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V
LE ERBE
ESSAI
Marc D’AIGLEMONT
V
AVANT PROPOS
La graphie du titre l’indique, le verbe en question s’écrit avec la minuscule du
verbe linguistique ou la majuscule du Verbe théologique. Le pot de terre se me-
sure-t-il au pot de fer ? C’est précisément le sujet de l’ouvrage. Existe-t-il un lien
ou une ressemblance quelconque entre ces deux verbes ? Cette question
d’ontologie grammaticale s’appuie sur un préliminaire théorique incontournable
qui pourra surprendre ou rebuter. En pratique, l’évidence des principes qui y sont
exposés n’apparaîtra vraiment qu’au moment de leur application dans la gram-
maire du verbe. Mais cette grammaire ne ressemble à aucune autre. Il faut la lire
intégralement pour comprendre le cheminement d’une argumentation qui se ter-
mine par une conclusion. Il est inutile de la consulter à partir de son index, selon
l’usage habituel que l’on fait d’une grammaire, elle serait incompréhensible.
Compte tenu de l’espace nécessairement restreint du livre, cette grammaire n’est
pas exhaustive, elle se limite au verbe vu dans l’optique du Verbe. Cette restric-
tion n’a pas empêcque la grammaire soit revue et réaménagée à la lumière des
principes qui sont proposés. Cet ajustement devait être aussi l’occasion d’un
toilettage. Certaines définitions ne conviennent pas. Celle de « l’indicatif » par
exemple, qui ne veut rien dire en soi ; mais aussi celle du « participe » qui n’est ni
présent ni passé ; de « l’apposition » qui n’est pas une fonction mais une position
du mot ; du « déterminant » qui ne détermine pas plus que d’autres mots ; de la
« voix passive » qui n’est pas l’on croit, etc. Ces modifications et quelques
autres mises à part, on retrouvera la physionomie de la grammaire traditionnelle,
assortie de quelques retouches au niveau du classement des formes et des fonc-
tions grammaticales.
L’ouvrage est conçu de telle façon que les chapitres s’appellent en écho dans
deux livres qui se répondent. Ces « répétitions », sont voulues, elles étaient néces-
saires à l’explication progressive, laborieuse et répétée, de notions trop vastes
pour être appréhendées en une seule fois sans risque d’indigestion.
L’agencement « scalaire », pour ne pas dire « scolaire », du plan de l’expo
pourra surprendre ou lasser, il est, lui aussi voulu, pour deux raisons. L’étendue
du sujet exigeait d’abord que chaque notion nouvelle fût traitée dans « l’ordre ».
Il fallait ensuite que « l’harmonie » de cette grammaire s’accordât avec la théorie
dont elle s’inspire, le lecteur appréciera.
L’univers du Verbe
4
Le vocabulaire pourra déplaire, il y a quelques mots nouveaux ou même des mots
connus comme le « prénom » qui sont employés avec un sens étymologique inha-
bituel, leur définition figure d’ailleurs dans le glossaire. C’est qu’il n’est pas de
théorie sans terminologie adaptée. Cet essai emprunte au langage des philosophes
et des scientifiques. Il utilise aussi son propre vocabulaire. Des mots nouveaux
comme « la raisonance » ou « la parence » pourront paraître étranges, mais ils se
révéleront très utiles par la suite, non seulement pour le sens, mais aussi pour le
son. On y trouvera aussi la palilalie lancinante de deux mots, toujours les mêmes,
« l’essence » et « l’existence », qui reviennent en permanence. Hélas ! Ces mots
sont irremplaçables, ils sont l’assiette de la théorie. Il faudra donc assimiler ce
vocabulaire inhabituel, se l’approprier de telle manière qu’avec l’habitude et
l’usage, il ne paraisse pas plus bizarre que celui de la terminologie grammaticale
traditionnelle.
Les exemples grammaticaux présentés à l’appui de l’exposont simples, pour ne
pas dire simplistes. Ils ont éimaginés à dessein, juste pour leur efficacité dé-
monstrative, conformément à l’usage courant, qui se distingue de l’usage savant
des grands auteurs.
Au terme de ce préambule, reste la question la plus délicate. On l’a dit, ce livre
s’interroge sur la relation qui pourrait exister entre le Verbe dans l’univers et le
verbe dans la grammaire, ni plus ni moins. L’auteur sera sans doute suspecté
d’une intention mystique ou grammaticale inavouable. Il certifie donc, sur
l’honneur et en toute sincérité, qu’il ne participe d’aucune chapelle théologique
ou linguistique, et estime qu’à ce titre, il est parfaitement libre de penser ce qu’il
veut du Verbe ou de la grammaire. Sachant aussi « qu'il ne sait pas », il tient à
faire acte de bonne foi : les affirmations qu’il expose ne sont en réalité que des
questions qu’il pose. Mais ce qu’il « sent », il le justifie en s’appuyant sur deux
conceptions opposées de l’univers :
- Celle d’Einstein, qui avait découvert la théorie de la relativité, lui permettant
d’affirmer que « Dieu ne joue pas aux dés ».
- Et celle de Planck, qui avait conçu la théorie des quanta, sans oser prétendre
que « Dieu joue aux dés ».
La sensation instinctive que ce « paradoxe du jeu de dés » pourrait être le grand
principe ordonnateur de l’univers et de la grammaire, constitue l’âme et l’esprit
du livre.
5
INTRODUCTION
La nature est un temple ou de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une nébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Correspondances. Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1857.
Ce poème dissimule une divination du verbe et de la grammaire au sens propre et
figuré. Au sens propre, le verbe est sans nul doute l’expression parfaite de la
parole et des symboles familiers de la grammaire. Au sens figuré, le texte suscite
le vague sentiment qu’il existe un rapport d’harmonie entre l’homme et l’ordre
des choses dans l’univers, et que cet ordre pourrait bien obéir, lui aussi, à une
grammaire, celle du Verbe avec un V majuscule.
L’idée de départ était la suivante : y aurait-il une « correspondance » entre le
Verbe dans l’univers et le verbe dans la grammaire ? Logiquement, les mots de-
vraient obéir au même ordre que celui des choses dont ils sont l’image, puisqu’ils
les nomment. En ce cas, la connaissance de l’ordre qui régit les choses dans
l’univers, pourrait expliquer celui qui régit les mots dans la grammaire, et réci-
proquement. Cet ouvrage aborde les deux aspects de la question dans :
- L’univers du Verbe : Livre premier.
- Et la grammaire du verbe : Livre second.
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