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de gouttes d'eau dans la mer, d'étincelles au feu, de brins d'herbes sur
la terre, pour vous les donner, pour vous les consacrer dans l'ordre de
votre Fils bien-aimé et pour sa pure gloire. Mais au moins, puisque
cela n'est pas en mon pouvoir, je ferai tout et je n'oublierai rien en la
vertu de Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils adorable, pour vous
gagner des cœurs et vous acquérir des esclaves.
Aimable Vierge, il est vrai que mon cœur se sent plus pressé que
jamais de vous aimer, et, si je l'ose dire, il me semble qu'il vous aime,
et il me paraît qu'il voudrait disputer avec tous les cœurs de votre
amour. Mais, hélas ! que peut faire un misérable et chétif cœur comme
il est ? Il appelle donc à son secours tous les neuf chœurs des anges,
tous les cœurs des saints, et veut vous aimer par tous leurs amours ; et,
comme tout cela ne le contente pas, il veut vous aimer par le divin
cœur de Jésus. Je conjure ce cœur très aimable d'anéantir, par sa
puissance et miséricorde, tout ce qui est contraire dans tous les cœurs
à l'établissement de son règne, toutes les oppositions que les hommes
y forment, tous les obstacles qu'ils y apportent, toute la force et les
ruses des démons qui le combattent, pour y établir l'empire de son
amour, afin que les hommes étant parfaitement assujettis à ses lois,
vivant dans un état de servitude perpétuelle, ils soient, ô glorieuse
Vierge, ses véritables esclaves et les vôtres.
Bénissez donc, ô Mère de bonté, cet ouvrage qui tend uniquement à
cette fin, qui n'a point d'autre but que de vous donner des esclaves en
l'honneur de l'état et forme de serviteur que le Verbe éternel a prise,
s'anéantissant dans vos pures entrailles, et se rendant votre sujet.
Bénissez-le de vos plus amoureuses bénédictions, afin qu'il serve
efficacement à votre gloire. Mais que tous les esprits du ciel et de la
terre vous bénissent, vous louent, vous aiment, vous remercient pour
toutes vos grandes et innombrables miséricordes sur ma très chétive
âme, pour les soins charitables qu'il vous a plu de prendre par l'excès
d'une bonté incroyable de tout ce qui me regarde, par la très douce,
très miséricordieuse et continuelle protection que vous m'avez donnée
durant tout le cours de ma vie.
Votre très aimable cœur, ciel de gloire et de triomphe, image très
accomplie du divin cœur de Jésus, trésor presque immense de toutes
sortes de biens, m'a toujours été une source inépuisable de faveurs et
de bénédictions. Ce cœur tout d'amour m'a toujours servi d'un doux
asile dans toutes mes misères, dans tous les périls où j'ai été, dans tous
les dangers où je me suis trouvé. Votre précieux cœur, ô Mère de la
belle dilection, a été la douceur de ma vie, ma joie et ma consolation.