Lien67-N°11-Septembre2008 3
no s p e i n e s
Mon ami Othon DAHL
(1934-2008)
par Louis MORGAT
Jeudi 14 février, notre ami Othon
DAHL nous a quitté à l’âge de 74
ans.
Souvenons-nous.
Othon Dahl était le ls d’un jeune
militant chrétien du Palatinat ayant
quitté le Reich en 1933 à cause du
nouveau régime pour s’installer dans
le nord de l’Alsace. Ce qui se passa
en 1939-45, était dur à vivre pour ce
père et pour sa famille (arrestation
par les Français en 1939, par les Alle-
mands en 1941, Stalingrad).
Othon, né en 1934, fut donc of-
cier de réserve dans l’Armée fran-
çaise : major d’une promotion de…
800 élèves-ofciers environ. Pendant
la guerre d’Algérie, il fut affecté à
l’Ecole d’Enseignement Technique
installée à Issoire (Puy de Dôme) au
prot de jeunes Algériens sélection-
nés. Il faut préciser qu’il était ensei-
gnant et qu’il deviendra le directeur
adjoint du collège de Woerth.
Il se rendait en mission en Algé-
rie (en principe tous les deux mois)
pendant une à deux semaines pour
«jauger» les garçons, entre 12 et 15
ans, présélectionnés par des ofciers
des S.A.S. Conduit par un chauffeur,
avec leur seul armement individuel,
sans autre protection ni accompagna-
teurs, il parcourait le pays (quartiers
musulmans des villes, plaines, dje-
bels) pour aller vers les SAS (Sections
Administratives Spécialisées). Othon
Dahl poussait plus loin la sélection
initiale opérée par ces sections sous
la direction de leur capitaine ou de
leur lieutenant (des ofciers d’élite
souvent en danger) et il dressait la
liste dénitive des futurs élèves d’Is-
soire.
Ces missions «diront quelque
chose» à ceux qui se sont parfois
trouvés isolés dans quelque endroit
«sensible» de l’autre côté de la Mé-
diterranée... Éventualité : mine, ra-
fale. Othon parlait peu de ces «raids»
à deux. Je tiens à en sauvegarder
une trace.
Othon Dahl fut donc Maire après
avoir été Adjoint à son prédécesseur
(1971-1977). Un maire remarquable.
Quand je s sa connaissance, en dé-
cembre 1983, pour effectuer ma 2e
enquête publique, j’ai découvert un
homme volontaire, sympathique com-
pétent et dévoué, ayant préparé un
dossier parfait (projet de construc-
tion d’une caserne de pompiers et
d’une station de bus à Woerth). Ra-
rement, au cours des 77 enquêtes
suivantes, je devais trouver une telle
perfection. A la n de la 5e et der-
nière séance, j’eus droit à une visite
du Musée et à une reconnaissance
sur la colline en haut de laquelle le
Kronprinz Frédéric de Prusse donnait
ses ordres, le 6 août 1870.
En 1995, je savais à quoi m’en
tenir sur la qualité du guide-histo-
rien quand j’ai proposé la visite de
ce champ de bataille à l’occasion de
la venue en Alsace de nos camarades
varois, l’année suivante.
Othon a déployé une activité
débordante au service de ses conci-
toyens et de ses camarades :
- Délégué général adjoint du Sou-
venir Français du département du
Bas-Rhin : ses conseils ont tou-
jours été appréciés et jusqu’à son
dernier soufe il est resté sou-
cieux de l’avenir du Souvenir Fran-
çais voyant l’érosion des effectifs
et malheureusement le désintérêt
des jeunes pour les missions de
notre Association. C’était un plai-
sir de le retrouver dans les congrès
et autres réunions.
Naturellement de nombreux
membres de cette association,
dont la Déléguée générale,
Madame Hincker, et des présidents
de comité étaient présents aux
obsèques.
Entre autres, il avait été :
- Président fondateur du S.I.V.O.M.
de la Haute Vallée de la Sauer,
- Président de l’Institution «Le Lieb-
frauenberg», un lieu de conférence
et de séjour avec méditation (ver-
sion protestante du Saint-Odile),
- Membre fondateur de l’A.O.R. de
Haguenau-Wissembourg.
Modeste, il ne recherchait pas les
honneurs. En récompense de tout ce
qu’il a fait en Alsace, à Issoire, en
Algérie, dans l’enseignement et les
réserves il n’était …que chevalier de
l’Ordre National du Mérite et, cela de-
puis 2004 seulement sur demande de
camarades et amis motivés.
L’église protestante de Woerth
était déjà pleine, le 14 février, plus
d’une demi-heure avant le début
de l’ofce de «La Remise à Dieu».
Derrière sa chère épouse Alice, ses
enfants et petits-enfants : des maires,
des élus, des professeurs et autres
enseignants, des ofciers et des sous-
ofciers de réserve ou en retraite,
la Délégation départementale du
Souvenir Français (dont les colonels
Schenk et Durupt, anciens délégués),
de nombreux habitants de Woerth et
surtout des dizaines d’anciens élèves
d’Othon Dahl, certains avec les yeux
humides.
Othon avait demandé qu’aucune
intervention élogieuse ne soit pro-
noncée. Le faire-part portait un pe-
tit texte du pasteur martyr Dietrich
Bonhoeffer. La cérémonie fut célé-
brée dans un grand recueillement
par Madame le Pasteur, de Woerth,
Adrienne Robivelo, originaire de Ma-
dagascar, ancienne étudiante de la
Faculté de Théologie de Strasbourg
(avec une année à Göttingen), donc
parfaitement bilingue.
Un être d’une qualité exception-
nelle vient de nous quitter. Il croyait
au Ciel. Alors il nous observe, de
là où il est, avec son sourire bien-
veillant. «Ordne unsern Gang, Jesu,
lebenslang» et «Prends ma main dans
la tienne»…