Le s a c c i d e nt s n o u s p a r l e nt Tension ! Un apprenti électricien entre en contact avec un conducteur électrique. Il raccordait des luminaires à un câble sous tension de 347 volts. Le 12 août 2003, sur la Rive-Sud de Montréal. Un maître électricien et un apprenti électricien de troisième année commencent leur journée de travail. Ils doivent exécuter des travaux pour modifier les circuits électriques d’un local commercial. À l’origine, tout l’étage du bâtiment constituait un seul local de 1340 m2. Mais voilà, le propriétaire a décidé de le reconvertir en plusieurs locaux commerciaux distincts. Des travaux d’électricité sont donc nécessaires. Cette journée-là, les électriciens travaillent dans un local où deux pièces sont séparées par un mur doté d’une fenêtre d’observation à miroir. Chacun s’active de son côté dans les deux pièces. L’apprenti électricien doit raccorder à un même circuit les luminaires déjà débranchés du panneau de distribution électrique d’origine. Il monte dans l’escabeau, dévisse et retire la plaque du point de jonction de la boîte du luminaire de secours. Il sort les joints de raccordement du coffret du luminaire. Il retire le raccord isolé (marette) de la jonction des conducteurs noirs et le dépose sur la boîte du luminaire de secours. De sa main gauche, il amène le câble sous gaine métallique reliant les luminaires, près du point de jonction de la boîte du luminaire de secours. Il s’apprête à le raccorder. C’est alors que sa main droite entre en contact avec l’extrémité dénudée des conducteurs noirs. Ces derniers sortent du luminaire de secours, sous tension de 347 volts. Le courant passe de la main droite à la main gauche, permettant ainsi le 32 Prévention au travail Printemps 2007 passage du courant des conducteurs noirs dénudés à la gaine métallique du câble mis à la terre. L’apprenti mécanicien est électrocuté et tombe. Il a 22 ans… Des accidents de ce genre sont malheureusement trop fréquents et tous pourraient être évités. En 2004, sur un chantier de construction à Québec, un électricien s’apprête à dénuder le conducteur d’un câble sous tension avec sa pince. Lorsque les mâchoires de la pince percent l’isolant et touchent au fil, une décharge électrique fatale traverse le travailleur. En 2005, dans un centre commercial de Montréal, un électricien change, sous tension, le régulateur de puissance d’un boîtier électrique d’éclairage fluorescent alimenté par un circuit de 347 volts. Il est électrisé et tombe de son escabeau d’une hauteur de plus de deux mètres. Il meurt lui aussi… Qu’aurait-il fallu faire ? Le Code canadien de l’électricité est clair : « On ne doit procéder à aucune réparation ou modification d’un appareil sous tension, sauf s’il n’est pas possible de déconnecter complètement cet appareil ». Dans le cas de l’accident survenu sur la Rive-Sud, le luminaire de secours n’a pas été mis hors tension, pas plus que le point de coupure du circuit d’alimentation n’a été cadenassé. Cette mise hors tension aurait fermé tout éclairage dans le nouveau local. Toutefois, quelques-unes des prises de 120 volts étant en parfait état de marche, un éclairage d’appoint aurait permis la mise hors tension du circuit. De plus, le Code canadien de l’électricité stipule qu’« il est interdit de travailler sur un appareil électrique, à moins d’utiliser l’équipement approprié tel que pinces isolantes, gants de caoutchouc, bottes ou bottines, tapis ou tout autre moyen d’isolation approuvé. Cet équipement doit toujours être maintenu en très bon état ». L’apprenti électricien décédé à 22 ans ne portait pas de gants isolants. Une planification des travaux est essentielle. Ainsi, tout le matériel nécessaire, tels que les éclairages d’appoint et les outils de cadenassage seront disponibles et permettront que le travail se fasse sur un circuit hors tension, en toute sécurité. PT Julie Mélançon Notre personne-ressource : André Turcot, ingénieur à la Direction de la prévention-inspection de la CSST. Illustration : Ronald DuRepos Que s’est-il passé ?