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QUESTIONS DE LANGUE ET DE STYLE
Réal D’Amours
Marie Dufour (mise à jour)
À bas : cette locution interjective s’emploie comme signe d’hostilité. Ne pas confondre
avec le verbe abattre… Ex. : « À bas les taxes » et non « Abats les taxes »…
Académique : cet adjectif est un anglicisme au sens de « scolaire », « universitaire » ou
dans l’expression « sur le plan académique ». On écrira plutôt « sur le plan des
études ou de la formation ». Dans un curriculum vitæ, on écrit simplement
« Formation » ou « Études ». L’adjectif « académique » a souvent une connotation
péjorative en français ; il signifie alors conventionnel, conservateur. Dans son sens
strict, il qualifie ce qui relève d’une académie.
Acétate : impropriété pour parler du support transparent que l’on utilise avec le
rétroprojecteur. Dire : un transparent.
À date : calque de l’anglais. Remplacer par « à jour », « à ce jour », « jusqu’à maintenant »,
« jusqu’à présent », « jusqu’ici ».
Adresse : dans une adresse, le numéro civique est toujours suivi d’une virgule. Le terme
générique (rue, avenue, boulevard, etc.) est obligatoire et ne prend jamais la
majuscule (sauf dans 1re Avenue, 10e Rue…). Le mot « saint » dans un odonyme
(nom de la voie de circulation) ou dans le toponyme (nom de la ville ou du lieu)
n’est jamais abrégé et il est toujours lié au mot suivant par un trait d’union. Le mot
« suite » est un anglicisme que l’on doit remplacer par le mot « bureau » (avec une
majuscule en début de ligne). Le nom de la ville est sur la même ligne que le nom
de la province, qui est entre parenthèses, suivi, après deux espaces, du code postal
toujours sur la même ligne (avec des majuscules aux lettres et sans trait d’union
entre les deux groupes d’éléments). Ex. (fictif) :
Monsieur Roger Bontemps
Direction des programmes et de la recherche
Ministère des Ressources naturelles du Québec
Bureau 302
800, chemin Sainte-Foy
Québec (Québec) G1H 6R1
Affaire : ce mot ne prend pas de « s » dans « faire affaire ».
Âgé : on commet une faute lorsqu’on utilise la préposition « entre » pour indiquer un âge
approximatif ou une tranche d’âge : « ils sont âgés de 35 à 50 ans » et non « ils sont
âgés entre 35 et 50 ans ».
Agréer : ce verbe est transitif direct au sens d’accepter : « Veuillez agréer mes
salutations ». Il est transitif indirect au sens de convenir, plaire : « Vous agréez à
mon père ».
Agressif : anglicisme pour dynamique, déterminé, volontaire, fonceur, persuasif…
Ainsi : attention à l’usage de cet adverbe. Plusieurs l’utilisent en début de phrase, comme
marqueur de relation, sans en respecter le sens. Ainsi veut dire « de cette façon »,
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« comme cela ». Pour que son usage soit correct, on doit pouvoir le remplacer par
« de cette façon ».
Aller sous presse : calque de l’anglais. Remplacer par « mettre sous presse ».
Alternative : ce mot n’a qu’un sens en français : situation où il y a deux possibilités. Ainsi,
on ne dira pas « Être pigiste me semble la meilleure alternative », puisque le mot
« alternative » implique deux choix possibles. On remplacera le mot « alternative »
par le mot « choix », ou « solution », ou, selon le contexte, par l’expression
« solution de rechange ». Ex. : « Il ne restait qu’un choix ou qu’une solution » et
non pas « Il ne restait qu’une alternative ».
Anacoluthe : cette rupture de construction consiste à unir deux segments de phrase qui ne
vont pas syntaxiquement ensemble. Ex. : « Ayant discuté avec des personnes, les
commentaires reçus ont confirmé mes attentes ». Le sujet du verbe « ayant discuté »
doit être celui de la principale : « Ayant discuté avec des personnes, jai pu
confirmer mes attentes. » « Reconnaissant votre attachement à Québec, vous êtes
invité à transmettre vos idées de défilé de Carnaval ». Qui est reconnaissant ? Le
Carnaval. Il faut donc dire « Reconnaissant votre attachement à Québec, les
responsables du Carnaval vous invitent à transmettre vos idées de défilé ». « Afin
d’éviter d’entacher sa réputation, le congédiement du directeur est la seule option
pour l’institution ». Comme il s’agit de la réputation de l’institution, le sujet de la
principale ne peut être qu’institution. « En tant que professionnelle des
communications, il s’agit d’un préalable... » Le sujet du verbe doit être « je » (la
professionnelle) à cause de l’apposition. « Pour son deuxième numéro, la
présentation de Rédiger... ». Le sujet doit être Rédiger. Autre exemple : « En plus de
se mettre dans la peau du rédacteur, il est possible de comprendre la collaboration
entre lui et le politicien... ». On ne peut ici avoir un sujet impersonnel (« il » de « il
est possible »), car comment un impersonnel pourrait-il se « mettre dans la peau du
rédacteur » ? C’est le sujet de cette action que nous devons retrouver comme sujet
de la principale : « En plus de se mettre dans la peau du rédacteur, le lecteur pourra
comprendre... ». Autre exemple : « Pour commémorer son histoire, le magazine
publie un article sur la législation linguistique ». C’est l’histoire de la Charte que
l’on commémore, pas celle du magazine (auquel renvoie le possessif « son »). On
aurait pu cependant écrire : « Pour commémorer l’histoire de la Charte, le magazine
publie un article… ». Dans ce dernier cas, l’apposition est autosuffisante, c’est-à-
dire que nous n’avons pas besoin de chercher le référent du possessif « son ».
Animisme : attention de ne pas prêter des pouvoirs humains aux choses concrètes ou
abstraites. Ex. : « Le problème mécanique dont le remonte-pente a été victime »,
seuls les êtres vivants peuvent être victimes. « Cet incident a renforcé nos mesures
de sécurité », au lieu de dire « Cet incident nous a mené à renforcer nos mesures de
sécurité ». « La réaction des élus n’est pas aussi optimiste ». On donne ici un
pouvoir d’autonomie à la réaction qu’elle ne peut avoir. Ce sont les élus qui
réagissent de façon optimiste. « Le Festival a été victime d’événements
regrettables… » Poursuivra-t-il ? « Nous espérons que votre participation sera de la
partie… ». Vous, vous pourrez rester chez vous ! « Un château ne peut se permettre
d’être malpropre... ». C’est qu’il ne s’en rend pas compte ! Ou « Le Château
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Dufresne est d’accord pour en faire une exposition… ». On ne lui demande pas son
avis ! « Les discours affluent de toute part... » ; dire plutôt « Les discours nous
parviennent de partout à la fois » ou « Les discours se multiplient ». Pire exemple
encore : « Le métier de rédacteur mesure le pouvoir des mots... » Dire simplement
ici : « Le rédacteur mesure le pouvoir des mots... ». Autres exemples : « Cette fête
espère satisfaire les désirs des visiteurs », « Le kirpan est un objet non violent »,
« Les chartes des droits et libertés sont en accord avec ce point », « L’information
publique doit surveiller ce qui se passe dans la collectivité ».
Année : toujours au long lorsqu’on fait référence à une année précise : 2009 et non 09. On
écrit au choix les années 90 ou 1990. Pas de ‘90, l’usage de l’apostrophe étant
anglais. Dans 1998-1999, les deux années sont écrites au long.
Année longue : l’expression populaire « à l’année longue » est un anglicisme (all year
long). On la remplace par « toute l’année » ou « à longueur d’année ».
Appointement : anglicisme au sens de « rendez-vous ».
Après que / avant que : la locution « après que » exige l’indicatif parce que l’événement
est arrivé, il n’est plus virtuel. Ex. : « Après que l’individu eut pénétré dans la
maison » et non « Après que l’individu ait pénétré dans la maison ». La locution
« avant que » exige, pour sa part, le subjonctif parce que l’action n’est pas encore
réalisée. Ex. : « Avant que la marchardise soit livrée ».
Apte : ne s’applique qu’aux personnes et signifie « qui a les qualités nécessaires pour
accomplir une tâche quelconque ». Un château n’est pas apte à recevoir des
expositions d’art brut, tout au plus il convient à ce genre d’activités.
Argent : ce mot ne se met pas au pluriel lorsqu’on parle de sommes d’argent. Donc, il est
toujours fautif de parler « des argents », quoi qu’en disent les politiciens...
Arrière : cet adjectif est invariable : les pneus arrière, les fenêtres arrière... Lorsqu’il est
utilisé dans un mot composé (arrière-plan, arrière-fond, arrière-boutique, arrière-
grand-mère…), il est toujours suivi d’un trait d’union et il reste toujours invariable
(arrière-plans, arrière-fonds, arrière-boutiques, arrière-grands-mères…). Les mêmes
remarques s’appliquent à avant : des pneus avant, des avant-projets…
Article ou préposition : lorsque deux mots sont coordonnés, la préposition ou l’article qui
les accompagne doit être répété. Ex. : « Il suffit de comprendre et d’analyser » ou
« La mesure touche les étudiants et les professeurs ».
À toutes fins pratiques : calque de l’anglais. Remplacer par « à peu près », « en pratique »,
« en réalité », « pour ainsi dire », « pratiquement », « somme toute ».
Au sein de : la locution prépositive « au sein de » signifie « au milieu de », « à l’intérieur
de ». Attention à l’usage : si elle peut être remplacée par « dans », « parmi »,
préférer ces prépositions.
Aucun : lorsque ce mot est pronom et qu’il a la valeur de nul, il s’accompagne de « ne ».
Ex. : « Aucun n’est venu ». On a souvent tendance à oublier la négation lorsqu’il y a
liaison entre le sujet et le verbe. C’est aussi le cas pour : « On n’a pas ». Ce mot
peut aussi être un adjectif indéfini. Il prend le pluriel lorsqu’il accompagne un nom
qui est invariable pluriel. Ex. : « aucuns frais », « aucunes funérailles »…
Audio : ce mot est invariable lorsqu’il est adjectif. Ex. : des bandes audio. Il peut aussi
servir de préfixe. Dans ces cas, il est collé au mot qu’il accompagne : audiovisuel,
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audionumérique, audioguide…
Avant : voir arrière.
Avant-midi, après-midi : ces mots peuvent s’utiliser au féminin comme au masculin, mais
ils sont toujours invariables selon l’orthographe traditionnelle. La nouvelle
orthographe propose que les mots avant-midi et après-midi s’accordent en nombre :
des avant-midis, des après-midis.
Avenue : l’abréviation est « av. ». L’abréviation « ave » est un anglicisme. Aussi, lorsque,
dans une adresse, ce générique est précédé d’un adjectif numéral, il devient
spécifique et prend la majuscule. Ex. : 1re Avenue.
Baby-boomer ou baby-boumeur, meuse : ce mot anglais est entré dans la langue
française. Par conséquent, on l’écrira avec un trait d’union, sans italique et on fera
l’accord en nombre au deuxième mot le cas échéant : des baby-boomers ou baby-
boumeurs.
Banlieue : c’est un collectif qui englobe toutes les localités en périphérie d’un grand centre.
On ne dit donc pas « les banlieues de Québec ou de Montréal », mais « la banlieue
de Québec ou de Montréal ». On ne parle pas non plus du Montréal métropolitain,
mais de l’agglomération montréalaise (qui englobe la banlieue) ou du Grand
Montréal.
Barré : si l’on veut parler d’une porte fermée à l’aide d’un verrou ou d’une serrure, il faut
dire que cette porte est « verrouillée » ou « fermée à clé ». L’adjectif « barré »
signifie « fermé à l’aide d’une barre ».
Bel et bien : locution figée dans laquelle l’adjectif « bel » demeure invariable.
Bénéfice : lorsqu’il est adjectivé, ce mot est uni au mot qu’il qualifie par un trait d’union et
il reste invariable : des activités-bénéfice, des soupers-bénéfice. Lorsqu’il fait partie
de la locution « au bénéfice de », il est toujours au singulier et il signifie « au profit
de ». Ex. : travailler au bénéfice de l’industrie, ou au profit de l’industrie.
Bien que : cette locution est toujours suivie du subjonctif.
Bienvenue : utilisé après « merci » en guise de signe de politesse, ce mot est un anglicisme
(you’re welcome). À remplacer par « Il n’y a pas de quoi », « De rien », « Je vous en
prie ».
Blanc de mémoire : calque de l’anglais. Remplacer par « trou de mémoire ».
Bogue : pour désigner des problèmes informatiques causés par des défauts de logiciels, on
emploie le mot « bogue ». Ce mot est la francisation du terme anglais bug, qui
signifie littéralement « insecte nuisible ». Donc, pas de guillemets avec ce mot
francisé.
Breuvage : ce mot signifie en français « philtre », « médicament ». Au sens de boisson (eau
ou autres), c’est un anglicisme.
canadien-français et Canadien français : attention, l’adjectif seulement s’écrit avec un
trait d’union. Ex. : des valeurs canadiennes-françaises. Aussi, comme tous les noms
de peuples, le nom Canadien prend la majuscule : chaque Canadien est concerné.
Au sens de « Québécois », « québécois », ces expressions sont vieillies.
Car : cette conjonction de coordination est généralement précédée d’une virgule.
Carte : l’expression « carte d’affaires » est un anglicisme que l’on remplacera par « carte
professionnelle » ou « carte de visite » ou « carte » tout simplement.
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Ce qui : cette formule, lorsqu’elle introduit une subordonnée qui précise une idée ou
souligne une conséquence, est précédée d’une virgule. Ex. : Le projet nuit à l’image
de l’université, ce qui se répercute sur la valeur des diplômes.
Ceci, cela : ces pronoms démonstratifs doivent absolument correspondre à quelque chose
de rapproché pour éviter que le lecteur n’ait à chercher le référent. « Ceci » renvoie
à ce que l’on va dire : « Je vous dirai ceci : méfiez-vous des démonstratifs ».
« Cela » renvoie à ce qui précède : « Méfiez-vous des démonstratifs, cela peut vous
jouer de mauvais tours ». « Ceci » est un démonstratif prochain et « cela », un
démonstratif lointain. Pour la clarté du texte, il vaut mieux éviter le plus possible
d’utiliser ces mots et les remplacer par le sujet auquel ils renvoient.
Cédérom : sigle pour compact disk read only memory. On préférera la graphie francisée
« cédérom ». Au pluriel : cédéroms. La recommandation officielle de l’Académie
française est disque optique compact. Ouais…
Cédule : anglicisme pour « horaire », « programme », « calendrier ».
Cégep et université : cégep est ce qu’on appelle un acronyme lexicalisé (collège
d’enseignement général et professionnel). Ça signifie qu’il est devenu un nom
commun. Donc, pas de majuscule (à moins qu’il s’agisse de la raison sociale) et
marque du pluriel si on parle des cégeps. On ne met pas plus de majuscule à
« université » si on ne parle pas de la raison sociale.
Celui-ci, celui-là, ce dernier : à utiliser modérément dans un texte de communication
publique qui se veut clair et efficace. Ces pronoms démonstratifs alourdissent la
phrase en plus de créer des risques de confusion pour le lecteur. D’ailleurs, une fois
sur deux, ces démonstratifs sont mal utilisés : ils ne renvoient pas sémantiquement
au premier substantif qui précède ou qui suit alors qu’ils y sont liés par la syntaxe.
Le meilleur conseil : ne pas les utiliser.
Centre d’achats : anglicisme pour centre commercial. On peut toutefois dans certains
textes à saveur critique, ironique ou éditoriale et pour une question de style choisir
de conserver l’anglicisme. Il faut savoir cependant que l’on déroge au principe du
registre de langue standard. C’est le cas dans la phrase suivante : « Dans la vie, on a
le choix d’aller au cinéma ou au centre d’achats ». Ici, écrire « centre commercial »
briserait la rythmique et enlèverait toute marque d’ironie. La même remarque vaut
pour d’autres anglicismes. Pas d’abus du procédé cependant, car il s’agit bel et bien
d’une faute, ici volontaire, mais le lecteur doit le sentir.
Certificat-cadeau : calque de l’anglais. Remplacer par « chèque(-)cadeau » ou
« bon(-)cadeau ».
C’est-à-dire : s’écrit avec des traits d’union. Éviter l’abréviation « i-e » (du latin id est) ou
« c.-à-d. » dans un texte. Cette locution est toujours précédée d’une virgule.
Chance et risque : ces deux mots sont souvent pris l’un pour l’autre. Il faut savoir les
distinguer. Ex. : « Une femme a plus de chance d’être agressée » est une insulte à
toutes les femmes. Il faut dire « Une femme risque plus d’être agressée » ou « court
plus de risques d’être agressée ». De la même manière, « courir une chance »
s’emploie lorsqu’on espère que l’événement envisagé sera positif. Si on craint qu’il
soit négatif, on dit « courir un risque ». Ex. : « Je cours une chance de gagner », « Je
cours le risque de perdre ». Enfin, « prendre une chance » est un anglicisme (to take
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