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îles pour y planter les drapeaux chinois – de la république
populaire et de Taiwan. Ce débarquement a été largement
salué par les médias chinois.
Les tensions sont encore montées d’un cran le
5 septembre 2012 avec la «nationalisation» des îles par le
Japon (rachetées pour 2,05 milliards de yen, soit environ
20 millions d’Euro, à la famille Kurihara). Cette annonce a
entrainé des réactions violentes en Chine. De nombreuses
manifestations antijaponaises se sont tenues à travers le
pays, avec le soutien actif des autorités chinoises, causant
des dommages importants en termes de vandalisme mais
aussi de manque à gagner pour le commerce japonais
(perte estimée à 100 millions de dollars US). La Chine a
inspiré un boycott informel des produits japonais et les
relations économiques des deux pays (représentant près de
300 milliards de dollars) se sont dégradées. Les
investissements japonais en Chine ont fortement décru:
près d’un tiers comparés à 2011. Par ailleurs, un certain
nombre d’entreprises japonaises connaissent aujourd’hui
encore des retards importants dans l’obtention de leurs
autorisations d’investissements en Chine. Finalement, en
novembre puis en janvier 2013, le Japon a connu deux
de ses plus importants décits commerciaux avec la
Chine, suite à la forte baisse des importations chinoises de
voitures et d’équipements industriels.
Jusqu’en décembre 2012, les accrochages entre otte
chinoise et japonaise s’étaient limités à des menaces radios
et des échanges de tirs de canon à eau. Mais l’entrée d’un
avion chinois (Harbin Y-12, appareil d’observation maritime
appartenant à la China State Oceanic Administration)
dans l’espace aérien japonais le 13 décembre 2012 et
la réponse japonaise avec la préparation de l’envoi de
8 intercepteurs F-15 a témoigné d’une nouvelle escalade
des tensions. Dans la même lignée, le 6 janvier 2013, une
frégate de la marine chinoise de type Jiangwei II a accroché
un bâtiment de la marine japonaise avec un radar de tir.
Cette manœuvre de guerre destinée à acquérir une cible
avant de faire feu marque une dangereuse volonté de
porter les provocations aux limites de l’incident, Prenant
cette escalade très au sérieux, le gouvernement japonais
a décidé d’assigner un contingent de 600 hommes,
plusieurs vaisseaux et ses nouveaux porte-hélicoptères
(classe Hyuga) sur l’île d’Ishigaki, plus près des Senkaku,
an de faciliter d’éventuelles interventions. Cette mesure
devrait être opérationnelle d’ici 2015.
Quelques tentatives diplomatiques n 2012
Face à l’escalade des tensions et après une série de
déclarations critiques et belliqueuses, les deux pays avaient
accepté de se rencontrer pour trouver une issue à cette
crise. A Wuhan, Shinsuke Sugiyama, directeur général du
bureau des affaires Asie Pacique du ministère des Affaires
étrangères japonais, avait rencontré son homologue
Luo Zhaohui, et en octobre, à Shanghai, le vice-ministre des
Affaires étrangères chinois, Zhang Zhijun, avait rencontré
son homologue Chikao Kawai. Aucune rencontre n’a été
organisée ou prévue depuis à des échelons supérieurs.
La situation n’a pas réellement évolué avec la passation de
pouvoir au sommet de l’Etat chinois du mois de novembre,
et les élections législatives de décembre au Japon. Les
tensions sont plus palpables que jamais, même si le
gouvernement japonais tente de pacier la situation et
d’amortir les initiatives chinoises.
D’autant que le gouvernement japonais était dans une
situation difcile : tiraillé entre un néonationalisme violent
de certains éléments du paysage politique et de la
société civile, et un réalisme économique et diplomatique
nécessaire, il subit un ré embrasement de la dispute des
Senkaku que le précédent gouvernement a provoqué
malgré lui, et ce, dans une période électorale. En effet,
la « nationalisation » des Senkaku par Tokyo était en fait
une façon pour le gouvernement Noda d’éviter le rachat
des celles-ci par le gouverneur de Tokyo de l’époque,
Shintarō Ishihara, fervent néonationaliste, et antichinois
notoire. Cette nationalisation était en fait, donc, plus un
acte d’apaisement et de tempérance par Tokyo, qu’une
provocation (le gouvernement pouvait ainsi empêcher tout
débarquement d’activistes japonais sur les îles).
La position chinoise
En Chine, il semble que les pressions nationalistes ne se
sont pas éteintes après le 18ème Congrès. Alors que les
semaines précédant le Congrès ont été trop axées sur
d’autres problématiques pour que le gouvernement ne
cherche réellement à tempérer les sentiments antijaponais
dans la presse et au sein de la population, il n’y a pas,
pour l’heure, de reprise en main de l’opinion comme
souvent après ce type de manifestations. Du coté
chinois, il semble que le pouvoir (et la prise de décision)
soit quelque peu fragmenté sur la question. Sans aller
jusqu’à postuler l’absence d’une ligne claire, il semble que
la multiplication des acteurs institutionnels (Ministère des
affaires étrangères, Commission militaire centrale, Marine,
Conseil d’Etat, China State Oceanic Administration, China
Maritime Safety Administration, gouvernement de Hainan)
nuise à la coordination des actions et à l’unité politique de
la position.
Sans surprise, le premier discours ofciel de
Xi Jinping, prononcé le 28 janvier, conrme une certaine
intransigeance de la part des nouvelles autorités chinoises,
et une continuité dans les revendications. Dans ce
discours, le nouveau président chinois insiste sur le fait
qu’il ne négocierait pas avec les puissances étrangères
lorsqu’il s’agit des «intérêts nationaux cruciaux». Bien que
ce commentaire soit plus directement lié aux questions du
Tibet, du Xinjiang, et de Taiwan, et bien que les Diaoyutai
ne soient pas mentionnées, le ton employé est ferme,
et l’intransigeance afchée n’est pas surprenante. La
question des Senkaku constitue un premier test politique
pour Xi qui doit prendre soin d’agréger les allégeances
(des administrations civiles et militaires) autour de sa
personne, sur une question sensible dont il a hérité à
peine nominé. Il est impératif pour lui d’arbitrer entre
les contraintes politiques internes (notamment entre la
ligne des nationalistes revendicatifs et les conservateurs
politiques peu enclins aux aventures maritimes) tout
en établissant distinctement son autorité. Il serait sans