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Faculté de Médecine de Limoges
ETHIQUE MEDICALE
HISTOIRE DE L’ETHIQUE
ET LA BIOETHIQUE
Pr A. Vergnenègre
PCEM2
2010-2011
PLAN
Chapitre 1 : Histoire de l’éthique et de la Bioéthique 1
Chapitre 2 : Les droits du patient – Le secret médical 23
1
HISTOIRE DE L’ETHIQUE
ET DE LA BIOETHIQUE
SIME/AV/Coursp/PCEM2/Ethique et Déontologie.doc
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INTRODUCTION
Un médecin fait-il le bien ? Bien soigner, est-ce faire du bien ? Que signifie être un
bon médecin ? Quel est le bien visé par l’acte médical ? Le médecin doit-il faire des choix en
son âme et conscience ou bien, au contraire, mettre à distance ses propres valeurs ? Qui peut
et qui doit évaluer l’aspect éthique du soin ? D’après quelles normes ? On parle d’éthique, de
morale, d’éthique médicale, de bioéthique, de déontologie : ces termes recouvrent-ils tous la
même chose ? Comment comprendre le passage contemporain d’une déontologie médicale
traditionnelle, confiant le pouvoir de décision au seul médecin, à une éthique fondée sur le
principe du respect des personnes et de leur autonomie ?
Ces questions, médecins et soignants les rencontrent dès lors qu’ils s’interrogent, ou
sont interrogés sur la justification de leurs actes, vis-à-vis de leur conscience, d’autrui et de la
société. Cette double interrogation construit l’éthique médicale.
La pratique médicale touche en effet une réalité plus complexe que l’objet biologique,
à savoir le sujet lui-même, l’individu, la personne d’autrui. Elle s’enracine dans une rencontre
qui met en jeu la propre subjectivité du médecin et qui renvoie à la fois à des devoirs (soigner,
respecter, informer) et à des droits (être soigné, être respecté, être informé, rester libre face
aux propositions de soins, d’informations ou de recherche).
L’éthique médicale expose au grand jour les problèmes humains qui structurent la
pratique médicale dans le but d’une clairvoyance, d’un choix avisé, d’une responsabilité
connue et assumée. Elle n’est pas une sorte de supplément d’âme ou d’humanisme qui serait
facultatif à partir du moment où le médecin connaîtrait bien son métier au plan technique. Elle
n’est pas davantage un moment exceptionnel qui ne surgirait que face à des dilemmes, des
situations extrêmes. La médecine implique l’éthique comme l’une de ses dimensions
structurantes. D’une part, le médecin rencontre dans son exercice quotidien des personnes,
d’autre part, la nature prescriptive de l’art médical en fait un métier de jugements et
d’évaluations mettant en jeu des questions existentielles, intimes, morales, mais aussi sociales,
juridiques, philosophiques, voire politiques.
L’éthique ne peut donc se dissocier de la médecine sans que cette dernière ne perde
son sens premier de soin d’autrui. Rencontres entre individus, rendus nécessaires par une
souffrance ou une inquiétude qui trouble l’existence et qui, par là, sont irréductibles à un
problème corporel, la pratique médicale fait constamment ressurgir la dimension éthique. Le
centre de gravité de l’éthique médicale et le rappel constant de l’exigence inhérente à la
relation du soin : respecter de bout en bout la personne humaine.
SIME/AV/Coursp/PCEM2/Ethique et Déontologie.doc
3
I- ETHIQUE ET MORALE
Si « éthique » est devenu un terme plus volontiers employé que « morale », cela
traduit d’abord la perception et l’exigence d’un renouvellement. Il ne s’agit pas tant d’un
retour à la morale, que de définir une nouvelle attitude face aux valeurs et face à la morale
elle-même. La distinction des deux termes n’est pas artificielle.
Parler « d’éthique médicale » n’est pas dire la même chose que « morale médicale »,
expression courante au XIX siècle et jusque dans les années 50. Qu’entend-on dans morale
que l’usage contemporain du terme éthique tend à mettre à distance ? Sans doute pour
l’essentiel un rapport de confiance à des valeurs indiscutables et suffisantes aux yeux de la
société.
Le terme « morale » semble renvoyer à un passé désuet, à des conduites figées dont on
veut se désolidariser pour faire valoir de nouvelles préoccupations, éthique suggérant que des
exigences inédites se font au jour. Ainsi l’éthique de la recherche entend mettre fin à des
expérimentations criminelles et l’éthique médicale vise à promouvoir un meilleur respect des
patients comme individus et comme citoyens, membres solidaires d’une même société.
Si l’on se réfère à l’étymologie, « éthique et morale » signifient tous les deux, la vie
conforme aux usages et aux mœurs dominantes. En effet, le terme « morale » traduit en latin
les mots grecs ethos, les mœurs, l’état habituel et ethos le caractère. Les deux sens grecs
s’articulent : les mœurs produisent le caractère de l’individu. Le terme « morale » envoie ainsi
aux coutumes et aux jugements moraux qui règlent la vie commune des hommes. Il existe de
fait un milieu moral, une sphère de prescriptions et d’interdits qui sont comme l’élément de
moralité dans lequel nous évoluons.
Bien sûr la morale, elle-même questionne, doute, ne peut jamais complètement se
réduire à des normes et à des valeurs indiscutables. L’éthique n’est pas tant une science
normative qu’une morale en mouvements : s’interroger sur la valeur de la valeur et sur le sens
des actes possibles, ce n’est que rouvrir la morale à elle-même, passer de la valeur à
l’évaluation. Le trait le plus fondamental de l’éthique est l’appel à la raison comme exigence
de valeur explicitée, argumentée et partageable. La discussion éthique substitue une recherche
rationnelle commune à l’arbitraire possible, d’un point de vue particulier, dans la mesure où
cet arbitraire peut-être synonyme d’une contrainte exercée sur autrui.
A- La déontologie médicale et son ambiguïté éthique
La déontologie désigne l’ensemble des devoirs que se reconnaît une profession. C’est
le code de conduite qui fixe, dans un texte, mais aussi dans un éthos professionnel non écrit,
SIME/AV/Coursp/PCEM2/Ethique et Déontologie.doc
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