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Révolution
force révolutionnaire mondiale sans quoi,
l’enfer capitaliste ira en s’empirant.
ACtIvISME, IdéOlOgIES Et
MANqUE dE pErSpECtIvE
Au plus les contradictions sociales se
développent et que la révolution
devient toujours plus indispensable,
au plus les idéologies qui nous dévient
de cet objectif se développent. On n'a
jamais autant entendu parler d’anti-
capitalisme et aussi peu de révolution
sociale. Face à la catastrophe actuelle, il
est normal que la lutte prolétarienne soit
plus intense et qu’elle le sera de plus en
plus. Mais cela ne nous rapproche pas
de la révolution s’il n’y a pas de rupture
classiste, ni de rupture programmatique
et si la majorité continue à gesticuler
encamisolée dans les « indignés » et sous
le drapeau des « 99% ».
Aujourd’hui, toute la social-démo-
cratie s’indigne face au capitalisme 3.
Tandis qu’à d’autres moments, il s’agit
d’empêcher les prolétaires de sortir dans
la rue, maintenant qu’ils le font et qu’il est
évident qu’ils seront toujours plus nom-
breux à le faire, il faut contenir cette rage
sociale en lui donnant un encadrement
citoyen et rationnel. C’est ce qui a été
fait avec la campagne internationale des
« indignés » (et il y a quelques années avec
les « anti-sommets ») 4 qui, plutôt que de
représenter la lutte et l’élan de la protes-
tation sociale, cherche à l’encadrer et à la
castrer par la vieille idéologie bourgeoise
et citoyenne. Les livres de référence, les
manifestes, tout ce que la grande presse a
estampillé comme « indignés » n’est et ne
pouvait être autre chose qu’une camisole
de force avec lequel on voulait assujettir le
prolétariat qui était déjà dans la rue.
L’activisme que la gauche bourgeoise
déploie est un aspect de ce plan d’ensem-
ble. Plutôt que d’aller à la racine com-
mune de tous les problèmes (le capital),
on appelle a un activisme frénétique, à
chaque fois pour des causes différentes,
contre tel gouvernement, contre le libéra-
lisme ou le néolibéralisme, contre tel ser-
rage de ceinture ou autre suppression de
subside… pour que de la sorte, chacune
de ces luttes se retrouve sans lendemain
dès que le gouvernement change ou qu’un
plan en remplace un autre. L’activisme fait
partie de toute cette idéologie à la mode
qui se décline en apologie du local, de
l’autonomie régionale, du particularisme
et de l’individualisme, en alternativisme
et en gestionnisme.
L’usure activiste fait partie intégrante
de la domination de classe que la social-
démocratie exerce sur le prolétariat parce
que cet activisme laisse ce dernier sans
perspective révolutionnaire. D’où le fait
que toute revendication de direction
révolutionnaire, de théorie révolution-
naire, de lutte pour l’internationalisme
et de perspective révolutionnaire unifiée
soient perçues comme théoriciste, puriste
et autoritaire. L’idéologie de l’activisme
se trouve aux antipodes des besoins de
la lutte prolétarienne qui requiert une
affirmation classiste, une unification des
objectifs et des perspectives, une centra-
lisation des efforts et des luttes.
Le prolétariat même, dans son immen-
se développement de ces dernières années,
est enfermé dans cet activisme et entravé
par le manque de perspective révolution-
naire. De toute évidence, il y a plus d’usure
que de direction et plus de dispersion que
d’organisation et de conscience. Toutes les
puissances idéologiques (moyens tech-
nologiques et de communication, partis,
syndicats, moyens de diffusion, provoca-
teurs et services policiers…) poussent à
l’activité immédiate et localiste pour que
la classe rejette l’activité plus globale et
internationaliste. Et effectivement, ils ont
réussi à imposer au sein du prolétariat une
préférence réelle pour des niveaux plus
individualistes, spontanéistes, localistes,
autonomistes, inconséquents et désorga-
nisés. Le rapport de force au sein de notre
propre classe joue en défaveur de toute
réelle organisation internationaliste, de la
cohérence programmatique, de l’activité
théorique, de la lutte pour comprendre et
développer pratiquement le programme
de la révolution mondiale.
C’est précisément à cause de ce man-
que de perspective et de programme
que les puissantes protestations sociales
contre le capital qui embrasent tout un
pays, ou même plusieurs pays, peuvent
être déviées par l’action militaire des
forces impérialistes et être transformées
en guerres interbourgeoises comme en
Afrique du Nord, au Moyen Orient…
NéCESSIté dE lA révOlUtION
révOlUtIONNAIrE
On entend beaucoup parler d’an-
ticapitalisme et de dépassement
du capitalisme de manière totalement
inconséquente, comme si le capitalisme
pouvait être détruit sans révolution.
C’est devenu tellement à la mode d’être
« anticapitaliste » que ce discours devient
L’idéologie de l’activisme
se trouve aux antipodes
des besoins de la lutte
prolétarienne qui requiert
une afrmation classiste,
une unication des objectifs
et des perspectives, une
centralisation des efforts et
des luttes.
3- Comme à son habitude, la gauche de la
bourgeoisie se plaint du fait que le capitalisme
a commis des injustices et qu’à cause « des
nanciers, des banquiers, des manipulateurs,
des bourgeois et des spéculateurs internatio-
naux », la situation est insoutenable pour la
population. Or, en prétendant y opposer un
capitalisme « honnête, productif, régional et
national », c’est évidemment la globalité indi-
visible du capitalisme qu’on nous demande de
sauver. Cet anticapitalisme de façade est ainsi
une manière d’enfermer la lutte dans la camisole
de force de la gauche citoyenne.
4- Voir à ce sujet notre texte « Contre les som-
mets et anti-sommets » dans Communisme
n°52 (février 2002).