inférieure àl’héritabilitétotale. Ainsi, une forte héritabiliténe signifie pas
forcément qu’un gène candidat (actuellement étudié) ait un poids considéra-
ble. Par exemple, l’anorexie mentale a une héritabilitéestimée autour de
70 %, mais l’allèle de vulnérabilitéle plus impliquéàl’heure actuelle n’aug-
mente le risque d’anorexie mentale que de 1,8 (risque relatif). L’héritabilité
doit donc plutôtêtre considérée comme le seuil maximal de ce que la généti-
que peut apporter plutôt que la portéeàvenir des gènes candidats analysés.
Les études d’agrégation familiale, de jumeaux et d’adoption permettent de
repérer le poids des facteurs «génétiques »,«familiaux »et «environnemen-
taux »avec une assez bonne précision. Néanmoins, cette séparation artifi-
cielle ne correspond pas àune séparation aussi claire dans la réalité. En effet, si
la définition des facteurs génétiques est intuitivement aisée (ressemblance
entre apparentés due àl’importance des facteurs génétiques en commun), cela
est plus complexe pour les facteurs familiaux et environnementaux. De fait,
les facteurs familiaux correspondent aux facteurs partagés dans la même
cellule familiale éducative des apparentésétudiés. Il s’agit donc plutôtde
facteurs dits «partagés». Par exemple, le milieu socioprofessionnel est un
facteur familial partagé,demême que le fait d’être élevédans une famille
monoparentale, d’avoir un parent atteint de telle ou telle pathologie. Pour les
facteurs environnementaux, il s’agit des facteurs «spécifiques »àl’individu.
Cela comprend les événements de vie spécifiques àun individu et vécus en
dehors de la cellule familiale, la relation avec des pairs..., mais aussi les
interactions familiales spécifiques avec l’un de ses deux parents.
Ce que l’on peut attendre de la recherche en génétique pour la pédopsychia-
trie est de quatre ordres :
•une aide àla compréhension des facteurs non génétiques. En effet, mieux
comprendre le rôle des facteurs génétiques facilite la compréhension du rôle
des autres facteurs, familiaux et environnementaux. Les études portant sur les
interactions gènes-environnement débutent d’ailleurs dans différentes patho-
logies avec des résultats particulièrement intéressants ;
•des modèles intégratifs des troubles mentaux chez l’enfant seront vraisem-
blablement proposésàpartir d’une meilleure connaissance des différents gènes
impliqués. En cela, une vision plus complexe et dynamique des facteurs
étiopathologiques des maladies mentales de l’enfant amènera probablement à
abandonner des explications simplistes actuellement proposées ;
•de manière plus pragmatique, la révélation de gènes impliqués donne sur-
tout l’occasion de repérer quelles sont les protéines déficientes impliquées, et
donc d’envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques jusque-làignorées.
Loin du fantasme de la «thérapie génique », le but est surtout de connaître
quels sont les gènes mutés, donc les protéines déficientes, et par conséquent
cibler une aide thérapeutique spécifique àl’individu (en fonction de son
patrimoine génétique) ;
•enfin, et cela intéressera spécifiquement le clinicien, il est vraisemblable
que la nosologie actuellement proposée soit refondée suite àla connaissance
Troubles mentaux − Dépistage et prévention chez l’enfant et l’adolescent
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