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Dieu seul
Le saint esclavage de l’admirable Mère de Dieu
Henri-Marie Boudon
Table des matières
Introduction
À la Vierge fidèle
Au grand saint Jean l’Évangéliste
PREMIER TRAITÉ
I De la dévotion de la très sainte Vierge
II La dévotion du saint esclavage
III Origine et progrès de cette dévotion
IV Dieu seul en est le fondement
V De l’excellence de la dévotion
VI Éclaircissement des difficultés
VII Approbation de l’Église à la dévotion
VIII La dévotion est prouvée par les saints Pères
IX La dévotion est source de bénédictions
X Suite
DEUXIÈME TRAITÉ
I Avoir une affection singulière au service de la Mère de Dieu
II - Avoir une dévotion particulière à l’Immaculée Conception
III Honorer la maternité divine
IV Pratiques de dévotion
V De la foi de la très sainte Vierge
VI De l’espérance de la très sainte Vierge
VII De la charité incomparable de la très sainte Vierge
VIII De l’humilité de la très sainte Vierge
IX De la pauvreté de la très sainte Vierge
X De la chasteté de la très sainte Vierge
XI Des souffrances de la très sainte Vierge
XII De l’estime et de l’amour des croix
XIII Suite
XIV La doctrine de la croix est un mystère caché
XV Les grands biens des voies crucifiantes
XVI Suite
XVII Les avantages des croix
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XVIII - De l’oraison de la très sainte Vierge
XIX Aimer ce que la Vierge a aimé
XX Dévotion particulière à saint Jean l’Évangéliste
XXI Respect singulier pour les neuf chœurs des anges
XXII Illustres esclaves de la Mère de Dieu
ORAISON pour s’offrir à la très sainte Vierge
À LA VIERGE FIDÈLE
Souveraine reine des anges et des hommes, abîmé dans mon néant,
et me reconnaissant entièrement indigne de paraître en votre sainte
présence, j'ose néanmoins, appuyé sur vos maternelles bontés, le sujet
ordinaire de mes plus douces espérances, vous consacrer cet ouvrage
qui ne respire que votre honneur et votre gloire, pour la seule gloire et
le seul honneur de Dieu seul, qui est l'unique chose que je désire, et
que je veux rechercher en toutes choses. L'oblation entière et
irrévocable que je vous ai faite il y a longtemps de tout ce que je suis
en l'être et en l'ordre de la nature, et de la grâce et de tout ce qui en
dépend, de toutes les actions naturelles, indifférentes et bonnes que
j'opérerai à jamais, m'ôte tout le pouvoir d'en user autrement. Ma vie,
tant intérieure qu'extérieure, et généralement tout ce qui est mien, est
plus à vous qu'à moi-même, et même, ô ma divine princesse ! n'ayant
plus rien à moi, tout ce que j'ai vous appartient par mon état et
condition de servitude, et je veux et désire de tout mon cœur
aujourd'hui, dans un jour tout dédié en l'honneur du glorieux archange
saint Michel et de tous les anges, en présence de tous ces esprits
bienheureux que j'invoque avec les soumissions les plus respectueuses
à mon secours, vous parlant avec l'un de vos plus véritables esclaves,
et m'unissant à la sainteté de ses intentions, que vous ayez une
puissance spéciale sur mon âme, sur mon état, sur ma vie, sur mes
actions, comme sur des choses qui vous appartiennent tout de nouveau
par un droit particulier, en vertu de l'élection que je renouvelle de
dépendre entièrement de votre maternité et souveraineté,
m'abandonnant à tous vos vouloirs, me livrant à tous vos pouvoirs et à
tous les effets de votre souveraineté.
Tout mon regret est de n'avoir qu'un cœur et une vie pour vous
donner. Mais, s'il m'est permis de donner quelque liberté à mes désirs,
je voudrais avoir autant de cœurs et de vies qu'il y a d'étoiles au ciel,
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de gouttes d'eau dans la mer, d'étincelles au feu, de brins d'herbes sur
la terre, pour vous les donner, pour vous les consacrer dans l'ordre de
votre Fils bien-aimé et pour sa pure gloire. Mais au moins, puisque
cela n'est pas en mon pouvoir, je ferai tout et je n'oublierai rien en la
vertu de Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils adorable, pour vous
gagner des cœurs et vous acquérir des esclaves.
Aimable Vierge, il est vrai que mon cœur se sent plus pressé que
jamais de vous aimer, et, si je l'ose dire, il me semble qu'il vous aime,
et il me paraît qu'il voudrait disputer avec tous les cœurs de votre
amour. Mais, hélas ! que peut faire un misérable et chétif cœur comme
il est ? Il appelle donc à son secours tous les neuf chœurs des anges,
tous les cœurs des saints, et veut vous aimer par tous leurs amours ; et,
comme tout cela ne le contente pas, il veut vous aimer par le divin
cœur de Jésus. Je conjure ce cœur très aimable d'anéantir, par sa
puissance et miséricorde, tout ce qui est contraire dans tous les cœurs
à l'établissement de son règne, toutes les oppositions que les hommes
y forment, tous les obstacles qu'ils y apportent, toute la force et les
ruses des démons qui le combattent, pour y établir l'empire de son
amour, afin que les hommes étant parfaitement assujettis à ses lois,
vivant dans un état de servitude perpétuelle, ils soient, ô glorieuse
Vierge, ses véritables esclaves et les vôtres.
Bénissez donc, ô Mère de bonté, cet ouvrage qui tend uniquement à
cette fin, qui n'a point d'autre but que de vous donner des esclaves en
l'honneur de l'état et forme de serviteur que le Verbe éternel a prise,
s'anéantissant dans vos pures entrailles, et se rendant votre sujet.
Bénissez-le de vos plus amoureuses bénédictions, afin qu'il serve
efficacement à votre gloire. Mais que tous les esprits du ciel et de la
terre vous bénissent, vous louent, vous aiment, vous remercient pour
toutes vos grandes et innombrables miséricordes sur ma très chétive
âme, pour les soins charitables qu'il vous a plu de prendre par l'excès
d'une bonté incroyable de tout ce qui me regarde, par la très douce,
très miséricordieuse et continuelle protection que vous m'avez donnée
durant tout le cours de ma vie.
Votre très aimable cœur, ciel de gloire et de triomphe, image très
accomplie du divin cœur de Jésus, trésor presque immense de toutes
sortes de biens, m'a toujours été une source inépuisable de faveurs et
de bénédictions. Ce cœur tout d'amour m'a toujours servi d'un doux
asile dans toutes mes misères, dans tous les périls où j'ai été, dans tous
les dangers je me suis trouvé. Votre précieux cœur, ô Mère de la
belle dilection, a été la douceur de ma vie, ma joie et ma consolation.
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Votre saint nom, comme la tour de David d'où pendent mille
boucliers et toute l'armure des plus forts, m'a servi de forteresse contre
tous mes ennemis, et de lieu de retraite assurée pour y vivre dans une
profonde paix parmi la guerre des hommes et des démons ; et de
quelque côté que je me tourne, en quelque manière que je me regarde,
je ne vois rien de bon en moi, je ne remarque aucune grâce qui ne
vienne de vos libérales mains. Je vous ai, ma divine princesse, autant
d'obligations que j'ai vécu de moments, il n'y a pas un seul instant de
ma vie qui ne soit marqué de vos faveurs. En quelque lieu que j'aille,
vos miséricordes me suivent, elles me préviennent, elles
m'accompagnent ; et en quelque état que je puisse être, quelque chose
qui m'arrive, vous me faites ressentir les aimables secours de votre
puissante protection. Ah ! que ma langue s'attache plutôt au palais de
ma bouche, que de cesser jamais de publier partout les infinies et
incroyables obligations que j'ai à vos amoureuses bontés. Que je
m'oublie plutôt de ma droite, que d'en perdre le souvenir. Tant que
j'aurai une langue, je dirai partout que vous êtes la Vierge fidèle, et je
voudrais que tous les membres de mon corps fussent changés en
autant de bouches et de langues pour le dire plus à mon aise. Ah ! Que
vive l'aimable ciel, qui me donnera lieu de le dire sans distraction,
durant toute la bienheureuse éternité, à jamais, à jamais.
AU GRAND SAINT JEAN L'ÉVANGÉLISTE
ENTRE LES APOTRES LE TRÈS AIMANT,
ENTRE LES DISCIPLES LE BIEN-AIMÉ,
ENTRE LES SAINTS LE TOUT AIMABLE
Grand apôtre de la dilection, cher favori de l'adorable Jésus, le Fils
bien-aimé de l'admirable mère de Dieu, le chérubin de la loi nouvelle,
le séraphin du christianisme, la merveille et le prodige de l'Évangile,
après m'être prosterné aux pieds de la Souveraine des anges et des
hommes, je viens me jeter aux vôtres, et vous présenter ce petit
ouvrage, tout consacré à la gloire de cette auguste impératrice du ciel
et de la terre : car à qui pourrais-je mieux le confier qu'à celui à qui la
divine princesse qui en a fait le sujet, a été si amoureusement confiée
par les soins de l'aimable Jésus, à celui qui l'a reçue pour mère de la
propre bouche de Dieu même, à celui qui lui a été substitué en qualité
d'enfant à la place de son bon maître, qui lui était comme un autre
Jésus, qui a été son ange visible, pour la servir dans tous ses besoins,
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qui en a pris des soins si amoureux durant tout le cours de sa très
sainte vie, soit pour les choses corporelles, soit pour les spirituelles,
selon les ordres que notre débonnaire Sauveur lui en avait donnés ?
Cet amour non pareil, grand saint, que vous avez eu pour cette mère
du bel amour, engage indispensablement les esclaves de cette
incomparable reine à être les vôtres ; et il n'est pas possible de n'être
pas tout dévoué au service de celui qui a servi avec une fidélité si
inviolable celle qui mérite tous les respects des créatures du ciel et de
la terre. Un cœur qui aimera véritablement la divine Marie, ne pourra
jamais, ô disciple de l'amour, se défendre de vous aimer. La liaison
ineffable que le Dieu de toute charité a mise entre votre cœur virginal
et le cœur très pur de la très sacrée Vierge, ne permet pas que l'on ait
du zèle pour la Mère de Dieu, qu'à même temps l'on n'en conçoive
pour la gloire de son cher favori.
Il est vrai que toutes sortes de motifs pressent fortement les fidèles
de vous honorer d'une manière particulière. L'amour que Jésus, notre
Dieu, a eu pour vous, nous impose une nécessité entière de vous
aimer, et la grande faveur que vous avez eue auprès de cet aimable Roi
de nos âmes, nous invite puissamment à vous rendre tous les respects
possibles. Vous avez donné un spectacle d'amour au monde, aux anges
et aux hommes. Les séraphins ont trouvé de quoi s'étonner dans
l'ardeur de vos flammes, et la pureté des feux sacrés qui a consommé
si divinement votre sainte vie, fait l'admiration des âmes les plus
éclairées. Les effusions du cœur de Jésus sur votre sainte personne
sont ineffables ; aussi êtes-vous par excellence le disciple bien-aimé.
Partout l'on prêchera l'Évangile, cette vérité sera publiée, et aucun
fidèle ne la pourra révoquer en doute. L'amour d'un Dieu-Homme pour
vous était si grand et si extraordinaire que vous étiez connu par la
qualité du disciple de l'amour ; et l'on pouvait dire que l'amour était
votre nom, vos possessions, votre honneur, votre gloire, vos plaisirs et
votre grâce. Mais si vous pouviez dire certainement, mon bien-aimé
est tout à moi, vous pouviez ajouter avec vérité, je suis tout à lui. Si
vous étiez très aimé, vous étiez très aimant : aussi dans le temps que
votre cher Maître expirait ignominieusement sur une croix, vous
paraissiez debout sur le Calvaire, donnant des preuves de l'amour le
plus constant qui fut jamais. Tous les autres apôtres quittent ce divin
Sauveur, et vous lui demeurez fidèle. L'infamie du supplice honteux
il est exposé, les blasphèmes des Juifs, les ris et les moqueries des
peuples, la cruauté et la confusion de ses peines, la honte de son
supplice et l'arrêt de sa mort, sont des eaux qui ne peuvent éteindre les
ardeurs de vos flammes. Vous aimez, lorsque ceux qui sont destinés
pour tenir le premier rang dans son amour cessent d'aimer, et cet
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