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ILE-DE-FRANCE
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LE PALEOLITHIQUE
Les découvertes du Paléolithique* ont été très peu nombreuses au cours de cette période,
mais deux d’entre-elles sont remarquables.
Le site des tufs de Vernou-La-Celle sur Seine (Seine-et-Marne), connu de longue date
comme gisement fossilifère, a fait l’objet en 2003 d’un sondage. Cette opération a permis de mettre en
évidence un niveau intermédiaire d’occupation qui a livré une faune subtropicale (hippopotame,
macaque) et des artéfacts lithiques attribuables à l’« homo heidelbergensis » (vers 350 000 avant notre
ère). Il s’agit donc de l’un des gisements les plus anciens du Nord de la France. Ce site exceptionnel
est désormais protégé par des acquisitions foncières réalisées par la municipalité et la création d’un
espace dédié à la géologie et à l’archéologie.
Par ailleurs, un diagnostic réalisé à Étiolles (Essonne) en regard du site magdalénien* (l’un
des principaux en Europe avec celui de Pincevent situé en Seine-et-Marne) et où se poursuivent des
recherches programmées depuis plusieurs décennies, a prouvé la continuité de cette occupation qui
s’étend bien au-delà des limites connues du gisement initial.
LE NEOLITHIQUE
C’est le Néolithique ancien* et plus particulièrement la culture dite du Villeneuve Saint
Germain* (vers 4700-4600 av. J.-C.) qui a connu les découvertes les plus marquantes. Plusieurs
villages ont été explorés, entre autres en vallée de Marne à Luzancy et Mareuil-les-Meaux (Seine-et-
Marne). A Chelles (Seine-et-Marne), un ensemble contemporain a été fouillé sur le plateau et non en
vallée, découverte fondamentale car elle ouvre de nouvelles perspectives sur les premières
installations pérennes des agriculteurs du Néolithique ancien.
A Vignely (Seine-et-Marne), une enceinte du Néolithique moyen II (4300-3400 av. J.-C.),
uniquement connue auparavant par des photos aériennes, a pu être en partie explorée. Adossé au cours
de la Marne, la fonction (défensive ? cultuelle ? mixte ?) de cet ensemble n’est pas encore
parfaitement déterminée. En effet, la rareté de ces témoignages impose des fouilles minutieuses, des
comparaisons au-delà des limites régionales (avec la Picardie et la Bourgogne) et des études de longue
haleine.
Enfin, on retiendra mise au jour d’une sépulture collective du Néolithique récent* à
Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne). Cet ensemble funéraire, situé à l’extrémité d’un éperon naturel
dominant le Loing, comportait plusieurs individus en bon état de conservation.
LES ÂGES DES METAUX
Les opérations archéologiques concernant les âges des Métaux* ont été nombreuses au cours
de ces cinq dernières années. Les fouilles menées dans le cadre d’une extension de carrière à Changis-
Archéologie préventive
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sur-Marne (Seine-et-Marne), en cours d’achèvement, ont livré une occupation presque continue du
Bronze final* au second âge du Fer* sur plus de 15 hectares. On y remarque plus particulièrement une
imposante nécropole à incinérations du Bronze final qui constitue l’un des ensembles funéraires les
plus important du Nord de la France.
C’est aussi une occupation extensive principalement de la Tène finale* qui a été explorée en
continu sur le plateau Briard, à Charny (Seine-et-Marne), dont les limites spatiales ne sont toujours pas
atteintes. L’une des découvertes les plus spectaculaires de ce complexe est celle d’un espace à
vocation cultuelle composé d’un double puits où gisaient des animaux (chiens et cochon), puits cerné
par une enceinte circulaire de 25 m de diamètre, constitué de près de six cents poteaux et piquets
intégrant une estrade et un escalier d’accès.
De nombreux ensembles funéraires ont été découverts dont une nécropole à incinérations du
Bronze final* à Marolles-sur Seine (Seine-et-Marne). Plusieurs tombes comprenant un riche mobilier
ont pu être explorées dont une à l’architecture presque exclusivement constituée de dizaines de kilos
de céramiques, cas unique à ce jour. Au monde funéraire appartiennent d’autres nécropoles,
principalement du second âge du Fer*. Si la plupart d’entre-elles sont attribuables à des élites
guerrières ou aristocratiques et ne comprenaient au maximum que quelques dizaines d’individus
comme à Nanterre (Hauts-de-Seine), Jaulnes ou Gouaix (Seine-et-Marne), la découverte la plus
remarquable reste sans conteste celle faite dans l’enceinte de l’hôpital Avicennes à Bobigny (Seine-
Saint-Denis). Il s’agit là d’un cimetière complet de village où ont été retrouvés plusieurs centaines
d’hommes, de femmes et surtout d’enfants, de toutes les classes sociales représentées dans la société
gauloise, des plus élevées (guerriers, « barde ») aux plus humbles. Un tel ensemble ouvre des
perspectives considérables pour de futures études anthropologiques, sanitaires, et peut être même
génétiques sur les populations gauloises avant la romanisation.
A Souppes-sur Loing, un établissement initialement identifié comme une ferme s’est révélé à
la fouille être un « site à banquet », lieu particulier où l’on se rassemblait durant la Tène finale* pour
des agapes dont la finalité (sociale, cultuelle) reste encore énigmatique.
A Meaux (Seine-et-Marne), des diagnostics réalisés à proximité du site gaulois et romain de
La Bauve ont permis de retrouver la suite de l’ensemble cultuel gaulois (dépôts d’offrandes et d’armes
sacrifiées) complétant notre connaissance de ce haut lieu du peuple des Meldes.
La presse nationale et internationale s’est très largement faite l’écho des découvertes
récentes faites à Nanterre, à la suite de fouilles ponctuelles menées ces cinq dernières années, et qui
conduisent à s’interroger sur l’identification, désormais incontestable, de cette agglomération gauloise
par rapport à la Lutèce de la Guerre des Gaules.
Enfin, l’année 2005 a été l’occasion d’explorer presque totalement un exceptionnel habitat
fortifié aristocratique à Villiers-sur-Seine (Seine-et-Marne), datable de la fin de l’âge du Bronze* et du
début du premier âge du Fer*. Cet ensemble fortifié par un ensemble de cinq enceintes adossées à la
Seine a livré un mobilier archéologique considérable et montré la présence sur ce lieu stratégique
d’une aristocratie de haut rang. Il est aujourd’hui unique en Europe.
Tous ces sites emblématiques ne doivent cependant pas faire oublier les opérations plus
« modestes » menées essentiellement sur des établissement agricoles et qui nous permettent,
particulièrement lorsqu’il est possible de les explorer dans les grandes zones d’aménagement comme à
Melun Sénart (Seine-et-Marne et Essonne), Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) et sur le plateau de
Saclay (Essonne), d’accéder à une compréhension spatiale et diachronique de l’essentiel des
occupations humaines de ces périodes, toute aussi fondamentale pour la connaissance de notre
histoire. Ces opérations permettent seules de reconstituer l’histoire des terroirs et le quotidien de ceux
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qui représentaient la majeure partie de la population et que pourrait faire oublier la mise en avant de
sites « spectaculaires ».
L'ANTIQUITE
Les découvertes principales pour l’Antiquité concernent en premier lieu celles réalisées dans
les villes romaines. Bien que l’activité urbanistique des centres villes anciens ait connu une pause ces
dernières années en Île-de-France, plusieurs opérations sont cependant à signaler. A Paris, une fouille
menée dans le collège Sainte-Barbe a démontré que la ville romaine du Haut-Empire* s’étendait
jusqu’à ce secteur autrefois considéré comme périurbain. A Meaux surtout, où deux fouilles
archéologiques majeures ont permis, dans l’enceinte de l’hôpital d’une part et boulevard Jean-Rose
d’autre part, d’explorer pour la première fois sur des surfaces significatives les quartiers de la ville
antique. Les origines précoces de la trame urbaine, dès la période augustéenne*, voire de la fin de la
conquête, et les évolutions de ces quartiers de résidentiels en espaces artisanaux ont pu être mises en
évidence. En particulier, une intense métallurgie du fer semble avoir prévalu, artisanat dont on ne
pensait pas trouver de traces aussi récurrentes avant ces interventions. Enfin, la parure monumentale
de Meaux s’est complétée grâce à la découverte inattendue d’un troisième édifice de spectacle (un
théâtre) lors de diagnostics menés sur la zone industrielle au nord de la ville.
C’est encore l’artisanat, cette fois-ci de la céramique, dont la connaissance a connu de belles
découvertes comme à Saint-Léger-en-Yvelines (Yvelines) où deux fours augustéens accompagnés de
leur production et des installations potières ont été mis au jour à l’occasion de la réalisation d’un petit
lotissement. A Villeparisis (Seine-et-Marne) c’est un exceptionnel four de céramique commune dite
granuleuse de la seconde moitié du IVe siècle qui a été retrouvé. Les fouilles en cours à quelques
dizaines de mètres de cette première opération permettent d’envisager une poursuite de cette activité,
cette fois ci d’imitation de céramique dite d’Argonne. A Mareuil-les-Meaux (Seine-et-Marne), une
installation de même nature avait déjà été mise en évidence en 2002, atelier du milieu du IVe siècle qui
s’était installé au cœur d’une villa* du Haut-Empire* « reconvertie ». Ces centres de production
permettent de faire enfin le lien avec les autres sites archéologiques consommateurs et concourent à
dresser la carte économique de l’Antiquité en Île-de-France.
Deux agglomérations secondaires ont été explorées, l’une à Gonesse (Val-d’Oise), l’autre à
Vanves (Hauts-de-Seine), dans ce qui était la périphérie de la Lutèce romaine. Si la première paraît
avoir prospéré à la croisée de routes commerciales, la seconde, à la trame urbanistique faite de
terrasses, semble s’être rapidement spécialisée dans la production céramique dès le IIIe siècle, activité
qui s’est développée tout au long du haut Moyen Âge.
Parmi les nombreux établissement agricoles ruraux, on retiendra tout particulièrement
l’exemplarité de celui de Gonesse (Val-d’Oise), fouillé dans sa totalité et dont toutes les phases
d’évolution ont été retrouvées de la Conquête à l’orée du Ve siècle. Il convient de lui adjoindre la pars
urbana* d’une riche villa* à Charny (Seine-et-Marne) dont les décors d’enduits peints
remarquablement conservés ont été retrouvés.
Enfin, à la charnière entre le monde antique et le début du haut Moyen Âge* trois ensembles
explorés se distinguent de tous les autres. Il s’agit en premier lieu aux Essarts-le-Roi (Yvelines) d’une
grande maison longue sur poteaux, isolée, de tradition germanique et qui témoigne en dépit, de sa
modestie, de la réalité de la présence des troupes germaniques de l’armée romaine sur le sol francilien.
Les exemples de ce type sont rarissimes. En 2005, coup sur coup deux nécropoles ont fait l’objet
d’une fouille préventive, l’une de la seconde moitié du IVe siècle, à Tremblay en France (Seine-Saint-
Denis) aux tombes accompagnées d’un très riche mobilier, l’autre en cours de fouille à Bondy (Seine-
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