Le sujet descartes - Le roseau pensant

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Le Sujet
Étude de la première et de la deuxième méditation métaphysique de René Descartes (17ème siècle, de 20 ans l’aîné de
Pascal, précède les Lumières). Descartes, à travers ses méditations méthaphysiques, a un projet ambitieux qui va être de fonder le
savoir.
Descartes considère la philosophie comme un arbre. Il
veut établir des connaissances certaines et indubitables. Or
certains fruits de cet arbre semblent pourris, l'arbre semble
malade. Mais tous ces fruits malades représentent trop de
questions qu'il doit résoudre, il décide donc de s'attaquer
directement à la racine (la métaphysique) et de détruire l'arbre
des connaissances. C'est à dire qu'il considère ne plus rien
savoir, afin de pouvoir fonder ses propres connaissances sur des
racines, des fondations indubitables. Descartes va remettre en
cause ces fondations mal assurées pour ensuite chercher à
donner de nouveaux fondements à la philosophie. C'est le début
de la première méditation.
Si il se lance dans les méditations métaphysiques, c'est
afin de se débarrasser des fausses opinions. Si on parle de
''méditations'' c'est parce qu'il s'agit de réaliser un exemple
spirituel.Il
s'agit
d'agir
su
soi.
Pourquoi
sont-elles
métaphysiques ? Parce qu'il s'agit de méditer sur les fondements
de la connaissances, de la philosophie.
Dans cet exercice, Descartes nous invite à le suivre, à
partager son expérience en suivant ses réflexions et en amenant
les notre. Le lecteur est invité à reproduire la démarche
cartésienne.
I – Le doute cartésien
A) Pourquoi Descartes se lance-t-il dans
l'entreprise du doute ? (Cause et but).
La cause : Descartes prend la résolution car il constate
qu'il demeure dans son esprit nombre d'opinions reçues au
caractère douteux et incertain : les préjugés de son enfance. Il a
également un désir de certitude et une exigence de maturité.
Le but : atteindre la vérité (par la métaphysique) et fonder une science certaine. Il cherche alors à douter car il n'y a que le
doute qui lui permettre de se débarrasser des idées fausses, des idées toutes faites.
Le doute ordinaire n'est pas le doute cartésien. Le doute ordinaire atteste d'une certaine faiblesse. C'est un doute passif,
subit, c'est un frein à l'action. Le doute ordinaire est un obstacle dans le sens où il n'est qu'hésitation. I l ne permet ni d'affirmer ni de
nier quoi que ce soit, et se traduit par un embarras de l'esprit. Pour échapper à cet embarras générateur d'inquiétude, la tentation est
de se ranger à l'opinion courante, de se retrancher derrière la sécurité qu'offrent les idées toutes faites. Bref, le doute ordinaire, s'il
n'est pas dépassé, risque d'entraîner le renoncement à penser par soi-même.
Le doute cartésien, méthodique ou encore hyperbolique. Là où, d'ordinaire, on subit le doute, le doute cartésien est
volontaire et actif. Cette démarche est antinaturelle. La pente naturelle de l'esprit nous dirige davantage vers les certitudes que vers le
doute. En ce sens, le doute méthodique est la première étape vers la vérité dans la mesure où c'est la première étape vers la
destruction de nos certitudes. Ce doute est en fait une méthode provisoire préconisée par Descartes qui consiste à faire table rase de
ses opinions pour reconsidérer les choses et parvenir ainsi à sa propre certitude.
Aparté : Il existe un troisième type de doute : le doute sceptique. Les sceptiques pensaient que la vérité était impossible à
déterminer et préconisaient la suspension définitive de jugement.
Transition : Par ailleurs, si le doute cartésien se démarque du doute ordinaire c'est par se méthode cartésienne particulière.
B) Les règles du doute.
La première règle consiste à douter de principes qui sont aux fondements de nos connaissances plutôt que de douter des
connaissances une par une (un tâche infinie).
La deuxième règle : Descartes considérera comme faux tout ce qui est simplement douteux. Et douteux considérera comme
douteux tout ce qui n'est pas absolument certain.
Le doute devra être méthodique, et donc provisoire, au contraire du doute sceptique. Il sera donc:
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•
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Hyperbolique (et donc volontaire): tenir pour faux ce qui n’est que douteux.
Radical: s’attaquer à la base, aux fondements.
C’est aussi un doute que l’on peut qualifier de rationnel, car il est motivé par des raisons de douter.
C) Les étapes du doute.
1_ Les sens
Descartes propose de douter d'abord des sens dans la mesure où la majorité de nos connaissances dérivent des sens. Mais
les sens sont-ils des instruments de connaissances viables ? Non, Descartes affirme que les sens sont parfois trompeurs. Il renonce à
faire de la certitude sensible le modèle de toutes connaissance et rejettent les incertitudes sensibles.
Exemple : Bâton rompu dans l'eau.
Citation : « Or, il est de la prudence de ne pas se fier à ceux qui nous ont déjà trompés. »
2_ Le corps
Descartes doute de l'existence de notre propre corps ou du fait que nous soyons là ; ici et maintenant.
L'argument de la folie permet de douter de l'existence de son propre corps. Si je suis fou, je peux croire que je suis ce que je
ne suis pas ; que mon corps ne soit pas mon corps. Un argument possible, pour généraliser le doute, mais qui ferait perdre au doute,
et à l’entreprise de Descartes en général, toute sa crédibilité (Les Méditations ne sont pas l’œuvre d’un insensé).
L'argument du rêve est une expérience plus commune pouvant produire, temporairement, les mêmes illusions que la folie.
Or, si il n'est pas évident que je rêve quand je rêve, alors comment savoir que je suis éveillé ? Comment savoir si je ne suis pas en
train de rêver ? Cet argument ne vise pas à rejeter le sensible de façon définitive, dans le domaine de l’illusion et de l’erreur, mais juste
à mettre en évidence son caractère incertain. Or, le doute étant hyperbolique, le douteux doit être tenu pour faux.
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Descartes peut affirmer qu'il n'a pas de certitude quand à l'existence de son corps, il rejette toutes les certitudes
concernant le monde sensible.
3_ Les éléments de réalité première
Récusation du monde sensible. Mais, les représentations de ce monde subsistent en tant que telles, car elles relèvent non
pas du sensible, mais de la pensée.
L'allégorie de la peinture sert à montrer que l'imagination n'est pas une invention. Imaginer ce n'est rien d'autre que
combiner des éléments tirés de la réalité. Toute représentation est représentation de quelque chose qui doit avoir une réalité. Or, si la
vie est un songe, alors il reste que ce songe est composé à partir d'éléments tirés d'une certaine réalité. Autrement dit, il faut qu'il
existe une réalité première pour qu'existe une réalité seconde.
➢
La peinture figurative représente des objets ou choses générales qui doivent avoir une réalité (mains, têtes...), car
l’imagination ne crée pas de nouvelles représentations, mais ne peut faire que de nouveaux assemblages s’appuyant sur
des représentations qui préexistent en notre esprit.
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A défaut d’une réalité relative au contenu de nos représentations, les couleurs de la peinture, et donc de nos
représentations doivent être bien réelles...
L'extension de l'exemple de la peinture à la pensée : Toujours est-il que nous pouvons douter des sciences qui se préoccupe
d'objets composés. C'est à dire que le sciences qui s'occupent des corps (médecine, physique, biologie, ect.) deviennent incertaines.
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Seul subsiste les sciences qui s'occupent de chose fort générales.
4_ Les sciences
Si les sciences qui s'occupent des corps sont incertaines c'est parce que leur objet est incertain : elles s'occupent de choses
qui sont peut être imaginaires, elles sont donc douteuses . Mais le contenu des représentations dont nous avons conscience ne peut
pas être fictif. Plus encore, il est des éléments simples, communs à toutes nos représentations, et qui doivent donc être bien réels car
universels: ainsi en est-il de la nature corporelle et de son étendue: figure, grandeur, nombre, quantité, lieu, durée.... Ces vérités
rationnelles, prises dans leur universalité, ne nous apprennent rien des choses extérieures, mais sont comme le moule de toutes nos
représentations, et semblent en ce sens plus certaines que le sensible, car elles valent en elles-mêmes et pour elles-mêmes.
Exemple : ni fausseté ni incertitude des vérités rationnelles (2+3=5 toujours vrai, dans la veille, comme dans le sommeil).
Parmi elles, les mathématiques. Si les mathématiques résistent au doute c'est qu'elles ne se préoccupent pas de savoir si leur
objet se trouve ou non dans la nature. Les mathématiques sont une science abstraite. Les mathématiques sont indubitables car elle ne
s'occupent que d'elles-même, elles sont forts simples et forts générales.
Exemple : On s'occupe du cercle et non de la roue ou du soleil.
D’où une classification possible des sciences :
➢
Les sciences dites sensibles ou empiriques (physique, astronomie, médecine), qui sont donc les plus douteuses
et incertaines, de par leur attachement au sensible (dont nous ne sommes toujours pas certains qu’il existe).
➢
➔
Les sciences rationnelles (arithmétique, géométrie), qui sont nécessairement vraies, car leur objet, indépendant du
sensible, l’est aussi.
Les « évidences rationnelles » résistent au doute.
D) Dieu trompeur ou malin génie
1_ Le Dieu trompeur
Il peut exister un dieu omnipotent qui fait en sorte de nous tromper. Dès lors, je peux même douter des sciences rationnelles.
➔
Mais si Dieu n'existe pas, comment peut-il me tromper ?
2_ L'athéisme
Ceci dit, D va montrer que l'argument de l'athéisme n'empêche nullement de douter de la véracité des sciences simples.
Quelles peuvent être les causes de notre existence ? Comment le monde a-t-il été créé ? Soit Dieu a créer l'homme soit c'est rien, le
hasard, l'absence de cause intelligente. Or, si mon existence est le fruit du hasard, si je ne suis pas le fruit de la perfection divine, il y a
de grandes chances que je sois faible, incapable de saisir le réel. Donc, dans tous les cas, que Dieu existe ou non, les vérités
rationnelles ne sont pas garanties, et l’incertitude doit apparaître et être généralisée.
L’hypothèse du malin génie, ou la tromperie systématique: Le monde extérieur n’est qu’illusion, et les « vérités rationnelles
» n’ont plus de signification. Toutes nos anciennes opinions sont révoquées en doute, et ce dernier est généralisé.
E) Les conséquences de l'habitude à suivre
Dès lors, rien ne résiste au doute. Ni ce qui touche aux sens, ni ce qui ne s'en préoccupe pas. Est douteux tout ce qui relève
des sens : mes perceptions et par la même toutes mes connaissances empiriques et les sciences qui en découle (sciences de la
nature). Le Dieu trompeur permet aussi de douter des sciences simples, des sciences abstraites, des sciences formels (maths,
logique, ect.).
Si du point de vue logique et intellectuel rien ne résiste au doute Descartes ressent des résistances du point de vue
psychologique ? La force de l’habitude n'est jamais surévaluée et Descartes a peur de suivre cette pente naturelle qui nous conduit a
considérer comme vrai ce qui n'est que probable, a considérer comme vrai ce que nous n'avons pas encore examiné. Rien n'est moins
naturel en effet que de considérer comme faux ce qui n'est simplement que douteux.
Ainsi Descartes, afin de maintenir vif ce sentiment de doute va imaginer qu'un être supérieur capable de le tromper en toute
chose. Il ne s'agit pas pour lui de revenir à ces anciennes opinions comme un esclave regrettant son sommeil et ses rêves de libertés.
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Tant qu'il n'aura pas trouver de vérité première, il devra considérer toute chose comme fausse.
II – Le cogito
Descartes dit que il lui faudrait trouver au moins une connaissance assurée.Or, si le malin génie me trompe, il me trompe.
Autrement dit, il faut bien que je sois pour qu'il puisse lui même me tromper. Le malin génie ne peut pas me faire croire que j'existe si je
n'existe pas. Je suis, j'existe est nécessairement vrai toutes les fois où je le prononce ou que je le conçois.
Descartes n'est assuré de son existence qu'au moment où il prend effectivement conscience d'être. Mais il ne pas ce qu'il est,
il est juste une chose qui pense. Il est sujet, c'est la seule vérité indubitable.
III – Conclusion
Descartes s'est détaché du doute ordinaire mais se démarche se distingue aussi du scepticisme (le courant de pensée qui
postule que soit la vérité n'existe pas, soit elle est inaccessible à l'entendement humain). Mais dans les deux cas, il n'y a rien de
certain. Alors même qu'il adopte une démarche qui semble hyper-sceptique, il découvre une première vérité, quelque chose dont on ne
peut pas douter : la certitude de notre existence. Cette certitude servira de base à la refondation du savoir.
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