Rites
et
paroles
de
la profession
solennelle dans
I'Ordre des chartreux 15
Benoît
devant
Dieu et ses saints dans ce
monastère
qui est construit en
I'honneur
des bienheureux apôtres Pierre
et
Paul
en
présence
de
Dom
N...Abbé.16
L'examen des deux formules cartusienne
et clunisienne
montre tout
d'abord le déplacement
de I'ordre des
mots dans
le début de l'affirmation avec
I'encadrement,
dans
la version cartusienne,
de I'obéissance
par les væux de
stabilité
et de conversion des mæurs
puis la disparition de la mention
de
I'engagement
suivant Ia Règle
de Saint
Benoît,
secundum
Regulam
Sancti
B
enedicti, la substitution
du terme désert, heremi au terme monastère,
monasterio
et enfin, f invocation
des reliques,
de la bienheureuse
Marie
toujours vierge
et de saint Jean
-Baptiste
à la place
des apôtres
Pierre
et Paul.
Ces différences
sensibles
indiquent
très
clairement
le démarquage opéré
par les
chartreux : Le statut d'ermite
représenté
par
le terme heremi etl'effacement de
la référence
à la Règle de saint Benoît qui renvoie à une structure
législative
cénobitique
s'affirme. L' identité
propre
construite autour de
I'obéissance
jugée
fondamentale pour des solitaires et dûment
rappelée
dans
les
Coutumes au cæur
même de l'oraison sur le novice est revendiquée:
< En effet, puisque
l'obéissance
doit être observée avec un grand
zèle
par
tous ceux
qui ont décidé
de
vivre
le vie religieuse,
elle doit l'être
cependantavec d'autantplus d'amour et
d'attentionqu,i1sontembrasséunevocationplusstricteetp1usaustère\1.>>
Enfin vn propositum contemplatif et érémitique
délimité par la présence
sanctifiante
des
reliques
et en référence
à Marie et à Jean-Baptiste,
I'un et l'autre
emblématiques de l'apostolat
silencieux
et solitaire des chartreux et qui en sont
nommément
les
patrons
et les
inspirateurs
est élaboré..
Ces
remarques
perrnettent
de confirrner le caractère
propre
de
la vocation
cartusienne et la fonction
d'anamnèse
des Coutumes
qui consignent bien une
pratique
en vigueur,
comme
le dit le prologuett
suns se couler entièrement dans
le moule
de
la tradition
du monachisme
occidental.
L'analyse
comparée
par ailleurs
de la profession
des convers chartreux et
de celle des convers avellanites qui semble avoir inspiré la première,
vient
confi
rmer I' originalité
cartusienne.
En effet les
deux
professions
sont semblables
sur
la plupart
des
points.
Ici
on ne se
positionne
pas par rapport à la tradition
cénobitique
mais par rapport à
I'identité cartusienne, ainsi
là ou saint
Pierre Damien
écrit dans
la profession
des
convers
que le désert à été édifié à l'honneur
de Dieu et de la sainte Croix,
Sanctae Crucis, le convers chartreux
tout comme le moine de chæur écrit à
< l'honneur
de
Dieu,
de la bienheureuse Marie toujours
vierge
et de saint Jean-
Baptiste )). Proches
par l'engagement
qu'elles
revendiquent d'une vie solitaire
en cellule,
les
deux
professions
n'en sont
pas
moins distinctes
par l'orientation
tu
Cort. Clun.
Lib.II, cap.
27,P.L.
I 49.713.8.
17
Coutumes de
chartreuse, op. cit., ch. 25,
p.219.
tt Op.
cit.,
p. 157
.