3
Les opérateurs de réseaux
dans l'économie numérique
Lignes de force, enjeux et dynamiques
Janvier 2010
1IP signifie Internet Protocol. Il s’agit du standard de codage et de transmission des données sous forme numérique.
Plusieurs évolutions importantes ont marqué les dernières décennies dans le secteur des télécommuni-
cations. Les autorités gouvernementales des pays industrialisés ont décidé d’ouvrir le secteur à la
concurrence. Ce processus d’ouverture à la concurrence a fait évoluer le secteur initialement en mono-
pole naturel vers une industrie oligopolistique. Le processus a d’abord débuté aux Etats-Unis puis s’est
étendu à l’Europe et au Japon. Son rythme et son ampleur a pu différer entre économies développées
mais le processus peut être considéré comme général et abouti.
L’ouverture à la concurrence a débuté aux Etats-Unis. En 1982, les tribunaux américains décident du
démembrement de l’ancien monopole, American Telephone and Telegraph (AT&T), et de la création de
sept compagnies nationales exploitant les réseaux locaux. Au Royaume-Uni, les parlementaires décident
en 1982 de l’entrée d’un second opérateur de réseaux et en 1984, le gouvernement choisit aussi de
privatiser l’opérateur historique British Telecom. Au Japon, l’année 1985 voit l’entrée sur le marché de
plusieurs concurrents ainsi que la privatisation du monopole d’exploitation national de réseaux Nippon
Telegraph and Telecommunications (NTT). En France, la loi du 26 juillet 1996, en application des direc-
tives européennes, ouvre le secteur de la téléphonie fixe à une concurrence totale, effective depuis le
1er janvier 1998. Le marché français de la téléphonie mobile est quant à lui concurrentiel dès son ouver-
ture en 1992.
Parallèlement à l’ouverture à la concurrence, la numérisation des communications et l’utilisation généra-
lisée de la norme IP1ont occasionné de profondes modifications dans l’industrie des télécommunications
mais également dans d’autres industries, celle des médias et celle de l’informatique, créant un phéno-
mène de convergence numérique entre plusieurs secteurs. Ces mutations ne sont pas neutres vis-à-vis
de la dynamique économique globale et correspondent à des enjeux conséquents en termes d’évolu-
tion des habitudes de consommations, de création et de destruction de valeur et d’investissement.Le
chiffre d’affaires agrégé du secteur des télécommunications pour les pays de l’OCDE est en effet passé
de 400 à 1 000 milliards de dollars entre 1991 et 2005 (soit un taux de croissance annuel moyen de 6,8%).