Région Ile-de

publicité
Rapport au Parlement
ILE-DE-FRANCE
193 sur 448
Rapport au Parlement
ILE-DE-FRANCE
LE PALEOLITHIQUE
Les découvertes du Paléolithique* ont été très peu nombreuses au cours de cette période,
mais deux d’entre-elles sont remarquables.
Le site des tufs de Vernou-La-Celle sur Seine (Seine-et-Marne), connu de longue date
comme gisement fossilifère, a fait l’objet en 2003 d’un sondage. Cette opération a permis de mettre en
évidence un niveau intermédiaire d’occupation qui a livré une faune subtropicale (hippopotame,
macaque) et des artéfacts lithiques attribuables à l’« homo heidelbergensis » (vers 350 000 avant notre
ère). Il s’agit donc de l’un des gisements les plus anciens du Nord de la France. Ce site exceptionnel
est désormais protégé par des acquisitions foncières réalisées par la municipalité et la création d’un
espace dédié à la géologie et à l’archéologie.
Par ailleurs, un diagnostic réalisé à Étiolles (Essonne) en regard du site magdalénien* (l’un
des principaux en Europe avec celui de Pincevent situé en Seine-et-Marne) et où se poursuivent des
recherches programmées depuis plusieurs décennies, a prouvé la continuité de cette occupation qui
s’étend bien au-delà des limites connues du gisement initial.
LE NEOLITHIQUE
C’est le Néolithique ancien* et plus particulièrement la culture dite du Villeneuve Saint
Germain* (vers 4700-4600 av. J.-C.) qui a connu les découvertes les plus marquantes. Plusieurs
villages ont été explorés, entre autres en vallée de Marne à Luzancy et Mareuil-les-Meaux (Seine-etMarne). A Chelles (Seine-et-Marne), un ensemble contemporain a été fouillé sur le plateau et non en
vallée, découverte fondamentale car elle ouvre de nouvelles perspectives sur les premières
installations pérennes des agriculteurs du Néolithique ancien.
A Vignely (Seine-et-Marne), une enceinte du Néolithique moyen II (4300-3400 av. J.-C.),
uniquement connue auparavant par des photos aériennes, a pu être en partie explorée. Adossé au cours
de la Marne, la fonction (défensive ? cultuelle ? mixte ?) de cet ensemble n’est pas encore
parfaitement déterminée. En effet, la rareté de ces témoignages impose des fouilles minutieuses, des
comparaisons au-delà des limites régionales (avec la Picardie et la Bourgogne) et des études de longue
haleine.
Enfin, on retiendra mise au jour d’une sépulture collective du Néolithique récent* à
Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne). Cet ensemble funéraire, situé à l’extrémité d’un éperon naturel
dominant le Loing, comportait plusieurs individus en bon état de conservation.
LES ÂGES DES METAUX
Les opérations archéologiques concernant les âges des Métaux* ont été nombreuses au cours
de ces cinq dernières années. Les fouilles menées dans le cadre d’une extension de carrière à Changis195 sur 448
Archéologie préventive
sur-Marne (Seine-et-Marne), en cours d’achèvement, ont livré une occupation presque continue du
Bronze final* au second âge du Fer* sur plus de 15 hectares. On y remarque plus particulièrement une
imposante nécropole à incinérations du Bronze final qui constitue l’un des ensembles funéraires les
plus important du Nord de la France.
C’est aussi une occupation extensive principalement de la Tène finale* qui a été explorée en
continu sur le plateau Briard, à Charny (Seine-et-Marne), dont les limites spatiales ne sont toujours pas
atteintes. L’une des découvertes les plus spectaculaires de ce complexe est celle d’un espace à
vocation cultuelle composé d’un double puits où gisaient des animaux (chiens et cochon), puits cerné
par une enceinte circulaire de 25 m de diamètre, constitué de près de six cents poteaux et piquets
intégrant une estrade et un escalier d’accès.
De nombreux ensembles funéraires ont été découverts dont une nécropole à incinérations du
Bronze final* à Marolles-sur Seine (Seine-et-Marne). Plusieurs tombes comprenant un riche mobilier
ont pu être explorées dont une à l’architecture presque exclusivement constituée de dizaines de kilos
de céramiques, cas unique à ce jour. Au monde funéraire appartiennent d’autres nécropoles,
principalement du second âge du Fer*. Si la plupart d’entre-elles sont attribuables à des élites
guerrières ou aristocratiques et ne comprenaient au maximum que quelques dizaines d’individus
comme à Nanterre (Hauts-de-Seine), Jaulnes ou Gouaix (Seine-et-Marne), la découverte la plus
remarquable reste sans conteste celle faite dans l’enceinte de l’hôpital Avicennes à Bobigny (SeineSaint-Denis). Il s’agit là d’un cimetière complet de village où ont été retrouvés plusieurs centaines
d’hommes, de femmes et surtout d’enfants, de toutes les classes sociales représentées dans la société
gauloise, des plus élevées (guerriers, « barde ») aux plus humbles. Un tel ensemble ouvre des
perspectives considérables pour de futures études anthropologiques, sanitaires, et peut être même
génétiques sur les populations gauloises avant la romanisation.
A Souppes-sur Loing, un établissement initialement identifié comme une ferme s’est révélé à
la fouille être un « site à banquet », lieu particulier où l’on se rassemblait durant la Tène finale* pour
des agapes dont la finalité (sociale, cultuelle) reste encore énigmatique.
A Meaux (Seine-et-Marne), des diagnostics réalisés à proximité du site gaulois et romain de
La Bauve ont permis de retrouver la suite de l’ensemble cultuel gaulois (dépôts d’offrandes et d’armes
sacrifiées) complétant notre connaissance de ce haut lieu du peuple des Meldes.
La presse nationale et internationale s’est très largement faite l’écho des découvertes
récentes faites à Nanterre, à la suite de fouilles ponctuelles menées ces cinq dernières années, et qui
conduisent à s’interroger sur l’identification, désormais incontestable, de cette agglomération gauloise
par rapport à la Lutèce de la Guerre des Gaules.
Enfin, l’année 2005 a été l’occasion d’explorer presque totalement un exceptionnel habitat
fortifié aristocratique à Villiers-sur-Seine (Seine-et-Marne), datable de la fin de l’âge du Bronze* et du
début du premier âge du Fer*. Cet ensemble fortifié par un ensemble de cinq enceintes adossées à la
Seine a livré un mobilier archéologique considérable et montré la présence sur ce lieu stratégique
d’une aristocratie de haut rang. Il est aujourd’hui unique en Europe.
Tous ces sites emblématiques ne doivent cependant pas faire oublier les opérations plus
« modestes » menées essentiellement sur des établissement agricoles et qui nous permettent,
particulièrement lorsqu’il est possible de les explorer dans les grandes zones d’aménagement comme à
Melun Sénart (Seine-et-Marne et Essonne), Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) et sur le plateau de
Saclay (Essonne), d’accéder à une compréhension spatiale et diachronique de l’essentiel des
occupations humaines de ces périodes, toute aussi fondamentale pour la connaissance de notre
histoire. Ces opérations permettent seules de reconstituer l’histoire des terroirs et le quotidien de ceux
196 sur 448
Rapport au Parlement
qui représentaient la majeure partie de la population et que pourrait faire oublier la mise en avant de
sites « spectaculaires ».
L'ANTIQUITE
Les découvertes principales pour l’Antiquité concernent en premier lieu celles réalisées dans
les villes romaines. Bien que l’activité urbanistique des centres villes anciens ait connu une pause ces
dernières années en Île-de-France, plusieurs opérations sont cependant à signaler. A Paris, une fouille
menée dans le collège Sainte-Barbe a démontré que la ville romaine du Haut-Empire* s’étendait
jusqu’à ce secteur autrefois considéré comme périurbain. A Meaux surtout, où deux fouilles
archéologiques majeures ont permis, dans l’enceinte de l’hôpital d’une part et boulevard Jean-Rose
d’autre part, d’explorer pour la première fois sur des surfaces significatives les quartiers de la ville
antique. Les origines précoces de la trame urbaine, dès la période augustéenne*, voire de la fin de la
conquête, et les évolutions de ces quartiers de résidentiels en espaces artisanaux ont pu être mises en
évidence. En particulier, une intense métallurgie du fer semble avoir prévalu, artisanat dont on ne
pensait pas trouver de traces aussi récurrentes avant ces interventions. Enfin, la parure monumentale
de Meaux s’est complétée grâce à la découverte inattendue d’un troisième édifice de spectacle (un
théâtre) lors de diagnostics menés sur la zone industrielle au nord de la ville.
C’est encore l’artisanat, cette fois-ci de la céramique, dont la connaissance a connu de belles
découvertes comme à Saint-Léger-en-Yvelines (Yvelines) où deux fours augustéens accompagnés de
leur production et des installations potières ont été mis au jour à l’occasion de la réalisation d’un petit
lotissement. A Villeparisis (Seine-et-Marne) c’est un exceptionnel four de céramique commune dite
granuleuse de la seconde moitié du IVe siècle qui a été retrouvé. Les fouilles en cours à quelques
dizaines de mètres de cette première opération permettent d’envisager une poursuite de cette activité,
cette fois ci d’imitation de céramique dite d’Argonne. A Mareuil-les-Meaux (Seine-et-Marne), une
installation de même nature avait déjà été mise en évidence en 2002, atelier du milieu du IVe siècle qui
s’était installé au cœur d’une villa* du Haut-Empire* « reconvertie ». Ces centres de production
permettent de faire enfin le lien avec les autres sites archéologiques consommateurs et concourent à
dresser la carte économique de l’Antiquité en Île-de-France.
Deux agglomérations secondaires ont été explorées, l’une à Gonesse (Val-d’Oise), l’autre à
Vanves (Hauts-de-Seine), dans ce qui était la périphérie de la Lutèce romaine. Si la première paraît
avoir prospéré à la croisée de routes commerciales, la seconde, à la trame urbanistique faite de
terrasses, semble s’être rapidement spécialisée dans la production céramique dès le IIIe siècle, activité
qui s’est développée tout au long du haut Moyen Âge.
Parmi les nombreux établissement agricoles ruraux, on retiendra tout particulièrement
l’exemplarité de celui de Gonesse (Val-d’Oise), fouillé dans sa totalité et dont toutes les phases
d’évolution ont été retrouvées de la Conquête à l’orée du Ve siècle. Il convient de lui adjoindre la pars
urbana* d’une riche villa* à Charny (Seine-et-Marne) dont les décors d’enduits peints
remarquablement conservés ont été retrouvés.
Enfin, à la charnière entre le monde antique et le début du haut Moyen Âge* trois ensembles
explorés se distinguent de tous les autres. Il s’agit en premier lieu aux Essarts-le-Roi (Yvelines) d’une
grande maison longue sur poteaux, isolée, de tradition germanique et qui témoigne en dépit, de sa
modestie, de la réalité de la présence des troupes germaniques de l’armée romaine sur le sol francilien.
Les exemples de ce type sont rarissimes. En 2005, coup sur coup deux nécropoles ont fait l’objet
d’une fouille préventive, l’une de la seconde moitié du IVe siècle, à Tremblay en France (Seine-SaintDenis) aux tombes accompagnées d’un très riche mobilier, l’autre en cours de fouille à Bondy (Seine-
197 sur 448
Archéologie préventive
Saint-Denis) de plusieurs centaines d’individus du Ve siècle et qui marque probablement l’origine de
l’agglomération du haut Moyen Âge cité dans les textes mérovingiens.
LE MOYEN ÂGE
Ces deux sites ont aussi été l’occasion d’explorer un imposant habitat carolingien à
Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) et, à Bondy (même département), un cimetière mérovingien
puis carolingien enserré dans un imposant fossé. Ces zones funéraires ont ensuite été déplacées et un
habitat est venu s’implanter en leur lieu et place. Cette opération permet de mettre pour la première
fois en relation une documentation écrite rarissime pour ces très hautes époques et une réalité
archéologique qui fait de ce site un cas d’école unique dans le Nord de la France.
Ce sont aussi des sites ruraux du haut Moyen Âge* qui ont été explorés en grand nombre
durant cette période, l’Île-de-France restant une région pilote dans la recherche sur cette période. Les
opérations menées ont permis de compléter cette connaissance du monde rural tant dans ses aspects
économiques qu’anthropologiques. Parmi les sites les plus remarquables on retiendra ceux de Marines
et Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), Chelles et Villeparisis (Seine-et-Marne), Lisses(Essonne) ou Gagny
(Seine-Saint-Denis).
A Varennes-sur-Seine (Seine-et-Marne), un petit cimetière carolingien du IXe siècle, à la
topo-chronologie étonnante (répartition des vestiges selon leur période d’appartenance), a été fouillé
alors qu’à Vanves (Hauts-de-Seine) trois opérations successives permettent désormais d’identifier
cette zone comme un centre de production pottière tout au long du haut Moyen Âge*. Les fours et les
céramiques découverts constitueront désormais des ensembles de référence dont les productions (du
VIe au IXe siècle) seront recherchées dans les fouilles des habitats. Ils témoignent de l’intense activité
des échanges économiques pour une période qui, il n’y a pas si longtemps, était reléguée dans
l’enseignement au rang des périodes noires de notre histoire entre Antiquité et Moyen Âge.
De la période médiévale on retiendra principalement deux opérations phares. L’une à Lagnysur-Marne (Seine-et-Marne), a permis de découvrir un édifice médiéval inconnu, daté des années
1220-1240 au pied de l’abbaye et qui s’est révélé être une synagogue dont la mémoire avait été
totalement effacée, y compris dans la trame urbaine médiévale et moderne de la ville. L’autre
concerne l’église Saint-Ayoult de Provins (Seine-et-Marne) qui a bénéficié avant sa restauration
définitive d’une remarquable exploration de son sous sol et de ses élévations. L’histoire complexe de
cet édifice emblématique de l’architecture religieuse francilienne a pu être ainsi reconstituée et en
particulier le plan de l’église primitive du tout début du XIe siècle, construite autour de la tombe du
saint patron, a pu être intégralement restitué.
PERIODES MODERNE ET CONTEMPORAINE
Cette période souvent peu explorée a cependant permis la fouille d’ensembles remarquables.
A Varennes-sur-Seine c’est une ferme fortifiée avec fossés et ponts qui été exhaustivement fouillée.
La mise en perspective des données archivistiques et des résultats de l’opération archéologique permet
désormais de restituer avec une précision étonnante le quotidien d’un centre de domaine agricole entre
le XVIe et le XVIIIe siècle.
Dans un registre totalement différent, à Saint-Maurice (Val-de-Marne) c’est le cimetière et le
temple des protestants de Paris (XVIIe-XVIIIe siècles) qui a fait l’objet d’une fouille préventive. Les
usages funéraires de cette communauté placée au ban de la société du siècle des lumières témoignent
de l’intense religiosité des défunts.
198 sur 448
Rapport au Parlement
Enfin, à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine), ce sont les restes d’une ancienne faïencerie (17721804) et de ses rebuts de production (moules, biscuits) qui a pu être fouillée. Cette opération a livré
une production presque inconnue et pourtant de caractère presque industriel, a destination d’un public
large, très loin des pièces exceptionnelles, seules conservées dans les musées spécialisés. Par ailleurs
l’étude des signatures a montré que les fondateurs de ces ateliers avaient, à l’origine, utilisé
(détourné ?) des moules provenant de fabriques plus anciennes.
SITES DIACHRONIQUES
On conclura sur une opération exemplaire à bien des titres, celle de Neuilly-sur-Marne
(Seine-Saint-Denis). Une véritable étude d’impact archéologique comprenant sondages, études
environnementale, géologique et géomorphologique a été lancée sur plus de 60 hectares d’un méandre
de la Marne. L’équipe pluridisciplinaire (collectivité, État, INRAP, CNRS) a rendu un document salué
par tous et qui a conduit la collectivité a reprendre l’ensemble de l’aménagement pour l’adapter aux
multiples découvertes et décider de la création d’un parc archéologique au sein de cet espace naturel.
Un chantier école de fouilles programmées sera lancé en continuité de ce programme et en particulier
sur des niveaux mésolithiques et néolithiques exceptionnellement bien conservés et mis en évidence
lors du diagnostic archéologique.
Direction régionale des affaires culturelles
Service régional de l’archéologie d’Île-de-France
199 sur 448
Rapport au Parlement
PARIS
PARIS (RUE VALETTE - V ARR.)
E
VESTIGES ANTIQUES ET MEDIEVAUX DANS LE COLLEGE SAINTE-BARBE
Les fouilles menées en 2004 au n° 4 de la rue Vallette, dans la cour du collège Sainte-Barbe,
avant la rénovation de celle-ci, ont permis d’explorer sur une surface significative une partie d’un
quartier de la ville antique de Paris.
L’occupation médiévale, caractérisée par plusieurs caves des XIIe et XIIIe siècles a morcelé
les témoignages antiques. Cependant, il est encore rare sur Paris de pouvoir disposer d’espaces aussi
importants.
Vue générale du chantier en cours de fouille.
© B. Foucray, SRA Ile-de-France
201 sur 448
Archéologie préventive
Au-delà de la meilleure connaissance de la ville antique du Haut-Empire* que cette
opération nous apporte, des sols d’habitat du milieu du IVe siècle ont été retrouvés, fait rarissime dans
cette partie de l’agglomération. Ces témoignages confirment certes la disparition de l’occupation
dense et structurée qui caractérisait les trois premiers siècles de la ville mais apportent la certitude que
ces zones n’avaient pas été abandonnées et continuaient à être occupées par un habitat que d’autres
opérations devraient permettre de mieux caractériser.
Dégagement des niveaux antiques de l’occupation des Ier-IIIe siècles.
Au second plan, lambeaux des sols successifs des cours intérieures.
© B. Foucray, SRA Ile-de-France
Direction régionale des affaires culturelles
Service régional de l’archéologie d’Île-de-France
202 sur 448
Rapport au Parlement
SEINE-ET-MARNE
VILLIERS-SUR-SEINE, CARRIERES DE LA BASSEE
La fouille menée en 2005 sur le territoire de la commune de Villiers-sur-Seine s’inscrit dans
le programme de suivi des carrières de Seine-et-Marne. Ce site a été diagnostiqué en 2003. Cette
première opération avait permis de mettre en évidence une occupation Bronze final-Hallstatt* de toute
première importance.
Villiers-sur-Seine.
Vue aérienne du site après décapage.
© J. Roiseux
203 sur 448
Archéologie préventive
La fouille d’archéologie préventive de 2005 à concerné la presque totalité de ce site qui s’est
révélé être un habitat aristocratique fortifié installé sur la Seine. Le mobilier recueilli tant métallique
que céramique est exceptionnel tant par son abondance que par sa qualité. Les premières constations
ont d’ores et déjà montré la relative brièveté de cette occupation très structurée autour de fossés
d’enceinte successifs. La présence de populations aristocratiques est confirmée par les premières
analyses qui montrent la prédominance de la consommation de viande provenant de la chasse (auroch,
ours). Ce site constitue désormais un référentiel essentiel pour la Protohistoire* européenne.
Direction régionale des affaires culturelles
Service régional de l’archéologie d’Île-de-France
204 sur 448
Rapport au Parlement
SEINE-ET-MARNE
CHARNY
UNE VILLA ROMAINE
Cette opération de fouille d’archéologie préventive a permis de mettre en évidence la pars
urbana* d’une villa* romaine particulièrement bien conservée. La conservation de l’ensemble des
vestiges bâtis ainsi que l’abondance des enduits peint retrouvés permettront de restituer une part
importante des élévations. Un abondant mobilier, entre autres numismatique assure une bonne
compréhension chronologiques des différentes phases d’évolution de cet habitat.
Vue de l’une des trois caves retrouvées lors de la fouille (IIe-IIIe siècles).
© B. Foucray, SRA Ile-de-France
Direction régionale des affaires culturelles
Service régional de l’archéologie d’Île-de-France
205 sur 448
Archéologie préventive
HAUTS-DE-SEINE
VANVES
VESTIGES ANTIQUES ET MEDIEVAUX
La mise en évidence de vestiges particulièrement bien conservés d'époque gallo-romaine et
du haut Moyen Âge* sous le bourg ancien de Vanves est un acquis récent de l'archéologie préventive,
avec quatre opérations de fouille dont trois dans le cadre des lois de 2001 et 2003.
La nature exacte des
imposants restes de constructions
gallo-romaines – dont ceux d'un
grand balnéaire – est encore sujette à
discussions, mais l'hypothèse d'un
ensemble cultuel en relation avec les
nombreuses sources qui irriguent le
site est confortée par la figuration
d'une nymphe sur une peinture
murale découverte en 2004.
Canal de chauffe d’un hypocauste galloromain.
© B. Foucray, SRA Ile-de-France
Une fouille en cours rue de l'Eglise a révélé une demi-douzaine de fours de potiers du haut
Moyen Âge (VIe-IXe siècles). Les très nombreux vases associés permettront de déterminer les
caractéristiques et l'évolution des productions céramiques de cette période et de s'interroger sur les
modalités et les voies de leur diffusion dans le contexte régional.
Vanves apparaît d'ores et déjà comme un site de référence en regard de ces problématiques
de recherche.
Four de potier gallo-romain IIIe siècle.
© B. Foucray, SRA Ile-de-France
206 sur 448
Four de potier VIIe-VIIIe siècle.
© B. Foucray, SRA Ile-de-France
Rapport au Parlement
Rejets de cuisson d’un four de potier.
Fin VIIIe / début IXe siècle.
© B. Foucray, SRA Ile-de-France
Direction régionale des affaires culturelles
Service régional de l’archéologie d’Île-de-France
207 sur 448
Archéologie préventive
SEINE-SAINT-DENIS
BOBIGNY (HOPITAL AVICENNE)
UNE NECROPOLE GAULOISE
Depuis 1992, dans un vide de la carte archéologique, se révèle un site gaulois majeur, à
l’échelle de l’Europe. Ce vaste village d’artisans et ses nécropoles font l’objet d’une étude au long
cours, conduite par le Bureau du patrimoine du service de la Culture du département de la Seine-SaintDenis. Le suivi par une équipe partenariale stable d’une succession de cinq opérations d’archéologie
préventive, a été rendu possible par la gestion, très en amont, des dossiers d’urbanisme par les services
de la Direction régionale des affaires culturelles (dossiers traités le plus souvent deux ans avant le
dépôt du permis). L’INRAP, partie prenante de ce projet depuis 2002, s’implique également dans le
traitement, à posteriori, des données et envisage une publication à large diffusion.
Un des secteurs de la nécropole en cours de fouille
© Centre d’archéologie du Conseil général de Seine-Saint-Denis.
208 sur 448
Rapport au Parlement
L’année 2003-2004 a vu, sur l’une
des opérations effectuées, la découverte de la
plus importante nécropole (cinq cent quinze
tombes à inhumation) connue pour la période
gauloise en Europe. L’occupation funéraire,
atypique, nombreux immatures, faible
pourcentage de porteurs d’armes (dix
tombes), est centrée sur le IIIe siècle.
Sur l’ensemble du site, le IIe siècle
se caractérise par une brusque conquête des
espaces funéraires par les espaces à vocation
artisanale.
Les arts du feu sont bien représentés et la métallurgie est très diversifiée,
allant de la fonte d’or, pour la bijouterie, à la
forge de fer.
Détail d’une sépulture de guerrier
recouvert d’un umbo* de bouclier (IIIe s. av. J.-C.).
© Centre d’archéologie du Conseil général de SeineSaint-Denis.
Tous les modes d’approvisionnement en fer, loupe, demi-produit et ferraillage, sont attestés
ainsi que toutes les étapes de la chaîne opératoire de la forge. L’étude de la céramique, quatre-vingt
mille tessons, amène à comparer service funéraire et céramiques domestiques. Elle révèle l’usage de
l’énergie cinétique rotative (tours), dès le IIIe siècle et met en évidence cinq groupes caractérisés par
leur technologie et la typologie de leur production qui laissent envisager la présence d’ateliers.
Outillage et panoplie de guerrier gaulois, IIIe siècle av. J.-C.
© Centre d’archéologie du Conseil général de Seine-Saint-Denis.
209 sur 448
Archéologie préventive
Bague ( ?) et perles en verre, IIIe–IIe siècles av. J.-C.
© Centre d’archéologie du Conseil général de Seine-Saint-Denis.
Pourtant, cette série d’opérations s’est effectuée sur des terrains d’une superficie souvent
inférieure à 3 000 m² et seul le suivi de linéaires, hors permis de construire, telles que les tranchées
d’arrosages pour des stades, permet aujourd’hui d’attester d’un site de plus de 52 hectares. Cette
opération bénéficie d’un partenariat réel entre l’ensemble des intervenants de l’archéologie. Elle
devrait trouver un temps d’expression public fort, sous la forme d’une exposition en 2008.
Direction régionale des affaires culturelles
Service régional de l’archéologie d’Île-de-France
210 sur 448
Rapport au Parlement
VAL-D’OISE
GONESSE (LA PATTE D’OIE )
UN CARREFOUR DE L’ANTIQUITE A NOS JOURS
Du 16 août 2004 au 29 juillet 2005, l’INRAP a effectué des fouilles à l’emplacement de la
Patte d’Oie de Gonesse, sur une parcelle d’environ 13 500m². Ces investigations sont intervenues
avant les travaux d’élargissement de la RN 17 et l’aménagement du carrefour projeté par la Direction
départementale de l’Équipement du Val-d’Oise.
Vue aérienne du chantier en cours de fouille.
© F. Jobic, INRAP.
Les fouilles ont mis en évidence une agglomération de carrefour routier qui a évolué
chronologiquement du début de notre ère jusqu’au début du IVe siècle apr. J.-C. Pour les périodes
antérieures, la fouille a révélé un enclos circulaire protohistorique arasé difficilement datable ainsi que
des éléments démontrant la présence d'un site néolithique.
211 sur 448
Archéologie préventive
Pour la période gallo-romaine, plusieurs bâtiments d’habitation, avec cave, ont été mis au
jour. Ils ont été construits le long de la voie antique Paris-Senlis dont l’axe général a été repris par
l’actuelle RN 17.
Une grande cour se développait à
l’arrière de chaque maison. Ces cours étaient
closes par des murs, comprennent puits, puisards,
canalisations, fosses et bâtiments annexes.
La présence de nombreuses scories
suggère une forge qui n'a pas été retrouvée dans
l'emprise fouillée. Le mobilier abondant se
caractérise par quelques objets de fabrication
unique et par des provenances diverses inhérentes
aux axes routiers.
Cave du IIe siècle.
© F. Jobic, INRAP.
Statuette d’une divinité retrouvée
dans le comblement de l’une des caves.
© F. Jobic, INRAP.
Perpendiculaire
à
l’axe
de
circulation antique reliant Paris à Senlis, une
voie secondaire traversait l’agglomération en
direction de la Seine-et-Marne. Elle était
constituée de recharges de terre et de cailloux
damés. De gros blocs de pierres délimitaient
le trottoir de la surface réservée à la
circulation qui était marquée par des ornières.
Quelques éléments de datation permettent
d’assurer son utilisation du Ier au IIIe siècle
après J.-C.
Plus au nord, un autre cheminement
empierré, de même orientation, a été mis au
jour ; de moindre envergure, il pourrait
n’avoir desservi que l’arrière des cours.
L’ampleur de l’agglomération demeure pour l’instant inconnue et aucune limite n’a été
repérée. Quelques indices permettent d’évoquer sa continuité à l’est, le long de la voie secondaire. Au
Nord, les vestiges se poursuivent sous la zone du crash du Concorde. A l'Ouest, de l'autre côté de l'axe
antique, des travaux de la Direction départementale de l’Équipement permettent d'observer un terrain
212 sur 448
Rapport au Parlement
très remanié jusqu'au calcaire naturel (anciennes carrières). Enfin, au sud, les vestiges se poursuivent
très certainement sous le carrefour de la Patte d'Oie et dans la zone urbanisée proche.
Malgré les transformations du paysage au fil du temps, l’importance de l’agglomération et de
ces voies est probablement à l’origine du carrefour actuel.
Françoise Jobic
INRAP
213 sur 448
Téléchargement