Dans la tradition pré-keynésienne, la monnaie ne pouvait être demandée pour elle-même. Elle
était simplement envisagée que comme une modalité détournée, indirecte, de demande de biens
que l’on ne pouvait acquérir directement. J.M. Keynes rejette cette analyse. Pour lui, la monnaie
peut-être demandée pour elle-même et pas seulement pour demander d’autres biens. On recense
quatre motifs de demande de monnaie ou encore préférence pour la liquidité :
(1) Le motif du revenu
"Une première raison de conserver de la monnaie est de combler l’intervalle entre l’encaissement
et le décaissement du revenu" (cf. TG)
(2) Le motif d’entreprise (≈motif de revenu pour les ménages)
L’entreprise conserve des liquidités car le moment où engage les dépenses n’est pas nécessaire-
ment celui où l’on perçoit les recettes (ce que l’on appelle parfois un volant de trésorerie)
(3) Le motif de précaution
"C’est pour le soucis de parer aux éventualités qui exigent des dépenses inopinées ...L’espoir de
profiter d’occasions imprévues pour réaliser des achats avantageux et enfin le désir de conserver
une richesse d’une valeur immuable pour faire face à une obligation future stipulée en monnaie
sont autant de nouveaux motifs à conserver de l’argent liquide.
(4) Le motif de spéculation
J.M. Keynes privilégient les actifs types obligations ou des titres à revenu fixe, qui lui permet
d’établir une relation simple et inverse entre le taux d’intérêt et le cours des titres.
La fonction de demande de monnaie Lest composée des fonctions L1et L2qui s’ajoutent,
soit L=L1+L2.
L1représente la quantité de monnaie demandée par les agents économiques à la fois pour le motif
de revenu et d’entreprise ce que l’on appelle demande ou encaisse de transaction. Ces encaisses
varient avec le montant du produit ou de revenu Y:L1=L1(Y)avec L0
1>0.L2représente
la demande de monnaie aux fins de spéculation, elle dépend négativement du taux de l’intérêt :
L2=L2(i)avec L0
2<0, il n’y a pas de forme exacte précisée. L2=L2(i)n’est en outre valable
que pour un niveau du taux d’intérêt imsupérieur à environ 2% et inférieur à iM, dont le niveau
est tel que la demande aux fins de spécuation s’annule. Les agents économiques, compte tenu du
niveau élevé de la rémunération offerte pour les placements et du bas prix des titres rennoncent
à tout détention de monnaie aux fins de spéculation. Plus précisemment estime qu’il y a un taux
d’intérêt maximum iMpour lequel les spéculateurs ne peuvent que prévoir une baisse et donc
une hausse du prix des titres ; pour ce taux, ils ne demandent plus de monnaie mais que des
titres, on parle de préférence absolue pour les titres. D’une manière générale, lorsque le taux
d’intérêt est très élevé ou tend à augmenter fortement, la demande de monnaie pour motif de
spéculation diminue puisque les agents peuvent prévoir dans un futur proche une baisse du taux
de l’intérêt, aussi anticipent-ils une hausse du cours des titres et peuvent-ils envisager des gains
en capital. De l’autre côté, Keynes estime qu’il y a un taux d’intérêt minimum ou plancher
imen-dessous duquel le taux ne peut plus baisser puisque les spéculateurs envisagent comme
inévitable la baisse du prix des titres. A ce taux ils tous leurs avoirs en liquidités. On parle
alors de trappe à liquidité (le taux d’intérêt est insensible à toute variation de la quantité de
monnaie). De façon général, lorsque le taux d’intérêt est bas, les agents prévoient une hausse
du taux d’intérêt et donc une baisse du cous des titres, partant, un risque de perte en liquidité.
Mais, lorsque le taux d’intérêt paraît être stabilisé à son niveau le plus bas de façon durable, les
agents ne se positionnent pas sur le marché des titres. Préférant un retournement de tendance
pour faire des placements lucratifs, ils optent pour la constitution d’encaisses oisives.
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