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INTRODUCTION
Un médecin fait-il le bien ? Bien soigner, est-ce faire du bien ? Que signifie être un
bon médecin ? Quel est le bien visé par l’acte médical ? Le médecin doit-il faire des choix en
son âme et conscience ou bien, au contraire, mettre à distance ses propres valeurs ? Qui peut
et qui doit évaluer l’aspect éthique du soin ? D’après quelles normes ? On parle d’éthique, de
morale, d’éthique médicale, de bioéthique, de déontologie : ces termes recouvrent-ils tous la
même chose ? Comment comprendre le passage contemporain d’une déontologie médicale
traditionnelle, confiant le pouvoir de décision au seul médecin, à une éthique fondée sur le
principe du respect des personnes et de leur autonomie ?
Ces questions, médecins et soignants les rencontrent dès lors qu’ils s’interrogent, ou
sont interrogés sur la justification de leurs actes, vis-à-vis de leur conscience, d’autrui et de la
société. Cette double interrogation construit l’éthique médicale.
La pratique médicale touche en effet une réalité plus complexe que l’objet biologique,
à savoir le sujet lui-même, l’individu, la personne d’autrui. Elle s’enracine dans une rencontre
qui met en jeu la propre subjectivité du médecin et qui renvoie à la fois à des devoirs (soigner,
respecter, informer) et à des droits (être soigné, être respecté, être informé, rester libre face
aux propositions de soins, d’informations ou de recherche).
L’éthique médicale expose au grand jour les problèmes humains qui structurent la
pratique médicale dans le but d’une clairvoyance, d’un choix avisé, d’une responsabilité
connue et assumée. Elle n’est pas une sorte de supplément d’âme ou d’humanisme qui serait
facultatif à partir du moment où le médecin connaîtrait bien son métier au plan technique. Elle
n’est pas davantage un moment exceptionnel qui ne surgirait que face à des dilemmes, des
situations extrêmes. La médecine implique l’éthique comme l’une de ses dimensions
structurantes. D’une part, le médecin rencontre dans son exercice quotidien des personnes,
d’autre part, la nature prescriptive de l’art médical en fait un métier de jugements et
d’évaluations mettant en jeu des questions existentielles, intimes, morales, mais aussi sociales,
juridiques, philosophiques, voire politiques.
L’éthique ne peut donc se dissocier de la médecine sans que cette dernière ne perde
son sens premier de soin d’autrui. Rencontres entre individus, rendus nécessaires par une
souffrance ou une inquiétude qui trouble l’existence et qui, par là, sont irréductibles à un
problème corporel, la pratique médicale fait constamment ressurgir la dimension éthique. Le
centre de gravité de l’éthique médicale et le rappel constant de l’exigence inhérente à la
relation du soin : respecter de bout en bout la personne humaine.
SIME/AV/Coursp/PCEM2/Ethique et Déontologie.doc