CORRECTION DU DST HISTOIRE-GEOGRAPHIE 1ère ES2
Mercredi 2 octobre 2012
Durée 2h
Sujet : L'évolution de l'économie mondiale depuis 1850
Consigne: Après avoir brièvement présenté le document, vous montrerez
et expliquerez les étapes successives du basculement des économies-
monde depuis 1850. Enfin, vous préciserez l'intérêt et les limites de ce
document
Bon courage !
CORRECTION
Ce document est un graphique réalisé par Angus Maddison (l'un des grands
spécialiste de l'histoire économique) et tiré de L'Economie mondiale. Une perspective
millénaire publié par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement
économiques) en 2002 (et actuali par l'université canadienne de Sherbrooke pour les
années situées entre 2002 et 2008). Les 5 courbes représentent le PIB/hbt exprimé en
dollars (équivalent 1990) de 5 pays représentatifs des étapes successives du
basculement des économies-monde entre 1850 et 2008 : le Royaume-Uni, les Etats-
Unis, la Chine, le Brésil et l'Inde. C'est en effet pendant cette période d'industrialisation
et de croissance importante que l'on observe la succession de trois économies-monde
différentes : des systèmes dans lequel un vaste espace acquiert par l'intensité de ses
échanges une unité et une autonomie économique.
Tout d'abord, le graphique montre qu'en 1850 le Royaume-Uni possède le PIB/hbt
le plus important avec 2500 $/hbt. La croissance apparaît comme régulière jusqu'en
1900 pour atteindre près de 5000 $/hbt soit un doublement du PIB/hbt en seulement 50
ans. Cette période constitue l'âge d'or de l'économie-monde britannique avec une
élévation du niveau de vie notable. En effet, le Royaume-Uni est le 1er pays à connaître
une industrialisation rapide qui s'appuie sur des atouts importants comme de grandes
réserves de charbon, un empire colonial vaste qui fournit des matières premières bon
marché grâce notamment à une main d'oeuvre à bas coût. En outre, le développement
du libre échange favorisé par R Peel dès 1846 avec l'abolition des Corn laws (c'est à dire
l'abandon des taxes sur les importations de grains) permet au Royaume-Uni d'inonder le
monde de ses produits manufacturés tout en important principalement des produits
bruts à bas coût. Le dynamisme de ses marchés intérieur et extérieur favorise cette
croissance d'environ 2% par an malgré la période de la Grande Dépression entre 1873 et
1896. Toutefois, on constate un ralentissement entre 1900 et 1914 avec un
plafonnement du PIB/hbt à 5000 $/hbt. Les désavantages des early starter semblent ici
prendre toute leur mesure (infrastructures dépassées, machines obsolètes, coûts
salariaux plus élevés....) ce qui se traduit par une croissance moins rapide voire une
stagnation. Il s'agit cependant non pas d'un basculement car le phénomène s'étale en
réalité sur près de 50 ans mais d'une période de transition qui voit lentement s'imposer
l'économie monde américaine.
Le PIB/hbt des Etats-Unis passe ainsi de 4000 $ à 6500 $ entre 1900 et 1940. Il
égale ainsi le RU en 1940. C'est en effet dans la première partie du XXème siècle que les
Etats-Unis rivalisent de plus en plus avec le Royaume-Uni. Ses atouts sont nombreux :
un territoire maîtrisé et riche en ressources (charbon, fer...), un marché intérieur
particulièrement dynamique qui lui procure une main d'oeuvre nombreuse et un vaste
marché de consommation (25 millions d’immigrants entre 1840 et 1914), des capacités
d'innovation dans les secteurs moteurs de la seconde RI ( Edison fondateur de la Général
Electric en 1889). L'application rapide d'une nouvelle méthode de travail efficace, le
fordisme, permet aux Etats-Unis de développer de façon précoce une production de
masse. Ainsi le recours au travail à la chaîne, à la standardisation des produits et la
rétrocession d'une partie des gains aux ouvriers pour qu'ils deviennent client concourent
à l'émergence d'une consommation de masse favorisant ainsi l'élévation du niveau de
vie et donc du PIB/hbt. Toutefois, c'est après la Seconde Guerre mondiale que les Etats-
Unis creusent l'écart avec leur principal concurrent. Le PIB/hbt des EU passent ainsi
entre 1940 et 1990 de 6500 $ à 23 000 $. La Seconde Guerre mondiale a relancé
l'activité économique mise à mal par la crise de 1929 (non visible sur le graphique) et a
épargné le territoire américain permettant ainsi à la population américaine de bénéficier
des fruits de la croissance. De plus, la période des Trente Glorieuses constitue l'âge d'or
de l'économie-monde américaine avec un taux de croissance annuelle de 4% et un rôle
de leader du monde libre grâce à une économie mondiale refondée et placée sous son
patronage. La création d'institution comme le GATT en 1947 qui vise à développer le
libre échange dans le monde contribue au renforcement de la puissance économique
des EU et donc de l'élévation de son PIB/hbt. Cependant, à partir de 1990, le PIB/hbt
d'autres pays connaissent une forte croissance, signe précurseur de l'émergence de
l'économie monde multipolaire.
Le PIB/hbt des EU passent de 23 000 à 32 000 $ entre 1990 et 2008 laissant les EU
loin devant encore leurs principaux concurrents. Il s'agit donc non pas d'un
basculement mais d'une lente phase transitoire qui voit apparaître de nouveaux pôles
dynamiques de l'économie mondiale comme la Chine, l'Inde et le Brésil (membres des
BRICS). En effets, ces 3 pays longtemps restés à un niveau de PIB/hbt très faible,
connaissent depuis 1940 pour le Brésil et surtout depuis 1990 pour la Chine et l'Inde une
croissance forte. La Chine voit ainsi son PIB/hbt passer de 2000 $ à 5000 $ entre 1990 et
2003 soit plus qu'un doublement en seulement 13 ans. On assiste en effet pendant cette
période à une forte croissance de la demande (liée à l'augmentation du niveau de vie
particulièrement dans les pays émergents), à une révolution des transports et des
communications (avec la conteneurisation et l'explosion d'internet) et enfin la
généralisation du libre-échange avec l'OMC créé en 1994 et que la Chine intègre en
2001. La Chine convertie à l'économie de marché à partir des années 1980 affiche ainsi
des taux de croissance très élevés de l'ordre de 10%/an depuis les années 1990. Ceci
nous amène à évoquer l'intérêt et les limites du document.
Le document met assez bien en évidence les différentes étapes conduisant à la
succession d'économies-mondes : britannique de 1850 à 1914, américaine de 1945 à
1990 et multipolaire depuis 1990. Par ailleurs, en sélectionnant des dates de référence
situées en dehors des périodes de crise, le graphique permet d'insister sur une élévation
du niveau de vie générale sur le long terme dans tous les pays. On peut cependant
formuler plusieurs critiques. Tout d'abord, le PIB/hbt ne permet pas de montrer la place
particulièrement importante que prend la Chine aujourd’hui dans l'économie mondiale.
En effet, le PIB aurait permis de mettre en évidence la 2ème place de la Chine et son
rattrapage économique des 20 dernières années de même dans une moindre mesure
pour l'Inde et le Brésil. De plus, on peut regretter l'absence sur le graphique de
l'Allemagne qui joue un rôle important dans l'économie mondiale dès la fin du XIXème
siècle et qui constitue un concurrent sérieux de l'économie monde britannique à la Belle
Epoque. (de même pour le Japon après 1945 avec les EU) Enfin, le terme de
basculement des économies-monde semble à chaque fois peu justifié étant donné les
longues périodes mises en jeu pour assister à un changement visible et indiscutable
dans le contrôle de l'économie mondiale. Peut-être faudrait-il parler plutôt de
glissement !
L'économie mondiale depuis 1850 a donc connu une croissance importante avec
plusieurs étapes qui ont vu se succéder l'économie-monde britannique, américaine et
enfin multipolaire. Cette augmentation des richesses bénéficie à des pays de plus en
plus nombreux comme en témoigne l'économie-monde multipolaire depuis 20 ans
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