« Quand il drache, c`est qu`il pleut ! et fort !»

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DRACHER [dʀaʃe] v.
Il drache v. impers. FAM.
Il tombe une pluie battante ; il pleut à verse.
- Vitalité élevée et stable, en Wallonie comme à
Bruxelles. Également employé dans le Nord de
la France (Nord-Pas-de-Calais, Ardennes),
ainsi qu’au Congo-Kinshasa et au Rwanda.
- Emprunt au flamand draschen « pleuvoir à
verse » (néerl. standard stortregenen).
Source : Michel Francard, Geneviève Geron,
Régine Wilmet, Aude Wirth, Dictionnaire
des belgicismes,
De Boeck-Duculot, 2010
« Quand il drache, c’est qu’il pleut ! et fort !»
Ça mouille, il pleut à verse, il pleut à torrent, il pleut à
seaux, il pleut des cordes, il pleut des hallebardes…
Les équivalents de DRACHER ne manquent pas, dans une
langue plus ou moins familière. Mais si les images semblent
universelles, les mots ont pourtant une appartenance. Et
la drache appartient en propre à la Belgique, plat pays
trempé qui absorbe beaucoup d’eau chaque année. Son
humidité s’exprime avec fatalisme ou exaspération,
parfois même avec ironie : la drache nationale, c’est celle
qui tombe le jour de la fête nationale, pourtant en plein
été, le 21 juillet, pour le malin plaisir de gâcher la fête, de
ruiner les bals aux lampions et d’éteindre les feux d’artifice.
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Mais c’est surtout le sabotage du défilé militaire et la
marche ruisselante et flegmatique des unités en grand
uniforme qui fonde cette expression narquoise.
L’origine germanique du terme « drache » s’entend. Et
en effet le verbe est calqué sur son homologue flamand,
drachein, qui se distingue d’ailleurs de son homologue
standard néerlandais.
En revanche, c’est probablement le hasard que la
ressemblance de la drache et du crachin. Celui-là, on le
trouverait plutôt entre la Bretagne et la Normandie : une
petite pluie fine, presque invisible, qu’on sent à peine et
qui vous trempe jusqu’aux os.
Supports et activités pédagogiques
SCÉNARIMAGE
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VOIR LE FILM
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PROJET PÉDAGOGIQUE
COMPOSER UN HYMNE POUR LA SEMAINE DE LA FRANCOPHONIE 2016
Développer sa compétence linguistique
- Particularismes : les idiotismes et tournures idiomatiques ;
- les archaïsmes ;
- les synonymes ;
- la polysémie ;
- le champ sémantique.
ACTIVITÉS
1. POUR COMMENCER
EN REGARDANT LE FILM OU LE SCÉNARIMAGE… a) Toutes les images sont striées par la pluie sauf une : laquelle ? et pourquoi, selon vous ?
b) Dans deux images, les personnages ne se protègent pas de la pluie à l’aide d’un parapluie :
lesquelles ? Pour quelles raisons, à votre avis ?
c) Quels sont les éléments qui illustrent la fête nationale belge ?
2. COMPRENDRE DE MANIÈRE GÉNÉRALE
a) Un objet symbolise l’origine germanique du mot « drache ». Lequel ?
b) Le même objet représente la diversité linguistique de la Belgique : donnez dans chaque cas ses
caractéristiques.
c) Nommez dans la dernière image les quatre objets qui renvoient à la Bretagne.
3. COMPRENDRE DE MANIÈRE DÉTAILLÉE
a) Relevez dans le texte le groupe nominal qui désigne à la fois la Belgique et le titre de la chanson
d’un chanteur belge connu.
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Supports et activités pédagogiques
b) La drache désigne en Belgique une pluie battante. Relevez six occurrences du verbe impersonnel
« il pleut » qui expriment cette intensité.
c) Vrai ou faux ?
Les monuments suivants figurent dans le scénarimage pour représenter la Belgique :
NOM DU MONUMENT
VRAI
La place Royale
Le Planétarium
Le beffroi de Bruges
L’Atomium*
FAUX
* L’Atomium est un monument de Bruxelles, construit
à l’occasion de l’Exposition universelle de 1958, et qui
représente la maille conventionnelle du cristal de fer,
agrandie 165 milliards de fois.
4. RÉFLÉCHIR SUR LA LANGUE
LES « IDIOTISMES »
Un idiotisme est une tournure particulière à une langue ; on l’appelle aussi « tournure idiomatique ».
Vous trouverez le nom de chacune de ces tournures selon le pays qui les emploie et vous proposerez
un exemple. La liste n’est pas exhaustive ; libre à vous de la compléter !
PAYS
Angleterre
Belgique
France
Grèce
Allemagne
Espagne
Italie
Afrique
Suisse
IDIOTISME
anglicisme
EXEMPLE
It rains cats and dogs, « il pleut des chats et des chiens »
LES ARCHAÏSMES
On utilise en Belgique des mots qui sont sortis de l’usage général du français.
Retrouvez le sens actuel des mots suivants : septante – octante – nonante – drap de vaisselle – drap de
maison – drap de mains – une chique – un salon-lavoir
LA POLYSÉMIE
Le nom féminin « unité » est utilisé au pluriel dans l’expression « des unités en uniforme » pour désigner des
formations militaires autonomes ayant une fonction spécifique. Ce nom a plusieurs sens : il est polysémique.
En vous aidant d’un dictionnaire, vous présenterez les différents sens de ce mot en les organisant à
votre gré selon ses domaines d’application.
LE CHAMP SÉMANTIQUE
Rappel : le champ sémantique d’un mot regroupe l’ensemble des significations de ce mot.
En Belgique, si l’on vous pose la question : « Veux-tu une boule ? », on vous demande si vous voulez un
bonbon ! ce qui ajoute à la polysémie déjà fort riche de ce nom.
Vous établirez la carte heuristique – ou le schéma radiant – de ce nom très prolifique en prenant soin de
noter le domaine dans lequel on l’utilise.
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5. JOUER AVEC LES MOTS
LES SYNONYMES : LES NOMS DE LA PLUIE
Voici une liste de mots désignant différentes précipitations : déluge – bruine – cyclone – grain – giboulée –
tornade.
Vous les classerez selon leur intensité et vous en proposerez une définition métaphorique personnelle qui rendra compte de ces variations d’intensité.
6. S’EXPRIMER
ÉCRIRE LA PLUIE
De nombreux poètes ont écrit sur la pluie, Verlaine, Baudelaire, Ponge…
Voici un extrait du poème de Raymond Queneau intitulé La Drache, également cité dans l’affiche ci-contre.
Le flot montant amène une drache inconnue
d’où viennent d’où viennent ces débris mouvants
j’y reconnais les trous de ma mémoire perdue […]
Raymond Queneau, recueil Fendre les flots, Gallimard, 1969
À votre tour, en prose ou en poésie, vous écrirez sur la pluie de votre région – pluie battante, ondée,
tornade, bruine, etc. Vous exprimerez les sentiments et les réflexions qu’elle peut susciter.
7. PROJET : COMPOSER UN HYMNE À LA FRANCOPHONIE
1. Vous rechercherez le champ sémantique du mot « hymne ».
2. Vous composerez l’hymne 2016 de la semaine de la Francophonie, en vous efforçant de concilier
diversité et harmonie.
3. Vous pourrez accompagner votre texte d’une composition sonore ou visuelle.
La forme choisie est libre.
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