1 - Le canyon d’Añisclo et le défilé de las Cambras
Ce secteur a été parcouru en reconnaissance le 6 juillet 2011 et avec les membres de la SBV le 24 juin
2013.
La rivière Bellos, depuis sa
source au col d'Anisclo, sous le
Monte Perdido, jusqu’au pied des
Sestrales et du Mondoto, a creusé
une profonde brèche qui du nord
au sud partage la montagne,
connu sous le nom de Canyon
d'Anisclo c’est un gigantesque
anticlinal éventré gradins et
vires aux formes géométriques
dévalent de plus de mille mètres
vers les eaux de la rivière.
C'est un canyon fluvial-karstique
l'origine de l'action
hydraulique fluviale et
l'effondrement des structures
souterraines du massif partagent
leur rôle.
Au niveau de Molino de Aso ou du Pont San Urbez (où se trouve le parking indiqué sur le schéma ci-
dessus), en aval d'Añisclo, prenant la direction du SE, la Bellos a creusé le canyon de Las Cambras par où
passe la route. A noter qu’en été et en Pâques cette route est en sens unique depuis la fontaine de
PUYARRUEGO (limite du Parc) jusqu'à La Tella (croisement des routes de Buerba et Nerín).
C’est depuis PUYARRUEGO
que nous avons remonté la route
des gorges jusqu’au parking de
la Tella. Plusieurs arrêts et des
navettes de véhicules ont permis
une exploration intéressante.
Dès que l’on s’enfonce dans les
gorges la végétation devient très
dense et de tendance humide,
toutefois le manque d'espace, les
fortes pentes, empêchent la
formation de grandes forêts.
C’est un phénomène classique
d’inversion de température qui
explique la présence d’une flore
semi-hygrophile dans le fonds des gorges alors qu’à plusieurs centaines de mètres plus haut en altitude se
développe une végétation plus thermophile.
Un premier arrêt à l’entrée des gorges (750 mètres d’altitude environ) nous permet de noter
quelques espèces dont pour certaines la fréquence sera bien moindre ou nulle lorsque nous nous
enfoncerons dans le défilé.
Aphyllanthes monspeliensis L.
Buxus sempervirens L.
Cirsium vulgare (Savi) Ten.
Coronilla minima L. subsp. minima
Cytisus hirsutus L.
Dactylis glomerata L. subsp. glomerata
Genista hispanica L.
Genista scorpius (L.) DC.
Geranium dissectum L.
Helleborus foetidus L.
Hieracium candidum Scheele
Inula conyza DC.
Lavandula latifolia Medik.
Leucanthemum aligulatum Vogt
Phillyrea media L.
Prunella laciniata (L.) L.
Ramonda myconi (L.) Rchb.
Sedum dasyphyllum L.
Sedum sediforme (Jacq.) Pau
Tamus communis L.
Tanacetum corymbosum (L.) Sch.Bip.
Thalictrum tuberosum L.
Leucanthemum aligulatum, espèce sans ligule, endémique
de la moitié est de la péninsule ibérique. Se différencie de L.
favergeri par la présence de rosettes stériles et des feuilles
plus larges
Thalictrum tuberosum, Ph. MT Ziano Cette espèce possède
des racines tubéreuses, des pales en forme de pétales d’un
diamètre de 15-30 mm, blancs ou crèmes, et de gros
carpelles en fuseau. C’est un taxon ibéro-pyrénéen.
Leucanthemum aligulatum,
feuilles caulinaires, le caractère
discriminant de la présence de rosettes
stériles n’a pu être pris en photo.
Cytisus hirsutus, ce taxon appartient à un groupe complexe dont la nomenclature
est assez embrouillée.
Nous poursuivons en voiture
avant d’effectuer un parcours à
pied sur la route qui sur
plusieurs centaines de mètres en
rive droite du Bellos, jusqu’à
l’entrée du tunnel en rive
gauche, nous permettra
d’enregistrer plusieurs relevés,
en particulier sur des falaises
rocheuses portant une flore
caractéristique.
Ici pas de place pour de grandes
forêts, les arbres ou arbustes
s’accrochent aux falaises ou
occupent les espaces restreins
entre les blocs rocheux
Parmi les ligneux, arbres et arbrisseaux nous avons pu noter une grande diversité, notamment :
Acer campestre L.
Acer opalus Mill.
Acer pseudoplatanus L.
Arbutus unedo L.
Fraxinus excelsior L.
Ilex aquifolium L.
Phillyrea media L.
Pinus sylvestris L.
Quercus cerrioides Willk. et
Costa
Quercus ilex L.
Quercus pubescens Willd.
Rhamnus alpina L.
Sambucus racemosa L.
Taxus baccata L.
Ulmus glabra Huds.
Quercus cerrioides ci-contre, qui se
rencontre dans le NE de l’Espagne, sa
position dans la classification ne fait pas
l’unanimité, l’une des hypothèses serait qu’il
est un hybride entre Q. pubescens et
Q. faginea, (photo internet à l’extrême
gauche), ce dernier se rencontrant en
Afrique du Nord, au Portugal et en Espagne.
Les arbrisseaux, les sous ligneux et les lianes sont abondants :
Asparagus acutifolius L.
Bryonia dioica Jacq.
Buxus sempervirens L.
Calluna vulgaris (L.) Hull
Clematis vitalba L.
Cornus sanguinea L.
Corylus avellana L.
Crataegus monogyna Jacq.
Cytisophyllum sessilifolium (L.) O.Lang
Daphne laureola L.
Ficus carica L.
Genista hispanica L.
Hedera helix L.
Helichrysum stoechas (L.) Moench
Hippocrepis emerus (L.) Lassen
Lonicera etrusca Santi
Lonicera pyrenaica L.
Lonicera xylosteum L.
Ribes alpinum L.
Rhododendron ferrugineum L.
Rosmarinus officinalis L.
Rubia peregrina L.
Ruscus aculeatus L.
Satureja montana L.
Tamus communis L.
Thymelaea dioica (Gouan) All.
Thymus vulgaris L.
A noter également Juniperus phoenicea L. qui s’accroche aux falaises ensoleillées de la rive gauche.
L’originalité de ce secteur se trouve dans les communautés végétales des falaises du défilé,
constituants des associations spécifiques avec en particulier :
Adiantum capillus-veneris L.
Asplenium viride Huds.
Erinus alpinus L. var. hirsutus Lap.
Hypericum nummularium L.
Petrocoptis crassifolia Rouy
Pinguicula longifolia Ramond ex DC. subsp.
longifolia
Ramonda myconi (L.) Rchb.
Saxifraga longifolia Lapeyr.
Ramonda myconi, orophyte pyrénéen, l’un des rares
représentants en Europe de la famille des Gesneriaeae, c’est
une espèce relicte xérothermique de l’époque tertiaire où
régnait un climat de type tropical. Cette plante qui rappelle
le Saintpaulia a été nommée en hommage à Louis Ramond
de Carbonnières, un des premiers explorateurs botaniste du
18eme/19eme siècle de la montagne pyrénéenne.
Saxifraga longifolia espèce monocarpique, l’une des plus
remarquables du genre, se rencontre dans les Pyrénées
centrales et dans l’Atlas marocain.
Son port est voisin de S. cotyledon mais outre qu’il est
strictement calcicole (S. cotyledon se rencontre en milieu
acide, granitique ou siliceux) la forme des feuilles permet de
distinguer facilement les deux espèces.
Pinguicula longifolia subsp. longifolia la ssp. autonyme est
une orophyte des Pyrénées centrales. Dans les Causses et les
Appenins d’autres ssp. présentent quelques différences.
Erinus alpina Photo M-T Ziano les feuilles velues
laineuses, l’aspect blanchâtre et fragile caractérisent la
plante des Pyrénées nommée hirsutus par Lapeyrouse.
L’optimum écologique de ces espèces peut être diffèrent mais la même falaise est susceptible avec des
décalages de quelques centimètres de fournir pour chacune d’elle les conditions qui lui conviennent. Liés
aux suintements sur les falaises calcaires nous trouverons l’Herbe aux chartreux et la Capillaire de
Montpellier ou Cheveux de Vénus et, à l’abri des rayons directs du soleil, la Grassette à longues feuilles.
Le Saxifrage à longues feuilles accepte un ensoleillement plus important tandis que le Petrocopsis,
hygrophyle, mais fuyant à la fois le soleil et l’eau, a une préférence pour les surplombs rocheux à la base
des falaises.
Hypericum nummularium Photo M-T Ziano Le
Millepertuis à sous ou Vulnéraire des Chartreux est une
espèce des rochers calcaires, AC dans les Pyrénées elle est R
dans les Alpes (env. de Chambéry et Chartreuse), présente
également dans le sud du Jura.
Petrocoptis crassifolia Aire de répartition très localisée aux
gorges du Río Cinca dans le centre nord du Haut Aragon
(Province de Huesca) et de jusque vers Boltaña en climat
quasi méditerranéen. Ce taxon rare et menacé de disparition
pousse dans fissures des falaises calcaires entre 650 et 1800
m.(Jacques URBAN)
Bien représenté en Espagne avec 9 espèces, endémiques des Pyrénées et des Mont Cantabriques (1 seule
côté Pyrénées en France), le genre Petrocoptis dont le nom signifie "qui fend les rochers" ont
généralement des aires très localisées. Voici ce qu’en dit Jacques URBAN, créateur du Jardin Botanique
des Pyrénées occidentales qui travaille sur la flore des Pyrénées :
« Toutes (les espèces de Petrocoptis) sont des vivaces herbacées à feuilles opposées, entières et sans
stipules. Les fleurs sont disposées en cimes terminales dichotomiques et varient du blanc au pourpre. On
note 5 pétales, 5 styles et 10 étamines. Les graines sont noires et réniformes. Elles sont une des bases de
la distinction des espèces qui se divisent en 2 groupes, celui dont les graines sont lisses et brillantes et
celui dont les graines sont rugueuses et mattes. Les graines sont munies de poils au niveau de la partie qui
sert de cordon ombilical entre la graine et l'ovaire. Ils ont une fonction particulière liée à l'écologie
rupicole de ces plantes.
« En effet, ce plumeau de filaments s'hydrate très facilement et devient rapidement mucilagineux. Cela
permet donc à la graine d'augmenter son adhésion à la roche et de procurer l'eau nécessaire à la radicelle
pour lui permettre de trouver la fissure la plus proche et ainsi pénétrer dans la roche. L'adaptation à la vie
rupicole ne s'arrête pas puisque les fleurs fécondées, initialement ouvertes à l'opposé de la roche, se
tournent vers celle-ci afin que lorsque les capsules seront mûres, le maximum de graines tombe sur celle-
ci et non pas sur le sol. De même, en été lorsque le soleil est brûlant, les capsules mûres sont recouvertes
par les feuilles qui deviennent plus glauques pour assurer une meilleure protection. Dans les zones
ombragées, la couleur varie en fonction de l'orientation. Floraison entre mai et juillet.
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