1. Introduction
Au milieu des années soixante-dix, des experts du Conseil de l’Europe ont élaboré un modèle
opérationnel de compétences linguistiques pour pouvoir s’exprimer d’une manière
indépendante dans un cadre où la langue étrangère est la langue véhiculaire. Les experts ont
défini un niveau « seuil » de communication (Descriptions de niveaux de référence pour les
langues nationales et régionales). La première description de ce niveau seuil a été développée
en 1975 par Van Ek et Trim pour l’anglais, intitulée Threshold Level, et a été suivie de la
version française Un niveau seuil en 1976. Van Ek et Trim ont également élaboré un niveau
inférieur au niveau seuil, Waystage level, ainsi qu’un niveau supérieur, intitulé Vantage level,
puis des versions dans d’autres langues ont suivies (Beacco et al. 2004a : 9). C’est en partie à
partir de ces descriptions des niveaux de compétence des langues qu’un groupe d’experts en
langues a élaboré l’échelle à six niveaux du Cadre européen commun de référence pour les
langues (désormais le CECR) qui s’étendent du niveau débutant (A1) au niveau quasi-natif
(C2) (Descriptions de niveaux de référence pour les langues nationales et régionales). Le
CECR a été publié en 2001 par le Conseil de l’Europe et fait partie de leur politique
linguistique qui vise à promouvoir le plurilinguisme en Europe (CECR, 2001 :11). Le CECR
est un outil pour définir le niveau de compétence communicative d’un individu en se basant
sur ce que l’apprenant sait faire avec la langue (CECR, 2001 : 9). Pour en donner un exemple
de l’échelle globale, le niveau A1 est décrit de la manière suivante :
Peut se présenter ou présenter quelqu'un et poser à une personne des questions la concernant –
par exemple, sur son lieu d'habitation, ses relations, ce qui lui appartient, etc. – et peut répondre
au même type de questions. Peut communiquer de façon simple si l'interlocuteur parle lentement
et distinctement et se montre coopératif (CECR, 2001 : 25).
De plus, le CECR est une base commune pour élaborer des cours de langues, des examens,
des méthodes etc. (CECR, 2001 :9). Depuis sa publication, le CECR a connu un grand succès
comme un document de référence pour l’apprentissage, l’enseignement et l’évaluation des
langues dont témoigne la disponibilité en 37 versions linguistiques (Présentation du CECR).
Cependant, le CECR a été critiqué pour la manière générale dont il décrit les compétences
linguistiques dans les échelles du chapitre 5 et pour ne pas décrire les phénomènes propres à
une langue (Forsberg & Bartning 2010 :135). Hulstijn et al. (2010 : 15) critique de sa part
que le CECR ne se base ni sur un matériel empirique de productions d’apprenants d’une
langue seconde, ce qu’on appelle des apprenants L2, ni sur des théories du domaine de la
linguistique, mais seulement sur des observations et jugements des professeurs de langue et