Université Paris Ouest Nanterre La Défense Licence 3 Mention Economie
U.F.R SEGMI Premier semestre 2009-2010
Dynamique économique: analyse des fluctuations Cours de Valérie Mignon
Brefs rappels sur le modèle IS-LM et sur la Courbe de Phillips
Le Modèle IS-LM
Introduction
Le modèle IS-LM est considéré comme une version formalisée des idées de J.M. Keynes, une
représentation algébrique et graphique d’un certain nombre de relations posées plus ou moins
explicitement par J.M. Keynes dans la théorie générale. Le principal apport du modèle original
réside dans la détermination simultanée, en économie fermée, du revenu national et du taux
d’intérêt à partir d’une intéraction entre les marchés des biens et services (IS) et le marché de
la monnaie (LM). Contrairement à l’approche Classique de l’autorégulation par le libre jeu des
marchés, où la monnaie est neutre, J.M. Keynes, dans son ouvrage de 1936, intitulé La Théorie
Général de L’emploi, de L’intérêt et de la Monnaie, intègre la monnaie dans l’explication des
niveaux et des variations des variables réelles. Cette interprétation de J.M. Keynes, popularisée
par Hicks 1dés 1937 puis par Hansen (d’où aussi le nom du modèle de Hick-Hansen) nécessite
une reformulation des conditions d’équilibre sur le marché des produits (i-e I=S) et de la
condition d’équilibre entre offre et demande de monnaie. On parle alors de modèle IS LM.
L’analyse du modèle ISLM permet de montrer qu’il n’y a pas de divergence entre J.M. Keynes
et les Classiques en ce qui concerne les conditions d’équilibre sur le marché des produits. Les
divergences apparaissent quand on aborde le fonctionnement des autres marchés (marché de la
monnaie et marché du travail).
Hypotèses :
_ - Le modèle IS-LM est un modèle en économie fermée (son équivalent en économie ouverte
est le modèle de Mundell-Fleming).
- Les prix et salaires sont fixes, c’est donc un modèle de court terme.
L’équilibre sur le marché des biens et services : détermination de la courbe IS
On part de la condition d’équilibre entre offre globale et demande globale : I=S. Le mon-
tant de l’investissement va être explicitement relié par J.M. Keynes au taux de l’intérêt. On a
donc, comme dans la vision classique : I=I(i)avec dI/di < 0, soit graphiquement :
1. Prix nobel en 1972 avec K., Arrow.
1
Recherchons les conditions d’équilibre sur le marché des produits, dans le cas particulier où les
courbes d’investissement et de consommation peuvent être représentées par des droites.
Y=C+II=S:condition d’équilibre
C=C0+cY avec 0< c < 1 : relation de comportement
I=I0gi avec g > 0 : relation de comportement
L’équation 3 comprend deux types d’investissement. Le premier I0qui est indépendant du taux
d’intérêt, et le second gi qui est une fonction décroissante du taux d’intérêt. A supposé C0,
I0,c, et gconnus, la résolution des ces trois équations nous permet d’obtenir la courbe IS qui
représente les couples de valeur (Y, i)compatibles avec la réalisation de l’équilibre sur le marc
des biens et services (I=S). A noter qu’il s’agit juste d’une relation implicite qui ne permet
en aucun cas de déterminer le niveau de Yet de ii-e si par exemple i=i1, il ne pourra y
avoir équilibre sur le marché des produits que si le niveau de revenu est ce que l’on peut calculer
en introduisant i=i1dans la relation IS que l’on veut mettre en évidence, et vice-versa. Le
relation IS est alors donnée par :
Y+g
1ci=C0+I0
ic
soit
i=C0+I0
g1c
gY
L’équilibre sur le marché de la monnaie : détermination de la courbe LM
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Dans la tradition pré-keynésienne, la monnaie ne pouvait être demandée pour elle-même. Elle
était simplement envisagée que comme une modalité détournée, indirecte, de demande de biens
que l’on ne pouvait acquérir directement. J.M. Keynes rejette cette analyse. Pour lui, la monnaie
peut-être demandée pour elle-même et pas seulement pour demander d’autres biens. On recense
quatre motifs de demande de monnaie ou encore préférence pour la liquidité :
(1) Le motif du revenu
"Une première raison de conserver de la monnaie est de combler l’intervalle entre l’encaissement
et le décaissement du revenu" (cf. TG)
(2) Le motif d’entreprise (motif de revenu pour les ménages)
L’entreprise conserve des liquidités car le moment où engage les dépenses n’est pas nécessaire-
ment celui où l’on perçoit les recettes (ce que l’on appelle parfois un volant de trésorerie)
(3) Le motif de précaution
"C’est pour le soucis de parer aux éventualités qui exigent des dépenses inopinées ...L’espoir de
profiter d’occasions imprévues pour réaliser des achats avantageux et enfin le désir de conserver
une richesse d’une valeur immuable pour faire face à une obligation future stipulée en monnaie
sont autant de nouveaux motifs à conserver de l’argent liquide.
(4) Le motif de spéculation
J.M. Keynes privilégient les actifs types obligations ou des titres à revenu fixe, qui lui permet
d’établir une relation simple et inverse entre le taux d’intérêt et le cours des titres.
La fonction de demande de monnaie Lest composée des fonctions L1et L2qui s’ajoutent,
soit L=L1+L2.
L1représente la quantité de monnaie demandée par les agents économiques à la fois pour le motif
de revenu et d’entreprise ce que l’on appelle demande ou encaisse de transaction. Ces encaisses
varient avec le montant du produit ou de revenu Y:L1=L1(Y)avec L0
1>0.L2représente
la demande de monnaie aux fins de spéculation, elle dépend négativement du taux de l’intérêt :
L2=L2(i)avec L0
2<0, il n’y a pas de forme exacte précisée. L2=L2(i)n’est en outre valable
que pour un niveau du taux d’intérêt imsupérieur à environ 2% et inférieur à iM, dont le niveau
est tel que la demande aux fins de spécuation s’annule. Les agents économiques, compte tenu du
niveau élevé de la rémunération offerte pour les placements et du bas prix des titres rennoncent
à tout détention de monnaie aux fins de spéculation. Plus précisemment estime qu’il y a un taux
d’intérêt maximum iMpour lequel les spéculateurs ne peuvent que prévoir une baisse et donc
une hausse du prix des titres ; pour ce taux, ils ne demandent plus de monnaie mais que des
titres, on parle de préférence absolue pour les titres. D’une manière générale, lorsque le taux
d’intérêt est très élevé ou tend à augmenter fortement, la demande de monnaie pour motif de
spéculation diminue puisque les agents peuvent prévoir dans un futur proche une baisse du taux
de l’intérêt, aussi anticipent-ils une hausse du cours des titres et peuvent-ils envisager des gains
en capital. De l’autre côté, Keynes estime qu’il y a un taux d’intérêt minimum ou plancher
imen-dessous duquel le taux ne peut plus baisser puisque les spéculateurs envisagent comme
inévitable la baisse du prix des titres. A ce taux ils tous leurs avoirs en liquidités. On parle
alors de trappe à liquidité (le taux d’intérêt est insensible à toute variation de la quantité de
monnaie). De façon général, lorsque le taux d’intérêt est bas, les agents prévoient une hausse
du taux d’intérêt et donc une baisse du cous des titres, partant, un risque de perte en liquidité.
Mais, lorsque le taux d’intérêt paraît être stabilisé à son niveau le plus bas de façon durable, les
agents ne se positionnent pas sur le marché des titres. Préférant un retournement de tendance
pour faire des placements lucratifs, ils optent pour la constitution d’encaisses oisives.
3
Le graphique de la fonction de demande de monnaie est donné par :
L’offre de monnaie est la quantité de monnaie "offerte", mise à la disposition du public, des
utilisateurs éventuels par le système bancaire (banques centrales et autres banques). L’offre de
monnaie ne dépendant pas du taux d’intérêt, on peut la représenter dans le plan (i, Y )par
une perpendiculaire à l’axe des abscisses. La courbe LM est l’ensemble des combinaisons (i, Y )
assurant l’équilibre sur le marché de la monnaie, l’offre de monnaie étant considérée comme
invariable.
On a donc l’ensemble d’équations suivant :
L=M
L=L1+L2αY βi
M=M0
On obtient : αY βi=M0αY =M0+βi, ce qui nous amène à la détermination de la
relation LM :
i=M0
β+α
βY
où di/dY=0. Graphiquement :
La relation est donc croissante pour im<i<iM. Lorsque iMon sait que L2devient nul d’où
YM=M0dont la représentation est une droite parallèle à l’axe des abscisses. En outre, quand
iim, la demande de monnaie devient infiniment élastique par rapport aux variations du taux
d’intérêt (le taux d’intérêt ne peut pas descendre en dessous de im. La courbe LM est alors
représentée à ce niveau par une droite parallèle à l’axe des abscisses et d’ordonnée im.
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La pente de LM est positive dans la phase normale. La partie horizontale de la courbe corres-
pond à la trappe à liquidité (le taux d’intérêt est tellement faible que la monnaie est thésaurisée
et la partie verticale à la phase Classique (il n’y a pas de thésaurisation, toute la monnaie est
placée).
Détermination de l’équilibre IS-LM
L’intersection des courbes IS et LM donne le couple de valeurs (i, Y )compatible avec l’équilibre
sur la marché des biens et services et sur la marché de la monnaie. Dés lors que le marché du
travail ne participe pas à la détermination de l’équilibre global, on peut imaginer que le couple
(Y, i) corresponde à un équilibre de sous-emploi. Le modèles IS LM est ainsi un équilibre de
sous-emploi. Hicks, par cette formalisation simpliste de la théorie générale visait clairement à
conduire un modèle qui pose la question de l’intervention publique. Quelles politiques peuvent
nous rapprocher du plein-emploi ?
Notons alors que le revenu d’équilibre correspondant à l’intersection entre IS et LM ne coin-
cide pas nécéssairement à un revenu de plein-emploi.
Effet des politiques budgétaires et monétaires dans le modèle IS-LM
Le modèle IS-LM peut aider les gouvernements à prévoir les conséquences sur le produit global
et le taux d’intérêt de leurs décisions concernant l’offre de monnaie ou les dépenses publiques.
Il permet d’éclairer des questions essentielles quant à l’utilité et l’efficacité des politiques moné-
taires et budgétaires pour influencer l’activité économique.
Impact d’une hausse des dépenses publiques (%G)
Le gouvernement peut-il agir sur les dépenses publiques et les impôts pour augmenter le
produit global ? Une expansion de la politique budgétaire (ou une diminution des impôts)
entraîne une hausse de la courbe IS, le point d’équilibre se déplace donc au nord-est. Com-
ment ? en fait une hausse des dépenses publiques vient accroître directement la demande
globale tandis qu’une diminution des impôts accroît le revenu disponible des ménages, les-
quels augmentent leur consommation et donc la demande globale. Le niveau plus élevé de
ce dernier entraîne la demande de monnaie à la hausse, qui devient alors excessive et pro-
voque une augmentation du taux d’intérêt. Au point 2, l’excès de demande de monnaie issu
de la hausse du produit global est totalement résorbé du fait de l’augmentation du taux
d’intérêt et de son impact négatif sur la quantité de monnaie demandée.Ainsi une po-
litique budgétaire expansionniste à pour conséquence une élévation conjointe
du produit et du taux d’intérêt. Le produit global et le taux d’intérêt sont fonctions
croissantes des dépenses publiques et décroissantes du niveau des impôts. Graphiquement :
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