toute la Tradition chrétienne : "Toute l'Écriture divine n'est qu'un seul livre, et ce livre c'est le
Christ, car toute l'Écriture parle du Christ, et toute l'Écriture divine s'accomplit dans le
Christ." (Noé 2,8, Catéchisme de l'Église Catholique n° 134). Mais c'est avant tout saint
AUGUSTIN (+430) qui a fait remarquer le lien interne profond des deux Testaments, dans
une sentence qui est restée célèbre : "le Nouveau Testament est caché dans l'Ancien, alors que
l'Ancien est dévoilé dans le Nouveau: "Novum in Vetere latet et in Novo Vetus patet" (Hept
2,73; Catéchisme de l'Eglise Catholique, n° 129). Ensuite le présent (praesentia). Le Christ
qui est ressuscité des morts et qui est élevé à la droite du Père dans la gloire du Ciel est
continuellement présent dans le mystère de l'Église. A travers la célébration de la mémoire
liturgique, nous entrons vraiment en contact avec lui, le Vivant, nous le rencontrons
symboliquement dans les célébrations sacramentelles. Et enfin le futur (prophetia). Lorsque
l'Église célèbre ses fêtes, elle ne contemple nullement uniquement le passé, elle ne s'attarde
pas non plus simplement sur le présent mais elle se tend aussi vers le futur et porte en quelque
sorte l'accomplissement du salut dans le Christ. Cette dimension eschatologique de la liturgie
est particulièrement présentée au n° 8 de la Constitution sur la liturgie où il est dit entre
autres: "Dans la liturgie terrestre nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste
qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des
voyageurs, où le Christ siège à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai
tabernacle ... nous attendons comme Sauveur notre Seigneur Jésus-Christ, jusqu'à ce que lui-
même se manifeste, lui qui est notre vie, et alors nous serons manifestés avec lui dans la
gloire". En résumé, nous pouvons dire : l'année liturgique est la célébration déployée dans
différentes fêtes, de l'événement du Christ dans son unicité et sa totalité, le souvenir vrai du
Seigneur. Sa fin consiste en ce que les croyants prennent part à l'œuvre de salut qui devient
présent dans l'ici et l'aujourd'hui et qu'ils puissent en vivre. "Toi, Christ, je te rencontre
dans tes mystères" (Apologia prophetae David 58), c'est-à-dire dans la célébration de la
liturgie, reconnaissait saint AMBROISE (+397). Au service divin de l'Église se réunissent en
une seule réalité le passé, le présent et le futur! Bien sûr cela explique bien maintenant
clairement la liturgie de l'Avent qui arrive de nouveau, dans laquelle nous célébrons le
mémorial du triple avènement, de la triple venue du Seigneur : sa Venue dans la monde
(Incarnation), son retour à la fin des temps (Parousie) et sa venue quotidienne dans la
célébration de la liturgie (présence mystérieuse, naissance divine dans les cœurs) (cf. à ce
sujet ma lettre circulaire n°4 de 2004/2005 et n°8 2008/2009). Le sens de l'année liturgique se
répétant constamment est de nous introduire toujours davantage dans ces trois dimensions du
temps à cette grande et vaste vue d'ensemble du mystère total du Christ et de l'histoire entière
du salut.
4. L' "aujourd'hui" (Hodie) de la célébration liturgique
Le responsable de l'année liturgique est le Christ ressuscité et élevé aux cieux qui demeure
présent dans son Église. Les célébrations des fêtes de l'année liturgique, comme déjà dit, sont
tout autre chose qu'un simple souvenir, elles rendent présent de façon mystique et
sacramentelle l'événement fêté du salut. C'est pour cette raison que l'Église peut chanter à
Noël : "Aujourd'hui est né le Christ" ; à l'Épiphanie : "Aujourd'hui l'Église a fait alliance avec
l'Époux céleste"; à la Pentecôte : "Aujourd'hui advient le Saint Esprit sur les disciples sous
forme de langue de feu". Comment doit-on comprendre cela? La naissance de Jésus à
Bethléem, par exemple, est-elle rendue présente de nouveau dans la liturgie? Il s'agit toujours
dans la liturgie du mystère du Christ total dont le cœur est le mystère pascal. Dans son
contenu d'éternité, le mystère de Pâques confère aux fêtes chrétiennes et aux célébrations sa
force de vie, la force du Seigneur crucifié et ressuscité. A chaque fête la seule et unique réalité
pascale nous devient présence au milieu de nous, mais considérée chaque fois sous un angle