E R.
FRANÇOIS-XAVIER CHENET
LA MÉTAPHYSIQUE
DE LA MÉTAPHYSIQUE
Essais et Recherches
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E R.
CHAPITRE VII
LA THÉORIE DE LA RAISON
LA DIALECTIQUE TRANSCENDANTALE :
III. CRITIQUE DE LA THÉOLOGIE RATIONNELLE &
USAGE RÉGULATEUR DE LA RAISON
Philopsis
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I. La critique de la théologie rationnelle
« La chose essentielle est toujours la moralité : elle est la
chose sacrée et intangible que nous devons préserver, et
elle est aussi la raison et la fin de toutes nos sculations et
de toutes nos recherches. Toutes les spéculations métaphy-
siques tendent à cela » (Leçons de métaphysique, trad. Cas-
tillo, Le livre de poche, p. 376).
« Au reste, la connaissance de Dieu continue à reposer sur
les mêmes raisons de l'entendement sain que par le passé ;
n'est ôté que le rêve téméraire [schwärmerische Waghalsig-
keit] d'en décider par la spéculation […] et la décision est
entièrement remise entre les mains de la morale »
Réfl. 5962 (vers 1785-89).
« La théorie kantienne de la connaissance est bien, comme
on l'a dit, une "théorie athée de la connaissance". Elle est
aussi la première grande théorie agnostique de Dieu, de
l'existence de Dieu, de la croyance en Dieu » BIRAULT, Hei-
degger et l'expérience de la pensée, 70.
La réfutation des prétendues démonstrations de l'existence de
Dieu dans la Dialectique monopolise trop généralement l'attention
au détriment tant des considérations initiales qui introduisent à la
notion d'Idéal transcendantal d'une part, que de celles, finales, qui
précisent l'usage régulateur indispensable de cette Idée. La critique
de la théologie rationnelle i n'est pas d'abord une mise en cause des
démonstrations de l'existence de Dieu
; elle s'attache prioritaire-
ment à comprendre pourquoi la raison forme nécessairement cette Idée
et pourquoi elle est portée à la réaliser.
Avant d'examiner les monstrations de la theologia rationa-
lis, il faut comprendre ce que nous nous représentons sous ce
concept, comment se constitue l'Idée de Dieu. La façon dont nous
sommes conduits à former ce concept expliquera pourquoi nous
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sommes portés à l'hypostasier, par quelle illusion nous sommes
poussés à le réaliser. Ce n'est pas la critique des démonstrations qui fe-
ra ressortir l'illusion au service de laquelle elles fonctionnent. Les para-
logismes théologiques ne sont pas les causes de l'illusion transcen-
dantale ; nous sommes incités à des raisonnements paralogiques,
poussés que nous sommes par l'illusion transcendantale. Il ne servirait à
rien de réfuter les démonstrations de l'existence de Dieu (que l'on
pourrait toujours croire susceptibles d'être améliorées) si l'on ne
montrait ce qui est à leur racine. Les démonstrations ne sont pour rien
dans le procès d'objectivation de l'Idée transcendantale ; elle ne sont
pour rien dans la formation même de l'Idée transcendantale ; elles
n'interviennent qu'après.
Idée théologique et Idée cosmologique
La raison opère maintenant une véritable mutation dans son
usage spéculatif. L'inconditionné est désormais cherché hors du
monde sensible. Dieu n'est plus pensé en rapport avec les phénomènes
et la gression empirique de la raison pour rendre compte du condi-
tionné, mais il l'est à partir de concepts a priori. « Aussi longtemps
que nous n'avons pour objets, à travers nos concepts de la raison,
que la totalité des conditions présentes dans le monde sensible […],
nos Idées sont certes transcendantales, mais néanmoins cosmologi-
ques. En revanche, dès que nous situons l'inconditionné […] dans
ce qui est tout à fait en dehors du monde sensible, par conséquent
tout à fait en dehors de toute expérience possible, les Idées devien-
nent transcendantes : elles ne servent pas seulement à achever l'usage
empirique de la raison […], mais elles s'en scindent totalement [tren-
nen sich gänzlich davon] et se transforment elles-mêmes en objets
dont la matière n'est pas empruntée à l'expérience et dont la ali
objective ne repose pas non plus sur l'achèvement de la synthèse empiri-
que, mais sur des concepts purs a priori. De telles Idées transcendanta-
les ont un objet purement intelligible [einen bloß intelligibelen Ge-
genstand]
» (A
565/ B
594
; R
514
; nous soul.)
L'Idée théologique est très facile à distinguer du concept de
l'entendement. «
Ici, à la différence des Idées psychologique et cos-
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