SÉANCE SCOLAIRE - Théâtre de l`Île

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
DE JOHN STEINBECK
ADAPTATION DE MARCEL DUHAMEL
MISE EN SCÈNE DE JEAN-PHILIPPE EVARISTE ET PHILIPPE IVANCIC
CO-PRODUCTION EN TOUTES CIRCONSTANCES ET DEPUIS DEPUIS
SÉANCE SCOLAIRE
vend. 24 février 13h45
dès la 4ème
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SÉANCES TOUT PUBLIC
jeu. 23 février 20h
ven. 24 février 20h
sam. 25 février 18h
dim. 26 février 18h
1h20
Photos : Judith Marouani
Texte disponible au centre de ressources
SÉANCE SCOLAIRE
Tarif : 700Frs par personne (élève et accompagnateur)
Inscription aux séances scolaires à effectuer sur le site internet du Théâtre de l’île,
www.theatredelile.nc. Renseignements auprès du département Jeune Public.
SÉANCE TOUT PUBLIC
Les représentations tout public sont aussi ouvertes aux classes. Pour bénéficier du tarif
exceptionnel à 1600Frs réservé aux groupes scolaires, merci d’effectuer une demande
auprès du département Action Culturelle.
Les artistes et l’équipe du Théâtre de l’île sont à votre disposition pour vous accompagner
lors de la préparation de votre venue en séance scolaire.
CONTACTS
JEUNE PUBLIC
Chloé Alvado
[email protected]
25.50.52
ACTION CULTURELLE
Laurent Rossini
[email protected]
25.50.53
www.theatredelile.nc
1. LA PIÈCE
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1.1 RÉSUMÉ 1.2 LES THÈMES ABORDÉS PAR LA PIÈCE
1.3 DISTRIBUTION
1.4 JOHN STEINBECK, AUTEUR
1.5 JEAN-PHILIPPE EVARISTE ET PHILIPPE IVANCIC, METTEURS EN SCÈNE
1.6 NOTE DE MISE EN SCÈNE 3
3
3
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2. L’ÉQUIPE
7
2.1 LES COMÉDIENS
2.2 L’ÉQUIPE ARTISTIQUE
7
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3. PISTES PÉDAGOGIQUES AUTOUR DE L’ŒUVRE 11
3.1 DE LA DÉNONCIATION SOCIALE À LA MÉDITATION SUR LA CONDITION HUMAINE 3.2 UNE FORME ORIGINALE : ROMAN OU PIÈCE DE THÉÂTRE
3.3 LES THÈMES DE LA PIÈCE
• LE RÊVE
11
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12
12
• L’AMITIÉ, LE DUO LENNIE/GEORGE
12
ANNEXE 1 - EXTRAIT : LE RÊVE DE LENNIE ET DE GEORGE
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ANNEXE 2 - EXTRAIT : LA MISE À MORT DU VIEUX CHIEN
14
ANNEXE 3 - EXTRAIT : LA MORT DE LENNIE
15
Dossier réalisé avec les informations fournies par la compagnie.
1. La pièce
1.1 Résumé
1 . 3 Distribution
John Steinbeck pose le décor réaliste de son drame pendant la grande
dépression des années trente aux États-Unis. Il y met en scène des
personnages empreints de solitude et de dureté, avides de rêve et
d’espoir.
De John Steinbeck
Deux hommes liés d’amitié, George et Lennie, parcourent les grands
espaces californiens à la recherche de travail dans les ranches. Ils
entretiennent un même rêve : acquérir le pécule qui leur permettra
d’acheter une petite ferme, synonyme de liberté et de paix. George,
petit, vif et réfléchi, apparaît comme le protecteur de Lennie l’infantile
et doux colosse aux mains dévastatrices.
Leur amitié, leur différence et leur complémentarité surprennent
ceux qu’ils croisent en chemin.
Lennie aime tout ce qui est doux et sans le vouloir finit par abîmer
tout ce qu’il touche : les souris, les lapins, les chiots… Sa simplicité
d’esprit leur attire souvent des histoires qui les obligent à fuir et à
différer sans cesse la réalisation de leur rêve. Mais leur amitié leur
permet de surmonter les événements jusqu’au moment où Lennie
tue involontairement une femme.
Une chasse à l’homme s’organise et pour lui éviter le lynchage,
George décide alors de sacrifier lui-même son seul ami et, par ce
geste, renonce à leur rêve commun.
« Et quand, sur la berge sablonneuse de la Salinas dormante, se
défait par un sacrifice atroce et magnifique, l’aventure de Lennie (…),
une admiration profonde et stupéfaite se lève pour l’auteur qui, en si
peu de pages, avec des mots si simples et sans rien expliquer, a fait
vivre si loin, si profondément et si fort. » Joseph Kessel.
Adaptation
Marcel Duhamel
Mise en scène
Jean-Philippe Evariste,
Philippe Ivancic
Direction d’acteurs
Anne Bourgeois
Avec
Philippe Ivancic / Lennie
Jean-Philippe Evariste / George
Jean Hache / Candy
Jacques Bouanich / Carlson
Dounia Coesens / La femme de Curley
Henri Déus / Le patron
Emmanuel Lemire / Slim
Emmanuel Dabbous / Curley
Augustin Ruhabura / Crooks
Hervé Jacobi / Whit
Lumières
Jacques Rouveyrollis
Musique
Bertrand Saint Aubin
Costumes
Emily Beer
1.2 Les thèmes abordés par la pièce
l’amitié | la solitude | la quête d’un rêve | la responsabilité | les inégalités | le handicap | le racisme
Dossier pédagogique Des Souris et des Hommes - Théâtre de l’île - Saison 2017
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1.4 John Steinbeck, Auteur
John Steinbeck, éminent défenseur des valeurs humaines, est l’un des romanciers les plus
populaires du vingtième siècle. Pourtant, son œuvre a été l’objet de nombreuses controverses.
Si le public l’acclame parce qu’il se reconnaît et s’identifie au sort des oubliés du rêve américain,
la critique acerbe ne manque pas de décrier son engagement et sa dénonciation d’une réalité
parfois dérangeante.
En effet, Steinbeck s’attache à décrire la vie de ceux qui subissent les crises économiques du pays :
les simples travailleurs, les exclus, les victimes… tout en affirmant comme valeur essentielle la
liberté de l’individu.
Apôtre des petites gens dont il décrit souvent la vie avec tendresse et humour, il sait prendre un
ton sobre pour peindre les douleurs de leur vie. Ce choix d’une écriture sans emphase et sans
interprétation accentue la froideur des situations et concentre l’effet dramatique.
S’il obtient le Prix Nobel de Littérature en 1962, c’est aussi pour la portée sociale de son œuvre :
« pour ses écrits à la fois réalistes inventifs, remarquables pour leur humour plein de compassion
et leur perspicacité sociale ».
Mal aimé dans son propre pays, l’écrivain meurt en 1968 à New York et sa disparition est tout
juste saluée avec politesse. Aujourd’hui ses romans majeurs font toujours partie des classiques
de la littérature américaine, et son message humaniste échappe au temps : « Il faut essayer de
comprendre les hommes. Si deux hommes essayent de se comprendre, ils seront bons l’un envers
l’autre. Bien connaître un homme ne conduit jamais à la haine, mais presque toujours à l’amour. »
1.5 Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic, Metteurs en scène
Dès leur arrivée à Paris, Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic suivent les cours de JeanLaurent Cochet et jouent sous sa direction dans différents spectacles : Hommage à Jean
Cocteau, Récital poétique Musset, Quoi de Neuf Molière ?, Hommage à Colette, puis Les Fausses
Confidences de Marivaux, et enfin Corot de Jacques Mougenot, qu'ils jouent au Théâtre 14 à Paris,
au Théâtre Rive Gauche, et au Théâtre Daunou, avant de partir en tournée en Suisse, en Belgique,
puis en France.
Parallèlement et indépendamment, Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic tournent pour
la télévision (Police District, P.J, Chercheurs d'héritiers, Deux femmes à Paris...) le cinéma (Le
Bossu de P. De Broca, Guerre dans le haut Pays de F. Reusser, Laissez Passer de B.Tavernier,
Feux Rouges de C. Kahn...) et dans quelques courts-métrages.
En 1998, avec Constance Allard et Judith Marouani ils fondent La Compagnie des Brigandins pour
faire tourner Le Roman de Renart. S'ensuit la tournée d'une nouvelle création, Sur les Pas de
Molière mise en scène par Philippe Ivancic.
En 2002, Philippe et Jean-Philippe, avec l'aide artistique d’Anne Bourgeois, montent Des Souris et
des Hommes au Théâtre 13 à Paris. Véritable triomphe public et professionnel !
Jean-Philippe Evariste et Judith Marouani organisent la tournée du spectacle pour 2004. La
compagnie prend la nouvelle identité de En toutes circonstances, en 2006, dirigée vers la création,
la production et la diffusion.
Philippe Ivancic, lui, joue au théâtre : La Mouette mise en scène par Anne Bougeois (Théâtre 14),
Encore une Histoire d'Amour mise en scène par Antonia Malinova, Marie Stuart mise en scène par
Fabian Chappuis (Théâtre 13).
En 2008, Jean-Philippe Evariste et Judith Marouani, avec En toutes Circonstances, organisent la
seconde tournée du spectacle Des Souris et des Hommes.
Philippe Ivancic, fonde la Compagnie Depuis-Depuis, avec laquelle il crée Le Vol de Kitty Hawk de
Georges Dupuis mis en scène par Yves Pignot, pour le Théâtre 13 en septembre 2009 à Paris, puis
en tournée (avec la même équipe de En toutes Circonstances)...
En février 2010, les deux complices enchaînent avec la troisième tournée de Des Souris et des
Hommes... et se préparent à fêter la 100e représentation de la pièce au Théâtre du Petit Saint
Martin en novembre 2010, puis la 200e lors de la tournée de 2013.
Reprise de la pièce à Paris en 2014 au Théâtre 14 pour deux mois avec une nouvelle tournée par la
suite. Enfin, reprise au Théâtre du Palais Royal toute l’année 2015 avec, à la clef, une nomination
pour le Molière du spectacle privé 2015, avant une nouvelle tournée pour la saison 2016-2017.
Dossier pédagogique Des Souris et des Hommes - Théâtre de l’île - Saison 2017
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1.6 Note de mise en scène
Créer l’œuvre au plus près de l’auteur.
C’est parce que John Steinbeck a vécu près de ces hommes et comme ces hommes qu’il a su si bien les
peindre, en faire jaillir toute la vérité, toute l’humanité si complexe et si cruelle.
Des Souris et des Hommes est avant tout une histoire d’amitié et de différence aux thèmes intemporels
et universels. L’auteur peint une humanité violente et vaincue, murée dans un quotidien auquel elle
n’échappe qu’en rêvant au bonheur. Ce monde d’isolement est traversé par le sillage lumineux de
l’amitié inconditionnelle de George et Lennie. Elle rassemble autour d’eux l’espoir avant de s’accomplir
dans le drame du sacrifice et du renoncement.
Pour incarner cette humanité, tour à tour forte et fragile, il faut mettre en scène des hommes seuls,
des hommes qui se parlent et demeurent seuls, des groupes d’hommes qui croient se parler, des
obsessions inavouées, des rêves tellement enfouis qu’ils en deviennent pathologiques. Cette humanité
que nous allons puiser au plus profond de chacun des dix comédiens est le fondement de notre mise
en scène.
Les déplacements, les costumes, le décor, la lumière sont au service de chaque parole et de chaque
instant d’émotion. Notre seule ambition est de créer l’œuvre au plus près de ce qu’elle raconte, au plus
près des situations et du message émotionnel.
Un décor, simple et unique. Le plateau représente les grands espaces, l’Amérique sauvage. Au centre du
plateau, deux panneaux faits de lattes de bois suggèrent non seulement le baraquement des hommes,
l’enfermement où la confrontation devient plus cruelle et plus dense, mais aussi les limites du rêve et
l’espoir… En effet, l’irrégularité des lattes de bois laisse pénétrer à l’intérieur la lumière extérieure et
nous rappelle qu’il y a un ailleurs et qu’il ne s’agit là que d’une étape nécessaire avant de trouver la voie
de la liberté. Entre ces deux panneaux, une table en bois contenant des accessoires quotidiens revêt
une fonction différente dans chacun des tableaux.
La lumière, partenaire capital des acteurs crée à la fois les grands espaces chauds californiens et
l’intérieur parfois austère, parfois chaleureux des différents lieux de la ferme suivant l’heure du jour et
de la nuit. Elle construit pour le public ce qui lui manque d’espace compréhensible : cacher un homme
dans les roseaux, c’est le faire passer de la lumière à l’ombre…
Les costumes sont réalistes. Ils ciblent l’état et la fonction de chaque personnage. Une femme qui rêve
porte une robe de rêve, inacceptable pour un monde qui ne rêve plus. Les travailleurs des champs
portent sur eux les traces de l’effort.
La musique, comme des guillemets, accompagne le spectateur au début et à la fin de l’histoire. La
parole et le silence font le reste.
La mise en dialogue de l’œuvre est magnifique. Elle repose souvent sur des échanges qui ressemblent
plus à des monologues croisés qu’à de vrais moments de communication.
La grande force de l’adaptation c’est le concret. Le portrait, le langage des hommes sont si réalistes,
l’accent, le vocabulaire et les expressions sont si colorés qu’il n’y a plus qu’à laisser jouer les acteurs.
C’est ce que nous nous employons à faire, avec la complicité d’Anne Bourgeois, qui vient nous enrichir
de son expérience, de sa sensibilité de femme et d’une dramaturgie propre à son parcours.
Monter Des Souris et des Hommes, c’est faire le pari de l’émotion, de la poésie, de l’amitié…
Dossier pédagogique Des Souris et des Hommes - Théâtre de l’île - Saison 2017
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2. L’équipe
2.1 Les comédiens
Jean Hache / Candy
Auteur, metteur en scène et acteur, Jean Hache a joué dans une centaine de pièces de théâtre, aux
côtés notamment d’Anny Duperey, Fabrice Lucchini, Jean-Pierre Daroussin, Pierre Vaneck, Georges
Descrières, Emmanuel Dechartre…
C’est en jouant sous la direction d’Anne Bourgeois, dans La Mouette de Tchekov, au Théâtre 14, qu’il
rencontre Philippe Ivancic. Il jouera à nouveau avec lui dans Le Vol de Kitty Hawk de Georges Dupuis,
sous la direction de Yves Pignot au Théâtre 13, puis dans Des Souris et des Hommes, dont il fait la
tournée 2012.
Il a lui-même mis en scène Matériau Shakespeare (à partir de Richard III), La Quille de Xavier Durringer,
Britannicus de Racine, Grand’ Peur et Misère du IIIe Reich de Bertolt Brecht, Dans la Solitude des
champs de coton de Bernard-Marie Koltès. Il a dirigé la compagnie “Greta Chute Libre” pendant
dix années, créant huit spectacles et jouant dans les Festivals de Budapest, Londres, Copenhague,
Sarrebrück, Nancy, Angers, Rennes…
Jean a tourné dans une quarantaine de téléfilms avec Jacques Fansten, Serge Moati, Luc Béraud,
Philippe Monnier.
Il intervient également comme professeur d’interprétation dans le cadre de l’Éducation Nationale.
Directeur artistique de “Théâtres en Perche” depuis sa création, il réalise des lectures en compagnie
d’autres comédiens et de musiciens.
En 2011, il écrit, met en scène et interprète Salieri, le Mal aimé de Dieu, à Chartres et au Lucernaire à
Paris. Et en 2013, il joue sous la direction de Ned Grujic dans Les Déshéritiers de Branislav Nusic au
Théâtre 13 puis en tournée.
Jacques Bouanich / Carlson
Jacques Bouanich, formé à l’École Charles Dullin, a une grande expérience de la scène, des plateaux
de télévision et de cinéma.
Au théâtre, il travaille souvent sous la direction de Robert Hossein (Danton et Robespierre, La Liberté
et la mort, On achève bien les chevaux...), Yves Pignot, Pierre Santini, Giorgio Strehler...
Jacques joue également sous la direction de Thomas Le Douarec dans Vol au-dessus d’un nid de
coucou, Jean-Pierre Hané dans La Maison Tellier de Maupassant, Anne Bourgeois dans Des Souris et
des Hommes au Théâtre 13, puis en tournée en 2004, 2008 , 2010 et 2012.
Depuis 2011, il joue aussi, en alternance, dans Les Repas des Fauves, adapté et mis en scène par Julien
Sibre.
Pour le cinéma et la télévision, il travaille, entre autres, avec Jean-Charles Tacchela, Philippe Muyl,
Marcel Bluwal, Edouard Molinaro, Claude Chabrol, Alexandre Arcady, Christian Jacques, José Giovanni,
Christiane Leherissey...
Dounia Coesens / La Femme de Curley
Dounia débute le théâtre en participant aux cours d’art dramatique à la MJC d’Aix-en-Provence. Portée
par l’envie d’approfondir son expérience dans ce domaine, elle fait rapidement ses premiers pas à
l’écran, enchaînant courts métrages et téléfilms.
En 2004, elle devient célèbre grâce à la série Plus belle la vie, alors qu’elle n’est âgée que de 15 ans.
Elle y interprète le rôle principal de Johanna Marci, au départ adolescente capricieuse puis femme
d’affaires embourgeoisée.
En 2008, elle a remporté le prix Jeune Talent de l’année.
Elle a acquis une technique de jeu solide qu’elle met au service d’autres projets tels que Nos Chers
Voisins (TF1), Si on recommençait, une pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt (mise en scène de Steve Suissa,
Comédie des Champs-Elysées) ou encore La Disparue du Pyla, téléfilm diffusé en avril 2014 où elle y
tient le rôle principal. Elle interprète le rôle principal féminin dans Meurtre à La Rochelle (en tournage
pour France 3), puis enchaîne de plus en plus les projets Théâtre, télé et ciné…
Dossier pédagogique Des Souris et des Hommes - Théâtre de l’île - Saison 2017
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Henri Déus / Le patron
Il débute au cinéma à 18 ans au côté de Jean Gabin dans Le Pacha de Georges Lautner puis poursuit
sa carrière cinématographique avec des réalisateurs tels que Tony Gatlif, Jean-Claude Brialy, Claude
Zidi, Gérard Lauzier…
Au théâtre, il joue sous la direction de Raymond Gérome, Jean-Louis Martin-Barbaz, Pierre Santini,
Francis Sourbié… Dernièrement, il a joué sous la direction de Jean-Luc Tardieu dans Démocratie et
sous la direction de Robert Hossein dans l’Affaire Seznec et L’Affaire Dominici.
Henri tourne également pour la télévision dans différentes fictions télévisées.
Henri a participé à la création de Des Souris et des Hommes en 2002, et à toutes les tournées depuis
2004.
Emmanuel Lemire / Slim
Après des études scientifiques, il suit les cours d’Yves Pignot, puis de Jean Périmony et continue son
apprentissage avec Sybil Maas et Olivier Lebeaut.
À 20 ans, en 1989, il est porte-flambeau dans l’Avare, à la Comédie Française, dans la mise en scène
de Jean-Paul Roussillon : tout petit et magnifique commencement, qu’il revendique. Il interprètera
Cléante, dans L’Avare toujours, bien des années plus tard, avec Daniel Prévost, à Paris et en tournée.
Toujours au sein de la Comédie Française (sans faire partie de la troupe) il travaille avec Jean-Luc
Boutté, Alexander Lang, et à nouveau avec Jean-Paul Roussillon.
En 2002, il joue avec Claudia Cardinale – pour la première fois au théâtre : le Prologue, dans La
Vénitienne, au Rond-Point des Champs-Élysées et en tournée pendant un an.
Entre temps, l’expérience des Tréteaux de France, et la rencontre d’un « public des champs » ébloui par
les lumières de la scène, seront une expérience profondément marquante.
Plus de dix années ensuite de fiction radiophonique, doublage, voix off, lecture pour Radio France, et
quelques tournages (avec Yann Samuell en particulier).
Retrouvailles avec le théâtre en 2011 (Gare de l’Est, spectacle déambulatoire de Sophie Akrich, à la
Citéde l’Immigration). En 2013, Oscar Wilde au Théâtre Montparnasse : L’importance d’être sérieux,
dans une mise en scène de Gilbert Desveaux.
Depuis trois ans, il suit l’enseignement de Blanche Salant, à l’Atelier International de Théâtre, un
cours extraordinaire, qui privilégie absolument le travail corporel et l’improvisation : une « approche »,
comme elle le dit elle-même. Vers la liberté…
Emmanuel Dabbous / Curley
Emmanuel Dabbous, comédien d’origine Suisse, travaille en France depuis une quinzaine d’années
pour le théâtre, le cinéma, la télévision et la radio... Au théâtre, il joue sous la direction de Olivier
Tomasyk (Les Figures), Gaspard Boesch (L’Age moche), P. courtois (Les Zoulous), Luc Teyssier d’Orfeuil
(Chroniques), avant de rencontrer Philippe Ivancic, Jean-Philippe Evariste et Anne Bourgeois, pour la
première tournée de Des Souris et des Hommes. Ensuite, il écrit et joue Tombé du ciel au GuichetMontparnasse, puis en tournée, avant de retrouver Des Souris et des Hommes pour la seconde, la
troisième et la quatrième tournée. Il travaille dans Affaires Privées mise en scène Dominique Ziegler.
Emmanuel fait beaucoup de télévision, écrit beaucoup de sketchs avant de les interpréter sur des
chaînes câblées (Cineinfo.fr, TPS Star, Cinefazz, Gulli...) et pour la télévision Suisse.
Au cinéma, il croise, entre autres, la route de Yann Kounen dans Doberman... Il participe à de nombreux
courts-métrages et prête sa voix à de nombreuses publicités radio.
Il joue en 2012 à Genève Le Trip Rousseau, pièce écrite et mise en scène par Dominique Ziegler puis
part en tournée. Emmanuel a rejoint l’équipe de Des Souris et des Hommes en 2004 et ne l’a pas quittée
depuis.
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Augustin Ruhabura / Crooks
À 30 ans, il s’initie au théâtre avec Philippe Avron, Erhard Stieffel et Pierrette Dupoyet, et devient
animateur de l’atelier théâtre-enfants au centre culturel français de Kigali (Rwanda). Parallèlement,
il joue dans de nombreux spectacles dont Une vie de boy, d’après le roman de Ferdinand Oyono (oneman-show), L’Escargot entêté, d’après le roman de Rachid Boudjera (one-man-show), Le Misanthrope
de Molière (rôle d’Alceste), La Grande roue de Vaclav Havel (rôle de Max), Le Père Noël est une ordure
(rôle de Pierre Mortez).
Depuis son arrivée en France, il a travaillé, pour la télévision ou le cinéma, avec Christiane Spiero (série
Marie Fransson), Olivier Barma (série Central Nuit), Gilles Bannier (série Reporter), Alain Lasfargues
(Planète Sans Frontières), Denis Amar (série Duval et Moretti), Fabrice Cazeneuve (Seule l’Alerte), Anne
Giafferi, Pascal Chaumeil, Alexandre Pidoux, Laurent Dussaux (série Fais pas ci, fais pas ça), Ulrich
Khöler (La Maladie du Sommeil, Ours d’argent du meilleur réalisateur au Festival du film de Berlin en
2011), Costa-Gavas (Capital).
Au théâtre, il a joué sous la direction de Benoît Marbot (Ta femme), Anne Bourgeois, Jean-Philippe
Evariste et Philippe Ivancic (Des Souris et des Hommes), Maria Machado et Werner Schroeter
(Métamorphoses et métastases).
Et depuis 2001, il collabore régulièrement avec Irina Brook : Une Odyssée ; La Bonne âme de Setchouan ;
Jules César en Egypte ; En attendant le songe d’après Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare ; Don
Quichotte dans Somewhere…La Mancha d’après le Don Quichotte de Cervantès ; L’Île des esclaves (rôle
de Trivelin) dans le cadre du Festival 2013 des Deux Mondes de Spoleto (Italie) ; Peer Gynt, en anglais,
dans le cadre du Festival d’été 2012 de Salzbourg ainsi que, en 2014, au Théâtre National de Nice et au
Barbican Theatre de Londres.
Par ailleurs, il a créé et interprété, en mai 2010, un spectacle seul en scène, Augustes Contes…Cruels,
qu’il a librement adapté des Contes Cruels de Villiers de l’Isle-Adam.
Il apparaitra dans la série Interventions (réalisé par Eric Summer) sur T.F.1 et, au cinéma, dans Terre
Battue réalisé par Stéphane Demoustier.
Augustin est dans l’équipe du spectacle depuis 2002.
Hervé Jacobi / Whit
Élève de la Classe Libre du Cours Florent, Hervé joue sous la direction de Stéphane Aucante dans Le
Mariage de Figaro, d’Alain Gainsburger dans C’est la faute à Rimbaud, de J. Zimina dans Tania Tania, de
Moni Grego dans En Attendant Godot, de Guylaine Dumont dans La Cité Fertile, avant de jouer dans Des
Souris et des Hommes au Théâtre 13 à Paris, puis en tournée, à quatre reprises.
Jeune Talent Adami au Festival de Cannes, il tourne au cinéma avec Philippe Harel, Christophe Morin,
Jean-Pierre Mocky, Martin Le Gall, Pierre Gadrey, Alexis Miansarov, et Frédéric Amiel.
À la télévision, on le voit dans La Crime III de Denis Amar, dans Marc Chagall de Jean-Marie Carzou, et
dans Vacances au Purgatoire de Marc Simenon...
Hervé travaille avec David Ayala dans Ma Peau sur la Table d’après Louis-Ferdinand Céline.
Il est également dans l’équipe depuis 2002.
Dossier pédagogique Des Souris et des Hommes - Théâtre de l’île - Saison 2017
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2.2 L’équipe artistique
Anne Bourgeois / Direction d’acteurs
Élève de la Rue Blanche, Anne a été à partir de 1989 l’assistante de grands metteurs en scène tels que
Patrice Kerbrat, Stephan Meldegg, Jean Danet...
Depuis 1994, elle travaille avec de nombreux comédiens et signe ses propres mises en scène, notamment
pour la Troupe du Phénix (La Nuit des Rois de Shakespeare à la Cartoucherie de Vincennes, Le Petit
Monde de Georges Brassens à Bobino, aux Bouffes Parisiens et en tournée...) Également auteur et
adaptatrice, elle dirige différents ateliers de formation.
En juin 2002, elle dirige Jean-Paul Farré et Jean-Jacques Moreau dans 55 dialogues au carré de JeanPaul Farré au Théâtre National de Chaillot.
Dès l’été 2002, elle rejoint l’équipe de Des Souris et des Hommes afin d’apporter sa complicité à la mise
en scène.
Dernièrement, Anne a mis en scène Café Chinois avec Richard Berry, Les Montagnes Russes avec Alain
Delon, Cochons d’Inde avec Patrick Chesnais, Les Diablogues de Roland Dubillard au Théâtre du RondPoint avec François Morel et Jacques Gamblin, Mur d’Amanda Sthers avec Rufus et Nicole Calfan et
c’est elle qui assure la collaboration artistique du seul en scène de Jacques Gamblin : Tout est normal
mon cœur scintille.
Anne vient de diriger Miou-Miou dans Des gens bien. Après avoir monté Les Vœux du cœur de Bill C.
Davis avec Bruno Madinier, Davy Sardou, Julie Debazac et Julien Alluguette.
Jacques Rouveyrollis / Concepteur Lumières
Jacques Rouveyrollis est certainement l’éclairagiste de spectacles le plus célèbre de France depuis 50
ans. Il a travaillé pour les concerts de près de 150 chanteurs et groupes, autant de pièces de théâtre,
80 spectacles musicaux, 25 opéras, spectacles de 30 humoristes, des ballets, des émissions TV, des
expos, des conventions…
Né en 1945 à Grenoble, il débute à 20 ans pour le groupe Les Jelly Roll avant de collaborer avec Michel
Polnareff pendant 8 ans. Il éclaire ensuite la scène de la variété française des années 70, dont Mike
Brant, Joe Dassin, Johnny Hallyday, ainsi que Christophe pour son fameux Olympia de 1974.
Dans les coulisses, son parolier, Jean-Michel Jarre, retient le travail de l’éclairagiste, qu’il appelle à le
rejoindre quand il monte son spectacle multimédia à La Concorde pour le 14 Juillet 1979.
Une longue collaboration suit alors puisque Rouveyrollis va mettre en lumières tous les méga shows du
compositeur pendant 10 ans entre le fameux Houston, en 1986, et le concert à la Tour Eiffel, en 1995.
Ses éclairages se mêlent habilement à la musique, aux projections d’images géantes, aux feux
d’artifices.
En 1983, Rouveyrollis rencontre Jean-Luc Tardieu qui le convainc de travailler pour le théâtre : une
révélation ! Pièces et spectacles musicaux vont s’enchaîner avec Jérôme Savary, Jean-Luc Moreau,
Alfredo Arias, et tant d’autres. Il obtient le Molière de la meilleure lumière à deux reprises en 2000 et en
2002. Dans les années 90, il entre dans le monde de l’opéra qui l’amène à éclairer des lieux prestigieux
comme le Colisée de Rome, ou démesurés comme le Stade de France.
Dernièrement, il a réalisé les lumières des dernières tournées marathon d’Eddy Mitchell (2010-2011),
de Michel Sardou (2012-2013), et du fidèle Johnny (2012) dont il a éclairé la quasi totalité des prestations
depuis 40 ans !
Emily Beer / Assistante costumière
Comédienne de formation, Emily poursuit sa carrière dans la création de costumes. Couturière
autodidacte, elle a appris à concevoir et à créer des costumes au fil de différents spectacles.
Dernièrement elle a complété son apprentissage en assistant une styliste de mode, et en travaillant sur
un long métrage avec Bruno Putzulu et Marisa Paredes. Au Théâtre, c’est elle qui a conçu les costumes
du spectacle Le Vol de Kitty Hawk mis en scène par Yves Pignot.
Emily travaille également pour différentes émissions de télévision.
Bertrand Saint-Aubin / Musicien
Ami de longue date, et musicien confirmé, Bertrand compose ici pour la première fois une musique
originale pour un spectacle vivant. Présent sur scène avec sa guitare lors de la première lecture au
Théâtre 13, il fait partie de l’aventure depuis l’origine du projet.
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3. Pistes pédagogiques autour de l’oeuvre
3.1 De la dénonciation sociale à la méditation sur la condition humaine
1
AUTEUR
JOHN STEINBECK
TITRE ORIGINALE
Dans Des souris et des hommes (1937), John Steinbeck s'inspire de son OF MICE AND MEN
expérience d'ouvrier agricole pour dépeindre un monde de misère et de violence, DATE DE PARUTION
mais où les plus belles valeurs humaines peuvent également s'exprimer.
1937
À travers l'histoire de George Milton et Lennie Small, il montre combien l'amitié
TITRE FRANÇAIS
et l'espoir d'une vie meilleure soutiennent les hommes et leur permettent de DES SOURIS ET DES HOMMES
garder leur dignité (annexe n°1).
Mais l'histoire est tragique : Lennie étant un simple d'esprit incapable de
maîtriser sa force surhumaine, ses projets sont voués à l'échec car il détruit tout ce qu'il veut
caresser – des souris, un chiot et finalement une femme –, alors même que le rêve de Lennie et
George de s'acheter une petite ferme semble soudain sur le point de se réaliser lorsque le vieux
Candy leur propose de joindre ses économies aux leurs.
Le propos social est central dans cette œuvre engagée, qui dénonce la condition inférieure réservée
pendant la Grande Dépression aux personnes souffrant de déficiences mentales, mais aussi aux
Noirs, aux femmes et aux journaliers dans leur ensemble. La mise à mort du vieux chien (annexe
n°2) symbolise la dureté avec laquelle la société exclut tous les individus ne correspondant pas aux
« normes ».
Le roman élargit pourtant son propos pour avoir une portée universelle : l'histoire est aussi celle
des affres de la solitude, de la jalousie, du complexe d'infériorité (pour les personnages de Curley et
de Crooks) et de l'échec du langage.
Steinbeck met en scène la noblesse, la cruauté et l'absurdité de la condition humaine. Le lecteur
est amené à s'identifier à George, personnage sensible mais réaliste, qui s'est attaché à Lennie et
sait combien cette amitié est importante pour eux, mais se voit finalement obligé, après avoir fait
tout ce qu'il pouvait pour protéger son ami, de le tuer pour lui éviter d'être sauvagement lynché ou
enfermé dans un asile (annexe n°3).
3.2 Une forme originale : roman ou pièce de théâtre
Court roman dont la langue orale a choqué ses contemporains, Des souris et des hommes est
devenu un classique de la littérature du XXe siècle.
Steinbeck a fait le choix audacieux d'une œuvre hybride, « d'un roman qui pourrait être transposé tel
quel sur la scène, ou d'une pièce qui pourrait se lire comme un roman » : le narrateur, en adoptant
un point de vue (ou point de vue narratif) externe, se contente de décrire ce que le public pourrait
percevoir au théâtre, sans en savoir plus sur ce que ressentent les personnages.
Le texte est principalement composé de dialogues, les descriptions s'apparentant à des didascalies.
Le roman a ainsi été très rapidement mis en scène au théâtre et au cinéma.
Ce choix d'écriture amène le lecteur à prendre la responsabilité de son regard sur les personnages.
Dans son journal, Steinbeck dit en effet que le but de l'écriture est, pour lui, d'apprendre à
comprendre les autres hommes : « Si deux hommes essayent de se comprendre, ils seront bons
l'un envers l'autre. Bien connaître un homme ne conduit jamais à la haine, mais presque toujours
à l'amour. »
Ce texte se prête donc facilement à l’adaptation théâtrale notamment grâce aux apparitions des
personnages qui se font comme des entrées en scène. En lisant le roman, le lecteur ne sait que ce
qu’un spectateur pourrait voir :
« deux hommes débouchèrent du sentier et s’avancèrent dans la clairière » ; « La porte s’ouvrit, et
un vieillard voûté entra »; « un petit homme se tenait sur le seuil » ; entrée et sortie de Curley : « un
jeune homme entra dans la chambre » ; « il se retourna vers la porte et sortit » ; « debout une jeune
femme regardait dans la chambre » (etc.)
EXERCICES :
- Choisir l’un des cinq premiers chapitres du roman, le transformer en texte de théâtre en
distinguant les dialogues et les didascalies.
- Faire une lecture théâtrale d’un chapitre
1. Sources : lelivrescolaire.fr et pedagogie.ac-reims.fr
Dossier pédagogique Des Souris et des Hommes - Théâtre de l’île - Saison 2017
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3 .3 Les thèmes de la pièce
• LE RÊVE
Des Souris et des Hommes est construit comme une tragédie évoquant le rêve américain, soit l’idée selon
laquelle n’importe quelle personne vivant aux États-Unis peut, par son courage, son travail et sa détermination
devenir prospère.
Les personnages du roman ne peuvent parvenir à réaliser les objectifs qu’ils ont rêvés. Le rêve de la ferme dans
laquelle George et Lennie vivraient heureux n’existe que dans le discours de George, plusieurs fois répété à la
demande de Lennie, comme le ferait un enfant à qui on raconte toujours la même histoire.
De la même façon, le récit que la femme de Curley fait de son enfance et de sa jeunesse semble aussi « par son
désir passionné d’épanchement » un rêve.
«J’aurais pu devenir quelqu’un », dit-elle, avant d’évoquer ses chimères de carrières de comédienne.
Quant aux autres personnages de cette tragédie, ils vivent enfermés dans leur solitude, sans aucun sentiment
d’amitié qui les lie, sans autre occupation que leur travail au ranch, leurs distractions du dimanche, sans autre
projet que de «[faire] un peu d’argent » et de le dépenser.
« Y a personne dans le monde pour se faire de la bile à leur sujet...» Le ranch, lieu unique de cette tragédie, d’où
l’on ne part que « simplement, comme ça, comme on fait », ou bien en mourant, comme la femme de Curley, qui
peut sans doute se lire comme la métaphore d’une société dans laquelle chacun construit des rêves irréalisables.
George comprend qu’avec la mort de la femme de Curley, leur rêve de ferme disparaît. C’est dans la répétition
du discours que le réel semble prendre forme : « Mais [Lennie] aimait tellement en entendre parler que j’avais
fini par croire qu’on finirait peut-être par l’avoir ».
Le mode de l’irréel, présent ou passé, imprègne presque tous les discours, ceux de Lennie et George, qui en ont
fait une espèce de comptine pour enfants. George, comme la femme de Curley disent toute leur désillusion dans
cette modalité de ce qui ne s’est jamais accompli : avoir été libre et seul, sans Lennie, avoir fait une carrière de
comédienne.
QUESTIONS :
- Qu’est-ce qu’est le rêve américain ?
- Connaissez-vous d’autres ouvrages ou film abordant le rêve américain ? Les Noces Rebelles (Sam Mendes,
2008), Gangs of New York (Martin Scorcese, 2002), The Immigrant (James Gray, 2013)...
- Quelle est votre définition du rêve, de votre rêve ?
• L’AMITIÉ, LE DUO LENNIE/GEORGE
George et Lennie forment les deux parts d’un même être : George en serait l’humaine, Lennie, l’animale. C’est
George qui guide Lennie, l’un a la vivacité d’esprit, l’autre la force surhumaine, impossible à maîtriser. George,
en décidant de tuer lui-même Lennie, veut sans doute éviter à son ami, les violences que voudraient lui infliger
Curley et les hommes qu’il dirige. Peut-être pense-t-il, ainsi, se débarrasser de cet homme à cause de qui il ne
« [sort] pas du pétrin ».
D’une façon plus symbolique, on peut voir dans cet acte, la volonté presque mystique de détruire la part animale
de l’homme. Lennie est d’ailleurs fréquemment comparé à un animal :
« un homme énorme,[...] larges épaules tombantes. Il marchait lourdement, en traînant un peu les pieds
comme un ours traîne les pattes. Ses bras, sans osciller, pendaient ballants à ses côté.»
« Il buvait à grands coups , en renâclant dans l’eau comme un cheval.»
« Lennie trempa sa grosse patte dans l’eau » ; « Lennie rampa lentement et prudemment autour du feu » ;
Lennie envisage, si George ne veut plus de lui, de chercher « une caverne quelque part ».
« Lennie déboucha des fourrés. Il avançait comme un ours qui rampe. »
« Quand, derrière lui, les feuilles sèches craquèrent au passage d’un petit oiseau, il releva la
tête brusquement, et il resta les yeux fixes et l’oreille tendue jusqu’à ce qu’il eût aperçu l’oiseau »
Lennie est comme un animal « docile » (p.186) qui imiterait son maître et n’obéirait qu’à lui.
Dans une scène du chapitre III, Lennie n’agit que sur l’ordre de George, aussi bien pour répondre aux coups de
Curley, que pour cesser de maintenir la pression sur la main de son adversaire :
« Vas-y Lennie ! » ; « Vas-y, je t’ai dit. » ; « Lâche-le, Lennie, lâche-le. » ; « Lâche-lui la main, Lennie »
« Brusquement, Lennie lâcha sa proie. Il alla se tapir contre le mur. »
QUESTIONS :
- Quels autres duos d’amis insolites connaissez-vous ? Don Quichotte et Sancho Panza, Laurel et Hardy...
- Quelle serait votre définition de l’amitié ?
- Que pensez-vous de la réaction de Georges ?
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ANNEXE 1 - EXTRAIT : LE RÊVE DE LENNIE ET DE GEORGE
Pendant que les boîtes de conserve de leur dîner chauffent sur le feu, Lennie prie George de
lui « raconter les lapins ».
Les types comme nous, qui travaillent dans les ranches, y a pas plus seul au monde. Ils ont
pas de famille. Ils ont pas de chez-soi. Ils vont dans un ranch, ils y font un peu d’argent, et puis
ils vont en ville et ils le dépensent tout… et pas plus tôt fini les v’là à s’échiner dans un autre
ranch. Ils ont pas de futur devant eux. Lennie était ravi.
– C’est ça… c’est ça. Maintenant, raconte comment c’est pour nous.
George continua :
– Pour nous, c’est pas comme ça. Nous, on a un futur. On a quelqu’un à qui parler, qui
s’intéresse à nous. On a pas besoin de s’asseoir dans un bar pour dépenser son pèze , parce
qu’on n’a pas d’autre endroit où aller. Si les autres types vont en prison, ils peuvent bien y
crever, tout le monde s’en fout. Mais pas nous.
Lennie intervint.
– Mais pas nous ! Et pourquoi ? Parce que… parce que moi, j’ai toi pour t’occuper de moi, et toi,
t’as moi pour m’occuper de toi, et c’est pour ça.
Il éclata d’un rire heureux.
– Continue maintenant, George !
– Tu l’sais par cœur. Tu peux le faire toi-même.
– Non, toi. Y a toujours des choses que j’oublie. Dis-moi comment que ça sera.
– Ben voilà. Un jour, on réunira tout not’ pèze, et on aura une petite maison et un ou deux
hectares et une vache et des cochons et…
– On vivra comme des rentiers , hurla Lennie. Et on aura des lapins. Continue, George. Dismoi ce qu’on aura dans le jardin, et les lapins dans les cages, et la pluie en hiver, et le poêle,
et la crème sur le lait qui sera si épaisse qu’on pourra à peine la couper. Raconte-moi tout ça,
George.
– Pourquoi que tu le fais pas toi-même, tu le sais tout.
– Non… raconte, toi. C’est pas la même chose si c’est moi qui le fais. Continue… George.
Comment je soignerai les lapins ?
– Eh bien, dit George, on aura un grand potager, et un clapier à lapins, et des poulets. Et quand
il pleuvra, l’hiver, on dira : l’travail, on s’en fout ; et on allumera du feu dans le poêle, et on
s’assoira autour, et on écoutera la pluie tomber sur le toit… Merde ! Il sortit son couteau de
poche.
– J’ai pas le temps de t’en dire plus. Il enfonça son couteau dans le couvercle d’une des boîtes,
l’ouvrit et passa la boîte à Lennie.
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ANNEXE 2 - EXTRAIT : LA MISE À MORT DU VIEUX CHIEN
Au ranch, Lennie et George ont sympathisé avec Candy, le vieil homme à tout faire, propriétaire
d’un vieux chien. Mais un soir, dans le baraquement des hommes, le gros Carlson, un autre
ouvrier, se met à se plaindre du chien. Lennie et George assistent à la scène, impuissants.
Il s’arrêta et renifla, et, tout en reniflant, il baissait les yeux vers le chien.
– Nom de Dieu, ce que ce chien pue ! Fais-le sortir, Candy ! J’connais rien qui pue autant qu’un
vieux chien. Allons, fais-le sortir.
Candy roula jusqu’au bord de son lit. Il avança la main et caressa le vieux chien, et il s’excusa.
– Il y a si longtemps qu’on est ensemble que j’m’aperçois même pas qu’il pue.
– Enfin, moi, j’peux pas le supporter ici, dit Carlson. Ça pue même après qu’il est parti.
De son pas lourd, il s’approcha du chien et le regarda.
– Il n’a plus de dents, dit-il. Il est tout plein de rhumatismes. Il n’peut plus te servir à rien,
Candy. Il n’peut même plus rien faire pour lui-même. Pourquoi que tu le tues pas, Candy ?
– Ben… bon Dieu ! Y a si longtemps que je l’ai. Je l’ai depuis qu’il était tout petit. J’ai gardé les
moutons avec lui. Il dit fièrement :
– Vous le croiriez pas à le voir, mais c’était le meilleur berger que j’aie jamais vu. […]
– Écoute, Candy, ce vieux chien souffre tout le temps. Si tu l’emmenais et que tu lui foutrais
une balle, en plein dans la nuque… – il se pencha et montra l’endroit – juste ici, il ne s’en
apercevrait même pas.
Candy jeta autour de lui un regard malheureux.
– Non, dit-il doucement, non, j’pourrais pas faire ça. Y a trop longtemps que je l’ai.
– Sa vie n’est pas drôle, insista Carlson. Et il pue comme tous les diables. J’vais te dire. C’est
moi qui le tuerai à ta place. Comme ça, t’auras pas à le faire. […] De la façon que je le tuerai,
il ne sentira rien. Je mettrai le fusil, juste ici – il montra du bout de son pied – droit dans la
nuque. Il n’aura même pas un frisson. […]
Candy dit avec un peu d’espoir :
– T’as pas de fusil.
– Avec ça. J’ai un Luger. Ça ne lui fera pas mal.
Candy dit :
– Demain, peut-être. Attendons à demain.
– J’vois pas de raison, dit Carlson. […]
Candy regarda longuement Slim dans l’espoir qu’il soulèverait quelque objection. Et Slim n’en
fit aucune. Candy, découragé, finit par dire, doucement :
– Alors, c’est bon… Emmène-le.
Il n’abaissa même pas ses regards vers le chien. Il s’étendit sur son lit, croisa les bras derrière
la tête et contempla le plafond. Carlson sortit une petite courroie de sa poche. Il se pencha et
la passa autour du cou du chien. Tous les hommes, sauf Candy, le regardaient. […] Il fit sortir
le chien dans l’obscurité.
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ANNEXE 3 - EXTRAIT : LA MORT DE LENNIE
Au début du roman, George avait dit à Lennie qu’ils devaient se retrouver au bord de la rivière
s’il leur arrivait un problème. Lennie s’y rend donc, et George l’y rejoint après avoir découvert
le corps de la femme de Curley. George sait qu’il doit protéger Lennie, que Curley et ses
hommes, ivres de vengeance, recherchent pour le battre à mort.
- Tu me laisseras pas, dis, George ? J’sais bien que tu me laisseras pas.
George, d’un pas raide, se rapprocha et s’assit près de lui.
– Non.
– Je l’savais, s’écria Lennie. T’es pas un type à faire ça. George resta silencieux. […]
Lennie dit :
– Raconte comment ça sera.
George avait écouté les bruits lointains. Il sembla un instant parler en homme d’affaires.
– Regarde par-dessus la rivière, Lennie, et je vais te raconter si bien que tu pourras presque
le voir.
Lennie tourna la tête et regarda, par-dessus la rivière, les sombres pentes des monts Gabilan.
– On aura une petite ferme, commença George.
Il mit la main dans la poche de son veston et en sortit le Luger de Carlson. Il enleva le cran
d’arrêt, et laissa main et revolver sur le sol, derrière Lennie. […] George leva le revolver, et sa
main tremblait, et, de nouveau, il laissa retomber sa main sur le sol.
– Allons, dit Lennie. Comment que ça sera ? On aura une petite ferme.
– On aura une vache, dit George. Et on aura peut-être bien un cochon et des poulets… et, dans
le champ… un carré de luzerne…
– Pour les lapins, hurla Lennie.
– Pour les lapins, répéta George.
– Et c’est moi qui soignerai les lapins.
– Et c’est toi qui soigneras les lapins.
Lennie gloussa de bonheur. […] Lennie tourna la tête.
– Non, Lennie. Regarde là-bas, par-dessus la rivière, c’est presque comme si on pouvait la
voir, notre ferme.
Lennie obéit.
George baissa les yeux sur le revolver. […]
Lennie dit :
– J’croyais que t’étais fâché avec moi, George.
– Non, dit George. Non, Lennie. J’suis pas fâché. J’ai jamais été fâché, et je le suis pas
maintenant. Ça, c’est une chose dont j’veux que tu sois bien sûr.
Les voix se rapprochaient. George leva le revolver et écouta les voix. Lennie supplia :
– Faisons-le tout de suite. Achetons-la tout de suite, notre petite ferme.
– Mais oui, tout de suite. J’vais le faire. On va le faire tous les deux.
Et George leva le revolver, l’immobilisa et en approcha le canon tout contre la nuque de
Lennie. Sa main tremblait violemment, mais, bientôt, son visage se figea et sa main se
raffermit. Il pressa la gâchette. La détonation gravit les collines et en redescendit. Lennie eut
un soubresaut, puis il s’affaissa doucement, la face dans le sable, et il resta étendu sans le
moindre frisson. George tressaillit et regarda son arme, puis il la jeta derrière lui, très loin sur
la rive, près du tas de vieilles cendres.
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