs sont liés à des phénomènes d’usure :
défaut de l’isolant ou rupture des conduc-
teurs. Le diagnostic repose dans les deux
tiers des cas sur la survenue de modifica-
tions des paramètres électriques de cette
sonde (chute du recueil, élévation du seuil,
modification de l’impédance) et dans un
tiers des cas le diagnostic est fait en rai-
son de la survenue de chocs inappropriés
sur du bruit. Le taux de chocs inappropriés
a diminué ces dernières années grâce au
dépistage précoce de ces anomalies par la
télécardiologie.
Les premières sondes concernées sont
les sondes Sprint Fidelis de Medtronic®
(6930-6931-6948-6949). Ces sondes ont
été implantées en France de 2004 à 2007
avec retrait du marché en octobre 2007, du
fait d’un taux de défaillance trop impor-
tant. L’analyse de ces sondes défaillantes a
montré deux sites principaux de fractures :
« l’extrémité distale de la sonde, affectant
l’anode (électrode à anneau) et au niveau
inférieur du manchon de fixation, affectant
principalement la cathode (électrode à vis) ;
occasionnellement, cela peut se produire au
niveau du conducteur haute tension » [4].
Cela se manifeste chez les patients concer-
nés par des modifications des paramètres
électriques de la sonde et/ou des phéno-
mènes de bruit enregistrés par le DAI qui, si
ils durent trop longtemps, aboutissent à la
survenue d’une thérapie inappropriée (ATP
ou choc). Une sonde qui dysfonctionne peut
également être à l’origine d’une inefficacité
du DAI. Le mode de révélation du dysfonc-
tionnement peut être brutal avec d’emblée
des thérapies inappropriées ou être dépisté
en amont par des signes précurseurs : élé-
vation de l’impédance et surtout surve-
nue de bruit sur la sonde enclenchant un
système d’alerte sonore à partir du DAI
du patient ou dépisté grâce à la télésur-
veillance. Actuellement, le taux de dysfonc-
tionnement de ces sondes est de 10 à 15 %
à 5 ans selon les études, alors qu’une sonde
considérée comme normale, le taux est de
moins de 1 % à 5 ans [5].
La seconde série de sondes concernées
par un taux de défaillance anormale est
les sondes Riata de Saint Jude Medical®
(Riata 8F: Modèles 1560, 1561, 1562, 1570,
1571, 1572, 1580, 1581, 1582, 1590, 1591,
1592 et Riata ST 7F: Modèles 7000, 7001,
7002, 7010, 7011, 7040, 7041, 7042). Ces
sondes ont été commercialisées en France
de 2003 à 2011, date de leur retrait du
marché. Le problème posé par ces sondes
est différent de celui des MEDTRONIC®.
L’anomalie constatée est une externalisation
des conducteurs par abrasion et rupture de
l’isolant rendant visible les conducteurs hors
du corps de la sonde. L’externalisation est
principalement due à un mouvement relatif
des conducteurs dans la lumière de l’isolant
aboutissant à une abrasion « Inside-out ».
La localisation de cette externalisation
se situe le plus fréquemment sur les 8 cm
en amont du coïl de défibrillation, là où
les contraintes mécaniques sont les plus
importantes (figure 1). Le taux d’externa-
lisation constaté est autour de 10 % pour
les sondes 7F et de 20 à 30 % pour les
sondes 8F [6]. Cette différence s’explique
par la position des conducteurs dans le
corps de sonde. En effet ceux-ci sont plus
proches du centre de la sonde dans les
sondes 7F et donc moins soumis à la force
centrifuge (figure 2). Cette externalisation
des conducteurs se dépiste par la radio-
graphie de thorax face et profil si possible
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