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Introduction
L’évidence de l’existence de changements climatiques est devenue de plus en plus certaine à
mesure que les rapports du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat
(GIEC, voir liste des sigles p. 73) proposaient des analyses de l’évolution climatique globale
au cours des dernières années (1990, 1995, 2001 et 2007).
Il est maintenant largement admis que le réchauffement actuel est dû à la combinaison d’une
fluctuation naturelle du climat et à un forçage radiatif lié aux activités humaines. Ces
changements du climat global ont déjà et auront encore des conséquences sur les écosystèmes
océaniques et terrestres et des impacts sur les activités humaines.
Toutes les régions ne seront pas touchées de la même manière par les changements
climatiques. En Europe, les chaînes de montagne et les espaces côtiers sont parmi les
territoires les plus vulnérables aux changements climatiques. De nombreux systèmes et
processus naturels (écosystèmes, régime hydrologiques, processus d’érosion, etc.) sont
fortement liés à la température et à son évolution. La position en altitude des isothermes est
par exemple cruciale pour la distribution des espèces, la localisation des glaciers (via leur ligne
d’équilibre), l’extension et la durée de la couverture neigeuse.
De faibles changements dans les moyennes annuelles de température peuvent masquer des
changements importants à des pas de temps plus fins (horaires, journaliers voir même
mensuels) qui sont pertinents pour le déclenchement d’aléas naturels, la dégradation du
permafrost et bien d’autres évolutions. Un nombre croissant de recul de glaciers, de fonte du
permafrost et de diminution de la couverture neigeuse a été observé dans bien des massifs
montagneux et plus spécialement dans les Alpes européennes. Ces évidences du changement
climatique ont tendance à se multiplier de plus en plus rapidement.
Les sociétés montagnardes, qui doivent déjà faire face à des difficultés émanant de mutations
internes et externes, devront dans le futur faire également face à une vulnérabilité climatique1
de plus en plus contraignante. Les conséquences du changement climatique dans les Alpes
vont également avoir des impacts sur les activités socio-économiques en aval qui dépendent
notamment des importantes ressources d’eau stockées dans les montagnes.
La compréhension des impacts du changement climatique est indissociable du concept
d’incertitude. L’origine de l’incertitude est variée : elle peut être liée à l’observation, à la
modélisation, ou encore à la compréhension de la sensibilité climatique des systèmes naturels
considérés.
D’une manière générale, notre compréhension des impacts décroît avec l’augmentation du
nombre de paramètres à intégrer dans l’analyse des impacts (comme cela a été développé par
Jones [2000] pour les incertitudes liées aux projections climatiques, cf. fig. 1). Les incertitudes
sont parfois très élevées et il est important de bien les identifier.
1 La vulnérabilité au changement climatique est définie par le GIEC comme « le degré par lequel un système
risque de subir ou d’être affecté négativement par les effets néfastes des changements climatiques, y compris la
variabilité climatique et les phénomènes extrêmes. La vulnérabilité dépend du caractère, de l’ampleur, et du
rythme des changements climatiques auxquels un système est exposé, ainsi que sa sensibilité et sa capacité
d’adaptation », in Stratégie nationale d’adaptation au changement climatique, 2006.