ACTUS Techni.Cités#287 19 novembre 2015 DANS LE VENT Climato-scepticisme : un peu de sérieux Par Olivier Descamps Un magazine d’ingénieurs territoriaux n’a pas vocation à s’immiscer dans le monde de la recherche scientifique. Restons à notre place, à la croisée des problématiques techniques et économiques. Le réchauffement climatique est (malheureusement) une donnée. Pas un sujet de controverse. L a majorité a parfois tort. Et pour les climatosceptiques, les conférences onusiennes qui se tiennent chaque année sont une bonne occasion de le rappeler. Semant le doute chez ceux qui suivent le sujet de loin. Ils sont bien aidés par certains confrères à l’affût d’angles inédits pour traiter la question déjà battue et rebattue du réchauffement climatique. Après tout, cette supposée tendance ne serait-elle pas une lubie des déclinologues ou un phénomène naturel ? Et bien non. Et ce, même s’il est tentant de croire qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que si des scientifiques agitent le chiffon rouge pour dénoncer la toute-puissance du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), il doit y avoir une raison. Autour d’un café bien chaud, on se laisse vite convaincre que cet organisme chargé de compiler les études existantes (et non de produire des connaissances) n’est qu’un groupuscule ; que la température terrestre a toujours été capricieuse ; que la responsabilité de l’homme est moins évidente que celle du rayonnement cosmique ou des courants marins ; que les volcans ne sont pas si blancsblancs qu’ils en ont l’air… Et puis après tout, ce ne sont pas trois ou quatre degrés de plus qui viendront à bout de l’Humanité. La terre ne s’adapte-t-elle pas en permanence depuis la nuit des temps ? Remettez-moi un croissant. passés. Pas sûr que ceux qui nient le réchauffement ou la responsabilité de l’homme trouvent le même écho cette année qu’en 2009 par exemple. Quand pendant que les discussions s’enlisaient à Copenhague, Claude Allègre trustait les Unes des magazines et les plateaux télé. Lui, le scientifique reconnu à juste titre pour ses recherches… en géochimie et non en climatologie où ses propos outranciers ont systématiquement été réfutés par les spécialistes du domaine. Si les médias semblent sur la retenue, les thèses climato-sceptiques connaissent toujours un certain succès dans le grand public. Y compris parfois parmi les ingénieurs territoriaux, comme la rédaction l’a constaté à l’occasion d’un colloque sur le climat. Et puis après tout, ce ne sont pas trois ou quatre degrés de plus qui viendront à bout de l’Humanité. La terre ne s’adapte-t-elle pas en permanence depuis la nuit des temps ? Même les journalistes légitimistes ont souvent fait le jeu du climato-scepticisme, un mot qui, entre parenthèses, est si poétique qu’il donne envie à lui seul d’interroger ceux qui se cachent derrière. Après tout, chacun a le droit à la parole. Au cas où, mieux vaut assurer ses arrières pour ne pas être accusé de censeur ou de suppôt de la pensée unique. Les temps changent néanmoins. La presse généraliste semble avoir tiré quelques enseignements de ses errements STOP. De la conspiration des chemtrails à celle du 11 septembre, les théories du complot ont toujours leur côté séduisant. « Techni.Cités » n’entend pas tomber dans le piège. Le doute méthodologique appartient à la démarche scientifique. Mais que les chercheurs qui n’acceptent pas les conclusions de leurs pairs commencent par publier leurs travaux dans de grandes revues académiques. L’ingénieur se doit quant à lui d’accepter ce que disent les 97 % de publications sur le climat qui valident aujourd’hui l’hypothèse du réchauffement anthropique. Un peu de sérieux. Il ne viendrait pas à l’esprit d’un ingénieur de remettre en cause la théorie de l’évolution même s’il reste quelques scientifiques créationnistes pour la contester. De la même manière, enterrons une bonne fois pour toutes les théories farfelues, ouvrons les yeux sur l’avenir désastreux que nous annoncent les climatologues si nous ne sortons pas au plus vite d’un modèle qui ne tient que grâce à des injections de gaz, de pétrole et de charbon. Contribuons à créer une dynamique territoriale climato-vertueuse. Spécial é i COP21 •TEC287.indb 19 03/11/15 10:33