Avis de recherche : Égalité et justice dans les familles musulmanes
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des droits humains pose la question cruciale de l’autodéfinition de l’Islam :
que représentera l’Islam à l’époque moderne ? Quelles associations
symboliques la tradition islamique éveillera-t-elle dans l’esprit des
musulmans et des non-musulmans ? Se posera également la question
corollaire de la relation entre l’Islam moderne et sa propre tradition
humaniste : dans quelle mesure l’Islam moderne adhère-t-il à l’expérience
historique de l’humanisme islamique et la met-il en valeur ?2
Ces derniers temps, et depuis bien avant la catastrophe du 11
septembre, de nombreux événements qui sont apparus aux yeux du monde
comme choquants et même scandaleux, rongent les sociétés musulmanes.
La condamnation à mort de Salman Rushdie suite à la publication des Versets
sataniques, la lapidation et l’emprisonnement de victimes de viol au Pakistan
et au Nigeria, la flagellation, lapidation et décapitation publique de délinquants
au Soudan, en Iran et en Arabie saoudite, les humiliations auxquelles le Taliban
soumet les femmes, la destruction des statues de Bouddha en Afghanistan,
les violences sexuelles dont sont victimes les employées domestiques en
Arabie saoudite, l’excommunication d’écrivains en Égypte, le massacre de
civils lors d’attentats-suicides, le massacre de 400 pèlerins de la Mecque par
la police saoudienne en 1987, les prises d’otages en Iran et au Liban, la mort
d’au moins 14 écolières dans un incendie à la Mecque en 2002 parce qu’on
leur avait interdit de fuir l’école en flammes sans leur voile, et le traitement
dégradant que les femmes subissent en Arabie saoudite, notamment
l’interdiction de conduire… La liste est encore longue de ces événements
qui heurtent la morale et semblent s’égrener tel un interminable chapelet
d’horreurs perpétrées dans le monde musulman moderne.
Cet article n’a pas nécessairement pour objet d’expliquer les raisons
sociopolitiques de la prolifération de tels actes d’horreur dans le monde
musulman actuel. De plus, s’il est vrai que j’aborde la tradition islamique
d’un point de vue intérieur, je n’ai pas pour objectif de justifier ou défendre
l’Islam en prouvant que les croyances islamiques sont compatibles avec
les droits humains. Pour des raisons que j’expliquerai plus loin, je pense
qu’une telle démarche serait intellectuellement malhonnête et, en définitive,