Référence nominale et verbale: stratégie syntaxique et/ou pragmatique? Martine Coene Université d'Anvers, Département des langues romanes Présentation Dans le cadre traditionnel des Principes et Paramètres, toute expression nominale est introduite par un élément D(éterminant) en syntaxe. Cet élément D peut être lexicalement exprimé (ayant une valeur référentielle) ou non (donnant lieu à une interprétation existentielle par défaut). La même chose vaut pour le groupe verbal, pour lequel il a été avancé (cf. e.a. Giorgi & Pianesi 1997) que chaque temps verbal consiste d'une double relation binaire entre le temps de la référence et le temps de l'énoncé d'une part, et le temps de la référence et le temps de l'événement d'autre part. Les valeurs marquées sont syntaxiquement encodées dans des projections fonctionnelles de temps T1 et T2. Une étude de l'acquisition de la référence nominale et verbale par un jeune enfant roumain nous montre que à part la 'stratégie syntaxique', c.à-d. l'expression de la référence dans le domaine fonctionnel du nom et du verbe, la référence peut également être établie à travers le discours, comme une option déictique 'extra'-grammaticale. Ainsi, nous arrivons à la conclusion que les déterminants ne portent pas la valeur référentielle du GN, mais sont plutôt une option de 'dernier recours' (Last Resort), fournissant des traits d'accord. De la même façon, nous avançons que la référence est également absente dans les premières projections verbales. Le temps de la référence n'est pas traduit en syntaxe par le jeune enfant, qui emploie plutôt une relation pragmatiquement observable entre le temps de l'événement et le temps de l'énoncé. Cette 'stratégie pragmatique' étant également disponible dans le langage des adultes, nous arrivons à la conclusion que la grammaire de l'enfant n'est pas radicalement différente que celle des adultes.