ENTRE ENFANCE ET ÉDUCATION:
RÉFLEXIONS SUR UNE POÉTIQUE DU COMMENCEMENT
SOFPHIED
Colloque International
Repenser l'enfance? Une question philosophique. Une question à la philosophie
26-27 juin 2009
Paris
Fernando Bárcena
Profesor titular de filosofía de la educación
Universidad Complutense de Madrid
RÉSUMÉ:
Ce texte est une tentative de penser la relation entre «experience» et «éducation»
a partir de la notion de natalité arendtienne.
La philosophie de la natalité arendtienne peut donc faire penser l’éducation
comme nouveauté, pluralité et liberté, et en ce sens, elle y introduit une dimension
poétique-politique. Elle est poétique, parce que la natalité est l’expérience du
commencement et le commencement fait partie de notre condition poétique d’infans : ce
qui surgit de façon intempestive comme un nouveau sens. La faculté du commencement
évoque l’“infans”, qui est “celui qui ne parle pas.” Si elle est pensée dans sa relation
avec cette enfance, l’éducation est l’expérience d’un apprentissage de la parole. Et elle
est politique, parce que ce qui est politique appelle une rupture, une fissure, ou une
fracture qui est une rupture avec un ensemble de relations établies au préalable.
Cependant, il faut rappeler ici quelque chose de fondamental. A chaque fois qu’on parle
de mettre l’enfance au centre du système - comme le discours pédagogique officiel
répète inlassablement- en réalité ce n’est pas de l’enfance qu’on parle. Il semble plutôt
qu’il s’agisse d’un “enfant–personne”, d’un “enfant citoyen” implicitement défini en
termes de nos représentations adultes de l’enfance. Le message qu est transmis semble
clair: promouvoir le développement et les soins aux enfants en tant que futurs acteurs de
la démocratie. Ici, le modèle est le monde adulte, la communauté politique (et
démocratique) qui forme le monde adulte, le monde de ce qui est déjà supposément
formé. Et pourtant, comme le disait Arendt, paradoxalement, l’éducation se situe avant
l’action politique qui se constitue comme une praxis adulte. Les valeurs qui doivent
régir le processus éducatif sont différentes de celles qui composent la vie politique.
C’est pourquoi, nous avons devant nous trois possibilités. Tout d’abord, penser
l’enfance à partir de catégories élaborées à partir du monde adulte - qu’on suppose déjà
formé-, en plaçant au centre du fait pédagogique, une idée du temps de l’enfance qui n’a
pas de sens ni de valeur en lui-même. En deuxième lieu, nous pouvons penser le monde
de l’enfance comme une société alternative au monde adulte, comme une société
complète, autonome et différenciée de celle de l’adulte, ce qui a peut-être pour effet un
manque total de communication entre l’adulte et l’enfant. Et en troisième lieu nous
pouvons adopter une voie alternative, qui adopte une double stratégie. Il s’agit, d’une
part, de problématiser notre idée de l’enfance -en apprenant à déconstruire les catégories
avec lesquelles nous pensons l’enfance comme temps propédeutique pour autre chose-