Interview - Bruno Retailleau dévoile les grandes lignes de sa politique économique Bruno Retailleau, président du conseil régional des Pays de la Loire Le conseil régional des Pays de la Loire lance une seconde phase de concertation en vue de la réalisation d'un Schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII). Celui-ci doit être achevé le 31 décembre 2016. Bruno Retailleau, président de la région, en explique les grandes lignes. Quels seront les grands axes de votre politique économique ? "Trois leviers seront au cœur de notre stratégie : la simplification, l'innovation et l'international. Sur la simplification, la CCI régionale avait dénombré 1 600 dispositifs d'aides sur les cinq départements, ce qui devenait illisible. On va s'organiser autour d'un contrat unique, que l'on appellera le "contrat de croissance pour les entreprises". On fera du sur mesure, qu'elles aient un projet d'investissement, de financement, d'immobilier, de conseil… Parallèlement, il y aura des interlocuteurs uniques, de proximité. L'agence régionale sera le vaisseau amiral mais il est hors de question de demander aux chefs d'entreprise de converger vers Nantes. L'idée, c'est que l'on travaille avec les collectivités, les agglomérations, qui ont déjà des services de développement économique. On reprendra partiellement ces développeurs économiques, dont ceux des agences départementales, pour les instituer en têtes de pont." Quelle inflexion sur l'international ? "L'internationalisation est un des talons d'Achille de notre région. On va s'organiser différemment en revitalisant l'export proche. Sur l'export lointain, il faudra être plus sélectif vers les zones à fort potentiel pour mieux préparer les entreprises. Il faudra développer davantage les réseaux que les bureaux, en mettant en œuvre Business France et le réseau international des CCI. Quant à l'innovation, elle reposera sur les grands réseaux dont les pôles de compétitivité, l'IRT Jules Verne mais en facilitant l'accès aux PME. Les priorités seront données à la transition énergétique et au numérique. Parmi les autres leviers, il y a la formation. Je veux des formations courtes, et ajustées aux besoins des entreprises, par bassin d'emplois." Qu'en est-il des grands projets tels que les Technocampus, le bâtiment de CEA Tech, la plateforme Primabor ou encore les PRI ? "Au Mans, le technocampus acoustique se fera. Le CEA Tech se fera, Le technocampus Energie des océans, ça se fera aussi. Quant au réseau des PRI (plateforme régionale d'innovation), celles qui fonctionnent bien seront confortées. Par exemple, Proxinov, sur la robotique à La Roche-sur-Yon, prendra une dimension régionale. Par contre, les PRI qui n'ont rien donné seront supprimées dont certaines dans le tourisme. On garde ce qui marche et on arrête ce qui ne marche pas." Quand prendrez-vous les décisions ? "Rapidement. Nous avons commandé un audit extérieur dont nous aurons les conclusions dans quelques jours. Nous agirons en fonction. Nous avons voulu marquer un temps d'arrêt pour examiner les questions de portage immobilier, qui va utiliser ces plateformes, leur équilibre financier. Il faut aussi des partenariats quand l'argent public est rare. L'esprit de la loi Notre, c'est que région et métropole doivent travailler ensemble. On peut dépasser, sur ces sujets, les clivages politiques. Par ailleurs, est-il normal que la région paie cash toutes les machines et leur entretien ? Non ! On va discuter avec Airbus et les autres. Il est normal que ce soient ceux qui utilisent les machines qui les achètent. On n'est pas dans une économie dirigée. Mais l'impulsion, nous la donnerons. Ce temps de réflexion n'a pas retardé les dossiers. Il se trouve que sur le Technocampus énergies des océans, General Electric n'a plus de besoin urgent car ils ont pu renégocier un bail par ailleurs. Il n'y a pas d'urgence ni de retard." Comment envisagez-vous votre action en matière de capital-investissement ? "Nous avons onze fonds dont trois en période de liquidation. Je suis en train de rencontrer un par un les acteurs du secteur sur la place bancaire nantaise car je veux repositionner ces fonds, là où ils sont nécessaires. Là où le secteur bancaire peut agir, la région n'a pas de légitimité à intervenir. Par contre, nous constatons des carences en amorçage, sur des tickets de 100 à 300 k€." Avez-vous des objectifs chiffrés ? "Il est encore tôt pour les donner. Mais sur la transmission par exemple, où nous créons un fonds qui sera géré par une plateforme d'initiative, on veut doubler le nombre d'entreprises transmises dans le mandat." Avec quels acteurs comptez-vous travailler ? "Tout l'écosystème sera mis à contribution, entre l'IRT Jules Verne, les pôles de compétitivité, Atlanpole, les collectivités… On souhaite, par exemple, fonctionner avec Nantes métropole sur ces sujets-là. Seul le résultat compte. A l'international, chasser en meute, c'est important." Quelle est votre position sur l'actionnariat de STX France ? "Les choses étaient très fluides avec Emmanuel Macron mais lui, et ses conseillers qui connaissaient le dossier, sont désormais partis "en marche". Je vais donc directement à la source. J'ai rencontré plusieurs acteurs potentiels du tour de table, des investisseurs potentiels. Fincantieri n'est pas une solution. Si jamais l'Etat s'imaginait bricoler quelque chose avec ce groupe, cela supposerait que la région s'invite au capital. Il y aurait un certain nombre de précautions à prendre. Je pense qu'il faut un industriel, un investisseur de long terme, qui prenne des engagements sur la pérennité du chantier et les moyens de son développement mais aussi vis-à-vis des équipes de management qui ont remporté toutes ces commandes. Il faut un pivot industriel avec, éventuellement dans un premier temps, des partenaires qui s'agrègent. Mais pour les collectivités, il y a un seuil d'intervention et un processus très contraint. Il ne faut pas laisser penser que lorsqu'il y a une difficulté c'est la région qui peut intervenir même si ce dossier est d'une importance considérable pour notre économie." Source, Lettre API, 20/09/16