19Techni.Cités#287
novembre 2015
ACTUS
Spécial COP21
DANS LE VENT
L
a majorité a parfois tort. Et pour les climato-
sceptiques, les conférences onusiennes qui se
tiennent chaque année sont une bonne occasion
de le rappeler. Semant le doute chez ceux qui suivent le
sujet de loin. Ils sont bien aidés par certains confrères à
l’affût d’angles inédits pour traiter la question déjà battue
et rebattue du réchauffement climatique. Après tout,
cette supposée tendance ne serait-elle pas une lubie des
déclinologues ou un phénomène naturel ? Et bien non. Et
ce, même s’il est tentant de croire qu’il n’y a pas de fumée
sans feu et que si des scientifi ques agitent le chiffon rouge
pour dénoncer la toute-puissance
du Groupe d’experts intergouver-
nemental sur l’évolution du climat
(Giec), il doit y avoir une raison.
Autour d’un café bien chaud, on
se laisse vite convaincre que cet
organisme chargé de compiler
les études existantes (et non de
produire des connaissances) n’est
qu’un groupuscule ; que la tem-
pérature terrestre a toujours été
capricieuse ; que la responsabilité
de l’homme est moins évidente
que celle du rayonnement cosmi-
que ou des courants marins ; que
les volcans ne sont pas si blancs-
blancs qu’ils en ont l’air… Et puis
après tout, ce ne sont pas trois ou
quatre degrés de plus qui viendront à bout de l’Humanité.
La terre ne s’adapte-t-elle pas en permanence depuis la nuit
des temps ? Remettez-moi un croissant.
Même les journalistes légitimistes ont souvent fait le jeu
du climato-scepticisme, un mot qui, entre parenthèses, est
si poétique qu’il donne envie à lui seul d’interroger ceux qui
se cachent derrière. Après tout, chacun a le droit à la parole.
Au cas où, mieux vaut assurer ses arrières pour ne pas être
accusé de censeur ou de suppôt de la pensée unique. Les
temps changent néanmoins. La presse généraliste semble
avoir tiré quelques enseignements de ses errements
passés. Pas sûr que ceux qui nient le réchauffement ou la
responsabilité de l’homme trouvent le même écho cette
année qu’en 2009 par exemple. Quand pendant que les
discussions s’enlisaient à Copenhague, Claude Allègre
trustait les Unes des magazines et les plateaux télé. Lui, le
scientifi que reconnu à juste titre pour ses recherches… en
géochimie et non en climatologie où ses propos outranciers
ont systématiquement été réfutés par les spécialistes du
domaine. Si les médias semblent sur la retenue, les thèses
climato-sceptiques connaissent toujours un certain succès
dans le grand public. Y compris parfois parmi les ingénieurs
territoriaux, comme la rédaction
l’a constaté à l’occasion d’un col-
loque sur le climat.
STOP. De la conspiration des
chemtrails à celle du 11 sep-
tembre, les théories du complot
ont toujours leur côté séduisant.
« Techni.Cités » n’entend pas
tomber dans le piège. Le doute
méthodologique appartient à la
démarche scientifi que. Mais que
les chercheurs qui n’acceptent
pas les conclusions de leurs pairs
commencent par publier leurs
travaux dans de grandes revues
académiques. L’ingénieur se doit
quant à lui d’accepter ce que
disent les 97 % de publications sur le climat qui valident
aujourd’hui l’hypothèse du réchauffement anthropique. Un
peu de sérieux. Il ne viendrait pas à l’esprit d’un ingénieur
de remettre en cause la théorie de l’évolution même
s’il reste quelques scientifi ques créationnistes pour la
contester. De la même manière, enterrons une bonne fois
pour toutes les théories farfelues, ouvrons les yeux sur
l’avenir désastreux que nous annoncent les climatologues
si nous ne sortons pas au plus vite d’un modèle qui ne
tient que grâce à des injections de gaz, de pétrole et de
charbon. Contribuons à créer une dynamique territoriale
climato-vertueuse.
Climato-scepticisme :
un peu de sérieux
Par Olivier Descamps
Un magazine d’ingénieurs territoriaux n’a pas vocation à
s’immiscer dans le monde de la recherche scientifi que.
Restons à notre place, à la croisée des problématiques
techniques et économiques. Le réchauffement climatique
est (malheureusement) une donnée. Pas un sujet de
controverse.
Et puis après tout, ce ne sont
pas trois ou quatre degrés
de plus qui viendront
à bout de l’Humanité.
La terre ne s’adapte-t-elle
pas en permanence depuis
la nuit des temps ?
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