TP 1ière lic. SWPC PCP1 TP détecteurs de particules & rayonnements: Manip : exploitation d'une chambre proportionnelle à un fil 1. But de la manipulation Le but de la manipulation est l'étude et l'exploitation d'un détecteur à volume sensible gazeux, plus précisément, une chambre proportionnelle à un fil (ou SWPC : Single Wire Proportional Chamber) balayée par un mélange gazeux composé d'argon et de CO2. Le détecteur sera suivi d’une chaîne d'analyse des impulsions : comptage et analyse en amplitude telle qu’utilisée dans les manipulations de spectrométrie (carte MCA Multi Channel Analyzer + PC). 2. Détecteur à volume sensible gazeux 2.1 Configuration et principe de fonctionnement Cathode cylindrique Configuration : cylindre conducteur, de rayon rC, porté à un potentiel négatif (masse dans le cas de la manip) par rapport à un fin fil (quelques dizaines de µm de diamètre), métallique tendu en son centre de rayon rA (50 µm dans la manip) et porté à un potentiel positif (+ U0) U0 @ champ électrique en 1/r E r = r ln rC / rA @ champ d'intensité maximale au voisinage du fil af b Fil d'anode R coordonnée radiale g Particule ionisante volume gazeux généralement constitué d'un mélange gaz noble + gaz organique, sous pression atmosphérique : ArCO2 (80-20) dans le cas de la manip. Le principe de fonctionnement est très similaire à celui d'un compteur de Geiger tel qu'utilisé lors des manipulations précédentes. Si une particule chargée traverse le détecteur, elle ionise le gaz (création de paires e− / ion+) et crée ainsi une charge primaire Qin. Les électrons vont alors dériver vers le fil d'anode tandis que les ions positifs vont dériver vers la cathode en suivant les lignes de champ électrique. Lorsque le champ électrique est suffisamment intense (en pratique pour les électrons au voisinage proche du fil, à quelques rayons de fil de celui-ci), il se produit un phénomène d'avalanche d'électrons c-à-d r r que les électrons de la charge primaire vont alors être r suffisamment accélérés ( F = m a = − e E ) pour ioniser à leur tour et créer des charges secondaires (paires e− / ion+). Dans le cas du fonctionnement en mode proportionnel, la charge obtenue après avalanche Qout est proportionnelle à la charge primaire Qin : Q out = M ⋅ Q in avec M le gain du détecteur (dont la valeur est ≈ 103 dépendant de la tension U0 appliquée). C'est la différence par rapport à un compteur de Geiger pour lequel la tension U0 est plus élevée, donc le gain plus élevé (M ≈ 105) et non proportionnel à la charge primaire. TP 1ière lic. SWPC PCP2 2.2 formation de l'impulsion La formation de l'impulsion est également similaire à celle d'un compteur de Geiger : On applique la tension +U0 à l'électrode positive (fil) par l'intermédiaire d'une résistance (dite résistance de charge); le détecteur peut alors être vu comme un condensateur cylindrique chargé caractérisé par sa capacité C. L'électronique de lecture (preamplifier) est alors découplée de la haute tension du détecteur via la capacité C' (dite capacité de découplage). @ Il se forme une impulsion (signal) pendant la dérive des charges Qout : mouvement rapide des électrons vers l'anode et mouvement de recul plus lent des ions positifs. Ceci résulte en une diminution de la tension aux bornes du détecteur (au point A, une des bornes du condensateur de lecture – découplage C'). @ la valeur de cette chute de tension (= impulsion) est proportionnelle à la charge collectée : @ ∆U = C.Qout @ dans le cas du compteur proportionnel : ∆U ÷ Qin. Le potentiel du point A reprend exponentiellement sa valeur initiale U0 avec la constante de temps RchargeCdétecteur. Un dispositif approprié amplifie (preamplifier + amplifier), puis enregistre et analyse l'impulsion de tension (cf. annexe). 3. Experimental set-up Detector : SWPC (Single Wire Proportional Chamber) equipped with an anode wire [50 µm diameter (Cu-Be)] brought to a positive electrical potential and stretched in the centre of a metallic cylinder brought to ground potential. The entrance window is a 50 µm aluminium sheet. The detector is fixed on a stage, the beam is perpendicular to the entrance window. The gas set-up : the detector is flushed at a flowrate of ≈2l/h with the selected gas mixture (ArCO2/80-20). The gas set-up contains: - 2 gas bottles + pressure regulators - 1 panel of pressure control - 1 mass-flowmeter for each gas component + controller The whole circuit is made in stainless-steel (tubing, filters) with all metallic connectors. The output of the chamber is made of a 15 m stainless-steel tube followed by a decompression box. The radiation source is a X ray radioactive source of 55Fe. (5.9 keV X-rays). TP 1ière lic. SWPC PCP3 We measure the following quantities, according to a rather simple readout scheme: PREAMP 142 PC FILTER AMPLIFIER 474 LINEAR FAN DISCRI Vth = 30mV SCALER ORTEC 994 MCA MAESTRO Card / PC - the counting rate r (using 142PC ORTEC preamp. + 460 ORTEC amp. + CAEN quad-scaler) - the pulse height (using a MCA card inserted in a PC). 4. MANIPULATION Counting rate plateau and pulse height spectra @ CALCUALTE & COMPARE the energy loos by a 5.9 keV X-ray and by a minimum ionising particle crossing 1 cm of Ar-CO2 (80-20). See appendix 2. D Measure the counting rate plateau : with a radioactive source (55Fe or 204Tl) + background without source. At the same time, visualize the pulse at scope and read the mean pulse height. → fill in the table presented next page. → plot and comment : length, slope, start [V] of the counting rate plateau → plot the pulse height as a function of the anode potential + comment. Remember the error on a counting measurement. D Record the variation of the pulse height distributions with respect to the anode voltage by means of the MCA card (55Fe source). → fill in the table → plot + comment. D Record a pulse height distribution for an anode voltage corresponding to the middle of the plateau for the 204Tl source and compare to the distribution obtained for a 55Fe source → compare and explain !!!. TP 1ière lic. SWPC PLATEAU SOURCE: SWPC Read-Out PCP4 Date, heure : 55 Fe / 204 Tl Estimation of the irradiated surface : gas mixture : preamp. 142PC ? discri seuil = HTanode COMPTAGE BF = …. Hz en … sec # comptages amp. 474 ? moyenne en Hz mm2 temp. = °C G= type MCA fG = BF déduit patm = mb diff: int: PULSE Hauteur moyenne mV oscillo MCA ch TP 1ière lic. SWPC PCP5 Annexe 1 : Modules d'acquisition utilisés Modules NIM Les modules conformes au standard NIM (Nuclear Instrument Modules) produisent des impulsions négatives de 0.8 V d'amplitude, dont la durée est réglable de 20 ns à 100 ns. Ils sont alimentés en basse tension (∀6V, ∀12V, ∀24V) par l'intermédiaire du châssis NIM dans lesquels ils sont insérés. Ces modules peuvent être utilisés par l'opérateur directement. discriminateurs fonction : produire une impulsion de sortie logique si l'amplitude de l'impulsion linéaire d'entrée excède un niveau de discrimination fixé, ici généralement réglé à -30 mV. "linear ou logic fan-out" fonction : produire 4 impulsions analogiques (linéaires) ou logiques identiques au signal d'entrée analogique ou logique respectivement. échelles de comptage fonction : compter les impulsions logiques qui se présentent aux différentes entrées. préamplificateur et amplificateur Pour travailler en mode proportionnel, on utilise un préamplificateur suivi d'un amplificateur dits de charge car ils amplifient la charge collectée dans une impulsion (et non le courant). Préamplificateur & amplificateur est de type ORTEC (modèle 142 PC & 410). fonction : fournir un gain et une mise en forme des impulsions d'entrée, ajustés de façon à optimiser, suivant le type de mesure effectuée, la résolution en temps. oscilloscope type : oscilloscope Tektronix 2465 (300 MHz) analyseur multicanal Cet analyseur se présente sous la forme d'une carte (HardWare) : EG&G ORTEC MCA (modèle Spectrum ACE-2K) et d'un programme (SoftWare) : Maestro II. Ce système fonctionne sur un ordinateur (IBM PC 386). TP 1ière lic. SWPC PCP6 Annexe 2: Interactions des particules chargées avec un milieu gazeux Ionisation primaire et totale • Lorsqu’une particule p chargée traverse un milieu gazeux, le mécanisme le plus probable est l’interaction coulombienne entre la particule incidente et le milieu traversé. Celle-ci conduit à l’excitation (eq.1) et l’ionisation (eq.2) des atomes ou molécules du milieu. p + X → X∗ + p p+X → X + p+e + (1) - (2) • Les réactions ionisantes ne se produisent que si la fraction d’énergie cédée par la particule est supérieure au potentiel d’ionisation du gaz. Le nombre de collisions ionisantes (noté n p ) représente le nombre d’électrons ou ions primaires formés. • Lors des interactions particule-gaz avec ionisations, il est possible que l'énergie transférée à l’électron soit suffisamment grande pour que celui-ci puisse être à l’origine d’une ou deux réactions ionisantes supplémentaires. On parle alors d'électron delta et on définit un nombre total de paires électron-ion créées durant l’interaction de la particule avec le milieu gazeux; celui-ci représente la somme des deux contributions, interactions particule-gaz et interactions électron δ - gaz qui peuvent s'en suivre et il est donné par l’expression suivante: nt = ∆E Wi avec n t : nombre total d’ionisations; ∆E : énergie perdue par la particule ionisante dans le volume de gaz considéré; Wi : énergie moyenne nécessaire à la création d’une paire électron-ion (fonction du gaz, typiquement autour de 30 eV). • Pour un mélange gazeux, n p et n t sont donnés par : n p = ∑ n pi c i i n t = ∑ n tj c j Ar : nt = 94/cm de gaz traversé CO2 : nt = 91/cm de gaz @ Faire le calcul pour Ar-CO2 (80-20) j où ci est la proportion en volume du gaz i de coefficient d’ionisation spécifique n pi ; cj est la proportion en volume de gaz j de coefficient d’ionisation spécifique n tj . •Pour une particule chargée au minimum d'ionisation c-à-d ne perdant qu'une faible partie de son énergie, on peut aussi calculer l'énergie perdue par cm de gaz traversé: Valeurs Ar : 2,44 keV/cm et CO2 : 3,01 keV/cm. @ faire le calcul pour Ar-CO2 (80-20). TP 1ière lic. SWPC PCP7 Perte d’énergie par unité de longueur • La perte d’énergie par unité de longueur pour une particule de charge Q = ze et de vitesse β = v c qui traverse un milieu de faible densité tel qu’un gaz dans des conditions standards de pression et de température est donnée par l'équation de Bethe et Block: dE − dx = 4π N A e 4 mc2 Z ρ A ⎛z ⎜⎜ ⎝β ⎞ ⎟⎟ ⎠ 2 ⎡ 2 m c2 β 2 γ 2 ⎢ln I ⎣ ⎤ − β 2⎥ ⎦ où NA est le nombre d'Avogadro; e et m la charge et la masse de l’électron; Z et A le nombre de charge et le nombre de masse du gaz, ρ la densité du gaz, γ = (1 − β2)-1/2 le facteur de Lorentz I exprimé en eV, représente un potentiel d'ionisation effectif 0,9 donné par la formule empirique : I = 16 ⋅ Z . • La fonction dE/dx, à basse énergie, décroît en 1/β2 jusqu'à atteindre un minimum (dE/dx)MIP. A haute énergie, on entre dans le domaine de la remontée relativiste où le terme logarithmique l'emporte. Les particules dont la perte d'énergie peut être approximée à la valeur (dE/dx)MIP sont appelées particules au minimum d'ionisation3. Distribution en énergie perdue • Les pertes d’énergie par ionisation subies par une particule chargée d’énergie E à la traversée d’une couche mince de gaz (dE << E) ont un caractère statistique car les pertes sont dues à un certain nombre de collisions, chacune d’elle pouvant déposer une quantité dE variable ; la fonction de distribution en énergie perdue a été obtenue pour la première fois par Landau. Elle est asymétrique et présente une queue pour les grandes valeurs de E, due aux collisions avec grand transfert d’énergie (électrons delta). Spectre en énergie perdue dans un milieu gazeux pour des particules chargées monoénergétiques 3 Minimum Ionizing Particle ou MIP TP 1ière lic. SWPC PCP8 Annexe 3 : Interaction des photons avec le milieu gazeux Généralités • Lorsqu'un faisceau de photons γ ou X traverse un milieu gazeux, son intensité décroît en fonction de l’épaisseur traversée suivant une loi exponentielle : I = I 0e- µx avec µ : coefficient d’absorption linéique ; x : l’épaisseur de gaz traversée. La perte d'énergie de ce faisceau de photons est due à trois effets : 1. effet photoélectrique 2. effet Compton 3. création de paires e+e− 1. l’effet photoélectrique γ + e- → eDans ce cas un photon d’énergie γ interagit avec un des électrons de l'atome et si l’énergie du photon est plus grande que E b (énergie de liaison de l'électron dans l’atome) alors l'électron sera expulsé avec une énergie égale à la différence E γ − E b = We . 2. l’effet Compton γ + e- → γ '+eC’est la diffusion élastique d’un photon par un électron libre (un électron pour lequel l'énergie de liaison est négligeable par rapport à l’énergie du photon incident). Une partie de cette énergie est cédée à l’électron initialement au repos et l’autre partie se retrouve sous la forme d’un photon diffusé d’énergie E γ ' ≤ E γ . 3. la création de paires e+e− γ + noyau → e + + e - + noyau Si un photon possède une énergie supérieure à 2mec2 (1,022 MeV), il existe une certaine probabilité pour que le photon se matérialise en une paire électron-positron lors de son passage dans le champ coulombien d’un noyau. L’excès d’énergie se retrouve sous la forme d’énergie cinétique : E γ = 2m e c 2 + W - e + W + e avec W e : énergie cinétique de l’électron ; + W e : énergie cinétique du photon. @ Après conversion des photons dans le milieu gazeux, les électrons résultant de cette interaction sont alors détectés de la même façon que les particules chargées. TP 1ière lic. SWPC PCP9 Cas des photons X • Dans les tests de mise au point des détecteurs gazeux, on utilise souvent des photons d’une énergie ≤ 10keV comme les photons X de 5.9 keV provenant d’une source radioactive de Fe55 Dans ce cas, le processus dominant est l’effet photoélectrique. • Explicitons le cas des photons X de 5.9 keV se convertissant dans l'argon (énergies de liaison des électrons sur les niveaux K/L/M = 3.2 / 0.3 / ≈0 keV) X + Ar → ou Ar*+ + e− K [We = 2.7 keV = 5.9 – EK] (1) ↓ Ar*+ → γ [ne se convertit pas dans le gaz, sort du détecteur] (2) Ar*+ → e−Auger [We = 3.2 keV = EK] (3) L'atome de gaz rare ionisé revient à son état stable par fluorescence (2) ou par émission d'un second photoélectron (effet Auger (3). Pour l'argon, la probabilité d'émission d'un photon de fluorescence est environ de 20% contre 80% pour l'effet Auger. On observera donc deux pics dans les spectres d'énergie perdue : le pic principal à 5.9 keV (1+3) et le pic d'échappement à 2.7 keV (1+2).