La métaphore de “ la fermeture des portes ” matérialise le
principe d’interdiction de jouir du droit à l’interprétation du
message d’Allah et de son Envoyé, les “ portes ” incarnant une
certaine voie3 à la liberté de réflexion et de critique dans le sens
d’une recherche savante sur l’Islam.
D’après l’orthodoxie musulmane sunnite ce serait par
l’intermédiaire d’un consensus à caractère divin des savants, ou
idjma, que la doctrine musulmane aurait été fixée de manière
irrévocable par la “ fermeture des portes de l’idjtihad ”4.
L’idjma, se défini par le “ commun accord des savants
qualifiés d’une génération donnée et un tel consensus est
considéré comme infaillible ”5. Il trouve son fondement dans le
verset 115 de la Sourate IV: “ Quant à celui qui se sépare du
Prophète après avoir clairement connu la vraie Direction et qui
suit un chemin différent de celui des croyants : nous nous
détournerons de lui, comme lui-même s’est détourné; nous le
jetterons dans la Géhenne. ” Le principe de idjma a par la suite
été énoncé par le Prophète dans le but de l’organisation de la
communauté musulmane, et qu’un hadith, c’est-à-dire une
parole, rapporte en ces termes: “ Ce qui est bon pour tous les
musulmans est bon également pour Dieu, et ma communauté ne
tombera jamais d’accord sur une erreur ”. L’idjma confère ainsi,
l’autorité nécessaire à la légitimation du travail des fukaha(s), les
savants du “ fikh ”, ou science de la Shari’a, de compréhension
de la volonté de Dieu, destinée à indiquer aux membres de la
communauté ce qu’ils doivent ou ne point faire. De par ses
fondements divins, “ l’idjma garantit ainsi la totalité des
conclusions de l’idjtihad exercé légitimement ” conformément à
la théorie des fondements du droit islamique, les usul(s) al-fikh.6
Reconsidérer les termes de la Loi Islamique, par la voie d’un
3 W. B. HALLAQ, Was the gate of ijtihad closed ?, op. cit., p. 20, l’auteur considère que
“ bab ”, c’est-à-dire la porte, traduit l’idée de la “ voie ”, de la “ possibilité ” d’agir sur un
plan exclusivement juridique: “ As often used in legal discussions, the term “ bab ” means
“ way ”. Thus, “ saddu babi al-talaqi ” may be rendered as “ closing the way of divorce ”
or “ making divorce infeasible ”. Similary, “ insadda babu al kiyasi ” may be translated
“ the way of kiyas was closed ” or “ the procedure of kiyas was
suspended ”, kiyas représentant une variante de l’idjtihad qui fera l’objet d’une précision.
4 N. J. COULSON, Histoire du Droit Islamique, P.U.F., Paris, 1995, p. 77-80. L. MILLIOT,
F.P. BLANCS, Introduction à l’Etude du Droit Musulman, Sirey, Paris, Nouvelle Edition,
1987, p. 108-115
5 N.J. COULSON, op. cit., p.77
6 Ibid.