2017 03 16 Situation économique et financière

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La situation économique et financière de
la Roumanie en 2016
La croissance du PIB, qui a atteint 4,8% en 2016 (contre 3,9% en 2015), a très largement reposé sur la
consommation des ménages qui ont bénéficié des mesures pro-cycliques du gouvernement (baisse de la TVA,
augmentation des salaires dans la fonction publique et du salaire minimum). Après avoir rééquilibré ses
comptes en 2014 et 2015, la Roumanie se trouve à présent dans une situation de déficits jumeaux, c’est-àdire en présence à la fois d’un déficit de la balance courante (-2,2% du PIB) et d’un déficit public (-2,4% du
PIB), reflétant une inflexion de la politique budgétaire menée par les différents gouvernements depuis mi2015. Le programme électoral du gouvernement social-démocrate (PSD) issu des élections du 11 décembre
2016 entend favoriser le pouvoir d’achat des revenus modestes. Le budget 2017 comporte ainsi de nouvelles
mesures pro-cycliques, qui devraient continuer à soutenir la croissance en 2017, au prix d’un nouvel
accroissement des déficits courant et public, et entraîner des pressions inflationnistes.
1. Dans un contexte de croissance robuste, la demande intérieure est
restée le principal soutien de l’activité en 2016
En 2016, la croissance du PIB s’est établie à 4,8%, contre 3,9% en 2015. La consommation des ménages
a été la principale contribution à la croissance du PIB (4,5 points de pourcentage, pp) en raison,
notamment, de la baisse de 4 pp de la TVA (à 20%) au 1er janvier 2016 et des hausses successives des
salaires à la fois dans le privé et dans le public (hausse de 11,4% en g.a. du salaire net moyen à fin décembre
2016), mais aussi du relèvement du salaire minimum (+19%, à 1250 RON au 1er mai 2016). L’effet de ces
mesures pro-cycliques tend néanmoins à se dissiper, confirmant ainsi son caractère conjoncturel,
même si la dynamique sous-jacente de croissance reste forte: la contribution de la consommation des
ménages était de 2,7 pp au quatrième trimestre 2016, contre 7 pp au deuxième trimestre 2016. La baisse
continue du taux de chômage (-1,1 pp sur un an à fin décembre 2016, à 5,5% de la population active) a
également été un facteur supplémentaire de soutien de la demande domestique. Le dynamisme de la
demande interne a cependant affecté négativement la contribution du commerce extérieur (-0,8 pp).
On remarque également que la contribution de l’investissement a été nulle en 2016 et que les reconstitutions
de stocks ont repris au T4-2016, en lien avec un essoufflement de la consommation.
S’agissant de l’offre, le commerce de détail et de gros, les transports et les hôtels et restaurants ont contribué
à hauteur de 1,8 pp à la croissance du PIB (ce secteur représentant 18,1% du PIB), le secteur de l’IT
contribuant quant à lui à 0,7 pp (5,6% du PIB). Au total, le secteur des services a été le principal moteur
de la croissance du PIB en 2016 avec une contribution de 3,8 pp, et un poids dans le PIB de 56,5%. La
contribution de l’industrie à la croissance du PIB s’est établie à 0,4 pp (23,1% du PIB) et celle de la construction
à 0,1 pp (6% du PIB). La contribution de l’agriculture a été nulle (3,9% du PIB), en raison, notamment, de
récoltes décevantes au second semestre 2016. Selon les données du Bureau national du registre du
commerce, 8 371 entreprises ont fait faillite en 2016, soit une baisse de 18,5% par rapport à 2015. Le secteur
du commerce de gros et de détails a été le plus exposé, avec 30,5% du total des faillites.
Pour 2017, le gouvernement prévoit une croissance du PIB de 5,2%, soit un scénario plus optimiste
que celui de la Commission européenne (4,4%). La consommation des ménages, ralentirait par rapport
à 2016, mais continuerait de soutenir fortement l’activité en raison de nouvelles mesures pro-cycliques
adoptées dans le budget 2017 (cf. partie 4).
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On observe par ailleurs une divergence croissante entre l’évolution des salaires et celle de la
productivité. Si elle perdurait, cette tendance pourrait affecter la compétitivité-coût de la Roumanie à moyen
terme. Le risque de surchauffe de l’économie est faible, même s’il n’est pas à exclure dans la mesure où l’écart
de production (output gap) devrait être positif en 2017. Un output gap positif pourrait entraîner des pressions
inflationnistes (cf. partie 2) et une dégradation du solde courant (cf. partie 3).
2. L’inflation négative enregistrée en 2016 s’explique principalement par
la baisse de la TVA
L’indice des prix à la consommation (IPC) est resté négatif en 2016, à -1,5% en moyenne annuelle,
après -0,5% en 2015. L’impact de la baisse de la TVA en est la principale explication : en excluant l’effet
TVA du calcul de l’inflation, l’IPC se serait établi à 1% en 2016. La baisse des prix des combustibles (-2,8%
sur l’année) a également pesé sur le taux d’inflation.
La Banque centrale de Roumanie (BNR) prévoit une accélération de l’inflation, à 1,7% en décembre
2017 sur un an et à 3,4% en décembre 2018. Cette accélération s’expliquerait par le dynamisme de la
demande intérieure (augmentation des salaires, budget 2017 pro-cyclique) et par la remontée anticipée du
prix des matières premières, notamment du pétrole. Les prévisions de la BNR sont cohérentes avec
l’accélération de l’indice des prix à la production, indicateur avancé de l’inflation, en hausse de 2,6% sur un
an en janvier 2017, après +0,9% en décembre 2016. Par conséquent, on ne peut exclure que la BNR décide
d’augmenter son taux d’intérêt directeur, actuellement à 1,75%, d’ici la fin de l’année. Pour mémoire, la cible
d’inflation définie par la BNR s’établit à 2,5%, avec une marge de fluctuation de +/-1 pp. Enfin, les réserves de
change de la BNR ont atteint 34,2 Mds EUR à fin décembre 2016 (+6,2% sur un an), soit 6 mois d’importation,
un niveau jugé confortable par les institutions internationales.
3. Dégradation du déficit courant en raison du dynamisme de la demande
interne
Le déficit courant de la Roumanie s’est dégradé en 2016 en raison du dynamisme de la consommation
des ménages, passant de 1,9 Md EUR en 2015 à 4,1 Mds EUR en 2016, soit 2,2% du PIB. Le déficit de la
balance des biens et services s’est creusé de 0,7 Md EUR en 2016, à 1,7 Md EUR, la détérioration du solde
de la balance des biens (-1,5 Md EUR) n’ayant pas été compensée par l’augmentation de l’excédent de la
balance des services (+0,7 Md EUR). Les importations de biens ont, en effet, progressé plus rapidement
(+7,9%) que les exportations (+6,1%).
En 2017, le dynamisme de la demande intérieure devrait continuer à peser sur le déficit de la balance
commerciale. Le déficit du compte courant devrait s’établir à 2,3% du PIB selon la prévision du
gouvernement, après 2,2% du PIB en 2016 en raison de la dégradation du déficit commercial, non compensé
par la hausse du solde excédentaire de la balance des services. De son côté, la Commission européenne
table sur un déficit du solde courant de -2,9% du PIB en 2017. Si ce niveau de déficit reste modéré par
rapport à l’année 2008 (-11,8%), à moyen terme, la détérioration du solde de la balance courante pourrait
peser sur la confiance des investisseurs et sur le financement de la dette publique (52,5% libellé en devises).
La monnaie roumaine subit depuis les manifestations anti-corruption de février 2017 une légère
pression à la dépréciation, sortant parfois de sa cible avec l’euro (4,4 – 4,5), que la BNR pourrait être tentée
de réviser pour compenser les pertes de compétitivité dues aux augmentations salariales. La tendance de
long terme du lei face à l’euro reste toutefois marquée par une faible volatilité.
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4. Le déficit public se creuse en raison de la politique pro-cyclique du
gouvernement et s’éloigne de son objectif de moyen terme tel que défini
par le volet préventif du Pacte de Stabilité et de Croissance
Le déficit public roumain a atteint -2,4% du PIB en 2016 (après -0,7% en 2015), contre 2,8% prévu dans
le budget 2016. Les recettes publiques se sont établies à 29,5% du PIB, en baisse de 4,3% (baisse des
recettes de TVA et des autres taxes sur les biens et services). Les dépenses publiques se sont établies à
31,9% du PIB, en baisse de 0,6% en raison de la baisse des dépenses d’investissement à compter du second
semestre 2016. Tous les autres postes de dépenses sont en hausses.
Le budget 2017 prévoit une hausse du déficit budgétaire consolidé, à 2,96% du PIB (prévision de la
Commission : -3,6% du PIB), en raison de nouvelles mesures en dépenses1. Dans ces conditions, le solde
de la balance structurelle pour 2017 s’éloignerait de l’objectif de moyen terme (OMT) de 1 % du PIB
fixé dans les recommandations-pays de la Commission européenne adressées à la Roumanie en mai
2016, qui préconisait un ajustement fiscal de 0,5% du PIB en 2017. Le déficit structurel, calculé par le
gouvernement roumain, devrait en effet atteindre 2,9% du PIB en 2017 (contre 3,9% pour la prévision de la
Commission), après 2,6% en 2016. La dette publique devrait à nouveau augmenter, de 37,7% du PIB en 2016
à 42,3% du PIB en 2018 selon la Commission européenne, mais resterait inférieure à la moyenne des pays
pairs (environ 55% du PIB). Néanmoins, la croissance cumulée de la dette publique sur la période 2010-2018
serait nettement supérieure en Roumanie (12%) à celle enregistrée dans les pays pairs (6%), selon la
Commission européenne.
5. Un soutien aux réformes structurelles et une réorientation de la
politique budgétaire seraient nécessaires pour assurer une croissance
durable et renforcer la confiance des investisseurs
En matière d’environnement des affaires, la Roumanie se situe à la 36ème place sur 190 pays au classement
Doing Business 2017 de la Banque mondiale, dans la moyenne des pays d’Europe centrale et orientale.
D’importants progrès ont été réalisés depuis l’adhésion à l’Union européenne en 2007. Néanmoins, des
fragilités structurelles demeurent. La qualité des infrastructures et des investissements publics reste faible,
malgré un taux d’investissement parmi les plus élevés de l’UE (24,8% du PIB en 2015 contre 19,7% pour la
moyenne de l’UE). Les dépenses d’investissement en R&D sont insuffisantes (0,5% du PIB) pour
accompagner la montée en gamme ou accroître la productivité. L’économie informelle reste importante (1520% du PIB selon la Commission européenne) et l’écart de TVA, qui correspond à la différence entre les
recettes de TVA attendues et la TVA effectivement perçue, est le plus élevé de l’UE (37,9% contre une
moyenne de 14% dans l’UE), soit une perte théorique de recettes fiscales de 4,2 Mds EUR (équivalent à 2,5%
du PIB). Par ailleurs, le FMI a estimé, à l’issue d’une mission récente de consultation, qu’une réorientation des
politiques de stimulation de la consommation vers celles de soutien aux investissements était nécessaire pour
une croissance durable. Le FMI recommande également de renforcer l’efficacité de l’administration publique
et de la collecte fiscale, d’améliorer les performances des entreprises publiques, de soulager les pressions sur
le marché du travail et de poursuivre la lutte contre la corruption.
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Parmi les mesures déjà entrées en vigueur : baisse du taux de TVA (1 pp), hausse du point de retraite et de l’allocation sociale pour
les retraités, augmentation des salaires dans l’administration locale et pour le personnel de santé et d’éducation, etc. Le service
économique a estimé à environ 10 Mds € (soit 1,2 % PIB) le coût budgétaire des mesures adoptées en janvier 2017.
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PIB (Mds EUR)
Taux de croissance (%)
Taux d'inflation annuel (%)
Importations (Mds EUR)
Solde courant (% du PIB)
Solde public (% du PIB)
Taux de chômage (%)
Indicateurs macroéconomiques 2016
169
Population (M d'habitants)
4,8
PIB par tête (EUR)
-1,5
Taux de change
71,5
Exportations (Mds EUR)
-2,2
Flux d'IDE (Mds EUR)
-2,4
Dette publique (% du PIB)
5,9
Taux de prêts non performants (%)
19,8
8 535
1 € = 4,4908 RON
69,7
4,1
37,7
9,5
Sources : INS, BNR, M inistère des Finances, FM I, Commission européenne
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