- v 39-42, on assiste au dialogue entre les deux malfaiteurs au sujet de
Jésus. Le mauvais larron reprend les mêmes moqueries que les chefs des
prêtres, il réclame un salut temporel : être sauvé de la mort. Les termes
« vinaigre » (v36) (Ps 29, 22) et « malfaiteurs » (22,37 citant Is 53,17) sont des
termes de l’écriture. Le malfaiteur ajoute une tentation aux deux précédentes.
Elle porte sur ce qui est le cœur même de la mission du Christ : apporter le
salut à tous les hommes. Comme pour les romains et les chefs des prêtres, le
mauvais larron utilise le titre religieux « Messie » (v 39), tandis que le bon parle
de Jésus comme « roi » (v 42).
La conversion du malfaiteur est un
double repentir envers Dieu et envers les
hommes, elle a lieu sous nos yeux. Il
reprend d'abord son compagnon au nom
de la crainte de Dieu puis reconnaît ses
fautes. Sa confession se termine par
l'affirmation de l'innocence de Jésus.
- v 42-43, l'affirmation de la
royauté du Christ et surtout son
avènement semblent être repoussés par
le bon larron à la fin des temps. Jésus
reçoit ici et exauce la prière du bon
larron. Il corrige cependant solennellement (en l’introduisant par « Amen ») le
moment de l'avènement et affirme l'aujourd'hui de l'accomplissement. C'est la
mort même de Jésus qui inaugure le salut messianique, le royaume du Christ.
La référence au retour au « paradis » signifie à la fois la communion rétablie
avec Dieu et l'accès retrouvé à l'arbre de vie (Ap 2, 7). Ainsi Jésus sauve bien le
bon larron, non de la croix, mais de la mort véritable en lui donnant part à la
vie éternelle. Grâce au bon larron, nous savons que nous sommes sauvés non à
cause de nos mérites mais par grâce.
2 – Pour aller plus loin
L'aujourd'hui du salut
Le mot « aujourd'hui » tient une place remarquable dans l'Évangile de Luc,
notamment toutes les fois où apparaît le mot « salut ». C'est aujourd'hui que
Dieu nous appelle et qu'il nous sauve. Ainsi Luc a situé la personne et l'œuvre
de Jésus au centre de l'histoire humaine et au cœur de l'existence du croyant.
Toute une théologie du salut nourrit ainsi son témoignage d'historien, prenant
en compte à la fois l'aujourd'hui du Christ, l'aujourd'hui du chrétien et
l'aujourd'hui de l'Église.
L'aujourd'hui du Christ
Le Christ dit et cela a lieu, sa parole est performative, souverainement efficace.
Les auditeurs de Jésus et les témoins oculaires de son œuvre, comme le bon
larron, ont donc eu conscience de vivre le temps de l'accomplissement de leur
salut, de vivre ce temps du salut, d'être sauvés.
L'aujourd'hui des chrétiens
C'est la promptitude du bon larron, comme celle de Zachée, à répondre à cet
aujourd'hui du Christ qui déclenche l'affirmation de l'actualité du salut. C'est
bien ce salut qui nous est offert à chaque instant de nos vies pour peu que nous
répondions à l'appel et à la conversion que nous demande le Christ. Dieu n'est
pas dans le passé ou dans le futur mais bien dans cet aujourd'hui du bon
larron, dans notre présent.
L'aujourd'hui de l'Eglise
La perspective de Luc reste ouverte sur le futur. Pour lui, l'attente de la parousie
(cf point de catéchèse de la fiche 17)
n'a plus rien de fiévreux. Nul ne saurait dire si
elle sera très proche, mais il est sûr qu'elle sera soudaine. Et l'attitude que Jésus
attend de ses disciples, ce n'est pas la crainte ni l'impatience, mais la constance,
la lutte contre l'assoupissement, et le refus de se laisser envahir par des soucis
terrestres (Lc 8, 7. 14), la vigilance.
Le temps qui se prolonge risque à chaque instant d'être trop court, et c'est
pourquoi le règne de Dieu, dont la consommation est encore à venir, doit être
anticipé chaque jour comme la réalité présente du salut : « Le Règne de Dieu
est arrivé sur vous », « le Règne de Dieu est parmi vous » (Lc 11, 20 ; 17, 21).
Grâce à la présence active de l'Esprit dans l'Église, la venue du Christ, sa mort et
sa résurrection ne sont pas des événements lointains, isolés, perdus au milieu
du temps à la charnière des deux alliances, mais elles habitent l'aujourd'hui de
l'Église et constituent en toute vérité « les événements accomplis parmi nous »
(Lc 1, 1).
Le jugement particulier
La mort met fin à la vie de l'homme comme temps ouvert à l'accueil ou au rejet
de la grâce divine manifestée dans le Christ. Le Nouveau Testament parle du
jugement principalement dans la perspective de la rencontre finale avec le
Christ dans son second avènement, mais il affirme aussi à plusieurs reprises la
rétribution immédiate après la mort de chacun en fonction de ses œuvres et de
sa foi... CEC 1021