Lettre API (Mardi 20 septembre 2016)

publicité
Interview - Bruno Retailleau dévoile les grandes lignes de sa
politique économique
Bruno Retailleau, président du conseil régional des Pays de la Loire
Le conseil régional des Pays de la Loire lance une seconde phase de concertation en vue de la
réalisation d'un Schéma régional de développement économique, d'innovation et
d'internationalisation (SRDEII). Celui-ci doit être achevé le 31 décembre 2016. Bruno Retailleau,
président de la région, en explique les grandes lignes.
Quels seront les grands axes de votre politique économique ?
"Trois leviers seront au cœur de notre stratégie : la simplification, l'innovation et l'international. Sur
la simplification, la CCI régionale avait dénombré 1 600 dispositifs d'aides sur les cinq départements,
ce qui devenait illisible. On va s'organiser autour d'un contrat unique, que l'on appellera le "contrat
de croissance pour les entreprises". On fera du sur mesure, qu'elles aient un projet d'investissement,
de financement, d'immobilier, de conseil… Parallèlement, il y aura des interlocuteurs uniques, de
proximité. L'agence régionale sera le vaisseau amiral mais il est hors de question de demander aux
chefs d'entreprise de converger vers Nantes. L'idée, c'est que l'on travaille avec les collectivités, les
agglomérations, qui ont déjà des services de développement économique. On reprendra
partiellement ces développeurs économiques, dont ceux des agences départementales, pour les
instituer en têtes de pont."
Quelle inflexion sur l'international ?
"L'internationalisation est un des talons d'Achille de notre région. On va s'organiser différemment en
revitalisant l'export proche. Sur l'export lointain, il faudra être plus sélectif vers les zones à fort
potentiel pour mieux préparer les entreprises. Il faudra développer davantage les réseaux que les
bureaux, en mettant en œuvre Business France et le réseau international des CCI. Quant à
l'innovation, elle reposera sur les grands réseaux dont les pôles de compétitivité, l'IRT Jules Verne
mais en facilitant l'accès aux PME. Les priorités seront données à la transition énergétique et au
numérique. Parmi les autres leviers, il y a la formation. Je veux des formations courtes, et ajustées
aux besoins des entreprises, par bassin d'emplois."
Qu'en est-il des grands projets tels que les Technocampus, le bâtiment de CEA Tech, la plateforme
Primabor ou encore les PRI ?
"Au Mans, le technocampus acoustique se fera. Le CEA Tech se fera, Le technocampus Energie des
océans, ça se fera aussi. Quant au réseau des PRI (plateforme régionale d'innovation), celles qui
fonctionnent bien seront confortées. Par exemple, Proxinov, sur la robotique à La Roche-sur-Yon,
prendra une dimension régionale. Par contre, les PRI qui n'ont rien donné seront supprimées dont
certaines dans le tourisme. On garde ce qui marche et on arrête ce qui ne marche pas."
Quand prendrez-vous les décisions ?
"Rapidement. Nous avons commandé un audit extérieur dont nous aurons les conclusions dans
quelques jours. Nous agirons en fonction. Nous avons voulu marquer un temps d'arrêt pour
examiner les questions de portage immobilier, qui va utiliser ces plateformes, leur équilibre financier.
Il faut aussi des partenariats quand l'argent public est rare. L'esprit de la loi Notre, c'est que région et
métropole doivent travailler ensemble. On peut dépasser, sur ces sujets, les clivages politiques. Par
ailleurs, est-il normal que la région paie cash toutes les machines et leur entretien ? Non ! On va
discuter avec Airbus et les autres. Il est normal que ce soient ceux qui utilisent les machines qui les
achètent. On n'est pas dans une économie dirigée. Mais l'impulsion, nous la donnerons. Ce temps de
réflexion n'a pas retardé les dossiers. Il se trouve que sur le Technocampus énergies des océans,
General Electric n'a plus de besoin urgent car ils ont pu renégocier un bail par ailleurs. Il n'y a pas
d'urgence ni de retard."
Comment envisagez-vous votre action en matière de capital-investissement ?
"Nous avons onze fonds dont trois en période de liquidation. Je suis en train de rencontrer un par un
les acteurs du secteur sur la place bancaire nantaise car je veux repositionner ces fonds, là où ils sont
nécessaires. Là où le secteur bancaire peut agir, la région n'a pas de légitimité à intervenir. Par
contre, nous constatons des carences en amorçage, sur des tickets de 100 à 300 k€."
Avez-vous des objectifs chiffrés ?
"Il est encore tôt pour les donner. Mais sur la transmission par exemple, où nous créons un fonds qui
sera géré par une plateforme d'initiative, on veut doubler le nombre d'entreprises transmises dans le
mandat."
Avec quels acteurs comptez-vous travailler ?
"Tout l'écosystème sera mis à contribution, entre l'IRT Jules Verne, les pôles de compétitivité,
Atlanpole, les collectivités… On souhaite, par exemple, fonctionner avec Nantes métropole sur ces
sujets-là. Seul le résultat compte. A l'international, chasser en meute, c'est important."
Quelle est votre position sur l'actionnariat de STX France ?
"Les choses étaient très fluides avec Emmanuel Macron mais lui, et ses conseillers qui connaissaient
le dossier, sont désormais partis "en marche". Je vais donc directement à la source. J'ai rencontré
plusieurs acteurs potentiels du tour de table, des investisseurs potentiels. Fincantieri n'est pas une
solution. Si jamais l'Etat s'imaginait bricoler quelque chose avec ce groupe, cela supposerait que la
région s'invite au capital. Il y aurait un certain nombre de précautions à prendre. Je pense qu'il faut
un industriel, un investisseur de long terme, qui prenne des engagements sur la pérennité du
chantier et les moyens de son développement mais aussi vis-à-vis des équipes de management qui
ont remporté toutes ces commandes. Il faut un pivot industriel avec, éventuellement dans un
premier temps, des partenaires qui s'agrègent. Mais pour les collectivités, il y a un seuil
d'intervention et un processus très contraint. Il ne faut pas laisser penser que lorsqu'il y a une
difficulté c'est la région qui peut intervenir même si ce dossier est d'une importance considérable
pour notre économie."
Source, Lettre API, 20/09/16
Téléchargement