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Hans Küng
de netteté dans le panneau de la
Règle d’or. On voit ici, dans des écri-
tures et sous des formulations diffé-
rentes, une norme semblable que
Confucius énonce déjà 500 ans avant
Jésus-Christ et qui devrait valoir non
seulement entre personnes isolées,
mais aussi entre groupements, entre
nations, ethnies et religions.
La Règle d’or est, en fait, une précision
du principe d’humanité, encore plus
fondamental qu’ont revendiqué de
tous temps les grands humanistes –
d’Emmanuel Kant jusqu’à Martin
Luther King, Nelson Mandela et Yehudi
Menuhin en passant par Henry
Dunant, Voltaire, Thomas Mann,
Hannah Arendt et Albert Schweitzer:
«Tout être humain – homme ou
femme, noir ou blanc, riche ou pauvre,
jeune ou vieux – doit être traité
humainement, et non de façon inhu-
maine ou bestiale.» Cette exigence est
fondée sur ce qui constitue réellement
l’élément commun à tout être humain,
à savoir le fait d’être humain; c’est en
même temps l’inaliénable dignité
humaine qui lui est inhérente et fonde
du même coup les droits humains.
Les quatre derniers panneaux dé-
veloppent et concrétisent ces deux
principes éthiques fondamentaux; ils
les traduisent en termes de notre épo-
que, de concert avec les quatre grands
commandements éthiques propres à
toutes les religions, tels que les for-
mule la Déclaration de Chicago. Il ap-
paraît clairement qu’ils n’ont rien de
fortuit, mais sont ordonnés aux domai-
nes décisifs de la vie et de la société
humaines.
L’éthique planétaire – tel est le fil
rouge, le dénominateur commun qui
donne à notre exposition son unité
thématique. A l’aide de ces douze ta-
bleaux, quiconque visite notre exposi-
tion peut discerner ce qui fait partie
de l’héritage éthique de l’humanité;
cela inclut aussi bien l’éthique huma-
niste des traditions séculières que
l’éthique des traditions religieuses.
La paix du monde ne sera promue que
grâce à une coalition d’hommes et de
femmes qu’inspire une préoccupation
éthique, que ce soit sur une base reli-
gieuse ou laïque.
L’éthique planétaire dans la
vie pratique: la Fondation
Ethique planétaire
La Fondation Ethique planétaire doit sa
création en 1995 au comte Karl Konrad
von der Groeben qui prit la décision,
après avoir lu le livre Projet d’éthique
planétaire, d’engager une somme
considérable pour la diffusion de l’idée
d’une éthique planétaire. Grâce aux re-
venus du capital de la Fondation, le
travail d’une petite équipe de cher-
cheurs œuvrant sous ma direction est
assuré pour une longue durée. Le tra-
vail trouve sa base et son programme
dans la Déclaration du Parlement des
religions du monde.
La Fondation est engagée dans trois
domaines:
1. Réalisation et promotion de la
recherche interculturelle et inter-
religieuse:
◗
Recherche de base en théologie et
en sciences des religions, notamment
par la publication et la diffusion
d’ouvrages scientifiques (livres, arti-
cles) en vue d’une meilleure com-
préhension interculturelle et inter-
religieuse.
2. Engagement dans un travail de
formation interculturelle et inter-
religieuse:
◗
Activités formatrices – enseigne-
ment, conférences – visant la diffusion
des résultats des travaux de recherche,
et en particulier de l’idée même d’une
éthique commune à toute l’humanité;
diffusion au niveau national et interna-
tional dans les universités populaires,
les académies, les écoles, les collèges,
les groupements, les partis et les asso-
ciations en tous genres.
◗
Formation de personnes intéressées
par des rencontres, des conférences et
des exposés, des séminaires et des
ateliers, en vue d’un approfondisse-
ment du thème de l’éthique planétaire.
◗
Prestations pour le grand public, au
service d’une éthique planétaire, à
l’aide des médias (articles de jour-
naux, interviews, radio et TV).
◗
Production de moyens audio-
visuels, p. ex.: le projet multimédia
«Sur les traces des religions» (en
allemand: Spurensuche). Les religions
du monde en route» – comprenant
sept films vidéo, un livre explicatif et
un CD-ROM, ainsi que l‘exposition
«Religions du monde – Paix mondiale
– Ethique planétaire».
3. Réalisation et soutien des
rencontres interculturelles et
interreligieuses
◗
Initiatives dans les domaines social,
politique et culturel, favorisant l’en-
tente entre les peuples (par exemple:
établir des mesures visant à dévelop-
per la confiance entre différentes reli-
gions).
◗
Rencontre entre représentants de
différentes cultures et de différentes
religions (colloques, voyages d’étude,
congrès).
◗
Développement du réseau de rela-
tions déjà établi.
◗
Accès aux documents-clés et à la
littérature sur Internet:
site général www.weltethos.org
et site pour l’éducation
www.schule-weltethos.de
Depuis sa création en 1995, l’activité
de la Fondation s’est étendue dans
différents domaines de la société. Elle
suscite un vif intérêt, jusque dans les
milieux de l’ONU. D’autres fondations
d’éthique planétaire ont vu le jour
en Suisse en 1996, en République
tchèque en 1999, aux Pays-Bas en
2000, à quoi s’ajoute, en 2001, une
«Initiative Ethique planétaire» en
Autriche. L’écho positif que rencon-
trent les activités de la Fondation
montre qu’elle s’est attelée à une
tâche urgente: fournir un fondement
éthique à la mondialisation.