
Il est coutumier, quoique paradoxal,
De mettre au manuscrit sa touche finale,
Une digression se résumant à « merci »
Déposé en première page, soit ici,
Peut-être avant le découragement prévu
Du lecteur averti tout autant qu’impromptu.
Malgré l’envie, la raison borne la verve
Et ces pages paraissent bien dérisoires
Face aux remerciements requis pour avoir,
Au long de tant d’années, taquiné Minerve.
Aussi implorerais-je mansuétude
De ceux que ma regrettable inconséquence
Autant que les détestables contingences
Priveront de ma profonde gratitude.
…
L’émotion de l’instant, les humeurs gastriques,
De la reconnaissance due aux érudits
Ayant patiemment déconstruit mes écrits,
Ont abrégé l’expression : un coup de trique,
De l’affront je vais offrir réparation.
Anticipant le très gênant déraillage
Du prétendu prestigieux présidentiable,
Stéphane, de son brio inénarrable
A porté au silicium l’œil du sage.
Assumant au vol le poste laissé vacant,
François fût au formel un oiseau rieur.
Déroutantes, ces facéties n’eurent pas l’heur
D’adoucir ses commentaires percutants.
Supportant l’envol des condensateurs flottants
Malgré un nom aussi précis qu’un soir d’août
Thierry pointa imperturbablement toutes
Les faiblesses d’un édifice ballottant.
Une paire de Philippe, venue du Nord,
-l’un friand comme moi des longues ascensions,
Et l’autre, pragmatique, assurant dès lors
La stabilité stricte de la construction-
Associés au maître d’œuvres résonantes,
Jean-Paul, la gentillesse simple des sages,
Éclairant d’une manière étonnante
Mes zones d’ombre remisées à l’étage ;
Réunis grâce à l’architecte des cimes,
Alain, prosélyte des mousses amères ;
Et malgré des moyens que le budget décime
Ont maturé l’élixir, ma chope à la mer.
Parfois le silence est d’or, et c’est ainsi
Qu’à ce jury qui m’honore, je dis merci.
Du bureau à l’intime, traditionnellement,
S’acheminent d’honorables remerciements.
À tout le moins, l’usage de l’alexandrin
Se prête plus au rigoureux conformisme
Qu’un prêtre béat au vigoureux catéchisme.
Alors je dis aux ventripotents malandrins :
N’ayons pas honte, aux pots joyeux et conviviaux,
Discutons notre saoul, remplissons nos boyaux,
Mais n’oublions jamais, lorsque vient notre tour,
Qu’il s’agit bien moins de donner que de rendre !
Toi, le don, Jean, tu le pratiques en vautour,
Récurant ce qui pourrait encore t’apprendre
Pour n’offrir qu’aux chanceux, avec parcimonie,
Quelques connaissances, et sans cérémonie.
D’inspiration, au moins, je n’en fus pas court,
Partageant mon labeur avec Éric le fantasque,
« Zikos » radical dont l’humour salace accourt ;
Estéban, vélocipède, mais sans casque,
Esthétique truffé à l’assaut du monde ;
Benoit, génial petit barbu sympathique,
Aux passions obscures et nymphormatiques ;
Et Sergio, chauffeur de belles carrosseries
Autant que videur assidu de calories.
Je voudrais remercier chaudement Rémi,
Qui trouva goût, patience et intelligence
Pour comprendre, amender cet embrouillamini,
Et parfois, défier ce que nature agence.
Une pudeur congénitale me saisit
Et limitera drastiquement l’intime,
Qui devrait indisposer tout lecteur transi
A l’idée d’aborder le laborieux abîme …
Néanmoins, il me faut noter la confiance
Incroyable qu’à l’époque des premiers émois
Mon papa a mis à l’intérieur de moi,
Malgré des actes suscitant la défiance.
Et quand je doute, il me suffit d’observer
Mon reflet honorable dans tes yeux, Maman,
Pour redevenir petit garçon, humblement.
Pour finir, ma douce moitié, tout en beauté,
T’attendant correctrice, tu fus amatrice,
Dévoilant une énième de tes qualités :
La volonté de ne pas rester spectatrice.
…
Trahissant ma prétentieuse médiocrité,
J’espère votre pitié pour ce pastiche,
Pour ces vers à l’étonnante plasticité,
Et l’absence de césure à l’hémistiche !
tel-00651973, version 1 - 14 Dec 2011