ÉDITORIAL
Il y a encore une trentaine d’années, on considé-
rait le départ de la cellule familiale, l’insertion
professionnelle, la création d’une famille comme
les points d’entrée dans l’âge adulte. Les trois se
conjuguaient et rendaient plus clair le seuil du pas-
sage vers l’autonomie. Mais aujourd’hui, du fait des
évolutions de nos sociétés telles que l’allongement
des études, le resserrement du marché de l’emploi,
les conditions d’accès au logement… ces étapes sont
de plus en plus différées et désynchronisées.On peut
être parent tout en étant étudiant, ou être salarié et
vivre chez ses parents…, prolongeant de fait le sta-
tut de jeune et la cohabitation dans la famille.
Ainsi, les transformations structurelles de la société
ont modifié la construction de l’identité sociale des
jeunes qui est dorénavant marquée par une longue
période d’expérimentations. Les jeunes doivent trou-
ver eux-mêmes leur propre voie. La position sociale
n’est plus définie ou acquise par avance et il s’écoule
souvent un certain temps avant qu’il y ait adéquation
entre les ambitions et la réalisation d’un projet de vie.
La famille et l’école sont des lieux essentiels de so-
cialisation qui permettent aux jeunes l’apprentis-
sage des valeurs, rôles et modèles sociaux par les-
quels ils accèdent au monde des adultes. Aujour-
d’hui cependant, la fin des études ne constitue plus
une porte d’entrée sur le marché du travail, l’ob-
Les Cahiers de Profession Banlieue – mars 2005